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En 1919, Rachmaninov exposait ses points de vue
sur la musique moderne dans un journal américain en ces termes :
Les grands compositeurs se sont toujours intéressés à la
mélodie comme point de départ de toute musique. La mélodie -
c'est la musique, c'est la base de toute musique, dans la mesure
où une mélodie parfaite entend et provoque sa mise en forme
harmonique. C'est pour cela que de grands compositeurs du passé
accordaient tant d'intérêt aux mélodies nationales de leurs
pays. [...]
En revanche les futuristes déclaraient leur aversion contre tout
ce qui pourrait même de très loin rappeler une mélodie. Ils
demandent la "couleur", "l'atmosphère", et méprisant toutes les
règles d'une construction normale de la musique, ils créent des
œuvres sans aucune forme, comme le brouillard, et tout aussi
passagères. Si je parle des compositeurs de notre temps, je ne
pense pas aux futuristes. J'estime peu ceux qui, refusant la
mélodie et l'harmonie, se jettent dans l'orgie des bruits et des
dissonances qui sont une fin en soi. Les futuristes russes ont
tourné le dos à la simple chanson populaire et leur patrie, et
c'estprobablement la raison pour laquelle leurs œuvres ont l'air
d'élucubrations "boursouflées" et artificielles. Cette critique
est juste et concerne non seulement les futuristes russes, mais
aussi tous les autres. Ils sont devenus des renégats, des
apatrides, dans l'espoir de devenir artistes internationaux. Mais
sur ce point, ils se trompent, car si un jour nous arrivons à
l'espéranto musical, ce n'est pas en méprisant la musique
nationale de tel ou tel pays, mais au moyen de la fusion des
langues musicales de différentes nations en une seule langue. Non
pas à travers l'apothéose des expressions musicales excentriques
des individus séparés, mais au moyen de l'unification des
musiques de tous les pays du monde en un tout, à l'image des eaux
de différents fleuves qui se jettent dans la même mer.
C'est Rimski-Korsakov qui a, dans la plus grande mesure, exploité
les thèmes populaires russes, quoique la musique de Moussorgski
soit également entièrement pénétrée de l'esprit de la chanson
russe. Borodine, Moussorgski et d'autres sont typiquement russes.
Inversement, Scriabine n'est pas russe du tout. Ses premières
œuvres se rapprochent par leur caractère de celles de Chopin.
Grand nombre d’entre elles sont magnifiques et raffinées.
Cependant, ses œuvres postérieures se trouvent, pour ainsi dire,
dans un "no man's land" musical. Et même si ces œuvres-ci avaient
contribué à sa réputation de compositeur original, elles n'ont
pas agrandi sa gloire en tant que maître de l'architecture
musicale originale.
Je suis profondément convaincu qu'à l'exception de quelques
œuvres, les compositions futuristes seront vite oubliées. Le
futurisme ne survivra pas à l'épreuve du temps. Et ce n'est pas
parce que les adeptes de cette école sont des modernistes. ...
Rachmaninov, la passion au bout des doigts.
Catherine Poivre d'Arvor, Editions du Rocher, 1986.
