|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
Ravel Rachmaninov en écoute : Kabalewsky, Entrée des Épis d'or
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Né à Paris en 1958, David Walter
nous propose un itinéraire original : 1° Prix de hautbois et de
musique de chambre du CNSM de Paris, David Walter obtient très
vite la reconnaissance hors des frontières en remportant cinq prix
internationaux d'affilée, (Ancona, Prague, Munich, Belgrade et
Genève). Malgré un tel palmarès, il ne donnera pas à sa carrière
une orientation exclusivement solistique, ayant à cœur de
développer la musique de chambre et la pédagogie, plus riches, à
ses yeux, en valeurs humaines. Parmi ses activités de
"chambriste", il y a, bien-sûr, le Quintette Moraguès (fondé en
1980) avec lequel il obtient notamment le Grand Prix de la
Nouvelle Académie du Disque et une nomination au Premières
Victoires de la Musique Classique. Ses autres partenaires sont S.
Richter, C. Zacharias, M. Dalberto, P. Rogé, A. Planes, G.
Nicolic, M.A. Nicolas, C.-M. Le Guay, C. Ivaldi, Yuki Nakajima,
Nicolas Angelich, les quatuors Sine Nomine, Endelion, Manfred,
Parisii... Et aussi le Guilhall String Orchestra, les Sofia
Soloists, l'Orchestre d'Auvergne, l'Orchestre de Chambre de
Toulouse, l'Orchestre Philharmonique de Lituanie, le Filarmonica
et l'OSSODRE de Montevideo, etc... Son engagement et son
enthousiasme pédagogique lui valent d'être nommé, à 29 ans,
professeur de hautbois et de musique de chambre au CNSM de Paris,
devenant ainsi le plus jeune pédagogue dans ces disciplines de
l'histoire de cette vénérable institution. Il est également
titulaire d'un poste de professeur à la très prestigieuse Guilhall
School of Music de Londres depuis 1997. Il donne aussi de
nombreuses Classes de Maîtres aux USA, Canada, Japon, Suède,
Espagne etc. Parallèlement, pour pallier la relative pauvreté du
répertoire de son instrument, il est un transcripteur infatigable,
(plus de 230 adaptations), dont le travail fait, aujourd'hui,
autorité. Il suscite également des créations auprès de
compositeurs tels que Gilles Raynal, Gilles Silvestrini ou Thierry
Escaich et compose lui-même (14 œuvres à ce jour). Son expérience
du travail de groupe l'amène naturellement à diriger des
formations de petit effectif comme la Camerata de Bourgogne,
l'Ensemble Philidor, L'Ensemble Instrumental de Grenoble,
l'Orchestre d'Auvergne ou l'Orchestre de Bretagne. Il est, enfin,
directeur de deux collections aux éditions Billaudot et collabore
avec la jeune édition interactive Notissimo. Née à Kyoto, au Japon, Yuki Nakajima a reçu sa première leçon de piano à quatre ans. A douze ans, elle se produit dans un concerto avec orchestre à Osaka. En 1982, elle est Médaille d'Argent au PTNA Young Pianist. En 1990, Victoire à la Fresh Graduate Audition de la Radiodiffusion japonaise (NHK). En 1990, Premier Prix à la Second Takarazuka Vega Music Competition, et 1997, Meilleure Pianiste à l'Académie Internationale de Musique Maurice Ravel. A présent, Yuki Nakajima se produit dans de nombreux concerts tout en étant accompagnatrice à l'Université Nationale des Beaux arts et de la Musique à Tokyo, et à l'Académie de Musique Française de Kyoto où elle a jusqu'ici accompagné les classes de Regis Pasquier (violon), Gérard Jarry (violon) et Maurice Bourgue (hautbois). Ses enseignants ont été Etsuko Ichida, Masako Nakajima, Miyoto Yamane Goldberg, Seiko Seki, Pierre Pontier et Jean-François Heisser.
