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Saviez-vous que
Rachmaninov a en réalité écrit sept concertos au lieu de
seulement quatre ?! En effet, en tenant compte des nombreuses
réécritures de ses œuvres, entre les trois versions du
quatrième et les deux versions du premier concerto pour piano
(les concertos n°2 et n°3 n’ont pas été retouchés de manière
à recomposer entièrement un nouveau tissu musical), si nous
ajoutons toutes ces versions très différentes les unes des
autres, nous obtenons sept concertos.
Cet enregistrement présente un mélange unique des deux versions
du premier concerto de Rachmaninov. L’œuvre ayant été
originalement composée en 1890, comptant ainsi comme une pièce
de jeunesse, l’auteur qui n’en était pas satisfait décida de la
réviser entièrement en 1917. Rachmaninov écrivait vite. Il lui
fallait moins d’un mois pour esquisser des pièces orchestrales
d’envergure, même s’il semble avoir pris plus son temps en ce qui
concerne ce concerto. Le premier mouvement – dont il existe une
esquisse datée du 8 juin 1890 – fut écrit pendant les deux
dernières semaines de mai 1890.
La première représentation fut assurée en mars 1892 avec
Rachmaninov au piano et l’orchestre du conservatoire dirigé par
Vladimir Safonov. "Rachmaninov joua le premier mouvement de son
premier concerto. Je jouai alors dans l’orchestre d’étudiants et
ressentis une réelle fierté enfantine voyant mon camarade entrer
sur scène comme interprète de sa propre composition. L’aspect
mélodique de l’œuvre ne m’étonnait guère, mais je fus
impressionné par la fraîcheur de ses harmonies, la liberté
d’expression et l’étonnante maîtrise précoce de son
orchestration".
Ensuite le travail de Rachmaninov dut s’interrompre avec la
reprise de ses études au conservatoire de Moscou et il dut mettre
l’œuvre en jachère pendant une longue période avant de pouvoir
se remettre au travail. Il écrivit le 26 mars 1891 : "Deux
mouvements sont déjà prêts ; je terminerai probablement le
concerto entier d’ici la fin du printemps et l’orchestrerai
pendant l’été". Quelques semaines plus tard il écrivit : "Le 6
juillet j’ai complètement terminé mon concerto pour piano.
J’aurais pu le faire bien plus tôt, mais après le premier
mouvement j’ai flémmardé pendant assez longtemps et ai seulement
commencé à écrire les mouvements suivants le 3 juillet. "
Gutheil édita l’œuvre complète en 1892, mais bientôt
Rachmaninov, évoluant rapidement dans son esthétique de
compositeur, jugea cette œuvre immature et interdit la location du
matériel d’orchestre. En 1908, il comptait revoir sa pièce de
jeunesse, mais ce n’est qu' en automne 1917 qu’il put finalement
s’y consacrer pleinement. Il composa un nouveau concerto basé sur
le matériel d’origine, dont seulement 12 mesures du premier
mouvement ont été maintenues, 8 du second (y compris
l’introduction orchestrale) et 1 seule mesure du final.
Le véritable défi de Lühl pour cet enregistrement était que
deux versions de la même pièce, jouées par le même pianiste,
devaient autant varier en interprétation qu’en esthétique de
composition et recouvrir les nombreux niveaux de conception
artistique dans lesquels fut écrite la pièce.
Lühl choisit de travailler son interprétation en fonction de son
style pianistique propre, en suivant son analyse de l’œuvre comme
compositeur, chef d’orchestre et chercheur sur l’œuvre de
Rachmaninov (en particulier concernant les œuvres inédites ou
rarement jouées).
Lühl possède l’enregistrement unique du premier concerto de
Rachmaninov enregistré par l’auteur (deuxième version) datant de
1939 (4 décembre) et 1940 (24 février) avec le Philadelphia
Orchestra sous la baguette de Léopold Stokowski. L’aspect
historique de cette captation et la technique de jeu à la fois
vertigineuse, élégante et fluide de son auteur au piano, en font
un un témoignage authentique des intentions du compositeur.
