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La musique de Harry Potter pour deux pianos ?
Comme c’est mignon ! est une phrase récurrente chez les personnes
intéressées à l'idée de ce projet. "Mignon", dit-on ; est-ce bien
le terme approprié pour une telle musique, juste parce que les
acteurs principaux sont jeunes ? Voyons cela de plus près.
En effet, la saga des sept livres de J.K. Rowling, écrite entre
1999 et 2007, est destinée à un public jeune ; en revanche, leur
adaptation à l’écran devient une aventure à prendre très au
sérieux, même si les acteurs principaux sont des enfants devenant
adolescents. L’illustration musicale concernant les trois premiers
épisodes, orchestrée par John Williams selon son système habituel
de leitmotif, s’apparente ici à une véritable mise en scène
sonore, tant l’appareil orchestral est fourni et varié. Au-delà
des principaux thèmes propres aux personnages (Hedwig, Voldemort,
Dobby, Gilderoy, Fluffy, etc.) se greffe une large succession de
motifs annexes (le match de Quiddich, le thème du balai Nimbus
2000, l’université de Hogwarts) qui se superposent, s’alternent et
s’enchaînent de manière virtuose.
LE TRAVAIL DE WILLIAMS
Ces trois premiers volets, sortis entre 2001 et 2004 (mis en scène
par Chris Columbus pour des deux premiers et par Alfonso Cuarrón
pour le troisième), furent mis en musique par Williams, désormais
le compositeur le plus décoré du monde : en effet, auteur de
quatre hymnes olympiques (Los Angeles, Seoul, Atlanta et Salt Lake
City), chargé de la partie musicale de l’investiture de Barack
Obama, à présent titulaire de 5 Oscars (nominé 49 fois), de 4
Golden Globes, de 7 BAFTA Awards et de 21 Grammy Awards, intronisé
au Hollywood Bowl Hall of Fame en 2000 et récipiendaire du Kennedy
Center Honors en 2004, Williams est devenu, après Walt Disney,
l’artiste cinématographique le plus récompensé de l’histoire du
cinéma.
Concernant la musique de Harry Potter à l’école des sorciers
(2001), Williams réalise une suite orchestrale classique de quatre
pièces, à laquelle vient s’ajouter une autre Children’s suite de
neuf pièces regroupant les principaux éléments musicaux du film
pour en former des pièces symphoniques à part entière pouvant être
interprétées comme une suite de ballet ou de musique de scène
indépendante d’un support visuel. Sa suite met l’accent sur le
côté pédagogique, présentant ainsi une grande variété
d’instruments solistes généralement peu mis en valeur dans
l’orchestre : le quintette de cuivres Hogwarts forever, le basson
The Sorcerer’s Stone, la harpe Fluffy and his Harp, etc. Seulement
dix de ces œuvres sont reprises ici dans cet album, car les autres
ne sont que des versions simplifiées de la suite originale,
insérées dans la Children’s suite. Quoique destinée à un public de
jeunes, le langage musical de Williams ne cache pas sa
prédilection pour les dissonances. Une musique "mignonne" ? C’est
peu probable...
Harry Potter et la Chambre des Secrets (2002) présente cette fois
quatre pièces dans sa suite, de nouveau avec le même type de
conception symphonique ; on y retrouve les thèmes contrastés de
Dobby, l’Elfe ménager, et de Gilderoy Lockhart. Une musique
"mignonne" ? Certainement pas.
Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban (2004) comporte une
musique "folle", regroupant un grand nombre de styles musicaux
(free jazz, classique, musique contemporaine) mêlant instruments
ethniques et orchestre traditionnel ainsi qu’un chœur mixte.
L’utilisation de percussions particulières (sifflets de policier
et sirène de train, chronomètre, wood-blocks et temple blocks,
tambours divers, toms, vibraphone, cloche de vache, congas,
xylophone, marimba, et même un harmonium) contribuent à la
création d’une ambiance parfois déjantée et hors du commun pour
illustrer une imagination visuelle qui dépasse parfois les limites
de l’imaginaire. Une musique "mignonne" ? En aucun cas !
LE TRAVAIL DE LÜHL
Travaillant pour la diffusion des œuvres de Williams depuis 2006,
Lühl a transcrit fidèlement près de 60 titres du compositeur
américain pour piano seul et deux pianos. La première surprise que
l’on découvre grâce à ces transcriptions, dont chaque note de
l’immense appareil orchestral est reprise aux pianos, est la
limpidité des différentes voix qui se retrouvent inondées dans la
masse orchestrale d’origine : le discours devient clair, net,
limpide.