Danses symphoniques op.45
Le premier véritable témoignage sur les Danses symphoniques pour
deux pianos op. 45, nous est parvenu par une lettre du 21 août
1940 de Rachmaninov à Eugène Ormandy : La semaine dernière j’ai
achevé une nouvelle pièce symphonique, que je voudrais bien sûr
vous donner en premier, à vous et à votre orchestre. Je serais
très heureux si vous pouviez prendre ma place afin que je puisse
jouer cette pièce pour vous. La création orchestrale eut lieu à
Philadelphie le 3 janvier 1941 sous la baguette d’Ormandy. Quant
à la version pour deux pianos (composée avant l’arrangement
orchestral), la première eut lieu à Beverly Hills en petit
comité chez le compositeur avec Vladimir Horowitz au deuxième
piano. La partition porte
l’annotation en russe du compositeur 10 août 1940 Long Island. De
plus, il nota en anglais I thank Thee, Lord, témoignage envers sa
profonde croyance en le Seigneur. La partition d’orchestre fut
achevée à la fin du mois d’octobre de la même année et fut
publiée par Charles Foley en 1941. Rachmaninov s’était établi
avec sa famille à Beverly Hills, dans une magnifique villa. Un
garage abrité sur la gauche y accueillait ce qu’il appréciait le
plus : les voitures rapides et puissantes. C’est ici que je
mourrai, disait-il. Les Danses symphoniques naquirent apparemment
avec l’idée qu’elles seraient la dernière œuvre de leur
créateur. En effet, les citations d’œuvres antérieures sont
étonnamment fréquentes : Première symphonie (thème principal),
les Vêpres, et encore une fois le Dies Irae dans la dernière
danse, dernier essai pour rendre gloire à la patrie perdue ? Les
titres originaux (Matin, Midi et Crépuscule) ont été remplacés
par Midi, Crépuscule et Minuit : Je suis un pessimiste de nature,
disait-il. Les trois danses sont des références à d’anciennes
danses revisitées avec le style très personnel du maître :
marche, valse et tarentelle. Rachmaninov, l’expatrié déchiré
entre confort opulent et cœur brisé dans son identité nationale,
suivait avec grand intérêt les nouvelles du front et donna même
un concert caritatif pour l’Armée Rouge, alors que la politique
du régime l’avait forcé à quitter en 1917 son pays dans
l’affolement.
La saison 1942-43 fut la dernière au cours de laquelle joua
Rachmaninov. Elle marquait la cinquantième année de sa carrière
de concertiste et il approchait de son soixante-dixième
anniversaire. Les quelque 120 concerts par an qu’il dut produire
en continu en Europe pendant des années laissèrent des traces
indélébiles sur sa santé : il se sentait usé et ne joua plus
que son ancien répertoire. Le manque de temps pour composer se
faisait ressentir de plus en plus et il mit toute son énergie
dans ce qui allait être sa dernière œuvre. Ses amis insistaient
pour qu’il se consacrât à la composition mais il répondit : Ce
qu’il y a de pire, c’est la peine que me coûtent ces concerts,
mais que serait la vie sans eux, sans musique ? [...] et puis je
suis trop fatigué pour composer. Où voulez-vous que je trouve la
force et la flamme nécessaires ? [...] Puis autre part, nous
pouvons lire : Mais vos Danses symphoniques ? Comment avez-vous
donc fait pour les composer ?, insistait un ami et admirateur.
Rachmaninov avait un faible pour cette dernière œuvre, peut-être
parce que c’était son ultime création. Je ne sais pas comment
ça s’est fait, répondit-il. Cela a dû être une dernière
étincelle.
Le manuscrit des Danses symphoniques dans les
deux versions est désormais conservé à la Library of Congress
de Washington DC. Pour cet enregistrement, Lühl a rajouté les
voix manquantes de l’orchestre, fidèle à sa conception
orchestrale d’interprétation pianistique. "En février 2010, je
suis tombé sur une partition éditée en Union Soviétique d’une
importance capitale pour la suite de mes projets concernant
Rachmaninov : un certain G. Kirkor avait arrangé les Danses
symphoniques pour... piano seul ! Une prouesse ! me suis-je dit .
Je voyais déjà mon projet aboutir en proposant au disque une
version pour piano seul de ces trois pièces géniales. Mais en
regardant la partition de plus près, je découvris qu’il
s’agissait plutôt d’un arrangement "d’appoint", où, comme
souvent malheureusement dans les réductions de partition
d’orchestre, la puissance orchestrale n'est pas assez présente.
Cette adaptation sonnait de manière réductrice, malgré une
haute exigence technique de la part de l’interprète. Je me mis à
retravailler la partition en me servant de la version d’orchestre
comme référence finale. Le travail s’avéra long et fastidieux
pour distinguer la partition de Kirkor de ma version. Il y avait
trop de rajouts et finalement, je décidai de me rapprocher de la
version originale de Rachmaninov pour deux pianos, plus fidèle à
sa propre retranscription pour orchestre. Cependant je dus, pour
des raisons purement techniques, supprimer quelques notes de la
version à deux pianos ; en revanche, j’avais rajouté le côté
"masse orchestrale" à cette version en me servant d’effets
pianistiques, comme par exemple de la troisième pédale pour la
tenue harmonique de certains sons. Je précise ici, pour expliquer
cette impression de "deux pianos à un seul piano", que le
présent enregistrement n’a à aucun moment été réalisé en
‘re-recording’ et que toutes ces pièces sont jouées telles qu'en
concert !"