Néanmoins, de nombreux musiciens ne semblent pas vouloir enrichir
leur propre conception d’interprétation par ces archives rares et
précieuses ; l’authenticité du document disparaît
malheureusement sous l'excès d’égocentrisme artistique de
l’interprète, qui ne souhaite pas chercher plus loin ni tenter de
respecter plus fidèlement les intentions de l’auteur, qui par
chance, a eu la possibilité de nous livrer ce témoignage. Ce
manque de respect est récurrent et personne n’éprouve plus le
désir de retourner dans le temps pour remonter à la source,
jugeant cette démarche trop "vieux jeu". Lühl ne pense pas ainsi
car il est principalement compositeur, ainsi que chef d’orchestre
; sa quête vers la Vérité ne l’arrête pas à des modes
éphémères ; elle demande beaucoup de temps, de recul et de
digestion des acquis d’une œuvre sur tous ses plans, comme s’il
avait écrit la pièce lui-même. C’est pour cela qu’il souhaitait
que cet enregistrement reflète audacieusement exactement le
contraire de ce qui se fait traditionnellement : donner, d’une
part, une interprétation personnelle de la première version,
dont il n’existe aucun enregistrement par l’auteur, et d’autre
part, une "nouvelle" interprétation de la version par l’auteur,
comme si Rachmaninov lui-même avait joué la partie de piano. Il
fallait pour cela analyser le style pianistique de Rachmaninov,son
rubato et ses intentions musicales par rapport à la partition
pendant plusieurs semaines précédant l’enregistrement, de
manière à être habité par l’enregistrement historique, et à
pouvoir jouer en reproduisant les tempi et nuances originales des
années quarante avec un son actuel (et joué à deux pianos),
comme si Rachmaninov avait personnellement enregistré pour
Polymnie ! Certains verront bien sûr dans cette démarche une
audace frisant l’insolence d’oser se mesurer et copier
volontairement le maître. Lühl à ce propos : "Des professeurs
de renom m’ont littéralement interdit de m’inspirer d’anciens
enregistrements pendant ma formation, sous prétexte que cela ne
se faisait pas/plus et qu’aujourd’hui, on ne jouait plus comme
ça. Pardon, messieurs : qu’est-ce qu’aujourd’hui par rapport à
hier et à l’Art en général avec un grand A?! Si nous sommes
réduits pour des raisons de mode à renier nos sources et à
refuser de retourner sur les traces de ceux qui, par leur soin et
travail, nous ont tracé le chemin que nous avons la chance
d’emprunter pour à notre tour faire perdurer cet héritage, où
allons-nous ?"
"Renier son passé équivaut empiriquement à renier l’histoire de
l’homme, quel qu’en soit le chapitre. C’est quelque chose que je
refuse d’accepter, car je considère l’histoire comme fondation
pour la construction d’un futur lumineux. Cette démarche n’est
pas juste un simple plagiat, c’est bien plus que cela : rentrer
dans la personnalité de quelqu’un qu’on apprécie, qu’on admire,
qu’on aime, pour, grâce aux moyens technologiques actuels,
permettre au contraire d’enrichir avec ses capacités techniques
d’interprète un témoignage authentique et d’apporter une pierre
nouvelle à l’édifice en faisant justement fi de "ce qui se
fait", mais par respect de l’art et de sa variété. Je n’ai, en
tant que pianiste, jamais autant appris sur le style musical de
Rachmaninov qu’avec ce travail riche et passionnant. "
Did you know that Rachmaninoff, instead of four
concertos, originally wrote seven of them? Indeed, every time he
was not satisfied with a piece, which occurred a great number of
times, he rewrote the work entirely, leaving only the mainframe
untouched. Therefore, we can say that, adding this lost and found
version plus the two previous versions of the Fourth Piano
Concerto, he in fact left seven masterpieces instead of only four.
This compact disc features a unique mix of the two versions of
Rachmaninoff’s First Piano Concerto. Because the work was
originally composed in 1890 and counts as a youth piece, the
author was not satisfied with it and revised the piece completely
in 1917. Rachmaninoff was a fast writer. It took him less than a
month to sketch larger orchestral pieces, although he took his
time to write his first piano concerto. The first movement – of
which a sketch is dated June 8, 1890 – was composed during the two
last weeks of May 1890.
