|
Chère Madeleine,
Permettez que nous vous appelions ainsi.
Ceci n’est pas un manque
de respect, bien au contraire, mais nous nous sentons si proches
de vous. Nous ne nous sommes jamais rencontrées, pourtant, comme
vous, nous sommes troyennes. C’est dans cette ville que nous avons
débuté la musique. Votre nom a toujours résonné au coin d’une rue,
dans les couloirs du conservatoire, mais nos routes ne se sont
jamais croisées.
Vous êtes née en 1915, vous avez failli être
centenaire et vous avez toujours vécu à Troyes. Pourtant, vous
avez eu des maîtres incontestés qui vous portaient en haute
estime, en témoignent les lettres de Marcel Dupré, qui, descendant
de sa tribune parisienne de Saint-Sulpice, venait dispenser des
cours de composition et d’orgue au Conservatoire de Troyes. Sa
fille, Marguerite vous enseignait le piano également. Et puis il y
a cette si belle dédicace de Jacques Thibaud à propos de votre
Sonate. Comment vous oublier ?
Lors de nos recherches, lors de nos concerts, nous avons croisé
vos anciens élèves. Émus, la larme à l’œil, ils nous ont transmis
des documents vous concernant et nous ont conté bien des
anecdotes. Et puis, peut-être l’avez-vous entendu, là-haut, mais
nous avons joué votre sonate dans l’église même où vous étiez
titulaire : Sainte-Madeleine. Interpréter votre œuvre sous ce
magnifique jubé que vous avez vu chaque semaine tout au long de
votre vie... Ah, si les pierres pouvaient parler !
Ainsi, avons-nous travaillé sur vos manuscrits.
Il est toujours
émouvant pour un musicien de retrouver le coup de crayon du
compositeur. Mais sachez que nous avons fait de même pour
Guillaume... Guillaume Lekeu. Le connaissez-vous ? Il est belge
d’origine. Nous pensons que si vous l’aviez rencontré, vous
l’auriez adoré. Passionné, élève de César Franck, de Vincent
d’Indy, il possède une énergie juvénile, vous savez, cette envie
profonde d’aimer la vie et de la partager avec fougue et
sincérité.
D’ailleurs il l’a écrit à M.Crickboom : Voici les premières notes
de musique où je crois avoir mis quelque-chose de moi-même. S’il
n’était pas mort si jeune (24 ans, à cause d’un sorbet !), vous
auriez échangé sur bien des sujets : littérature, peinture...
Malgré son âge, il nous a laissé des pages merveilleuses qui
restent encore à découvrir.
Vraiment, nous avons été très heureuses de partager ce voyage
musical avec vous, Guillaume et Benoît (Menut) que nous avons
rencontré à Paris, même si son cœur est à Ouessant. Anne-Lise a
été son élève, et va vous raconter cela :
"Benoît est le seul
professeur de formation musicale qui m'ait marquée. C'était dans
les années 2004-2006 au Conservatoire du 13e arrondissement de
Paris. Pendant ses cours, on ne parlait que de musique... Tout le
temps... Quelle surprise presque 20 ans après de le retrouver
grâce à mon orchestre de cœur, le Paris Mozart Orchestra, et notre
cheffe Claire Gibault ! En effet nous avons créé son "mélologue"
Bleu, un Océan de Solutions pour notre projet Orchestre au Bahut
destiné aux collégiens de la région parisienne. Son univers sonore
m'a tout de suite interpellée et touchée. C'est pourquoi que je
lui ai demandé s'il avait écrit une pièce pour violon et piano,
afin de compléter notre programme de disque."
C’est ainsi que nous avons découvert Les Nombres. Et quand nous
avons lu ce qu’a écrit le compositeur lui-même sur sa partition,
nous nous sommes aperçues qu’elle rendait hommage, en miroir, à
d’autres compositeurs :
Les Nombres est une pièce en un seul
mouvement, d’une durée de 7 minutes 30 environ. Son nom est un
hommage aux titres évocateurs de certaines pièces pour clavier du
baroque français. Dans cette pièce pourtant lyrique, l’obsession
du nombre et des proportions est très présente, de par une
"cuisine interne" très structurée et l’hommage réel à deux œuvres
que j’aime particulièrement : les Cinq pièces pour piano op. 23 de
Schoenberg et Les Timbres de François Couperin.