Trois pièces (1917)
Rarement réunies alors que composées environ à la même
période, ces trois pièces méritent une attention particulière,
car à partir de son opus 1, Rachmaninov a pratiquement
systématiquement numéroté toutes ses œuvres hormis celles-ci.
Les manuscrits originaux, sans titres, des deux œuvres courtes
intitulées ici Fragments et Pièce pour piano en ré mineur
montrent qu’elles ont été écrites à Moscou à la fin de
l’année 1917.
Quant à l’Esquisse orientale, c’est une
excellente pièce de rappel à la fin d’un concert, demandant
souplesse et élasticité manuelle. Rachmaninov a enregistré
cette pièce – dont le titre a été ajouté à cette copie par
une autre main.
Polka de V.R./B.R
Franz Behr (1837-1898) est un compositeur très prolifique, mais
complètement tombé dans l’oubli aujourd’hui. Il est l’auteur
d’innombrables polkas, gavottes et autres danses de salon pour
piano. Très populaire de son temps, son catalogue d’opus englobe
au moins 580 œuvres (mentionnant un opus 582 en dernière
découverte musicologique). Il composait également sous le
pseudonyme de G. Bachmann. Une seule pièce lui assurera cependant
une notoriété internationale, peut-être à son insu. Vassili
Rachmaninov, père de Sergueï et pianiste amateur, jouait cette
Polka Badine op.303 – aussi connue sous le nom de La Rieuse ou
encore Lachtäubchen et Scherzpolka – avec grande délectation,
tant et si bien que le thème principal de cette pièce de salon
demeura dans la mémoire de son fils. Des années après, l’auteur
du fameux Prélude en ut dièse mineur op. 3 n°2 reprit cette
polka et la transforma en une gigantesque périphrase virtuose
avec les initiales de V.R., conforme à Vassili Rachmaninov.
Cependant, Rachmaninov n’arrangea que la première partie de la
pièce de Behr et laissa la partie centrale intacte. C’est
justement ce que je voulais apporter à cet enregistrement en
juxtaposant à la fois l’œuvre originale, la version développée
et augmentée du début de l’original suivi de ma propre version
développée et augmentée du milieu de l’original. Pour la Polka
de B.R. (en clin d’œil au surnom donné à la version de
Rachmaninov et au résultat phonétique de l’enchaînement des
deux consonnes, donnant le nom de Behr), ma dernière pièce de
l’année 2010 respecte le rapport tonal des deux parties
originales (Fa et Si b Majeur) et s’associe à la version de
Rachmaninov en créant une continuité stylistique (La b Majeur
chez Rachmaninov et Ré b Majeur pour ma suite). J’ai donc
volontairement ajouté quelques clins d’œil propres aux formules
pianistiques de Rachmaninov, de manière à donner l’illusion que
l’ensemble a été composé par la même personne.
Polka italienne (version de concert par Belov)
En 1906, peu de temps après ses vacances familiales en Italie,
Rachmaninov compose une Polka qu’il intitule italienne. Pendant
son séjour, il avait été attiré par un musicien chantant dans
la rue un air napolitain. Suite à cette composition, que
Rachmaninov enregistra avec sa femme pour s’amuser, son cousin,
Alexandre Siloti, adapta cette pièce pour piano seul et en fit
une version facile en la descendant d’un demi-ton (ré mineur) et
en supprimant toutes les doubles-notes qui auraient dû être
jouées par la main droite. Rachmaninov avait également rajouté
à cette version pour quatre mains une voix de trompette
volontairement vulgaire, certainement pour l’occasion. Cette
partition fut également éditée, puis oubliée. Cette pièce
gagne une telle popularité que l’Orchestre de la Flotte
Impériale et Rachmaninov lui-même en firent un arrangement pour
trompette en fanfares.