The premiere of the first movement was performed in
March 1892 with the Conservatory orchestra conducted by Vladimir
Safonoff. “Rachmaninoff performed the first movement of his First
Piano Concerto. I played in the student orchestra, and felt real
boyish pride that my comrade was appearing as a pianist with his
own composition. The melodic part of the concerto did not astonish
me, but I was impressed by the freshness of its harmonies, the
free writing and the easy mastery of its orchestration.” Then
Rachmaninoff’s work was interrupted by his resuming his studies at
the Moscow Conservatory and he took an extended break before he
could carry on with the composition. On March 26, 1891, he wrote:
“Two movements are already written; I’ll probably finish the whole
concerto by late spring, and orchestrate it during summer.” A few
weeks later he reported: “On July 6th I fully completed composing
and scoring my piano concerto. I could have finished it much
sooner, but after the first movement I idled for a long while and
began to write the following movements only on July 3rd. ”
Gutheil published the work in 1892, but soon Rachmaninoff, quickly
maturing his composition style, recognized that the work was far
from being a masterpiece and he forbade the further distribution
of the orchestral material. In 1908 he intended to look over his
early work, but it was not until autumn of the year 1917 that he
could lay hands on it. Rachmaninoff wrote a complete new concerto
on the old musical material and only 12 bars in the first
movement, 8 in the second (including the orchestral introduction)
and 1 in the Finale have been left as they were originally
written.
The real performing challenge Lühl set for this exceptional
recording was that two versions of the same piece, played by the
same pianist, had to vary in their interpretation style as much as
the stylistic differences between the two versions and cover
numerous levels of musical understanding: the time lapse between
the two versions as well as the different artistic conception in
which the pieces were written.
Subsequently, Lühl chose to play two parts as a pianist. For the
first version of the concerto he decided to study its
interpretation according to his own pianistic style, following his
view as a composer, conductor and researcher on Rachmaninoff’s
oeuvre and especially miscellaneous works.
For the second version, the one which has been
recorded countless times by various pianists all over the world,
there was no rush for adding another version of his own, yet he
would already provide a personal pianistic version of
“Rachmaninoff’s First” in the original version. Lühl is in
possession of Rachmaninoff’s unique recording of his First Piano
concerto (second version), which was recorded on December 4, 1939
and February 24, 1940 with the Philadelphia Orchestra conducted by
Leopold Stokowski. Despite the historical aspect of this recording
and Rachmaninoff’s elegant, personal and fluid performing
technique, Lühl has always thought of an old testimony as an
example of how a composer genuinely thought of his work, conceived
it and (if his performing technique was sufficient) wished to have
it played. Nevertheless, many musicians do not seem to take enough
notice of this kind of capital archival relic and the seriousness
of its authentic documenting message sadly disappears by being
covered in overly personal (and sometimes almost egocentric)
approaches of a work by a performer who lacks curiosity and
cultural wit to dig a little further. This lack of respect is very
frequent and no one wishes to go back in time to see what the
source really looked like.
Lühl does and cannot think like a pure performer as he also
conducts and, most importantly, composes: his need to seek truth
in a piece also involves time for research and digestion of the
music in its entirety on all its levels, as though he had written
it himself. This is why he wanted this specific recording program
to reflect exactly the opposite of what is commonly done: provide
on the one hand a personal interpretation of the first version, of
which no recording could have been made, and on the other hand a
“new” version of Rachmaninoff’s second version, as if Rachmaninoff
himself had played the piano part. The trick consisted in
analyzing Rachmaninoff’s rubato and interpretation technique many
weeks prior to the recording session and listening to the original
recording by the author during the recording itself, in order to
be able to reproduce the exact tempi and nuances like on the
original recording from the 40s as if Rachmaninoff had been
recording his piece for Polymnie in 2012! Thus the two pianistic
versions would eventually enhance the composition contrast between
the two composition versions of the same work. And finally, there
would be a “clean” recording available of Rachmaninoff’s heritage
as a pianist of his own works.
Le catalogue de compositeur de Lühl est
considérable: un opéra, huit symphonies, un requiem, trois
concertos pour piano, diverses pièces pour soliste et orchestre,
de la musique de chambre, environ 140 pièces pour piano seul, des
orchestrations et transcriptions...