C'était un signe évident ! Voilà comment cette pièce de 2018 s'est
retrouvée à faire le lien entre votre Sonate et celle de
Guillaume.
D’ailleurs Benoît et tant d’autres ont été fort
intrigués par votre Sonate. Vous voyez, personne ne vous a oubliée
et votre musique poursuit son voyage.
Bien affectueusement, Emmanuelle et Anne-Lise
Chères Emmanuelle et Anne-Lise,
Oui, appelons-nous par nos prénoms ! Nous avons toutes passé tant
de temps sur ma Sonate, moi à l’écrire, et vous à la travailler,
que cela a créé, même à plus de 80 années de distance, une
complicité entre nous ce qui nous autorise, et même nous impose,
cette familiarité.
En effet, je suis très étroitement liée à la
ville de Troyes. Il paraît même que, 5 ans après ma mort, mon nom
a été donné à la petite rue qui fait le tour du Théâtre de la
Madeleine ! Apprendre cet hommage posthume m’a quelque peu
consolée.
Car, il faut bien l’avouer, quand je suis partie au bout de
presque un siècle de vie et d’activités dans notre ville commune,
j’étais, osons le mot, aigrie. Je ne l’ai d'ailleurs pas caché.
J’avais eu toutes les récompenses possibles (Piano, Solfège,
Musique de chambre, Orgue, Fugue et Composition – ce qui reste à
ce jour encore un record) au Conservatoire de Troyes (et à cette
époque, son directeur, Amable Massis, avait fait venir des
professeurs aussi prestigieux que Maurice Emmanuel, Paul Le Flem,
Firmin Touche et Marcel Dupré), et je voyais une formidable
carrière s’ouvrir devant moi. Hélas, j’ai été coupée dans mon élan
par la guerre. Sans elle, j’aurais suivi mon maître Marcel Dupré
(que je vous remercie d’avoir cité) dans sa classe d’orgue au
Conservatoire de Paris. Mais les voies étaient bombardées
quotidiennement, et les trains circulaient fort mal. Je n’ai pas
voulu prendre le risque de me retrouver bloquée à Paris.
Pendant la guerre, j’ai été, disons, fortement incitée à jouer, au
sein d’un petit ensemble instrumental, pour le Foyer du Soldat
allemand. Je n’avais pas trouvé d’autre solution pour gagner ma
vie. Et, de toute façon, refuser m’aurait exposée à de sérieux
ennuis. Mais c’est après la guerre, les puissants ayant changé de
camp, qu’avoir joué pour les Allemands m’a apporté ces ennuis :
mon limogeage du Conservatoire de Troyes.
Il faut dire que j’ai joué de malchance avec les différents
directeurs qui s’y sont succédé, de sorte que je n’ai jamais
obtenu durablement les postes auxquels je pouvais légitimement
prétendre, devant me contenter de cours d’accompagnement plus ou
moins rétribués. Ces messieurs avaient leurs petites amies ou
épouses à placer, et leur ont confié les cours de piano ou de
solfège que j’aurais tellement aimé assurer. Je ne les ai eus que
sur de courtes périodes. Cela a été ainsi jusqu'à ce que j’aie, en
1967, l’opportunité de donner des cours aux Établissements
Barbotte et au Lycée Marie de Champagne. J’ai alors démissionné du
Conservatoire. La cinquantaine bien passée, j’ai enfin pu
enseigner de façon à la fois agréable et confortable.
Même si le bilan de ma vie est amer, je veux bien vous croire
lorsque vous me parlez de mes élèves que vous avez rencontrés et
qui en gardent un bon souvenir. Lire cela m’a aussi beaucoup émue.
