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Elégie Op. 3 n° 1
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Sergueï Vassilievitch Rachmaninoff est né en 1873 à Oneg, près de
Novgorod, et mort le 28 mars 1943 aux États-Unis. Il fait ses
études de piano au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, puis de
Moscou, où il rencontre notamment Tchaïkovski, qui apprécie déjà
ses dons de jeune pianiste. Il obtient son prix de piano en 1891.
Par la suite, il étudie la composition et écrit alors son Prélude
en ut dièse mineur ainsi que son opéra en un acte, Aleko, pour
lequel il obtient un prix de composition en 1893. Il commence dès
lors une carrière de virtuose et de compositeur en Europe.
Lorsque Victor Séroff demanda à Rachmaninoff ce qui l’avait
inspiré pour écrire son Prélude en ut # mineur Op. 3, pièce
maîtresse probablement la plus connue de son auteur, il répondit
en toute simplicité : « Quarante roubles. Mon éditeur m’en avait
offert deux cents pour cinq morceaux pour piano et le prélude
était l’un des cinq. » Rachmaninoff commença à enregistrer avec
l’apparition de l’enregistrement électrique. En Avril, Thomas
Edison lui proposa un contrat selon lequel il enregistrerait dix
faces pour son phonographe. En octobre, il enregistra le fameux
Prélude en ut # mineur Op. 3. Rachmaninoff vint aux studios Ampico
pour faire des essais, en apparence tout à fait froidement, mais
on rapporte que juste au moment de partir, il se serait retourné
vers les responsables d'Ampico, et aurait déclaré : « Messieurs,
je viens juste de m’entendre ! » (Dennis Hall – série Decca : The
Ampico piano recordings 425 964-2). Mais, à la fin de l’année il
se brouilla avec l’inventeur, et signa un contrat d’exclusivité
avec Victor, qui devait se poursuivre jusqu’à la fin de sa vie. Ce
n’est que bien plus tard qu’il enregistra les autres quatre pièces
de la suite de l’opus 3 : l’ Elégie en octobre 1928, la Mélodie en
avril 1920, la Polichinelle en avril 1920 et la Sérénade en
octobre 1923. C’est à partir de ces essais (et des enregistrements
ultérieurs) que nous est retransmis aujourd’hui un document d’une
valeur inestimable sur le jeu de Rachmaninoff et son incomparable
sens rythmique, faisant hurler de nos jours n’importe quel
professeur de conservatoire, prétendant diplomatiquement qu’il
s’agissait là d’une « mode » que l’on semble de nos jours oublier
bien volontiers. Lühl, fervent collectionneur d’enregistrements
anciens allant de Saint-Saëns à Mahler au piano en passant par
l’héritage de Richard Strauss, Gustav Holst, Edward Elgar et même
Johannes Brahms (à Hambourg en 1889 !), s’est imprégné d’un style
et d’une agogique musicale d’un temps apparemment révolu, celui de
l’ère où l’artiste prenait le temps de vivre son œuvre. Humoresque Op. 10 n° 5 D’une incroyable flexibilité rythmique et harmonique, les style
de Rachmaninoff tant comme pianiste que comme compositeur se
rejoignent étroitement. En effet, las de jouer son Prélude à
pratiquement chaque concert, il se mit à le remanier, remaniement
à la suite duquel les critiques anglaises déclarèrent que
Rachmaninoff ne savait pas jouer ses propres œuvres ! Il n’était,
en effet, pas rare qu’il improvisât à moitié sur ses œuvres ou
réécrivît certains passages afin d’en maintenir la fraîcheur du
moment présent lors de l’interprétation, pour ne pas sombrer dans
une répétition automatique due à un rythme de plus de 100 concerts
par an. Il en est de même pour l’Humoresque tirée de l’opus 10,
enregistrée par Rachmaninoff deux fois, une première en avril 1920
et une seconde en avril 1940. La deuxième version est tellement
enrichie harmoniquement que l’auditeur non averti peut en effet
douter en toute honnêteté qu’il s’agit de la même pièce à
l’origine. Ici aussi, on retrouve dans les deux enregistrements le
style personnel de Rachmaninoff pianiste, à moitié hésitant
volontairement, à moitié improvisant, le tout doté d’une force de
décision et d'une détermination incroyables. Moments musicaux Op. 16 n° 3-4 Chronologiquement, la série des 6 Moments musicaux de l’opus 16
se situe exactement à cheval entre l’échec cuisant de sa première
Symphonie et le succès triomphal de son deuxième Concerto. Ces six
pièces de caractère, dont les numéros pairs sont d’une difficulté
pianistique redoutable, témoignent d’une période angoissante dans
l'existence d’un homme qui a perdu goût à la vie. Préludes 4-5-6-7 Op. 23 Lorsque Rachmaninoff se rendit en Angleterre en 1908, il apprit
que tous les pianistes y jouaient son Prélude et que les pianistes
américains en faisaient autant. « En l’occurrence, ironisait-il,
je devrais me féliciter, je pense, d’avoir écrit cette partition.
