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Acclamé dans le monde entier à travers un vaste
répertoire qui n'a cessé de s'étendre ( 70 concertos joués avec
les chefs d'orchestre les plus prestigieux, multiples intégrales
etc. ) Eric Heidsieck n'est plus à présenter.
Citons cependant
parallèlement à une action pédagogique qui a généré de nombreux
disciples quelques-unes des principales réalisations artistiques
qui jalonnent sa longue carrière :
Mozart : intégrale des 23 concertos, commencée à 19 ans en 1955 et
terminée en 1982. Beethoven : trois intégrales des 32 sonates 1969
- 1979 - 1997
Intégrale des sonates pour piano et violoncelle de Beethoven
également avec Paul Tortelier. Haendel : intégrale des seize
suites en 1974 Bach : Intégrale des Partitas et Ouverture à la
française ainsi que Concerto Italien en 1976.
La liste est longue et parmi les compositeurs de prédilection
d'Eric Heidsieck il faut aussi citer Gabriel Fauré qu'il a
beaucoup joué tout comme Hindemith, Liszt et Chopin dont il a
enregistré les concertos pour pianos. Eric Heidsieck a enregistré
plus de 100 disques dont vous pouvez trouver les titres sur son
site : www.ericheidsieck.net

Hommage à Kazuyuki Toyama
Afin de mettre en valeur mes Préludes sur des Poèmes de Maurice
Courant joués et enregistrés en live en 2004 au Kusatsu Summer
Festival, j'ai choisi Jean-Sébastien Bach, enregistré en studio en
2019 ( Mai et Juin )

Prologue pour
le second cd Polymnie J.S.Bach Suites françaises n° 4-2-1
La Cinquième et la Sixième Suites françaises étant déjà parues
dans le premier Cd Polymnie 2017, je ne me sens pas obligé de
suivre leur ordre : sautant volontairement la Troisième Suite en
si mineur, moins attirante, alors que cette tonalité m'avait
enthousiasmé dans l'Ouverture "à la Française", clôturant à
l'époque mon intégrale des Partitas (Cassiopée 1975 6-7), je
préfère aujourd'hui ouvrir par la Quatrième Suite en mi bémol et
la réunir avec la Deuxième suite en ut mineur (son relatif en Ut
mineur).. en terminant au rebours par la Première Suite en ré
mineur, laquelle aboutit avec sa Gigue en un ré majeur éclatant.
Quatrième Suite française en mi bémol
I. Allemande
Première page : prononcées à mi-voix dans le médium du clavier,
je crois entendre dans ces cinq doubles-croches, stoppées d'un
"quart de soupir", Bach me chuchoter : " Approche-toi, j'ai une
bonne nouvelle à t'annoncer, mais pour l'instant c'est un
secret... ".
Deuxième page : l'écriture semble identique dans
l'aigu mais, sous les doubles-croches, un rythme se faufile,
tendu, comme à l'écoute... " Oui, oui, soyez tranquille, je n'en
dirai rien ! "
II. Courante
Partant de nouveau du centre du clavier, des triolets s'élancent
gaiement... J'ai plaisir à m'imaginer monter à cheval par une
belle matinée de printemps, avide d'espace et d'oxygène...
III. Sarabande
Vivre ou mourir ? Telle est la question posée par Shakespeare
qui, plus que jamais, concerne l'humanité... Ce "To be or not to
be " ne fait plus du tout sourire ! Déjà, Bach l'avait traduit
dans cette Sarabande qui oscille entre angoisse et espoir (fa
mineur ou mi bémol majeur), un espoir que l'on peut percevoir en
se penchant sur les dernières mesures, aussi énigmatiques que la
boîte de Pandore...
IV. Gavotte
Après la question posée dans la Sarabande, voici le caractère
insoucieux de la Gavotte où main droite et main gauche discutent
allègrement.
Soudain quelques mesures avant la coda, nous sommes
déroutés par une déviation harmonique : que viennent faire ces
ré bémol rabat-joie ? Cela m'a rappelé une expérience qui m'a
laissé perplexe. Lors d'un jeu pour enfants, un adulte m'a bandé
les yeux, avec mon accord, pour faire une promenade d'un quart
d'heure... le temps de s'imaginer en terre inconnue, au risque
de se retrouver au milieu d'un buisson d'orties ! 15 minutes
s'écoulent... On me retire le bandeau, et là, stupeur ! Au
centimètre près, on m'avait replacé à l'endroit d'où nous étions
partis. Et c'est exactement le tour de magie que nous fait Bach
en nous ramenant en trois secondes ironiquement au point de
départ : une quinte à nu... avec le ré bécarre ( la note
sensible) qu'il nous avait fauché !