Quant à ma carrière de concertiste, elle consiste surtout en
accompagnement de musiciens fort talentueux : les chanteuses
Marie-Louise Ignard-Cosson et Martine Kahn, les violonistes Alfred
Loewenguth, Jacques Thibaud, Léon Zighéra, Maurice Bouchez,
Georges Jacquet, les violoncellistes Bernard Bon et Robert Duval,
le hautboïste André Chevalet, les trompettistes Alain Thiéry et
Guy Touvron. Malheureusement, ma fragilité nerveuse (et j’en
accuse la façon dont j’ai été traitée au Conservatoire) ne m’a pas
permis de me confronter au récital de piano. Mais je dois citer
aussi ma nomination au poste d’organiste titulaire de l’église
Sainte-Madeleine (décidément !) de Troyes, fonction que j’ai
occupée pendant 55 ans.
Avant d’en venir à mon activité de compositrice, qui ne me
permettra hélas pas de tirer un bilan de ma vie beaucoup plus
positif, je voudrais, à vous qui vous adressez à moi sur ce ton
amical, vous raconter ma rencontre avec Georges Jacquet. C’était
en 1950, au Casino de Néris-les-Bains, où je soignais mes nerfs.
L’été, il y jouait, merveilleusement, du violon. Une vingtaine
d’années plus tôt, à l’âge de trente ans, il avait eu une
congestion cérébrale qui l’avait complètement détraqué. Depuis, il
ne lui restait que la musique pendant l’été. Le reste de l’année,
il vivait misérablement, à tous points de vue, autant
matériellement que psychiquement. Il était complètement perdu.
Sans doute avions-nous bien des points communs, avec la seule
musique pour accepter une vie par ailleurs bien éprouvante. Je
n’hésite pas à dire que j’ai sauvé Georges Jacquet. Pendant 17
ans, je l’ai hébergé, j’ai veillé sur lui, l’ai fait jouer partout
où je pouvais : restaurants, cabarets, studios pour le cinéma...
Bien sûr, beaucoup ont cru qu’il était mon amant. Ce n’était
pourtant pas le cas, ma vie sentimentale ayant été tout aussi peu
épanouissante que le reste. Pour Georges, j’ai écrit nombre de
partitions plus populaires et légères (musiques de film, paso
dobles, rumbas, tangos, slows), pleins de tout ce que la vie ne
m’offrait pas : tendresse, sensualité, passion... En les écoutant,
vous pourriez douter que la compositrice soit la même que celle de
la Sonate ! D'ailleurs, ces pièces sont signées Mady Dauphinois.
Revenons donc à cette Sonate pour piano et violon. Je l’ai écrite
dans ces années, au tout début de la guerre, où je venais de
terminer mes études, et où je voyais s’ouvrir une belle carrière.
Elle aurait d'ailleurs pu y participer. Oui, le légendaire Jacques
Thibaud m’a écrit qu’elle l’avait « enchanté ». Je l’ai créée,
pour la Radio, avec Alfred Loewenguth, le fondateur du célèbre
Quatuor du même nom. Cette lumière sur ma musique a d'ailleurs a
eu un certain bienfait sur ma carrière, puisqu’elle m’a valu
quelques heures de cours de piano au Conservatoire.
Malheureusement, cela n’a pas duré, pour les raisons qui tiennent
plus de l’affectif que de la compétence et dont j’ai déjà parlé.
N’y revenons plus.
Vous l’avez senti, et le mettez magnifiquement en valeur : j’ai
mis dans cette Sonate tout mon cœur, qui était alors, en ces
jeunes années, débordant d’ardeur. Vous entendre m’a bouleversée.