Quant à la phase d’enregistrement de ce disque, elle présente
également une grande originalité. Lühl se retrouve devant un
dilemme: trouver un deuxième pianiste capabled’assumer ce projet à
deux pianos en un minimum de temps ou choisir une autre option
plus difficile, mais aussi plus enrichissante : enregistrer les
deux parties tout seul selon la technique du "re-recording"
(réenregistrement). Cette technique consiste à enregistrer des
sons rajoutés à d'autres sons déjà enregistrés afin de les
mélanger au moment du mixage. Le principe fut déjà pratiqué par
Sidney Bechet le 18 avril 1941 chez son ami John Reid (RCA) avec
The Sheik of Araby et Blues of Bechet. Bechet superpose alors six
instruments (contrebasse, batterie, piano, clarinette, saxophone
soprano et ténor). Pour accomplir cela, Lühl a suivi les étapes
suivantes :
- Transcription de la partie intégrale de la version originale
pour orchestre pour deux pianos.
- Visionnage des films et choix des tempi exacts en fonction des
scènes, même si la musique dans la suite diffère de la séquence du
film. Les tempi accélérés et ralentis sont également savamment
mesurés pour pouvoir être superposés en parfaite synchronisation
par la suite.
- Travail des deux parties de pianos séparément en respectant les
tempi choisis. Pour cela, il est indispensable de déjà connaître
la version d’orchestre et d’entendre les deux parties de pianos
pour doser les plans sonores comme pour un travail de mise en
place à deux. Pendant la phase de travail, l’utilisation d’un
métronome est vitale, car il est impossible de maintenir une
pulsation aussi précise pendant une si longue période sans se
permettre le moindre décalage rythmique dû à l’agogique dans une
interprétation naturelle.
- Enregistrement de la partie 1 "dans le vide",
un peu comme si un acteur jouait derrière un écran vert en guise
de décor, car toutes les parties manquantes de l’autre partie de
piano sont à ce moment-là muettes. C’est donc au pianiste de les
imaginer pour raccorder les plans sonores et créer le relief des
deux interprètes. Pendant l’enregistrement, le métronome est en
marche avec une oreillette pour bien caler la musique avec le
rythme établi pendant la phase de travail commun aux deux parties.
- Enregistrement de la partie 2 selon le même procédé. - Montage
des deux parties séparément sur la table de montage. -
Superposition et ajustement des deux parties pendant la phase de
mixage. Pour conclure, la musique de Harry Potter pour deux pianos
? Comme c’est mignon ! est donc une phrase certes intuitive, mais
inadéquate pour décrire la musique d’une des plus grandes sagas du
cinéma contemporain et le travail que représente la mise en place
d’une telle réalisation, tant sur le plan musical que technique.
Paul DUKAS : L’Apprenti Sorcier
Aucune œuvre du répertoire de musique française de la fin du 19ème
siècle ne connut une plus grande popularité que L’Apprenti Sorcier
(1897), notamment grâce à l’illustration de Walt Disney dans le
dessin animé Fantasia (1940). Cette ballade symphonique, d’après
la nouvelle du même titre de Goethe, fut transcrite pour deux
pianos par l’auteur. Cette transcription, destinée à l’époque à
une diffusion privée, fut élargie par Lühl qui rajouta les voix
manquantes de l’orchestre pour davantage se rapprocher de la
partition d’origine et en étoffer certains passages d’effets
pianistiques plus orchestraux. Le lien avec Harry Potter est ici
plus que symbolique, vu qu’il est ici aussi question d’une
histoire de sorciers. L’enregistrement fut réalisé comme pour
Harry Potter III, Lühl superposant les deux parties à lui seul.
“The Harry Potter score for two pianos? How
cute!” This was a recurring sentence among those who showed
interest in the present recording project. “Cute”, you say? Is it
really the appropriate term for such music, or is it because the
main actors are children and/or adolescents?
J.K. Rowling’s monumental opus magnum, written between 1999 and
2007, aims to first conquer the young audience; but instead, its
screen adaptation has to be taken a lot more seriously, even if
the actors are younger people, since it features a visual and
therefore more tangible aspect which cannot be possibly part of a
book based on the reader’s mere imagination. John Williams’s
scores for the three first episodes are based upon his usual
method using leitmotivs according to the main movie characters and
situations. Apart from the themes depicting people and living
creatures (Hedwig, Voldemort, Dobby, Gilderoy, Fluffy, etc.),
Williams added a series of side motives (the Quidditch match, the
broom theme Nimbus 2000, Hogwarts’s fanfare, etc.).
WILLIAMS' WORK
These three first films, released between 2001 and 2004 (the two
first ones were directed by Chris Columbus and the third one by
rising star director Alfonso Cuarrón), were scored by John
Williams, the most distinguished composer worldwide. Besides being
the author of four Olympic hymns (Los Angeles, Seoul, Atlanta and
Salt Lake City), he now owns 5 Oscars (he was nominated 49
times!), 4 Golden Globes, 7 BAFTA Awards and 21 Grammy Awards. In
2000, he entered the Hollywood Bowl Hall of Fame and received the
Kennedy Center Honors in 2004, which makes him the most awarded
individual in the history of the motion picture since Walt Disney.
