Henk Badings est né en 1907 à Bandung, en Indonésie, de parents
hollandais. Il fut très vite orphelin. Il a étudié à
l’Université de Delft, où il est devenu conférencier en
géologie. Bien qu’autodidacte, il fut tout de suite reconnu pour
son talent de compositeur, avec l’exécution de sa Première
Symphonie par l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam en 1930.
À partir de 1961 il a accepté différents postes de conférencier,
à l’Université d’Utrecht, à la Musikhochschule de Stuttgart, en
Australie à l’Université d’Adelaide et aux États-Unis, à
Pittsburgh. La réputation de Badings a été d’abord établie par
ses œuvres orchestrales, notamment sa Troisième Symphonie, ses
Variations Symphoniques et son Premier Double Concerto pour deux
violons et orchestre.
Dans le but de s’approcher au plus près de ses idéaux, il a
commencé à employer des micro-intervalles. Ses premières
compositions à 31 tons ont commencé à apparaître en 1952. Puis
il a étendu sa gamme sonore en incorporant le son concret et
électronique aux sonorités instrumentales et vocales
traditionnelles. En 1959 les recherches de Badings vont encore
plus loin, cette fois avec l’utilisation de l’ordinateur. Ses
Toccata I et II sont basées sur une série de tons calculés ; et
ses utilisations de l’ordinateur dans l’examen de la psychologie
de la musique et la logique de la composition musicale ont aussi
été fructueuses. Cependant les compositions récentes de Badings
sont assez traditionnelles : musique orchestrale, vocale, et
musique de chambre. Il est mort le 26 juin 1987 à Vijlen.
Henk Badings concilie suprême originalité,
inventivité harmonique et science architecturale des plus
élaborées. Aux côtés des Génies reconnus du XXème siècle,
Badings doit retrouver au plus vite une place légitime. En
effet, il a instauré une complexe armature sonore, édifiée à
partir de la gamme de trente-et-un sons conçue par le physicien
hollandais Fokker. Badings est un cas. Un phare isolé, le
Capitaine Nemo de la musique.
Quelques notes sur les œuvres
Symphonie n° IX (1959) et Sérénade
(1985) - Éditions Donemus
Cette œuvre, dédiée à Szymon Goldberg et l’Orchestre de chambre
des Pays-Bas, a été exécutée en partie par cet ensemble durant
le Festival de Hollande en 1960. Le compositeur n’a pas donné de
numéro à cette Symphonie pour Cordes, mais celle-ci apparaît
comme la Neuvième. Les Symphonies de Badings sont, en règle
générale, ambitieuses, vastes et conçues, classiquement, en
quatre mouvements. Elles exigent un haut degré de virtuosité de
la part des musiciens.
Le mouvement d’introduction, Lento, joue avec des effets
d’harmoniques et de tremolos. L’essentiel du matériel thématique
y est présenté. Vient ensuite un Allegro aux accents sinistres,
caractéristiques de Badings. On entend le thème principal dans
un canon en miroir entre seconds violons et altos. L’Adagio est
une illumination musicale. Le motif élégiaque de l’orchestre est
repris par les altos et les violoncelles, et ornementé par deux
violons solos, aboutissant à l’atmosphère mystérieuse de
l’épilogue. Le Finale, un Allegro impétueux, utilise le motif
rythmique principal avec la division 3 + 3 + 2. L’impulsion
rythmique est transformée en une danse, mise en liaison avec le
thème chantant du premier mouvement. Les motifs du premier
mouvement sont rappelés dans la conclusion de l’œuvre.
La Neuvième Symphonie (1985), exigeante, confine au pur moment
d’anthologie, et conduit à un paroxysme éblouissant. On affronte
la superposition d’innombrables lignes mélodiques, desquelles
surgissent des mélismes vaguement orientaux, mosaïque d’éclats
de cristaux ou de saphirs brisés, le tout inondé par une lumière
solaire qui vient mourir sur chaque accord. Telle est
l’impression qui se dégage de ce monument énigmatique. Quelques
réminiscences inattendues des Danses Roumaines de Bartok ou des
Suites d’orchestre d’Enesco en parsèment le tissu.
Tout comme dans la Sérénade - autre chef d’œuvre - où l’on croit
entendre une déformation de l’un des thèmes du Freischütz
(premier air d’Agathe) ! Et l’on émet le vœu que s’installe une
tradition interprétative pérenne de ce musicien passionnant.
