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On a trop souvent parlé de
Schubert comme d’un homme oscillant entre le gai compagnon des
soirées amicales et le taciturne rêveur perdu dans son
intériorité. En vérité, Schubert fréquenta des cercles de
pensée, eut pour amis des écrivains engagés, participa à des
discussions. Il n’est pas inutile de rappeler qu’entre 1823 et
1828, l’Europe, notamment l’Autriche, se raidissent : sous
l’influence du ministre Metternich, la Sainte Alliance va
rétablir l’absolutisme en Espagne, au Portugal, et au nom de ce
system̀e, brider les revendications nationalistes et les tendances
rév́olutionnaires, éditer des déccrets liberticides a ̀l’égard
de la presse, interdire et réprimer les réunions, bannir les
étrangers.
Composé de deux "Heft" - deux cahiers, deux brochures, deux
revues, presque deux manifestes - les "momens musicals" sont des
instantanés organisés en séries symétriques par des tonalités
"en miroir" (DoM, LabM, Fam / Do#m, Fam, LabM). En ces pages
intenses, ramassées, l’urgence se fonde sur l’économie de moyens
: les dynamiques extrêmes se succèdent brusquement, entre une
naïveté trop écrite pour ne pas y déceler un germe d’ironie et de
soudaines, d’âpres bouffées de révolte qu’il convient de lire
comme autant d’idées ou sentiments susceptibles de déterminer à
l’action - sens original du mot "moment" en allemand...
Car loin d’être l’expression d’une sympathique joliesse
populaire, ces pièces regorgent d’explosions violentes, de
désespoirs absolus, d’énergie motrice ; or "Momentum" (moment)
est la contraction de "Movimentum" (mouvement).
Du cours du ruisseau à la marche du Wanderer, c’est un seul et
même mouvement vers l’avant qui anime l’Œuvre schubertien. Court
ou long, ce n’est pas sa durée qui importe, mais le fait que le
moment est à la fois durée et mouvement, espace-temps parcouru
faisant coïncider deux idées paradoxales : une cristallisation
et un continuum.
On retrouve cette dualité dans tous les Moments Musicaux :
mouvements perpétuels, ils se concentrent sur une figure
obstinée (rythmique, harmonique) qui semble à la fois cheminer
et tourner en rond, emploient un matériau composé d’idées
contrastantes bien que subtilement reliées. Quant aux figures de
la répétition exploitées à l’envie par Schubert dans la Sonate
(des itérations aux fameuses reprises), elles possèdent une
finalité : nous faire participer en tant qu’auditeurs à une
expérience philosophique, en prenant conscience de la nature
protéiforme (de la brièveté de certains klavierstücke à la
dilatation d’un mouvement de sonate) de ce Temps qui s’écoule
tout en restant immobile. Le "moment" devient un présent infini,
une suspension du Temps. Les silences notés qui jalonnent ces
œuvres soulignent encore cette aspiration à l’achronie : c'en est
plus simplement l’illumination d’un instant qui déchire les
ténèbres, mais bien le miracle d’une atemporalité reconnue,
saisie, vécue.
Disons ici adieu aux clichés des "divines longueurs", aux titres
ajoutés par des éditeurs peu scrupuleux et autres
interprétations pseudo-testamentaires ; les pièces de ce
récital nous livrent un Schubert dépouillé de toute littérature,
translucide, laissant apparaître l’essence de cette musique, des
"moments" dans l’acception mécanique du mot : des forces en
mouvement dont le jeu contraire permet d’atteindre un équilibre.
Clément Mao-Takacs
Artiste d’une probité absolue,
Denis Pascal évite soigneusement les écueils de la musique
savante pour en proposer une interprétation, vivante, en
mouvement perpétuel. Refusant les concessions et les facilités,
il offre à son public toute sa culture musicale et sa
créativité.
Denis Pascal sort des sentiers battus, appliquant avec rigueur une
éthique constante tant dans le répertoire lisztien que la
musique impressionniste ou les partitions post- romantiques. Cette
approche singulière, ainsi que son ardeur à défendre les œuvres
des compositeurs plus rares font de lui l’un des artistes les plus
marquants de la scène française.
Denis Pascal a fait de nombreuses tournées aux États-Unis, en
Asie, et dans de prestigieuses salles européennes, en Italie,
Espagne, Portugal, Hollande... Invité en Allemagne au Festival de
piano de Husum, à la Folle Journée de Nantes, au Festival de
l’Emperi, il y défend les programmes les plus audacieux. Le
public parisien a pu l’applaudir au Théâtre des Champs-
Élysées, au Théâtre du Châtelet, au Théâtre de la Ville, à
la salle Gaveau et à l’Auditorium du Louvre. Denis Pascal a été
nommé professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique
de Paris en mai 2011.
Denis Pascal studied at the
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, with Pierre
Sancan and Jacques Rouvier. He won several international prizes,
and finished his studies with György Sebök in Bloomington
Indiana university where he received the Artist Diploma. He has
given many solo and chamber music performances in Europe, USA and
Asia celebrated by the public and reviewers throughout the world,
in France, as a soloist in Théâtre des Champs-Elysées, Salle
Gaveau, and Théâtre du Châtelet,Auditorium du Louvre. He also
played with National Orchestras, New Japan Philharmonic, as well
as the historic ensemble "Les Siècles" conducted by
François-Xavier Roth with whom he recorded the two emblematics
Chopin Piano Concertos on a historical Pleyel piano.
His integrale recording of Liszt’s Hungarian Rhapsodies, was
widely press-awarded and received special Prize from the Franz
Liszt Association. Denis Pascal has been lately appointed piano
teacher at the Conservatoire National Supérieur de Musique de
Paris.
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