Pour avoir joué moi-même cette Sonate, j’en connais les
difficultés techniques ! Et j’ai bien compris, avec Alfred
Loewenguth et Léon Zighéra, qu’il y avait quelques gaucheries dans
la partie de violon. Votre ardeur dans l’Allegro initial, avec ce
motif rapide volontairement bancal, mais aussi ses passages de
rêverie soudaine, est, pour moi qui vous écoute de là-haut, comme
le presque siècle de ma vie (alors qu’à l’époque de la composition
de cette sonate je n’en étais qu’au quart) qui défile en six
minutes et demie. Je vous sais gré de ne pas tirer l’Adagio
espressivo-sostenuto vers le larmoyant. Non que l’on n’en ressente
la douleur. Mais vous avez su en exprimer la fièvre intérieure et
en faire un morceau à la fois cohérent et mobile, aux états d’âme
flottants. Quant au Scherzo-Final (qui, donc, est une sorte de
deux-en-un, prenant à lui seul la place des deux derniers
mouvements de la sonate traditionnelle), votre motif en est
bondissant à souhait, plein de vivacité, et les plages plus calmes
ne manquent pas de lyrisme. Le caractère triomphant de la fin ne
vous a pas échappé, bien sûr. Quelle joie d’entendre tout cela...
Non que ce soit une première, puisque Raphaël Rochet et Raphaëlle
Des Graviers l’avaient déjà jouée en 1983, lors du premier des
deux concerts organisés en mon honneur, de mon vivant, et
consacrés à ma musique. J’avais été très touchée par leur
engagement musical et leur générosité dans l’expression. Mais,
bien entendu, le contexte n’avait pas permis d’en réaliser un
enregistrement aussi abouti que le vôtre.
Il en est de même de ma Barcarolle pour piano seul. C’est l’une de
mes toutes premières œuvres, écrite quand j’avais vingt ans.
L’année précédente, j’avais eu le Prix d’Excellence de Piano du
Conservatoire de Troyes (à l’unanimité et avec les Félicitations
du jury), avec, au programme, outre du Bach, des pièces de Fauré
et de Chopin, dont les noms viennent en tête dès qu’il est
question de barcarolle. La mienne, créée par Geneviève Zaigue, et
reprise bien plus tard par Marie-José Delvincourt et Raphaël
Rochet, est beaucoup plus modeste. Vous en avez une lecture plutôt
contemplative et sereine, sans effet de manche, et surtout très
poétique. J’écoute votre interprétation avec ravissement.
Bien sûr, je connais le compositeur Guillaume Lekeu ! Et je ne
doute pas que l’homme ait été, comme vous dites, adorable. C’est
difficile de croire qu’en France, on puisse mourir d’un sorbet.
C’était une autre époque. Vous vous rendez compte que j’ai vécu
plus de quatre fois plus longtemps que lui ? Et, chose étonnante,
nos catalogues sont exactement aussi fournis (48 ouvrages) ! Moi,
à vingt-quatre ans, c’était la guerre qui me tombait dessus.
Hélas, à cela les progrès de la science sont impuissants...
Sa Sonate pour piano et violon (vous avez remarqué ? nous avons
mis les instruments dans le même ordre) est également en trois
mouvements (décidément...). Et, finalement, nous avons écrit nos
sonates presque au même âge : lui à vingt-trois, moi à vingt-cinq.
Le paradoxe, c’est que c’est l’une de ses dernières œuvres, où il
fait preuve d’une maturité exceptionnelle et d’une maîtrise
extraordinaire, alors que l’on considère la mienne comme une œuvre
de jeunesse.
Plus j’écoute votre interprétation, plus je réalise à quel point
la sonate de Lekeu est un chef-d'œuvre, et quelle perte immense a
été le décès de ce si jeune compositeur. Ce mélange de tendresse
et de passion, de fougue et de nostalgie est tout simplement
merveilleux. Je ressens à quel point vous avez voulu partager
cela.
Vous êtes bien courageuses de mettre ma Sonate, aussi
confidentielle, qui n’avait jamais été enregistrée, en miroir de
cet ouvrage aussi magistral, et qui a fait la gloire de son
auteur...
En revanche, je n’avais jamais entendu la musique de Benoît Menut.
Bien entendu, ce n’est pas du tout ma génération, et cela bouscule
quelque peu mes habitudes...