Regarding Harry Potter and the Sorcerer’s Stone, released in 2001,
Williams followed his usual way by adapting the best musical
elements from the original score into a 4-mouvement suite, to
which this time he added a 9-piece Children’s suite as a
supplement to a ballet-like orchestral suite being performed
without the visual background. This suite has a pedagogic purpose
and introduces a certain number of solo instruments which are
usually more rarely emphasized within the orchestral mass: the
brass quintet (Hogwarts Forever), the bassoon (The Sorcerer’s
Stone), the harp (Fluffy and his Harp), etc. Only ten out of
fourteen of these little pieces are presented in this
two-piano-album, since the remaining ones are only abridged
versions of already preexisting orchestral sequences. Despite the
suite’s aim to attract the younger audience, Williams does not
hide his predilection for harmonic dissonances. “Cute” music?
Hardly...
Harry Potter and the Chamber of Secrets (2002) was also compiled
into a 4-mouvement-suite for full orchestra. Themes attached to
Dobby, the House Elf, and Gilderoy Lockhart, are here presented in
their symphonic version, without following the chronological order
of the motion picture. “Cute” music, again? Certainly not.
Harry Potter and the Prisoner of Azkaban (2004) features “crazy”
music, a subtle mix of different music styles: free jazz,
classical, contemporary music, mixing ethnical instruments with
the traditional orchestra and a chorus. The use of special
percussion instruments (police and train whistles, toms, cow
bells, congas, vibraphone, xylophone, marimba, and even a
harmonium) adds to this explosive and eccentric atmosphere. "Cute"
music? No way!
Paul DUKAS: The Sorcerer’s Apprentice
No other piece in the French music repertoire of the end of the
19th Century became more popular than Dukas’s masterpiece, written
in 1897 after a ballade by Johann-Wolfgang von Goethe. This
immense success was also enhanced by Walt Disney’s film adaptation
“Fantasia” (1940). Dukas himself wrote a very functional
transcription for two pianos, which was enhanced by Lühl by adding
many missing voices and timbres in order to emphasize the
symphonic aspect of the work and provide a more realistic
impression for the listener. The link with Harry Potter is
obviously much more than symbolical, since both stories involve
magical intervention. Just like for Harry Potter III Lühl recorded
both parts alone, a first in pianistic boldness!
Mahery Andrianaivoravelona a suivi sa formation au CNSM de Paris
dans la classe de piano de Michel Béroff et en musique de chambre.
Il obtient le Diplôme de Formation Supérieure du CNSM de Paris.
Suite à cela, il remporte divers Premiers Prix de Concours
Nationaux et Internationaux tels que ceux du Royaume de la
Musique, du Concours Claude Kahn ou encore du Concours de
Saint-Nom La Bretèche et est depuis invité à se produire en
récital en France, en Allemagne (Hattersheim/Düsseldorf), en
Italie (Rome), en Tunisie (Hammamet) à La Réunion, et à Madagasca.
Parallèlement à son activité de concertiste, il mène régulièrement
une action pédagogique active à Madagascar au travers d'ateliers,
de Master Classes, de concerts et de jury de concours.
Mahery Andrianaivoravelona studied at CNSM of Paris with M. Béroff
and at the same time followed courses in chamber music. Four years
later he received his diploma from the CNSM. After that he won
various first prizes on a national and international level and
such as the Royaume de la musique, the Claude Kahn competition and
the international Saint-Nom-la-Bretèche competition. He has also
played internationally in France, Germany and Italy, Tunisia, La
Réunion and in Madagascar for festivals and special events. In
parallel to his activity as a concert pianist he organises special
music workshops for master classes, concerts and juries in
Madagascar.
Lühl travaille en collaboration avec les éditions
phonographiques Polymnie pour l’intégrale de l’enregistrement de
ses œuvres. Sont déjà disponibles ses quatre premiers Quatuors à
cordes (POL 480 243 et POL 480 364), le Requiem Vauban (POL 790
344), sa cinquième Symphonie sous sa direction (POL 990 361) et de
nombreux CD Rachmaninoff, dont le deuxième Concerto pour piano op.
18 et la Rhapsodie sur un thème de Paganini dans une réduction
pour deux pianos de l’auteur. D’autres albums sont en préparation.
Lühl's recordings are available at the music label Polymnie, for
which he already recorded several works of his own, conducting an
orchestra for his Fifth Symphony (POL 990 361), or playing the
piano, and more recently a CD of piano pieces by S. Rachmaninoff
and the Rhapsody on a theme by Paganini as well as the Second
piano concerto op. 18 (POL 150 865). Lühl is planning to record
his entire work (about 50 CDs).
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