V-VI. Air et
Menuet
Souvent l'Air est une page volubile nous invitant à laisser
courir nos doigts... Cette fois, placée entre un aimable Menuet
et une Gigue joviale, cette page - m'a-t-il semblé - avait
besoin d'une colonne vertébrale. Elle est écrite en
doubles-croches "risoluto", en opposition masculine aux triolets
trottinants de la Courante.
VII. Gigue
Je crois y entendre des échos d'une chasse à courre. Au centre,
dans le médium du clavier, y résonne un cor. A défaut d'être
cavalier, Bach l'a-t-il évoqué ou entendu, lui parvenant des
forêts de la "Suisse Saxonne"?
Deuxième Suite
française en Ut mineur
I. Allemande
Ecrite à quatre temps et à quatre voix, dans un tempo allant, la
phrase s'envole dès les premières mesures, soulevée par un vent
de liberté... frisant même l'inconscience au cours de la
soudaine modulation en mi bémol (cette impression sera encore
plus évidente dans la Sarabande).
Mais un si bécarre (note dite
"sensible" dans la tonalité d'ut mineur) nous ramène à une
réalité plus "secouante". En écrivant ce mot bizarre, je ne peux
m'empêcher de penser au conseil énergique si souvent employé par
ma mère musicale B. Bascourret de Guéraldi : "Travaille, mon
vieux, il faut te 'secouer' ".
Deuxième partie. Nous voici de nouveau emportés par ce vent
chaleureux jusqu'au point culminant en fa mineur, suivi de
quelques instants de rêve. Mais l'écriture se resserre,
assombrie par un chromatisme descendant, créant le malaise qu'on
éprouve sous un ciel nuageux, avant que n'éclate soudain
l'éclaircissement d'une coda en ut majeur.
II. Courante
A trois temps dans un tempo vivace, les deux mains tournoient et
s'ébattent joyeusement, semblant courir l'une derrière l'autre,
au centre du clavier.
Deuxième partie. La main droite, de plus
en plus émancipée, tente d'entraîner la main gauche dans son
aventure dans l'aigu... Mais celle-ci tient fermement la rampe,
produisant une tension rythmique et un écart inhabituel sur le
clavier. Mélange de binaire et de ternaire qu'il faut tenir d'un
bras de fer... annonçant Brahms qui en fera sa signature !
III. Sarabande
Lorsque le pianiste Paul Loyonnet analyse les 32 Sonates de
Beethoven, démontrant ses connaissances inattaquables, il écrit
sur chaque sonate deux chapitres distincts, le premier en
disséquant toutes notes ou quarts de soupirs... le second, en
laissant la porte ouverte à son imagination... Ainsi, fondée sur
un regard scrupuleux, celle-ci, loin de nous paraître farfelue,
renforce singulièrement la compréhension de l'oeuvre.
Désirez-vous prendre connaissance de la succession harmonique de
la première phrase ? Voici : départ, ut mineur, puis fa mineur,
la bémol majeur, arrivée en mi bémol majeur. Voilà qui est fait
! Etes-vous bien avancé ?
Je dois vous avouer que j'ai été
d'abord dérouté par un changement de caractère soudain : la
première mesure semble grave puis la phrase devient d'une
incompréhensible légèreté. Mais en m'y plongeant jour après
jour, je préfère vous proposer de vous laisser transporter (en
huit mesures !) à Murano dans l'antre surchauffée d'un
maître-verrier, maniant lentement avec des contorsions de
poignet sa canne de souffleur, au bout de laquelle une boule
rouge incandescente semble nous fixer... avant de devenir un
petit objet transparent, d'une fragilité... à ne pas oser y
toucher !
IV. Air
Voici un petit air bien printanier et malicieux ; on serait
tenté d'y gambader sans crainte, mais gare aux pièges de
l'écriture, qui nous attendent plus sûrement que dans un
jardin... à la française !
V. Menuet 1
Aussi quel bonheur de goûter son calme ; mais regardons tout de
même nos pas, car la main gauche y mène la danse.