Mais il me faut bien avouer
qu’entendre cette pièce après mes propres compositions, et avant
celle de Lekeu, m’en a donné une perception sans doute moins
abrupte que si je l’avais découverte dans le cadre d’un concert
consacré à des œuvres contemporaines... pour autant que ce terme
ait un sens pour moi, puisque celle-ci a été écrite après ma mort
! En réalité, je me dois d’admettre qu’avec un langage aussi
radicalement différent de celui dont je me suis servi, et malgré
les procédés intellectualisés décrits par le compositeur, il est
tout à fait possible d’écrire une musique sensible, touchante,
délicate... Comme pour le reste de votre programme, j’ai senti
combien, en la jouant, vous étiez dirigées par cette recherche du
sentiment, de l’éloquence, de l’émotion... Vous m’avez fait un
bien fou.
Avec mon éternelle reconnaissance,
Madeleine
Dans la réponse, fictive bien évidemment, de
Madeleine Dauphin, certains éléments sont, par la force des
choses, imaginés. Mais tout ce qui est factuel vient de ses
propres écrits, ou de témoignages de ceux qui l’ont le mieux
connue, à commencer par Alain Thiéry et le regretté Jean-Marie
Meignien. Qu’ils en soient ici vivement et chaleureusement
remerciés.
Pierre Carrive
Madeleine Dauphin, née le 7 juillet 1915 à
Troyes, a consacré sa vie entière à la musique, en tant
qu’organiste à l’Eglise Sainte-Madeleine de Troyes, comme
enseignante de piano au Conservatoire et compositeur.
Elle commence dès son plus jeune âge l’étude du piano et à 13 ans
elle entre au Conservatoire de Troyes pour y étudier, outre le
solfège et le piano, la musique d’ensemble et la composition
musicale. Elève particulièrement brillante, elle remporte les plus
hautes récompenses dans chacune de ces disciplines devenant ainsi
la plus titrée de tous les élèves du Conservatoire.
Madeleine Dauphin disparaît le 25 juin 2013, laissant derrière
elle des générations de musiciens à qui elle a enseigné le piano,
mais également une carrière de compositrice. Si elle publie Six
études de salon, œuvre pour piano et une Toccata en ut mineur,
œuvre pour orgue, c’est avec son Concerto pour hautbois et
orchestre en La b Majeur qu’elle s’affirme.
La Médiathèque de Troyes Champagne Métropole conserve ses archives
personnelles ainsi que les partitions originales de ses
compositions. Une rue de Troyes porte son nom.
Guillaume Lekeu est né à Heusy, en Belgique où il
débute ses études de piano et solfège. En 1879, ses parents
s'installent à Poitiers.
Il y poursuit ses études musicales de
manière indépendante pendant son parcours scolaire, composant
ainsi sa première pièce à l'âge de 15 ans. Il étudie aussi
l'harmonie et le violon à partir de 1887.
En juin 1888, la famille s'installe à Paris et il commence des
études de philosophie tout en étudiant le contrepoint et la fugue
avec César Franck. Celui-ci l'encourage à composer davantage et
Vincent d'Indy lui apprend l'orchestration. Quelque temps plus
tard, Eugène Ysaÿe lui commande une œuvre, la Sonate pour violon
en Sol Majeur, créée en mars 1893 qui sera son œuvre la plus
célèbre et la plus souvent enregistrée.
Le jeune Lekeu contracta la fièvre typhoïde et mourut au domicile
de ses parents à Angers le 21 janvier 1894, au lendemain de son
24e anniversaire.
Né à Brest, en 1977, Benoît Menut fit son cursus
au Conservatoire National de Région de Paris et au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris et fut élève d’Olivier
Greif.
