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Frédéric Chopin ŻYCZENIE Stefan Witwicki en
écoute : Wiosna |
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Chopin, encore Chopin... Évidemment Chopin ! Là, bien rangé dans la boite à outils culturelle, fonds romantique, articles connexes : Pologne, Liszt, Berlioz, renvoi à George Sand. Voir aussi virtuoses. Virtuose, façon d’acrobate du clavier pas du tout tempéré. Les virtuoses, des milliers de doigts, comme des pattes de fourmis sur d’autres milliers de touches, des doigts nippons, tchèques, russes, américains, français, des doigts de vieux, de jeunes, qui valsent, qui polonaisent, qui mazurkent, qui nocturnent, qui préludent, belles soirées d’été, moments inoubliables... Tous les grands interprètes ont joué du Chopin à commencer par Chopin lui-même. Chopin, l’homme piano, le piano fait homme. Voilà pour les jeux du cirque, voilà enfin tout ce dont ce disque, ces 19 mélodies, ces deux interprètes admirables ne vous parleront pas. Ils vous proposent au contraire de prendre les chemins de traverses, d’écouter les airs populaires, les poèmes et la langue polonaise. Ils vous invitent à découvrir un autre Chopin. Celui-ci ne nous est pas familier, il n’est pas de l’ordre de la pantoufle et du feu ronronnant qui rassurent. C’est une respiration d’asthmatique qui va chercher l’inspiration très loin, très au fond de la poitrine, au plus intime de l’être, entre l’air et la membrane. Les Mélodies Sans prendre garde à l'ouragan Théophile Gautier Chopin qui s'est éteint en 1849 n'a pas pu lire le célèbre recueil de Théophile Gautier, et pourtant les mélodies s'apparentent à ces Emaux et Camées symbolistes, dont certains poèmes ont les mêmes titres : le voeu, le printemps. Les mélodies sont passionnantes car on les sent composées vitres fermées, ou plus exactement ouvertes, oui mais sur le paysage intérieur: Eté 1824, Chopin a quatorze ans. Le jeune musicien est en vacances à Szafarnia. Pour écrire à sa famille il anagramme par jeu son nom qui devient Pichon, encore plus français. Une après-midi, il interprète sa mazurka Le petit juif qui ravit le public populaire de la ferme. Le succès immédiat de l’air folklorique face au répertoire plus virtuose restera inscrit dans la mémoire du compositeur. Aux notes, il ajoutera plus tard les mots, ceux de ses amis poètes. Poètes nationaux qui chantent si bien la terre polonaise (Witwicki, Mickiewicz, Zaleski…). On retrouve ces mélodies, chemin faisant, dans la biographie, dans les interlignes de la correspondance, comme paquets cadeaux de séparation (Constance Gladowska, Maria Wodsinska), ou encore comme projet de compilation posthume. Certaines comme Le Guerrier répondent tel un journal ouvert à la situation politique en Pologne (Soulèvement de Novembre 1830) et ferment ce dramatique épisode par Les feuilles tombent/Chant de la tombe en 1836. D’autres nous montrent un Chopin inconnu, drôle, insouciant, parisien, comme dans Le beau garçon. La composition des mélodies s’interrompt pendant la longue période de liaison avec George Sand. Cela correspond effectivement au moment de la maturité et de la grande création chopinienne. C’est sans doute ce qui a provoqué ce désamour vis à vis des mélodies et de tout le répertoire irrégulier, Barcarolle, Berceuse, Boléro, le tout relégué en fin de catalogue. Notre temps connaît une réelle évolution vis à vis de ces chefs d’œuvre en péril, monuments tombés dans l’oubli. Dans le cas de Chopin, dont on croyait tout connaître, il reste encore, si ce n’est des découvertes, au moins une réhabilitation. L’enregistrement de ces mélodies s’inscrit dans cette dynamique heureuse qui jettent des passerelles entre œuvres majeures et d'autres soi-disant mineures. Les mélodies complètent les grandes compositions de Chopin, car elles rappellent l’homme dans le virtuose, la vie dans l’implacable composition harmonique d’un génie. À l’évidence, dans ces mélodies, le génie de Chopin est l’alliance de l’exigence et de l’humilité. Un génie rare. Pierre Desmaret Les interprètes Denys Oehler est entré à l’âge de neuf ans dans la
classe d’Andrée Suzon, formée par Louis Hiltbrand, professeur et
complice de Dinu Lipatti au conservatoire de Genève. C’est donc sur les planches que Denys Oehler rencontrera Isabelle Eschenbrenner, qui, elle non plus, n’apprécie ni les formatages, ni le "main stream" culturel. Après un prix de virtuosité au conservatoire de Lausanne, elle est engagée dans la troupe de l’Opéra de Lyon où elle chante sous la direction de J. E. Gardiner, K. Nagano, P. Eôtvös et travaille avec des metteurs en scène tels que Bob Wilson, L. Erlo, M. Leiser et P. Caurier. Elle aurait pu poursuivre une carrière plus traditionnelle, mais elle préfère un parcours plus éclectique (oratorio, musique de chambre, musique contemporaine, récitals de mélodies, théâtre musical). Son goût pour l'enseignement l’a poussé à créer le Centre de la voix Rhône-Alpes, dont elle est la directrice artistique. Elle enseigne aussi à la Maîtrise de l’Opéra de Lyon depuis sa création et au CNSMD de Lyon.