Après avoir terminé ses études de piano à la Schola Cantorum,
il entre à 15 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique
de Paris. 3 ans après, il obtient un Premier Prix de piano à
l’unanimité. Parallèlement à son cursus de piano, il suit des
cours d’analyse musicale, de jazz, de musique de chambre, de
direction d’orchestre, d’harmonie et de contrepoint. Après ses
études, il entre dans le monde du Concours International. Dès
1998, il devient lauréat de plusieurs concours, dont notamment
Rome, Pontoise et du Tournoi International de musique. Concertiste
international, il a longtemps travaillé pour l’intégrale des
œuvres du compositeur russe Alexandre Scriabine en parcourant les
scènes d’Europe avec les préludes, les études, les poèmes et
le concerto pour piano. Depuis sa collaboration avec les éditions
phonographiques POLYMNIE pour l’enregistrement intégral de ses
propres œuvres (55 CDs !), il entreprend l’intégrale Rachmaninov,
notamment avec des œuvres de jeunesse inédites, des premières
éditions et des transcriptions d’œuvres orchestrales pour deux
pianos. Depuis 2005, il travaille également pour le compositeur
hollywoodien John Williams, pour lequel il transcrit les
partitions de ses plus grands thèmes de musique de films pour
piano seul et deux pianos. Le premier volume de Star Wars à deux
pianos, enregistré en 2012, est paru aux éditions Polymnie.
Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy was born in Paris in 1975.
After his studies he has taken part in 14 international
competitions and plays at prestigious venues throughout Europe and
obtained prizes at the Pontoise/France and Rome competitions. For
many years he has been working on Alexander Scriabin’s complete
piano music. He has already given concerts featuring the preludes,
poems, studies and the piano concerto. Recently, he specialised
his performing interest around rare works by Rachmaninoff,
planning a huge series of recordings with miscellaneous pieces.
His biggest success was the performance of Rachmaninoff’s 2nd
piano concerto at the Grand Rex/Paris in 2008. In 2006, he met
Hollywood composer John Williams (author of all the soundtracks
from the Steven Spielberg movies) and adapted Williams’ original
orchestral scores for piano solo and two pianos, combining
virtuosity and authenticity with great skill. A first CD of a
series for two pianos has beenreleased in 2012 with the greatest
Star Wars themes. His classical recordings are available at the
music label POLYMNIE. He plans to record his entire work (about 55
CDs), as well as a great number of new releases of works by
Rachmaninoff and other composers.
Mahery Andrianaivoravelona s'est produit pour la première fois
comme pianiste avec orchestre à l'âge de 13 ans en interprétant
le 9ème Concerto K271 "Jeune homme" de Mozart. En 1991, il entre
au CNSM de Paris dans la classe de piano de Michel Béroff et suit
parallèlement des cours de musique de chambre. Il obtient quatre
ans plus tard le Diplôme de Formation Supérieure du CNSM de
Paris, ainsi que diverses récompenses en histoire du jazz, en
acoustique, en déchiffrage et en
analyse. Suite à cela, il remporte divers Premiers Prix de
Concours Nationaux et Internationaux tels que ceux du Royaume de
la Musique, du Concours Claude Kahn ou encore du Concours de
Saint-Nom La Bretèche et est depuis invité à se produire en
récital en France, en Allemagne (Hattersheim/Düsseldorf), en
Italie (Rome), en Tunisie (Hammamet) à La Réunion, et
dernièrement à Madagascar, à l'occasion de divers événements
tels que festivals, congrès médicaux ou pour des œuvres
caritatives (concerts au profit des victimes du cyclone « Geralda
» à Antananarivo, éditions 2002 et 2003 du Téléthon avec le
COUPS : Chœur et Orchestre de l'Université Paris-Sorbonne et à
l'église St-Merry).Parallèlement à son activité de
concertiste, il mène régulièrement une action pédagogique
active à Madagascar au travers d'ateliers, de Master Classes, de
concerts et de jury de concours.
Mahery Andrianaivoravelona first performed as a pianist with
orchestra at the age of thirteen when he played Mozart’s 9th
concerto K271. In 1991 he began his studies at CNSM of Paris with
M. Béroff and at the same time followed courses in chamber music.
Four years later he received his diploma from the CNSMDP as well
as many awards in history of jazz, acoustics and musical theory.
After that he won various first prizes nationally and
internationally such as the Royaume de la musique, the Claude Kahn
competition and the international Saint-Nom-la-Bretèche
competition. He has also played internationally in France, Germany
and Italy, Tunisia, La Réunion and lately in Madagascar for
festivals and special events. Since 2004 he performs in duo with
the pianist and composer Enguerrand-Friedrich Lühl. They are
preparing a series of concerts for Musique et Toile. In parallel
to his activity as a concert pianist he organises special music
workshops for master classes, concerts and juries in Madagascar.
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