En 1953, pour célébrer les dix ans de la mort du maître,
l’Union Soviétique organisa une cérémonie à laquelle on joua
des œuvres de Rachmaninov. Un arrangeur nommé Belov avait
préparé cette polka pour en faire une version de concert,
truffée de difficultés et contenant trois cadences
intermédiaires entres les deux périodes alternant le mineur et
le majeur, dignes d’un grand concerto pour piano. Les
doubles-notes ont pris un caractère indépendant et au lieu de
sixtes systématiquement parallèles, il mania les deux voix en
leur donnant une plus grande autonomie mélodique. Il rajouta au
milieu de ce tour de force, la partie oubliée de la trompette, ce
qui était d’une grande ingéniosité pianistique. Cet hommage fut
écrit dans le style de Rachmaninov, comme s’il avait vécu
jusqu’en 1953 (ce qui, en théorie, aurait tout à fait pu être
possible).
xtract from an interview
given to the Etude in New York in 1919 where Rachmaninoff
revealed his concepts of music and his point of view on modern
music:
Great composers are always interested in the melody as a point
of departure for all music. The melody is the basis of all
music, to the extent that a perfect melody entails harmonious
crafting. This is why composers in the past took such a great
interest in national melodies from their countries:
Rimsky-Korsakov, Dvorak, Grieg and others, all referred to
patriotism as a natural source of their inspiration. [...] On
the contrary, futuristic composers cut out all that which could
in any way remind them of a national melody. They require the
“color” and “atmosphere” and despise all the rules of a normal
musical construction based on national character; they create
pieces without any form, like mist which is just as ephemeral.
If I speak about contemporary composers I don’t think of
futurists, I have little consideration for those who refuse
melody and harmony and throw themselves into an orgy of noises
and cacophonies which are just an end in themselves. The Russian
futurists turn their backs on the simple and popular songs of
their country, and it’s probably for this reason that their
works seem overly intellectual, artificial and pompous. This
criticism is fair and involves not only the Russian futurists,
but all the others as well. They have become unpatriotic
renegades, in the hope of becoming international artists. But on
this point they are mistaken, because the day we play musical
Esperanto, it is not by denigrating the national music of this
or that country, but by the merging of musical languages from
different nations into one universal language; not through the
apotheosis of musical, eccentric expressions of different
individuals, but through the unification of musical forms from
all the countries of the world in one, like the image of water
from different rivers which converge in the same sea. It was
Rimsky-Korsakoff who, more than anybody, exploited popular
Russian themes, although Mussorgsky’s music is also impregnated
by Russian Folklore. Borodin, Mussorgsky and others are
typically Russian.
On the other hand, Scriabin is not Russian at all. His first
works by their character are similar to Chopin’s. A lot of them
are magnificent and refined. However, his later works can be
found in a sort of musical no-man’s land and even if these works
have contributed to his reputation as an original composer, they
didn’t increase his fame as an original master of musical
architecture.
I am deeply convinced that, with the exception of a few works,
most futuristic composers will be forgotten. Futurism will not
survive Time; and it is not because these followers of this
school are modern...
Symphonic Dances op.45
The first real mention of the Symphonic Dances for two pianos
op. 45 is in a letter from Rachmaninoff dated August 21st 1940
to Eugene Ormandy : “Last week I finished some new symphonic
pieces that I want to be sure to give to you before anybody
else, to you and your orchestra.” The premiere took place in
Philadelphia on January 3rd 1941 conducted by Ormandy. Regarding
the two-piano-version, composed before the orchestral
arrangement, the premiere took place in Beverly Hills for a
small group of friends at the composer’s home with Vladimir
Horowitz playing the second piano. The piece is dated in Russian
by the composer: “August 10th 1940, Long Island.” He also wrote
in English: “I thank Thee, Lord”, a sort of witness to his
belief in God. The score was finished at the end of October, the
same year and was published by Charles Foley in 1941.
Rachmaninoff had set up home with his family in Beverly Hills in
a magnificent villa. The garage on the left had his collection
of very powerful cars. “I will die here”, he said.