VI. Menuet 2
Edité séparément, je suis heureux et reconnaissant que l'on
m'ait signalé son existence, car plus ouvragé que le premier, il
y ajoute une teinte mélancolique et plus émouvante...
VII. Gigue
Soudain, nous voici transportés au théâtre où une troupe de faux
sauvages, à demis-nus avec des chevelures chamarrées, à l'image
des Indes Galantes de Rameau , gesticule en tout sens,
s'immobilisant de temps à autre dans des poses grotesques
supposées faire rire la galerie...( mais un peu moins le
pianiste qui se tord les doigts sur les mordants aussi farceurs
qu'inconfortables ) . Après une dernière gambade, d'un bond, le
danseur étoile disparaît dans les coulisses. Rideau!
Eric Heidsieck mars avril 2019
Première Suite
française en ré mineur
L'Allemande de
la Première Suite en ré mineur s'ouvre avec majesté sur une
tenue de ronde à la basse. Dans une mesure à quatre temps, trois
voix se déploient avec noblesse dans le médium de
l'instrument.
Une analyse "météo-musicale" pourrait annoncer :
première partie, aujourd'hui, temps calme, légèrement nuageux...
avec tendance à s'éclaircir en milieu de journée. Deuxième
partie : dans l'après-midi, un temps plus nuageux laissera
passer de belles éclaircies... Soirée carrément ensoleillée !
II. Courante.
A l'opposé des courantes qui filent avec virtuosité, celle-ci,
écrite à 3/2 ( soit trois blanches par mesure) pose une question
de tempo. Pour saisir l'enchevêtrement de ses quatre voix, un
tempo relativement modéré me semble indispensable. Cependant, au
milieu de ses battues lentes, une agitation intérieure doit sans
cesse nous tenir en haleine.
Première partie : la mesure part, confiante, avec une sixte
montante, soudain, dès la deuxième mesure, une voix intérieure
surgit à contre-temps, tel un bâton dans les roues, ou, pire, le
mauvais pas d'un cheval, annonciateur d'un malheur, tel le
fameux faux-pas du cheval de Napoléon, le jour funeste de son
départ pour Moscou. Dès lors, on sent une inquiétude, une fièvre
frémissante de mordants à contre-temps.
Deuxième partie : cette crainte, inhabituelle, s'avérera
justifiée car, bientôt, la sixte, s'inversant, sera descendante,
nous entraînant en sol mineur dans le grave, suivie d'un passage
tourmenté où l'on ne sait quelle route prendre, tant s'y
opposent nombre d'altérations... Malgré une échappée dans
l'aigu, fol espoir de courte durée, le thème s'affaisse en
quinte à la main gauche, exprimant une profonde détresse. Alors,
la main droite ne sera plus que désolation, s'éloignant avec un
air hagard.
III. Sarabande.
A l'image de ses Passions ( selon Saint-Matthieu ou Saint Jean)
où J.S.Bach compense la cruauté du récit en intercalant des
Chorals où l'esprit peut s'évader, le Cantor nous offre une page
qui, loin d'être une danse macabre, sonne à mes oreilles comme
un sublime choral à quatre voix, redonnant confiance en la vie.
IV. Menuets.
Comme il fait bon revenir à terre ! Ces deux menuets ont le
double intérêt d'avoir un caractère opposé. Le premier,
manifestement bien campé par un couple de danseurs, partenaires
qui s'en donnent à cœur joie, enchaînant avec complicité la
ronde des tonalités qui passent de ré mineur à la majeur, puis
remontent en fa majeur pour boucler le cercle par la tonalité de
départ ! Second menuet. Ici, le contrepoint horizontal est si
subtil (avec ses deux personnages qui s'écartent pour mieux
s'effleurer lorsqu'ils se rapprochent), qu'il révèle une
sensualité à vous donner le frisson... ou l'étonnement de goûter
la saveur de fruits jusque-là méconnus ! J.S.Bach, reconnu
bon-vivant, serait-il aussi fin gourmet ?
P.S. On sait que dans le célèbre "Quodlibet" de la dernière des
Variations Goldberg, il introduit la chanson populaire "J'en ai
marre de manger de bouffer des choux et des raves" ( transcrit
de l'argot teuton !?).
V. Gigue.
Faussement joyeux, un thème cahoteux et cachotier avec ses
assisses rythmiques desceandantes, m'apparaît comme deux
garnements qui préparent une mauvaise blague (genre "apprentis-
sorciers "). En fin de page, interrompant ces pitreries, une
écriture soudain plus raide, a l'air d'un adulte qui les met
sérieusement en garde.