Pompignan, dernier village au sud du Tarn et Garonne, Septembre 2007. Autour du piano, des micros, du matériel de prise de son, plusieurs figures presque des ombres tant elles semblent absorbées par le projet commun… enregistrer les 19 mélodies de Chopin. Dans un décor hors du temps, Margreet Honig a été le coach musical à l’enthousiasme sans faille, Jacek Piwkowski un conseiller linguistique exigeant, Thierry Eschenbrenner en mélomane averti a assuré la régie générale, quant à Gwénaël Molière il a été l’accordeur du piano, à l’oreille infaillible. Enfin Gérard Durantel, le réalisateur sonore, réunit qualités musicales, techniques et humaines pour fixer sur ce support ces 19 bijoux du répertoire romantique. Le spectacle À l’occasion de cet enregistrement, un spectacle a été créé au Théâtre des Marronniers à Lyon (France) en Janvier 2008. Yves Pignard, comédien et directeur du Théâtre des Marroniers, a rejoint Denys Oehler et Isabelle Eschenbrenner. Cette pièce écrite et conçue par Pierre Desmaret prend pour décor un hôtel le temps d’une nuit, une nuit blanche pour une note bleue. Comme ce disque, le spectacle Hôtel Chopin répondait à la volonté de redonner à ces mélodies leur destination naturelle, le grand public. En Pologne ce lien n’a jamais été rompu, en France c’est encore un objectif impérieux. Ce spectacle vivant permettait aussi de pénétrer comme dans un film, dans certains épisodes du "roman" chopinien, de la Pologne des jeunes années au Paris romantique.
1. VŒU Stefan Witwicki Si j’étais le soleil, soleil dans le ciel, Si j’étais un oiseau, oiseau dans ce fourré,
2. PRINTEMPS Stefan Witwicki Les gouttes de rosée brillent, une source murmure
dans la plaine, Sur la douce plaine, erre mon regard joyeux, Va paître mon troupeau, je m’assois sous le rocher,
Dans ce beau lieu silencieux, une tristesse
m’envahit, Une larme coule de mon oeil, le ruisseau chante avec
moi, Au-dessus des champs, des plaines, elle répand son
chant
3. TRISTE RIVIÈRE Stefan Witwicki Oh ! rivière du pays étranger, Sept filles elle a nourri,
4. REJOUISSANCE Stefan Witwicki Petite aubergiste, petite serveuse, pour l’amour de
Dieu, arrête-toi !
5. OU ELLE AIME… Stefan Witwicki Le ruisseau aime dans la vallée,
6. HORS DE MA VUE Adam Mickiewicz Hors de ma vue ! J’obéirai d’emblée ! Comme une ombre, qui s’allonge quand elle vient de
loin, En chaque lieu et à chaque instant,
7. LE MESSAGER Stefan Witwicki Les champs verdissent, l’herbe pousse, les jours
froids s’en vont, Ne t’envole pas, juste un mot ! Demandes-tu des
graines ? Elle épousa un soldat et quitta la chaumière,
8. BEAU GARÇON Bohdan Zaleski Grand, mince et jeune, d’une beauté remarquable.
9. MELODIE Zygmunt Krasinski Des montagnes, d’où ils portèrent le fardeau de
leurs croix terribles,
10. LE SOLDAT Stefan Witwicki Mon cheval bai hennit et piaffe, laissez-moi, il est
temps !