Largo et Allegro (1935) Éditions Durand
et Concerto pour alto (1965) - Éditions Donemus
Le début du Largo est typique de l’écriture de
Badings. Le thème des altos, large et chantant, est traité en
contrepoint par les violoncelles et les contrebasses. Les
premiers violons reprennent cette mélodie en la développant,
toujours sur un accompagnement contrapuntique. Le violon solo
mène alors au deuxième épisode du Largo, qui, par sa couleur et
son atmosphère, contraste avec le début de l’œuvre. L’apogée de
cet épisode est marqué par une inversion du thème initial, en
canon. Le combat du chant ornementé du violon solo contre ce
développement canonique mène, après un passage fortissimo, à une
écriture plus verticale. Puis, le retour des thèmes du premier
épisode conclut ce Largo, qui meurt progressivement dans un
large decrescendo.
Dans l’Allegro suivant, de forme sonate, s’ajoute un élément
rythmique très prononcé. Badings aime, particulièrement dans ses
mouvements rapides, mettre en valeur les figures rythmiques,
accentuées par de larges intervalles mélodiques. Le quatuor
soliste propose un thème secondaire, puis les altos entrent avec
une mélodie amenant une grande montée de tout l’orchestre. Le
développement commence par un fugato tiré du sujet principal.
L’œuvre se termine dans une atmosphère calme, rêveuse, par une
courte coda avec des sons effilés.
Cette pièce occupe une place importante dans la production de
Badings. Elle est la marque d’une personnalité poétique forte et
d’une grande maîtrise des moyens d’expression.
Le Concerto pour alto vient grandement enrichir le
répertoire de l’alto. L’instrument y est ici remarquablement mis
en valeur. À la fois très virtuose et faisant montre d’une très
grande palette de couleurs sonores, ce Concerto utilise tous les
modes de jeux des instruments à
cordes : harmoniques, glissades, doubles cordes...
d’après Jos Wouters et Etienne Müller
Gordan Nikolitch, alto
Né en 1968, Gordan Nikolitch travaille avec
Jean-Jacques Kantorow et obtient son diplôme d’enseignement et
de soliste à la Musik Akademie de Bâle en 1990. Pendant cette
période, il approfondit son intérêt pour les musiques baroque et
contemporaine et travaille avec James Levin, Witold Lutoslawski
et György Kurtag. Il gagne de nombreux prix internationaux dont
les prix Tibor Varga, Nicollo Paganini, Citta de Brescia et
Vaclaw Huml. En 1989, Gordan Nikolitch est nommé premier violon
solo de l’Orchestre de Chambre d’Auvergne, qu’il dirige à de
nombreuses reprises pendant dix ans, devenant, en parallèle,
premier violon solo de l’Orchestre de Chambre de Lausanne et du
Chamber Orchestra of Europe. En 1997, il est nommé premier
violon solo du London Symphony Orchestra.
Depuis, il dirige régulièrement du pupitre, notamment
l’Orchestre de Chambre du London Symphony Orchestra, l’Orchestre
National d’Ile de France, l’Orchestre Philharmonique de
Rotterdam, l’Orchestre National de Toulouse et l’Orchestre
National de Lille. En 2004, il prend la direction musicale du
Nederlands Kamerorkest, qui, par sa programmation et
l’enthousiasme de ses interprétations, suscite l’engouement du
public et des médias. Il est également chef principal invité de
la la Manchester Camerata et chef principal de l’Orchestre de
Chambre St George de Belgrade. En 2000, il reçoit le titre de
Prince Consort Professor au Royal College of Music pour les
ensembles de cordes et à partir de septembre 2004 devient
Professeur à la Hogeschool voor de Runsten de Rotterdam. Il est
invité à jouer aux Proms. Gordan Nikolitch se consacre également
beaucoup à la musique de chambre et se produit dans de nombreux
festivals. Il a récemment rejoint le quatuor à cordes Vellinger.
En tant que soliste, il joue avec l’Orchestre de la Radio Suisse
Romande, l’Orchestre Symphonique de Bâle, le Combattimento
Consort et le London Symphony Orchestra. Gordan Nikolitch a
enregistré de nombreux disques, dont un consacré à la musique
baroque (Dieupart, Mangean, Walther, CPE Bach...) chez Polymnie
(POL 580 103). Gordan Nikolitch joue sur un violon de Guiseppe
Guarneri Filius d’Andrea.
Fondé en 1981 avec la mission de diffuser la
musique vivante dans sa région, l’Orchestre d’Auvergne assure
depuis vingt-six années le rôle d’Ambassadeur Culturel en
Auvergne, en France, et au-delà des frontières dans plus de 18
pays. Reconnu comme l’une des meilleures formations de chambre
de France et d’Europe, l’ensemble constitué de 21 musiciens
recrutés au niveau international doit son unité et sa cohésion
exemplaires au travail développé sans relâche sous les
directions musicales de Jean-Louis Barbier, Detlef Kieffer,
Jean-Jacques Kantorow et Arie van Beek.