The Symphonic Dances were created with the idea they would be
his last pieces. He quotes musical passages from this previous
works: First Symphony (main theme) and the Vespers, and once
more the Dies Irae in the last dance, a final chance to pay
homage to the lost country, Russia? The original titles
(Morning, Noon and Evening) were replaced by Morning, Evening
and Midnight, with the remark that he made about himself: “I am
a pessimist by Nature.” The three dances are references to
previous ones revisited with the personal touch of the master: a
March, a Waltz, a Tarantella. Rachmaninoff, the ex-patriot, torn
between the opulence of every-day life in America and his broken
heart for his national identity, listened with great interest to
news from the front and even played a concert in benefit of the
Red Army, even though the regime’s politics had forced him to
leave his country in 1917. The season 1942-43 was the last in
which Rachmaninoff performed as a pianist. It was the 50th year
of his career and he was approaching his 70th birthday. The 120
concerts a year which he had to produce continuously in Europe
during years had now taken its toll on his health. He felt worn
out and only played his old repertoire. He had less and less
time for composing and put all his energy into what was to be
his last work. His friends wanted him to concentrate on
composing, but he replied: “What is worse is the prize I pay to
play in these concerts, but what would life be without music?
[...] And anyway I’m too tired to compose. Where do you think I
will find the energy to do it? [...]” “But your symphonic
dances? How did you manage to compose them? “, insisted a friend
and admirer. Rachmaninoff had a fondness for this last work,
maybe because it was his ultimate creation.
“I don’t know how I did it”,
he replied, “it must have been the last spark.” The manuscript
of the symphonic dances in Rachmaninoff’s two versions is now
kept in the Library of Congress in Washington D.C. For this
recording, Lühl added the missing voices of the orchestra,
faithful to his concept of orchestral piano interpretation. In
February 2010 I found an edited score from the Soviet Union
which was extremely important for my ensuing projects concerning
Rachmaninoff. A certain G. Kirkor had arranged the Symphonic
Dances for piano solo! “A challenge” I said to myself, faced
with the master’s style. I already saw my own project as a
success when I proposed to my music company a version for piano
solo of these three really nice pieces. But when I looked at the
score more closely I discovered that it was only an arrangement
“for show” in which, unfortunately, like many other orchestral
adaptations, the acoustic power of the orchestra was not
respected, especially with an instrument like the piano the
orchestral effect can increase the solo instrument’s sound mass
by two according to the arrangement’s and the performer’s
ability. This adaptation seemed to be reductive despite its
highly technical challenges on the performer’s part. I started
working on the score, using the orchestral version as a final
reference. The work turned out to be long and fastidious to
distinguish between Kirkor’s version and my own, which entailed
a mix of Kirkor and the orchestra. There were too many adds and
finally I decided to stay closer to the original version by
Rachmaninoff for two pianos, which was more faithful to his own
orchestration. However, there I also noticed the differences
with the orchestral score leaving me unsatisfied at certain
points for purely physical performing reasons, and I had to drop
some notes from the two-piano version. On the contrary, I added
the orchestral volume to this version by using pianistic
effects, e.g. the third pedal to hold the harmony of certain
sounds. I underline here for those who wish to pierce the secret
of this impression of two pianos instead of a solo piano, that
the recording was never made in “re-recording” and that I played
all the pieces as they would be performed the in a concert!
Three pieces (1917)
Even if they are rarely reunited, despite the fact that they
were composed at the same period, these three original pieces
deserve more attention. It is to note that Rachmaninoff numbered
almost all of his works and that these three individual sketches
have no opus number. The original manuscripts of the two first
short works entitled Fragments and Piano piece in d minor show
that they were written in Moscow at the end of 1917.
As for the last piece called
Oriental Sketch (the title was added to this copy by someone
else), Rachmaninoff recorded it himself, giving Lühl many
interesting performing hints.
Polka de V.R./B.R.
Franz Behr (1837–1898) was a prolific, but minor, and now almost
forgotten, German composer of songs and salon pieces for piano.
He was popular at one time, and many of his works were published
(his opus numbers reached at least 582. His works include names
such as Gypsies’ Camp, Will o’ the Wisp, Valse des Elfes (Op.