Grand Prix Sacem 2016 et lauréat des fondations Banque
Populaire (2008) et Francis et Mica Salabert (2014), il compose en
2018 pour l’Opéra de Saint- Étienne Fando et Lis, d’après la pièce
de F. Arrabal, et remporte pour son premier opéra le Prix Nouveau
Talent de la SACD 2019 et le Prix Charles Oulmont 2019. Il
poursuit depuis une trajectoire théâtrale de plus en plus
prononcée, tant pour le jeune public (Stella et le Maître des
souhaits) que tous les publics (La Légende de Saint Julien,
d’après G. Flaubert, Le petit garçon qui avait envie d’espace,
d'après J. Giono).
Cet attrait se matérialise aussi par des collaborations avec des
ensembles vocaux renommés tels Musicatreize, les Maîtrises de
Radio-France et de Notre-Dame de Paris et de nombreux solistes
vocaux et instrumentaux : David Kadouch, Ophélie Gaillard, Jean
Ferrandis, Patrick Langot, Christophe Beau, Philippe Muller, Lise
Berthaud, l’Ensemble Calliopée, l’Ensemble Hélios, le Trio
Karénine...Comprenant plus de 120 opus, son catalogue fait de lui
un des compositeurs français les plus en vue de sa génération. La
musique de chambre - en particulier l’écriture pour les
instruments à cordes - tient une place bien particulière dans son
travail. Sa musique est éditée aux Éditions Musicales Artchipel.
Madeleine Dauphin was born on 1915 July the 7th
in Troyes, and spent her all life to music as an organist at
Troyes’s St Madeleine church and as a piano teacher and composer
at the Conservatory. She started studying piano from an early age
and entered at Troyes’s conservatory when she was thirteen years
old to learn, in addition to piano and music theory, chamber music
and composition. As a brilliant student, she won the highest
awards in each of these disciplines, becoming the most successful
of all the students of the Conservatory.
Madeleine Dauphin died on June 25, 2013, leaving behind
generations of musicians to whom she taught the piano, but also a
career as a composer.
If she published Six Salon Studies, a work
for piano and a Toccata in C minor, a work for organ,
it is with her Concerto in A major for oboe and orchestra that she
asserts herself.
The Médiathèque of Troyes Champagne Métropole
keeps its personal archives as well as the original scores of its
compositions. A street in Troyes bears her name.
Guillaume Lekeu was born in Heusy, Belgium where he studies piano
and music theory. In 1879, his parents moved to Poitiers, France.
He continued to pursue his music studies independently while at
school, composing his first piece at the age of 15 and studied
harmony and violin from 1887. In June 1888, his family moved to
Paris where he began to study philosophy. and counterpoint and
fugue privately with César Franck. Franck encouraged him to
continue composing and Vincent d'Indy taught him orchestration.
Eugène Ysaÿe commissioned a work from him, the Violin Sonata in G
major, which premiered in March 1893, and is his most famous and
most often recorded work.
Lekeu contracted typhoid and he is died in his parents' home in
Angers on 21 January 1894, the day after his 24th birthday.
Benoît Menut was born in Brest, en 1977. Elève
d’Olivier Greif, fit son cursus musical au Conservatoire au
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Winner of
the Sacem Award 2016 of the foundations Banque Populaire (2008)
and Francis and Mica Salabert (2014), he composes in 2018 for the
Opera of Saint- Etienne Fando et Lis, after F. Arrabal’s piece,
and won for this first Opera the SACD New Talent Award 2019 and
The Charles Oulmont Prize 2019. He has been pursuing a theatrical
trajectory even more pronounced, both for the young public (Stella
and the Wish Master, etc.. that for all audiences (The legend of
Saint Julien, after G. Flaubert, The little boy who wanted space,
after J. Giono). This attraction is also materialized by
collaborations with renowned vocal ensembles, such as
Musicatreize, The Children Choirs of French National Radio and N-D
of Paris, and many renowned soloists : David Kadouch, Ophélie
Gaillard, Jean Ferrandis, Patrick Langot, Christophe Beau,
Philippe Muller, Lise Berthaud, the Ensemble Calliopée, Ensemble
Hélios, the Karénine Trio...