Mais je n’arrive pas à savoir si la légèreté avec laquelle j’ai
négligé de m’assurer la garantie internationale de mes droits fut
tellement heureuse pour moi. Si je l’avais déposée, elle m’aurait
valu opulence et célébrité. D’autre part, je n’en aurais peut-être
pas composé d’autres. Lorsqu’en effet j’appris l’immense succès de
ce petit ouvrage, j’écrivis une série de dix Préludes, mon opus
23, et pris la précaution de les faire déposer par un éditeur
allemand. J’estime qu’ils représentent une musique bien meilleure
que celle de mon premier Prélude, mais le public n’a pas paru
disposé à partager mon point de vue. Je ne peux dire si c’est mon
jugement qui est mauvais ou si l’existence des droits a été
néfaste à leur popularité. La question demeurera donc toujours
pendante pour moi de savoir si le succès de ma première œuvre est
dû à son seul mérite ou à l’absence des droits d’auteur ! » Les 10
Préludes Op. 23 sont dédiés à son cousin Alexandre Siloti. Prélude Op. 32 n° 12 L’opus 32 est situé deux numéros après le troisième Concerto. Les
treize Préludes furent composés en 1910. En créant un cycle de
treize Préludes, Rachmaninoff fera ici référence à son
prédécesseur Frédéric Chopin, composant 24 Préludes dans toutes
les tonalités. Le Prélude n° 12 fut l’une des œuvres de
prédilection du pianiste Vladimir Horowitz, ami et collègue de
Rachmaninoff, dont l’auteur prétendait qu’il jouait mieux son
troisième Concerto que lui-même. D’une métrique extrêmement
détendue, il alterne une main droite volubile et une main gauche
principalement mélodique. Étude-tableau Op. 33 n° 2 Les compositeurs romantiques furent, et ce principalement autour
de Chopin, à l’origine de pièces de caractère et de la création
d’une multitude de pièces brèves de forme libre : préludes,
impromptu, improvisation, nocturne, ballade, moment musical… la
liste serait trop longue à énumérer ici. Rachmaninoff, en tant que
successeur de cette tradition, créa un nouveau concept, pourtant
annoncé dans les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, les
études-tableaux. La symbolique musicale du tableau semblait lui
plaire dès sa jeunesse d’artiste, car déjà son opus 5 s’intitule
fantaisie-tableaux pour deux pianos. Les Études-tableaux furent
composées en 1914 et sujettes à de nombreux changements éditoriaux
avant de paraître en recueil intégral chez Boosey & Hawkes. En
fait, il s’agit plus de pièces libres que d’études, si l’on retire
la difficulté technique des morceaux. L’Étude n° 2 fut enregistrée
par Rachmaninoff et Horowitz ; la ressemblance des deux versions
est étonnante ; cependant, chacun garde sa personnalité malgré une
variation de tempo accrue et une souplesse agogique
extraordinaire. Il est intéressant de noter que dans toutes ces
huit Études, la seule indication de pédale par la main de
Rachmaninoff figure dans les dernières mesures de cette Étude. Fragments et Pièce en ré mineur Op. posth. Les manuscrits originaux, sans titre, des deux œuvres courtes
intitulées ici Fragments et Pièce pour piano en ré mineur montrent
qu’elles ont été écrites à Moscou à la fin de 1917. D’ailleurs,
Rachmaninoff a enregistré une pièce intitulée Oriental Sketch
datant à peu près de la même période (le titre a été ajouté à
cette copie par une autre main). Il semble que la même chose se
soit passée lorsque le morceau publié sous le nom de Fragments
apparut. L’autre morceau ne fut publié qu’après la mort de
Rachmaninoff sous le nom de Prélude. Études-tableaux Op. 39 n°1-6 Rachmaninoff composa une deuxième série
d’Études-tableaux en 1920, qui fut publiée en recueils séparés à