497), Perciotta, Sérénade catalane, and Evening Chimes in the
Mountains. He also wrote under the name G. Bachmann (Marche
bulgare, Succès-mazurka, Collier de rubis, Paris-valse, Gavotte
duchesse, Floréal mazurka).
However, the only piece of his that appears in the modern-day
repertoire is Lachtäubchen, Scherzpolka in F Major, Op. 303
(also known by its French title La rieuse, polka badine), and
then only in the form of a transcription as a virtuoso piano
piece, Polka de W.R., by Sergei Rachmaninoff. The piece was a
favorite of Rachmaninoff’s father Vassily, an amateur pianist
(the "W. R." in the title refers to his father’s initials in the
German translation, Wassily Rachmaninoff), but it is not known
whether Rachmaninoff knew its true author to be Behr, or whether
he believed the melody was concocted by his father. Behr was
given no mention in the published edition of Polka de W.R., and
it was universally believed to be an original work of
Rachmaninoff’s until the late 20th century, when the true author
of the melody was identified. The piece is now generally listed
as being by "Behr/Rachmaninoff", or "Behr, arr. Rachmaninoff".
However, Rachmaninoff only arranged the first part of Behr’s
piece and left the main central part untouched. This is exactly
what I wanted to bring to this recording by juxtaposing at the
same time the original work and the enhanced version at the
beginning of the original piece by Behr/Rachmaninoff followed by
my own enhanced version of the central part. For the “Polka de
B.R.” (a wink to the nickname given to the Rachmaninoff version
and to the phonetic result and the two following consonants,
giving Behr’s name), my last work from 2010 (December 16th/21st)
respects the tonal connection between the two original parts (F
and B flat Major) and associates the Rachmaninoff version by
creating a stylistic continuity (A flat Major for Rachmaninoff
and D flat Major for my own). I voluntarily added some
references of Rachmaninoff’s composing style, so as to give the
illusion that the whole thing was composed by the same person.
Italian Polka (concert
version prepared by Belov)
In 1906, after his family holiday in Italy, Rachmaninoff
composed a Polka for piano duet which he entitled “Italian”.
During his stay he had noticed a street musician singing a
Neapolitan song. Following this composition, which Rachmaninoff
recorded with his wife in a very fast paced interpretation, his
cousin Alexander Siloti adapted this piece for piano only as an
easy version which is written half a tone lower (d minor) by
skipping all the double-notes which would have been played by
the right hand. Rachmaninoff also added to this version for
piano Duet a additional trumpet score, purposely trivial for the
occasion. This piece was also edited and published after his
death. It became so popular that the Imperial Fleet Orchestra
and Rachmaninoff himself arranged it for trumpet fanfares.
In 1953, to celebrate the tenth anniversary of the master’s
death, the Soviet Union organized a ceremony where
Rachmaninoff’s works were played. An arranger named Beloff had
prepared this polka to be performed as a concert piece for
piano, full of difficulties and featuring three intermediate
cadenzas between the two periods alternating between minor and
major, fit for a great piano concerto. The double-notes took on
an independent character and instead of parallel sixths he
revised the two voices by giving them greater melodic autonomy.
In addition he added in the middle of this “tour de force” the
forgotten trumpet part which was of great piano ingenuity. This
tribute was written in Rachmaninoff’s style as if he had lived
till 1953 (which in reality would have been possible).
Après avoir terminé
brillamment ses études de piano à la Schola Cantorum,
Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy complète sa formation en
entrant à 15 ans au CNSM de Paris où il obtient un Premier
Prix de piano à l’unanimité. Parallèlement à son cursus de
piano, il suit des cours d’analyse musicale, de jazz, de musique
de chambre, de direction d’orchestre, d’harmonie et de
contrepoint avec une passion grandissante. L’Association Vauban,
patronnée par le Président de la République Française, lui a
commandé une série d’œuvres commémoratives pour célébrer le
tricentenaire de la mort du Maréchal en 2007: un Requiem in
memoriam Vauban, le poème symphonique La Chamade,
une symphonie de chambre pour orchestre à cordes, un quatuor à
cordes, illustrant des lettres originales de Vauban, une Suite
Royale pour corde ou flûte seule. Concertiste international, il
a longtemps travaillé pour l’intégrale des œuvres du
compositeur russe Alexandre Scriabine en parcourant les scènes
d’Europe avec les préludes, les études, les poèmes et le
concerto pour piano. Depuis sa collaboration avec les éditions
phonographiques POLYMNIE pour l’enregistrement intégral de ses
propres œuvres (50 CDs !), il entreprend l’intégrale
Rachmaninov, notamment avec des œuvres de jeunesse inédites,
des premières éditions et des transcriptions d’œuvres
orchestrales pour deux pianos.