Devinette : que choisir quand on envisage de graver son premier récital et que d'éminents collègues ont écumé à de nombreuses et qualitatives reprises le faible répertoire de son instrument ? Première piste, demander à un ami compositeur de bien vouloir interroger les muses pour votre compte. Merci à Gilles Raynal d'avoir osé l'exercice. Deuxième piste, l'inattendu : divine surprise en effet que cette sonate d'Emmanuel Savoye, élève au département jazz du Conservatoire National Supérieur de Paris qui a écrit pour et avec son compère hautboïste Fabrice Gand cette Ïuvre à mi-chemin du jazz et de la musique contemporaine. Elle a été donnée en première audition en juin 2001. Troisième piste, la transcription : tout d'abord cet excellent recueil d'adaptations pour hautbois et piano de pièces isolées de Kabalewsky par L.Nishkarev et H.Konrad. J'en ai choisi six pour présenter une sorte de petite suite, une musique très "ethnique" comme on dit aujourd'hui par son caractère très proche du folklore russe. Pourquoi Ravel, ce génial coloriste de l'orchestre, n'a-t-il jamais composé spécifiquement pour hautbois ? Mystère et désolation ! Sa sonatine est si chantante... Je me suis laissé tenter. Debussy, pour sa part, a été surpris par la mort avant d'achever son cycle de six sonates dont une devait inclure le hautbois. Je me suis donc intéressé à sa deuxième Rhapsodie pour saxophone et orchestre. Très peu jouée en comparaison de celle pour clarinette, la tessiture initiale, trop grave pour le seul hautbois, m'a amené à utiliser le cor anglais en alternance. Fauré et Rachmaninov sont deux friandises bien connues dont la profondeur et l'expressivité m'ont paru convenir parfaitement à la part nostalgique du son du hautbois. Quant à Schubert, l'intrus de ce programme XX° siècle, il est là pour rappeler que, à l'exception notable de Robert Schumann, tous les compositeurs majeurs du XIX° siècle ont parfaitement ignoré mon instrument. Le répertoire du cor anglais étant par ailleurs insignifiant quelle que soit l'époque, ce magnifique impromptu est donc une sorte "d'une pierre deux coups". Rien que du beau et de l'inédit sous différents aspects, voilà le but recherché de cet enregistrement. David Walter Depuis quelques années déjà, un point d'interrogation montait la garde en permanence sur mon bureau de compositeur, me harcelant sans cesse de questions et de remarques parfois désagréables : "Voilà une musique qui ne te ressemble pas" ou pire encore "Pourquoi si compliquée et dans quel but ?". Bien décidé à me séparer de ce voisinage gênant, je passais donc à l'action, et, dès 1992, après avoir soigneusement déplacé quelques "œuvres" de mes tiroirs purgatoires jusqu'à la poubelle, me mis donc au travail, en écrivant simultanément trois pièces avec une même thématique expressive : une sonate pour violoncelle et piano, un trio pour violon, violoncelle et piano, et cette sonate pour hautbois et piano, honorant la commande du CNSM de Paris pour le prix de fin d'année. Avec cette Ïuvre, conçue dans un but pédagogique, commençait enfin une nouvelle période paisible... Gilles Raynal Cette sonate, écrite en collaboration avec le hautboïste Fabrice Gand, se veut à la croisée de plusieurs styles : tout en faisant appel à des éléments du langage contemporain (quarts de tons dans le Récit et dans le Chant), elle n'en demeure pas moins basée sur des motifs mélodiques et rythmiques simples, comme c'est la cas dans le jazz ou les musiques traditionnelles. D'autre part, l'alternance entre parties de caractère improvisé et danses aux rythmes très prononcés met en relief la richesse expressive du hautbois et les possibilités trop peu exploitées de son mariage (sonore) avec le piano. Emmanuel Savoye La Sonatine