Comprising more than 120 opus, his catalog makes him one of the
most prominent French composers of his generation. Chamber music
writing - especially for string instruments - has a special place
his work. His music is published by Éditions Musicales Artchipel.
Originaire de Troyes, Emmanuelle Moriat a commencé la musique au
conservatoire de cette même ville, où le nom de Madeleine Dauphin
résonnait encore. Puis elle a poursuivi ses études musicales au
Conservatoire Royal de Bruxelles ainsi qu'au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris, où elle a obtenu les
diplômes de Formation Supérieure en piano et
accompagnement/direction de chant ainsi que le Certificat
d'Aptitude. Au cours de ses études, elle a bénéficié des conseils
d'Anne Queffélec, Paul Badura-Skoda, Jena-Claude Pennetier, Akiko
Ebi, Christian Ivaldi...
Récompensée lors de concours nationaux et internationaux, elle se
produit en France et à l'étranger en tant que soliste ou
chambriste. Elle est régulièrement sollicitée comme pianiste
cheffe de chant, notamment par le Théâtre des Champs-Elysées ou la
Philharmonie de Paris. Soucieuse d'approfondir ses interprétations
en se familiarisant avec l'univers des compositeurs, Emmanuelle
Moriat aime travailler sur les manuscrits comme elle a pu le faire
à Budapest lors du Donhanyi's Day où elle a
été invitée à se produire. Elle a réalisé deux enregistrements en
piano solo autour de la musique hongroise, Escale en Pays Magyar
et Danses magyares (label Polymnie).
Née à Troyes Anne-Lise Durantel-Sacchetti suit le chemin tout
tracé de ses frères et sœur et a travaillé auprès de Christophe
Poiget, Boris Garlitsky et Eric Lacrouts. Diplômée des Etudes
Musicales de la ville de Paris, elle est admise au CNSM de Paris
d’où elle sortira diplômée en 2009. Co-solo du Paris Mozart
Orchestra depuis 2014 elle participe aux nombreux projets de cet
ensemble, en musique de chambre et en orchestre, en France et à
l’étranger. Elle est également violoniste supplémentaire à
l’Orchestre National de l’Opéra de Paris et violon solo invitée à
l’orchestre de l’Opéra de Reims.
Elle a enregistré plusieurs disques dont les deux sonates pour
violon et piano d’Albert Roussel avec le pianiste Gaspard Dehaene,
l’intégrale de l’œuvre pour violon et piano d’Enguerrand Luhl avec
le compositeur au piano. Elle joue régulièrement auprès de publics
dits empêchés, notamment avec le partenariat des Flâneries
musicales de Reims et le CHU de Reims et a suivi des formations
Musique et Santé en néonatologie. Depuis 2022, Anne-Lise dirige
l’Académie Au fil des Âmes. Destinée aux musiciens professionnels,
cette académie propose un travail sur l’identité artistique, la
gestion du trac, le mental, ainsi que tout l’aspect corporel
(yoga/massage) en plus d’un travail intensif de l’instrument en
association avec le violoniste Eric Lacrouts, la pianiste Louise
Akili et le professeur de yoga et massothérapeute Benjamin Cortès.
Emmanuelle began her musical studies at the
Troyes conservatory, where she heard of Madeleine Dauphin. She
holds an advanced degree in piano performance from the Royal
Conservatory in Brussels and in the Paris Conservatory (CNSMDP).
She also holds the Certificate of Aptitude (CA) required of
teachers in French Conservatories. During her studies she received
advice from A. Queffelec, P. Badura-Skoda, JC Pennetier A. Ebi,
Christain Ivaldi. She was recognised in national and international
competitions and she performed in France as well as
abraod as a soloist and as a chamber musician.
She developed a
passion for the link between the voice and the piano so she is
often solicited as a pianist as a vocal coach by the
Champs-Elysées Theatre or the Philarmonique of Paris.