La grande stabilité de l’effectif a permis d’enrichir le
répertoire qui s’étend à ce jour de la musique baroque à la
création contemporaine, soit plus de 1200 œuvres au total,
abordées avec un égal bonheur, une inspiration et une
imagination sans cesse renouvelées. Les relations étroites
entretenues régulièrement avec le monde musical ont permis à
l’Orchestre d’Auvergne de travailler avec les chefs les plus
prestigieux, et d’inviter de grands interprètes : l’Orchestre
d’Auvergne a joué récemment avec David Guerrier, Jean-François
Heisser, Alexei Ogrintchouk, Mikhaïl Rudy, Jean-Marc Luisada,
Laurent Korcia, Lise de la Salle, Mstislav Rostropovitch. Sa
réputation internationale lui vaut également d’être
régulièrement invité dans les plus prestigieuses salles de
Tokyo, Osaka, New-York, Philadelphie, Baltimore, Munich,
Francfort, Amsterdam, La Haye, Zurich, Genève, Milan et de
participer aux plus grands festivals : Prades, Antibes, Evian,
la Roque d’Anthéron, Auvers sur Oise, La Chaise-Dieu,
Montpellier, Nantes, Saint-Riquier, Musiques au Cœur du Médoc,
La Vézère, Flâneries Musicales de Reims. L’éloquence, la
précision des interprétations et l’inspiration artistique de
l’Orchestre d’Auvergne ont séduit de grands labels du disque :
Olympia, Channel Classics, Fnac Music, Scam, Bnl, Emi, Denon,
Calliope et Polymnie - et ont permis à ce jour la gravure de
plus de 25 enregistrements en compagnie de Daniel Marillier,
Gordan Nikolitch, Michel Lethiec, Jean-Claude Pennetier,
Jean-Jacques Kantorow, Marielle Nordmann, Alain Marion, Marvis
Martin.
Arie van Beek, direction
Arie van Beek a étudié la percussion et a
travaillé durant quatre années comme percussionniste dans les
orchestres radiophoniques du Nederlandse Omroep Stichting. Il a
également étudié la direction d’orchestre, entre autres avec Edo
de Waart et David Porcelijn.
Arie van Beek est Directeur musical de l’Orchestre d’Auvergne
depuis novembre 1994. Il est aussi attaché au Conservatoire
Supérieur de Rotterdam où il dirige le Rotterdam Young
Philharmonic Orchestra. Il est chef principal de l’Ensemble de
Doelen à Rotterdam, ensemble spécialisé dans le répertoire du
XXème siècle et la musique contemporaine, avec lequel il a
également enregistré plusieurs disques. Arie van Beek est chef
invité dans de nombreux orchestres, en Hollande, en France, en
Suède, en Suisse, en Allemagne, en République tchèque.
De la musique baroque jusqu’aux œuvres du XXème siècle, le
répertoire d’Arie van Beek est très étendu. Il a dirigé des
orchestres de chambre, des orchestres symphoniques, des opéras,
des ballets, des oratorios et tous types de musiques de scène
dont de nombreuses œuvres à vocation pédagogique (L’Arche de Noé
de B. Britten par exemple).
Il dirige entre autres : l’Orchestre de Lyon, l’Orchestre
Lamoureux, l’Orchestre de Cannes, l’Orchestre Poitou-Charentes,
l’Orchestre de Basse Normandie, l’Orchestre des Pays de Savoie,
l’Orchestre de Grenade (Espagne), Die Nordwestdeutsche
Philharmonie (Allemagne), Her Orkest van het Oosten (Pays-Bas),
et Het Brantants Orkest (Pays-Bas). On retrouve Arie van Beek à
la direction de nombreux concerts dans les grandes salles
d’Amsterdam, Rotterdam, Paris, Lyon, Milan, Frankfort,
Stuttgart, Stockholm, Athènes, Chang-Hai, Bangkok, Tokyo…
Arie van Beek a réalisé de nombreux disques avec l’Orchestre
d’Auvergne, avec le Blasarsymfoniker de Linköping, le
Doelenensemble, le Rotterdam Young Philharmonic et Die
Nordwestdeutsche Philharmonie. Il a enregistré pour EMI, BIS,
Olympia, Channel Classics, Calliope, Composers Voice, Polymnie,
et Joan Records. En novembre 2003, il était honoré par le Prix
Elly Ameling, donné par le Prins Bernhard Fonds pour son travail
de chef d’orchestre.
site internet : www.arievanbeek.net