Berlin en 1920 par les éditions de musique russe (Russischer
Musikverlag). L’Étude n° 6 fut à l’origine numérotée n° 4 de
l’opus 33, mais elle en a été extraite par l’auteur et incorporée
à la série suivante. Cette Étude a également été orchestrée par
Ottorino Respighi (1879-1936) dans une série de cinq
Études-tableaux.
Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy Pianiste - compositeur - chef d’orchestre Né à Paris en 1975 ; décoré de la médaille de la ville de Paris ;
titulaire de la Médaille Vauban de la Monnaie de Paris.
Sergueï Rachmaninoff
When Victor Serov asked Rachmaninoff what had inspired him to
write his Prelude in c # minor op. 3, his masterpiece probably his
best known piece, he replied in all simplicity : “Forty roubles.
My editor had offered me 200 roubles for five piano pieces and the
prelude was one of those.” Rachmaninoff began to record with the
invention of electrical recording. In April 1919, Thomas Edison
offered him a contract to record 10 sides on his phonograph. In
October, he recorded his famous Prelude in c sharp minor op. 3.
Rachmaninoff came to the famous Ampico studios for the trials,
apparently rather detached but it’s reported that just as he was
leaving he turned towards the people responsible for the Ampico
and said : “ Sirs, I’ve just heard myself.” (Dennis Hall – series
Decca : The Ampico piano recordings 425 964-2). But at the end of
the year he fell out with the inventor and signed an exclusive
contract with RCA Victor which would continue for the rest of his
life. It was only much later that he recorded the other four
pieces from the opus 3, the Polichinelle in April 1920, the
Serenade in October 1923 and the Elegy in October 1928. As and
from these trial recordings that we know today his invaluable
archive regarding Rachmaninoff’s playing and his incomparable
sense of rhythm which would make any music teacher squirm. This
way of playing is no longer fashionable today. Lühl, a passionate
collector of old recordings from Saint-Saëns to Mahler including
the heritage of Richard Strauss, Gustav Holst, Edward Elgar and
even Johannes Brahms (in Hamburg in 1889 !), is impregnated by a
style of playing of a period long past, one when the artist took
the time to live his work. Humoresque Op. 10 n° 5 With an unbelievable flexibility of harmony, Rachmaninoff’s style
as a pianist as well as a composer is directly linked. In fact,
fed up with playing his Prelude in c # minor at practically every
concert, he began to overwrite it, which made the English critics
declare that Rachmaninoff did not know how to play his own works !
It was quite common for him to improvise sometimes while playing
or rewrite certain pieces in order to maintain its originality
during the actual playing, so as not to perform automatically at
over 100 concerts per year. It is the same for the Humoresque op.
10 n° 5, recorded by Rachmaninoff twice, one in April 1920 and the
second in 1940. The second version is so much richer harmonically,
the unaccustomed listener could actually doubt that it was the
same original piece being played. Here we also find in the two
recordings the personal style of Rachmaninoff as a pianist,
purposely slightly hesitant and the other part improvised, the
whole piece being played with incredible energy and determination. Moments musicaux Op. 16 n° 3-4 Chronologically, the series of six musical moments from op. 16 is
situated exactly between the terrible failure of his First
Symphony and the triumphal success of the Second piano Concerto.