Deuxième partie : en vain... le jeu sournois repart, jouant avec
le feu. Une étincelle jaillit à l'aigu suivi d'un trille à la
basse et c'est l'affolement. Clôturant un cycle très contrasté,
comment décrire la coda qui ne saurait être grandiose ? Et
bien... comme dans le conte, par un coup de botte bien placé !
Eric Heidsieck 15 février 2019

Né en 1936 à
Reims, repéré dans sa ville natale par Alfred Cortot en 1941,
confié à son assitante à Paris Blanche Bascourret de Guéraldi
jusqu'en 1952, Éric Heidsieck entre dans la classe de Marcel
Ciampi au CNSM de Paris d'où il sortira Premier Prix, Premier
nommé en 1954. Il suit les cours de Wilhelm Kempff en 1957 à
Positano.
Grand Prix du disque en 1959 (Concertos de Mozart 21 et 24 -
cadences d'Eric Heidsieck), il se marie en 1960 et fonde le duo
de piano Tania et Eric Heidsieck qui a fêté son jubilé en 2010
avec un disque Haydn, Beethoven, Schubert, Fauré et Heidsieck.
Eric Heidsieck a aussi enregistré plus d'une centaine de disques
de 1957 à 2004.
Il est également le compositeur de cadences, de
plusieurs cycles de mélodies et d'une très savoureuse Paraphrase
sur le thème de La Marseillaise à la manière de 23 compositeurs
de Bach à Hindemith.
Born in 1936 in
Reims, Eric Heidsieck enters the class of Marcel Ciampi in the
CNSM of Paris where from he will take out First prize, First one
named in 1954. He attends Wilhelm Kempff's class in 1957 to
Positano. In 1959, Éric Heidsieck obtained the Grand Prix du
Disque for his recording of Concertos Nos. 21 and 24 of Mozart
(EMI). The following year, he created a duet with his wife
Tania, which would shine on the stages of the whole world. In
1969, he was the first French pianist of the 20th century to
perform, by heart in public, the 32 Piano Sonatas of L.v.
Beethoven, which he recorded for EMI between 1970 and 1974. He
renewed this challenge ten years later in 1997. In 1974, he
recorded the 16 Suites of Händel for Cassiopée. A few years
later, he obtained his second Grand Prix du Disque for the 13
Barcaroles of Gabriel Fauré (Cassiopée).. He has played on the
most important world stages, and recorded a hundred
discs. Since the beginning of his career, he has given gave more
than 2,000 concerts all over the world.
He is also the composer
of paces, several cycles of melodies and of very delicious one
Paraphrase on the theme of "La Marseillaise".

Eric Heidsieck
, compositeur
Jean-Sébastien Bach s'étant penché sur le style français, je ne
crois pas être sacrilège, en ajoutant quelques notes
personnelles, péchées dans le cycle La Mer, écrites sur des
poèmes de Maurice Courant. Le ré mineur ressortant des
profondeurs du clavier, tâchant à illustrer la plainte de l'onde
:
LE FLOT ME DIT...
Le flot me dit :
« Regarde-moi :
Ne suis-je pas, tout comme toi,
Formé d'une mouvance extrême ?
-
Ma vague est chaude quand on l'aime
Et que le grand soleil est roi ;
A tous vents l'écume je sème :
Mais le fond de mon âme a froid ! » terminant en ut ou plutôt en
do (s?) glaçant !
Puis dans le cycle La Terre, l'ultime extrait
LA CAMPAGNE M'EMPLIT...
La campagne m'emplit d'une douceur profonde :
Quelle tendresse règne en son nocturne sein ?
Je respire l'air frais partout qui surabonde ;
L'arbre m'invite à croire au songe qui l'étreint ;
La lumière tremblante effleure le chemin ;
Tout nous porte au désir d'éternité féconde ;
-
Et les heures du jour palpitent dans ma main !
En bis, Claude Debussy La Fille aux cheveux de lin Extrait du
premier Livre des Préludes.
Maurice Courant - Les quatre Eléments Mini-Mots
Ces poèmes ont été mise en musique par Eric Heidsieck LA MER -
1er cycle des Quatre Eléments
LE FLOT ME
DIT...