est une réussite parfaite de Maurice Ravel (1875-1937), écrite en 1905, dans une période riche en naissances de chefs-d'œuvre pour piano... Dédicacée à Ida et Cipa Godebski, elle fut créée par Paule de Lestang, à Lyon, le 10 mars 1906. On discerne dans la Sonatine de nombreux timbres orchestraux, traits que l'on retrouvera dans les compositions futures. Elle s'ouvre sur un chant troublant et pénétrant, qui parcourt les trois mouvements de la pièce. Inventeur de "Pianissimos subits, colorations délicates et ravissantes ardeurs !", Ravel manifeste une aisance parfaite dans le moule des formes anciennes. "Un chant ingénu en Fa dièse mineur, traversant presque tout de suite l'accord de Do dièse, s'envole avec grâce sur des battements de triples croches qui palpitent dans ce ciel crépusculaire de Fa dièse." Après un Menuet en Ré bémol, la Sonatine se termine en un Fa dièse majeur que Vladimir Jankélévitch qualifie d'"effervescent et vermeil"... La Sonatine a fait l'objet de plusieurs transcriptions : le violoniste Heifetz en a réalisé une dans les années 1930, qui compte aujourd'hui comme l'un de ses plus beaux enregistrements. Le 15 mai 1975, la Sonatine fut créée sous forme de ballet, à New York, dans une chorégraphie de George Balanchine. Serge Rachmaninov (1873-1943) affectionnait particulièrement l'art de la transcription, notamment dans de courtes pièces qu'il offrait en bis au public. Il était également très attaché aux formes traditionnelles, ce qui pourrait être un point de rapprochement entre Ravel et lui. La Vocalise, Op. 34 n° 14, fut composée entre 1910 et 1912, avant qu'il ne quitte la Russie. Le terme "impromptu" désigne une pièce brève, traductrice d'un instant fugitif, d'une émotion. On ne connaît pas précisément l'époque de composition du premier recueil d'Impromptus, D. 899, de Franz Schubert (1797-1828). L'Impromptu n° 3, en Sol bémol majeur, n'a été publié qu'en 1857, soit 29 ans après la mort du compositeur. Tobias Halinger, l'éditeur, le transposa un demi-ton plus haut, en Sol majeur, dans une tonalité jugée plus praticable pour sa clientèle... Le saxophone apparaît dans l'orchestre symphonique dès 1844. Il sera utilisé par Berlioz, Bizet, Richard Strauss... Ravel lui confie des solos, notamment dans son orchestration des Tableaux d'une Exposition de Moussorgsky. Il apparaît en soliste dans la Rhapsodie pour saxophone alto et orchestre (1903) de Claude Debussy (1862-1918). C'est Roger Ducasse (1873-1954) qui achèvera et orchestrera cette Ïuvre, en 1919, après la mort de Debussy. Après un rêve, de Gabriel Fauré (1845 - 1924), est une mélodie de jeunesse composée sur un poème italien de Romain Bussine. "Un peu rétrograde sous le rapport de l'accompagnement, cette mélodie renonce toutefois, comme le Lamento, comme Sylvie, aux symétries routinières : la seconde strophe est aberrante, et l'inspiration ne cesse de se renouveler. Le chant lui-même n'est pas sans noblesse : il a du souffle, de la majesté, et il plane comme un grand oiseau noir au-dessus des basses." Dimitri Borisovich Kabalewsky (1904 - 1987) fut élève de Vasilenko et de Miaskovsky au Conservatoire de Moscou. Il y fut nommé professeur de composition en 1932, et s'impliqua beaucoup dans la politique culturelle du gouvernement Soviétique, jouant notamment un grand rôle au sein de l'Union de Compositeurs Soviétiques. Les œuvres de ce disque sont des transcriptions tirées des Quatre Préludes pour piano Op. 5 (1927-1928), des Trente Pièces pour enfant, pour piano Op. 27 (1937-1938), du ballet "Les Epis d'or" Op. 28 (1939-1940), et des Vingt quatre Pièces faciles pour piano Op. 39 (1944). Sylvain Durantel
en écoute : Kabalewsky, Entrée des Épis d'or
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||