These six individual pieces of which the even numbered pieces are
extremely difficult to play, reflect the period in the artist’s
life. The third moment musical, long and meditative, carries the
listener into certainly a sad world but always marked by certain
hope at the end of the musical passages. Regarding the fourth
moment, he unleashes the pianist in an whirlwind of almost
unintelligible notes, exposing in this tempestuous passage a theme
which is both epic and passionate, alternating between long and
very regular rhythmic values. Preludes 4-5-6-7 Op. 23 When Rachmaninoff went to England in 1908, he learnt that all the
British pianists where playing his prelude and American pianists
were doing the same. “However, he said ironically, I should
congratulate myself, I think, for having written this score, but I
don’t know whether neglecting my international copyrights was
equally happy for me. If I had done this, I would have become
wealthy and famous. On the other hand, I may not have composed
anything else. When indeed I heard of its immense success, I wrote
a series of ten preludes, my op. 23 and took the precaution of
copywriting it with the German editor. I consider these pieces are
much better music than my first prelude, but the public doesn’t
seem disposed to share this opinion. I cannot say if my judgement
is bad or if the lack of copyright was fatal for their popularity.
The question remains however for me to know if the success of my
first work is entirely due to the lack of copyright.” The 10
Preludes op. 23 were dedicated to his cousin Alexander Siloti. Prelude op. 32 n° 12 The opus 32 comes two opus numbers after the Third Piano
Concerto. The thirteen preludes were composed in 1910. In creating
a cycle of thirteen Preludes, Rachmaninoff makes reference to his
predecessors, Frédéric Chopin who composed 24 Preludes, all in
different tones. The Prelude n° 12 was one of the of Vladimir
Horowitz’ favourite pieces, friend and colleague of Rachmaninoff,
who pretended that Horowitz played his Third Concerto better than
he himself. Étude-tableau op. 33 n°2 Romantic composers, who mainly gravitated around Chopin, composed
short pieces in free style : preludes, impromptus, nocturnes,
ballads, musical moments… the list would be too long to include
here. Rachmaninoff, as the successor to this tradition created a
new concept, which was already evident in the Pictures of an
Exhibition by Moussorgsky : the Études-tableaux. The symbolic
music of the painting seemed to please Rachmaninoff while a very
young artist, because already his opus 5 was entitled
Fantaisie-Tableaux for two pianos. The Études-tableaux op. 33 were
composed in 1914 and subjected to many editorial changes before
the publication of the entire collection by Boosey & Hawkes.
Indeed, it is more about free style pieces than studies, if we
take out the difficult technical aspects of the pieces. The original untitled manuscripts of the two short works entitled
Fragments and Piano piece in d minor show that they were written
in Moscow at the end of 1917. Moreover, Rachmaninoff recorded a
piece entitled Oriental Sketch dating roughly from the same
period. The title was added to this copy by someone else. It seems
that the same thing happened when the piece under the name
Fragments was published. The other piece entitled prelude was only
published after Rachmaninoff’s death. Études-tableaux op. 39 n°1-6 Rachmaninoff composed a second series of Études-tableaux in 1920 which were published in separate collections in Berlin in 1920 by the Russian music editor Russischer Musikverlag. The study n° 6 was originally numbered of opus 33, but it was taken out by the author and includes in the following series. This study was also orchestrated by Ottorino Respighi (1879-1936) in a series of five Études-tableaux. translation : Samuel Azenkat & Patricia O’Nolan
Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy was born in Paris in 1975.
He started his studies as a pianist at the Schola Cantorum then
completed his training by entering the Conservatoire National
Supérieur de Musique in Paris aged 15. Three years later he
obtained first Prize for piano. Parallel to his piano cursus he
studied music analysis, chamber music, orchestral conducting,
harmony and contrapoint. Since 1998 he has won several
international competitions and plays at prestigious venues
throughout Europe. The press is unanimous in considering him as an
international concert pianist.
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