Le flot me dit : « Regarde-moi :
Ne suis-je pas, tout
comme toi,
Formé d'une mouvance extrême ? - Ma vague est chaude
quand on l'aime Et que le grand soleil est roi ;
A tous vents
l'écume je sème :
Mais le fond de mon âme a froid ! »
COQUILLAGE,
A jamais insensible et que la mer apporte
A mes pieds sur la
plage immense des vivants,
Toi dont l'espace calme en ses
mouvements lents S'inscrivait dans le jeu de l'onde la plus
forte,
De ton être il ne reste , après la saison morte,
Qu'un
peu d'algue et de sable humide entre tes dents !
ETRILLE
Sur ma table, à l'affût de mon regard vivant,
Ton regard mort,
corail inquiétant et sombre,
Vers ma face mortelle, interrogeant
mon ombre, Pour y scruter des jours de mon destin quel nombre -
Au gré des mêmes flots sans cesse dérivant -
Lui reste encor sur
terre à vivre, - le suivant...
MES OISEAUX
PRÉFÉRÉS...
Mes oiseaux préférés se rient de l'amertume Quand la mer à leurs
pieds roule son flot profond, Et leurs cris, dans l'espace
environné d'écume, Plongent dans mon silence intérieur et
font
En mon âme surgir, à travers l'âpre brume,
Tout un miracle
d'astre et de tendresse au fond !
GOIS
Balises dans le soir tombant
A l'infini du paysage
Et l'Île au
loin que le passage Relie au sombre continent
Par le flot vaste
qui s'engouffre Dans le goulet étroit et fort
De contenir entre ses bords
Si folle eau vive, - comme alors
S'engouffre encor l'âme qui souffre Entre les rives de la mort !
EPAVE
Friable reste de l'été !...
Le vent désemparé soulève
Du sein
d'un roc d'ombre irrité Tout le fantôme démâté
D'un bateau
brusquement jeté Comme fétu de paille ou rêve Contre le ciel
épouvanté !
LE FLOT QUI ME
DÉSOLE...
Le flot qui me désole est celui qui m'enivre ;
De s'en défaire
on meurt, autant que de le suivre ; - On ne sait quel soleil
nous mène jusqu'aux cieux Qui nous font ou bien morts ou bien
devenir dieux !
LA TERRE - 2ème
cycle des Quatre Eléments
LA CAMPAGNE M'EMPLIT...
La campagne m'emplit d'une douceur profonde : Quelle tendresse
règne en son nocturne sein ? Je respire l'air frais partout qui
surabonde ; L'arbre m'invite à croire au songe qui l'étreint ;
La lumière tremblante effleure le chemin ;
Tout nous porte au désir d'éternité féconde ; - Et les heures du
jour palpitent dans ma main !

Lorsque nous avons envisagé
l'enregistrement de ce disque, la question s'est posée du lieu
et des conditions de travail.
On comprendra qu'au bout d'une
centaine de disques enregistrés, et venant de connaître quelques
soucis de santé, Eric Heidsieck ait eu envie d'un lieu calme,
loin des contraintes des disponibilités et des horaires d'un
studio, lui permettant d'enregistrer en deux sessions.
Aussi, après avoir fait connaissance avec le Yamaha CF IIIS et
l'ayant apprécié, il me proposa tout simplement d'enregistrer
chez moi. Un peu surpris, car cette salle est un studio de
montage et non d'enregistrement, nous décidâmes de tenter
l'expérience.
On comprendra facilement, qu'on ne se retrouve pas ici avec la
réverbération naturelle d'une cathédrale, mais on conviendra
tout autant que ce que nous avons risqué de perdre en largeur de
son, Eric Heidsieck l'a gagné en confort de travail, ce qui lui
a permis, comme à son habitude, d'aller au coeur même de la
musique ...
La seule vue de ses partitions, chargées non pas d'écriture mais
d'émotions où doigtés et expressions furtives se superposent
allant jusqu'à rendre illisible toute note, montre bien à quel
point la pensée de l'interprète croise au terme de ces années de
réflexions, celle du maître. Il ne reste plus au premier, qu'à
rendre au royaume des sons, l'essence même de cette écriture :
la science, l'émotion et l'humanité, ce qu'Eric Heidsieck nous
restitue à merveille.
J'ai eu le bonheur d'enregistrer avec lui, il y a quelques
années le concerto "L'Empereur" de Beethoven.
Le plaisir s'est
ici renouvelé.
Gérard Durantel

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