En tant que chef d’orchestre, il se produit essentiellement pour
la direction de ses propres œuvres. Il travaille depuis 2005
pour le compositeur américain John Williams, pour lequel il
transcrit les partitions de ses plus grands thèmes de musique
de films pour piano seul et deux pianos.
Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy was born in Paris in 1975.
His composer’s catalogue is impressive: seven symphonies, two
piano concertos, chamber music, various pieces for soloist and
orchestra, around 200 original pieces for piano, orchestrations
and arrangements, film music... Many years ago, he started
working with the Vauban Association for the commemorative works
on the great French Marshall de Vauban for his tercentenary to
be celebrated in 2007. He is in charge for the musical part by
having composed four great pieces : a string quartet, a requiem
‘in memoriam Vauban’, a symphonic poem ‘la Chamade’ work for
choir and orchestra and a suite for solo string entitled ‘suite
royale’ in the memory of Louis XIV. All the present pieces
regarding Vauban are available on score.
He started his music studies as a pianist at the Schola Cantorum
then completed his training by entering the Conservatoire
National Supérieur de Musique in Paris aged 15. Three years
later he obtained first Prize for piano. Parallel to his piano
cursus he studied music analysis, chamber music, orchestral
conducting, harmony and contrapoint. Since 1998 he has won
several international competitions and plays at prestigious
venues throughout Europe. The press is unanimous in considering
him as an international concert pianist.
He now gets specialised in the music by Rachmaninoff, planning a
huge series of recordings with miscellaneous pieces. Since 2002
he has transcribed around 70 film scores by John Williams. His
1300 pages of musical arrangements will be recorded at a future
date. He also recorded a CD with the greatest themes from Star
Wars for two pianos. As a conductor, essentially plans
performances and recordings of his own works. His classical
recordings are available at the music label POLYMNIE, for which
he already recorded several works of his own, conducting an
orchestra or playing the piano, and more recently a CD of piano
pieces by S. Rachmaninoff. He is planning to record his entire
work (about 50 CDs).
C’est au Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims
qu’Adrien Ramon effectue son cursus dans la classe de Michel
Barré, récompensé par le Diplôme d’Etudes Musicales en 2006.
Il poursuit désormais son apprentissage au Conservatoire
National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon dans la
classe de Thierry Caens et de Christian Léger. Par ailleurs, il
est admis en 2008 dans la classe de cornet à bouquin du CNSMD
de Lyon. Passionné par la direction d’orchestre, il crée le
Brass Band du CNSMD de Lyon afin de faire découvrir la
tradition anglo-saxonne des instruments de cuivres. Adrien Ramon
travaille avec différentes productions et divers orchestres
dont l’Orchestre National de Lyon, l’Orchestre National d’Ile de
France et l’Orchestre Français des Jeunes en 2007 et 2008.
Lauréat de la Bourse AIDA de l’Orchestre National du Capitole
de Toulouse, il a ainsi la chance de bénéficier des conseils
des solistes du Capitole et de jouer sous la direction de chefs
prestigieux.
Adrien Ramon studied the trumpet with Michel Barré at the
Conservatory of the city Reims/France, where he obtained his
master degree in musical studies in 2006. Parallel to his
trumpet training, he went to the National Conservatory of Music
in Lyon and took lessons with Thierry Caens and Christian
Léger. He created the National Conservatory Brass Band with the
goal of promoting the anglo-saxon tradition of brass
instruments.
Since the, he was hired in various national productions in the
south of France, among which the Orchestre National de Lyon, the
Orchestre d'Ile-de-France and the Capitole de Toulouse.
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