11. DOUBLE FIN Bohdan Zaleski Une année ils se sont aimés et un siècle ils ne se
sont pas vus,
12. MA CÂLINE Adam Mickiewicz Quand ma câline, dans un moment de gaieté Mais quand son vif bavardage lui fera briller les
yeux,
13. IL N’Y A PAS CE QU’IL ME FAUT Bohdan Zaleski Une brume s’élève de mon âme et envahit mes yeux, Il n’y a pas ce qu'il me faut! Il serait si bon d’aimer et de chanter! Parfois je lève les yeux interrogeant le ciel,
Les nourrisses te chantaient tristement des
berceuses, D’autres ont pris des filles, On invita des musiciens, Aujourd’hui les filles se moquent de moi,
15. FIANCE Stefan Witwicki Le vent murmure dans les buissons, « Trop tard, trop
tard mon cheval !
16. CHANSON LITUANIENNE
17. LES FEUILLES TOMBENT Wincenty Pol
C’est de la magie, sûrement de la magie ! Partout et à chaque heure, Que le temps soit paisible et calme, Le jour, mes pensées sont avec elle, Quand je chante avec elle, j’ai peur ; Elle m’a dit un mot gentil, Attendez un peu, j’ai une solution,
19. REVERIE Bohdan Zaleski Une brume s’élève de mon âme et envahit mes yeux, Traduction : Ewa Piwkowska
Chopin, more Chopin ... who else but Chopin? As well
as his occupying a special place in cultural heritage, some of the
references that spring to mind when talking about the composer
are: Poland, Liszt, Berlioz, George Sand and the fact that he was
a virtuoso. A virtuoso, like an untempered piano gymnast. A
virtuoso whose fingers dance like ants’ feet on another thousand
keys – Japanese, Czech, Russian, American fingers, old fingers,
young fingers, ones that waltz, ones that do the Polonaise, ones
that do the Mazurka, ones that prelude beautiful summer evenings
and unforgettable moments. All the great artists have played
Chopin, starting with Chopin himself. Chopin, the piano man, the
piano-made man. These are the things that these two artists won’t
tell you about in this disc of 19 tunes. What it suggests is that
you take time out, listen to the popular tunes, poems and the
Polish language. Take time to discover a different Chopin. Mélodies Sans prendre garde à l'ouragan Chopin, who passed away in 1849, was not able to read the famous collection by Théophile Gautier, and yet the melodies are something similar to the symbolistic “Emaux et Camées”, some poems have the same titles: “le voeu” (the wish), “le printemps” (spring). The melodies are captivating because we feel that they were composed windows closed, or more precisely open, but on an interior landscape. Summer 1824, Chopin is 14. The young musician is on
holidays in Szafarnia. When writing to his family, for fun, he
creates an anagram of his name, which becomes even more
French-sounding, Pichon. One afternoon he plays his mazurka “le
petit juif”, which delights the popular audience at the farm. The
immediate success of the folk tune, compared with the most
virtuoso repertoire, remains fixed in the memory of the composer.
To the notes, he later adds the words, those of his poet friends:
national poets that sing proudly about Poland (Witwicki,
Mickiewicz, Zaleski). The recording of these melodies is part of this happy dynamic, which visits his major works and his other “minor” works. Melodies complete Chopin’s great compositions because they call to mind the man in the virtuoso, the life in the implacable harmonic composition of a genius. In these melodies, we can see the genius of Chopin. A rare genius. Pierre Desmaret
The artists At the age of nine, Denys Oehler entered the class
of Andrée Suzon, trained by Louis Hiltbrand, teacher and partner
of Dinu Lipatti at the Geneva Conservatory. By discovering these
melodies, like when we find a genealogical tree in the attic
chest, he declared that Chopin was now part of his own family.
Only knowing the transcriptions of Liszt, it seemed unfair to him
that such a work remain unknown, and almost ignored by the
official biography of the most French of Poles. It was therefore
necessary to find an artist, to play these melodies in concert and
record them. Why ? Because Oehler is an artist at work, creating,
composing, improvising, often bringing his partitions with him
when travelling, from tango to theatre. Recording Pompignan, a village in the south of Tarn and
Garonne, September 2007. The show For the recording, a show was created at the Théâtre
des Marronniers in Lyon (France) in January 2008. Yves Pignard,
actor and theatre director of the Théâtre des Marroniers, joined
Denys Oehler translation : Geraldine Ring
en écoute : Wiosna
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