As she has a
care for going deeper in her interpretations, she gets familiar
with composers’universe and she likes working on manuscripts or
going to musicology institutes as she did in Budapest where she
was invited to perform for Donhanyi’s Day. She recorded 2 CDs
around Hungarian music as a soloist "Escale en Pays Magyar " and
"Magyar dances " (for Polymnie label).
Born in Troyes, Anne-Lise followed the path of
her brothers and sister and studied with Christophe Poiget, Boris
Garlitsky, and Éric Lacrouts. In 2006 she was admitted to the CNSM
de Paris from which she graduated in 2009. Anne-Lise is the
co-leader violin of the Paris Mozart Orchestra since 2014 and
participates in many projects with this ensemble, in chamber music
and orchestra, in France and abroad. She is also an additional
violinist at the Orchestre National de l'Opéra de Paris, Guest
Concertmaster at l’Opéra de Reims and also involved in many
chamber music projects and ensembles.
She took part in several recordings including Albert Roussel's two
sonatas for violin and piano with pianist Gaspard Dehaene, the
complete work for violin and piano by Enguerrand Luhl with the
composer himself at the piano.
Since 2022, Anne-Lise has created the Academy Au fil des Âmes.
Intended for professional musicians.
Le 5 mai 2022 à Troyes (Aube), s’est éteint à
l’aube de ses 88 ans Jean-Marie Meignien, organiste, musicologue,
technicien conseil pour les orgues protégées à la Direction du
Patrimoine au Ministère de la Culture.
Né à Troyes, en 1934,
Jean-Marie Meignien débute ses études musicales dans sa ville
natale auprès de Madeleine Dauphin à qui, plus tard, il consacrera
une communication intitulée Madeleine Dauphin, pianiste, organiste
et compositeur (1915-2013) publiée dans La Vie en Champagne.
"Monté à Paris", il poursuit son cursus à l’Ecole César Franck, et
au Conservatoire National Supérieur de Musique (1er Prix en 1968).
A cette époque, il devient organiste titulaire de
Saint-Martin-ès-Vignes de Troyes et enseigne à l’Ecole Nationale
de Musique de cette ville, l’orgue, l’écriture et l’histoire de la
musique. Auteur de nombreuses communications sur les orgues de la
région comme celui de la Cathédrale de Troyes, il sera reçu
chevalier des Arts et des Lettres en 1995.
C'est à Jean-Marie Meignien que je dois l'idée de ce disque. En
effet, alors qu'il est le "secrétaire" aussi attentif que dévoué
de Geneviève Jacque-Dupont (qui a créé le Certificat d'Aptitude
pour l'enseignement du piano), il me dirige vers l'œuvre
conséquente de ce Grand Prix de Rome, pianiste aux dispositions
remarquables et compositeur prolifique que fut son époux
Jacque-Dupont.
Nous avons édité entre 2002 et 2012 quatre disques couvrant un
vaste panorama des ses œuvres (Concerto pour piano, Concerto pour
violoncelle, Octuor, Pièces pour piano et son opéra Le Roy Fol).
C'est donc Jean-Marie Meignien qui, une fois ce travail accompli,
m'aiguille aussi vers la musique de Madeleine Dauphin.
Cependant, on ne peut rendre hommage à ces musiciens sans citer, à
défaut d'évoquer plus longuement leurs carrières, certains
compositeurs qui ont marqué la région de leur présence, en
particulier, Nicolas Siret, grand ami de François Couperin et
auteur de plusieurs "livres" de clavecin, ou plus proches de nous,
Maurice Emmanuel ou encore les compositeurs contemporains Francine
Aubin et Yves Prin dont Jean-Marie Meignien parlait si volontiers.
Je suis très reconnaissant à cet homme de culture, aussi
pince-sans-rire qu'érudit, de nous avoir conduits sur les traces
de ces musiques à découvrir.
Gérard Durantel
Accueil | Catalogue
| Interprètes | Instruments
| Compositeurs | CDpac
| Stages | Contact
| Liens
• www.polymnie.net
Site officiel du Label Polymnie • © CDpac • Tous droits
réservés •
|
|
|