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Je souhaitais vous conter l'histoire de ces hommes et de ces
femmes, en ces pays magyars, ŕ une époque oů la vie était rythmée
par des chants et des danses. Aujourd'hui, ces hommes et ces
femmes ont disparu, mais ces moments que l'on croyait ŕ jamais
perdus figurent encore dans quelques bandes restaurées et
méticuleusement répertoriées ŕ l'Institut de Musicologie de
Budapest, comme un clin d’śil ŕ travers les pages de l'histoire.
Quelle émotion ai-je eue en découvrant lors du Dohnanyi’s day -
rencontre musicale internationale organisée sur la rive ouest du
Danube - des films et des documents, des photos qui attestent de
l’énergie farouche dispensée par Bartók et Kodály, engagés corps
et âme pour sauvegarder les traditions orales d’une région, avec
la complicité d’hommes et de femmes qui nous ont légué un trésor
musicologique inestimable, avec la plus grande générosité.
Ainsi, nous nous sentons proches de ces couples, de ces groupes de
danseurs qui esquissent quelques pas avec bonne humeur et éclats
de rire...
Pour ces musiques liées ŕ l'histoire et ŕ la terre, il fallait un
piano particulier.
C’est en Bourgogne, dans un écrin de verdure
bien loin de l’agitation que je l’ai découvert, un aprčs-midi
d’aoűt. Un design et une ébénisterie hors-norme, des basses
monumentales, un éventail de couleurs orchestrales, un enfoncement
moelleux des touches, des cordes parallčles, une facture
incroyable et une signature : Stephen Paulello. Créé de toutes
pičces, ce piano est l’śuvre d’un passionné qui, entre calculs et
calibrages, recherches acoustiques, essences de bois, commandes
d’acier et innovations sonores, nous offre un joyau. Claire et
Stephen, totalement dévoués ŕ leur art, nous content avec passion
les différentes étapes de création de ce magnifique piano, l’Opus
102, tout en nous faisant part de leurs nouvelles recherches en
matičre de facture instrumentale. Mais les plus beaux bijoux ont
toujours leur propre écrin : qu’ŕ cela ne tienne, Claire et
Stephen ont eux-męmes conçu et construit l’auditorium qui
convenait le mieux ŕ cet Opus 102.
A travers cet enregistrement, j’ai souhaité transmettre l’histoire
d’hommes et de femmes, qui nous ouvrent en toute humilité et
générosité leur histoire, leur cśur et leur culture. Merci ŕ
Stephen, Claire et Gérard, qui ont contribué ŕ cette merveilleuse
aventure.
Emmanuelle Moriat
"Moi, je ne voulais jamais faire autre chose que du bon pain, qui
est le symbole de toute nourriture saine ; et je crois que le
premier but de la musique est de livrer cette nourriture saine aux
hommes qui en ont besoin."
Kodály
Cet enregistrement est consacré aux danses hongroises, ou
magyares, expression qui recouvre un large éventail de styles
musicaux. Alors que la musique des Tziganes sédentarisés des 18e
et 19e sičcles a longtemps été considérée comme l'origine des
danses hongroises, et adaptée en tant que telle dans des
compositions occidentales classiques, comme les Rhapsodies de
Franz Liszt, la véritable nature folklorique du répertoire venu
des paysans n'a attiré l'attention que dans les premičres
décennies du 20e sičcle, changeant la façon dont les compositeurs
classiques interprétaient la culture magyare.
Ont été choisis des exemples de danses magyares, issus des śuvres
de Zoltán Kodály (1882-1967), Leó Weiner (1885-1960) et Ferenc
Farkas (1905-2000), trois compositeurs hongrois dont le travail
couvre plusieurs styles.
Tout d'abord, définissons la danse
hongroise, ou du moins ce qu'elle signifie pour Kodály, Weiner et
Farkas. Kodály, avec Béla Bartók (1881-1945) a été un membre phare
de l'organisation du mouvement de collecte de la musique
folklorique hongroise dans la premičre décennie du 20e sičcle.
Kodály l'évoque dans ses mémoires en 1955: La vision d'une Hongrie
éduquée, d'une renaissance par le peuple, nous apparut alors. Nous
[Bartók et Kodály] décidâmes de vouer nos vies ŕ sa réalisation.
Ce mouvement traça un chemin, non seulement pour la musicologie,
mais aussi pour la composition hongroise. Bartók et Kodály, pour
reprendre les termes de Bence Szabolcsi, éminent musicologue et
ancien étudiant de Kodály, voyaient la musique folklorique
hongroise comme un art classique. Il n'est donc pas surprenant que
ce mouvement de collecte ait fini non seulement par influencer le
discours de la musicologie hongroise, mais aussi par faire
souffler un vent nouveau sur les compositions de leurs
contemporains. Bartók et Kodály, en tant que "maîtres", ont fait
naître une tradition qui s'est imposée comme une évidence pour les
générations suivantes.
Malgré cela, la présence d'une telle inspiration dans les
compositions classiques est loin d'ętre évidente ou facilement
définissable. L'utilisation de citations mélodiques ou de matériau
thématique peut traduire un sens complexe ou des superpositions
d'associations : il est donc indispensable de les clarifier selon
le contexte historique de chacune des pičces. Les soulčvements
politiques radicaux du milieu du 20e sičcle - les conséquences du
Traité de Trianon, la montée du nazisme dans les années 30 puis du
réalisme socialiste dans les années 50 - ont changé profondément
le sens donné ŕ la musique folklorique hongroise et aux śuvres
classiques qui s'en inspiraient. Car la façon dont un compositeur
emprunte des motifs folkloriques révčle plus qu'un savoir-faire
technique ; elle est ŕ entendre comme une affirmation artistique.
De nombreux autres compositeurs hongrois ont suivi Kodály dans sa
recherche de matériau folklorique sur le terrain, parmi lesquels
László Lajtha (1892- 1963) et Pál Járdányi (1920-1966). Leó Weiner
lui-męme, en revanche, n'a jamais collecté de musique folklorique,
puisque c'est Lajtha qui la lui a présentée, tandis que Ferenc
Farkas n'a participé aux collectes que peu de temps en 1934, ce
qui lui aura suffi cependant pour découvrir ce nouveau monde
musical si peu familier.
Zoltán Kodály était encore un petit enfant quand son pčre
– un officier des chemins de fer – et sa famille emménagčrent ŕ
Galánta, au nord de la Hongrie (en actuelle Slovaquie). Ils y
restčrent de 1885 ŕ 1892, période pendant laquelle Kodály fit la
découverte de la musique folklorique. Ces souvenirs d'enfance
résonnent dans ses célčbres Danses de Galánta, composées en 1933.
En 1925 il donne une conférence, "Danses hongroises anciennes",
portant son attention sur les verbunkos, style de musique
populaire ŕ Galánta joué par de nombreux groupes locaux. Certaines
de ces pičces avaient été publiées plus tôt ŕ Vienne, et Kodály a
utilisé cette publication pendant son travail sur les Danses de
Galánta. L'śuvre était une commande pour le 80e anniversaire de la
Société Philharmonique de Budapest, et la premičre śuvre
distinctement orchestrale du travail du compositeur, alors âgé de
50 ans. Structurellement, Danses de Galánta est un počme
symphonique en forme de rondo, remarquable également pour la
longueur inhabituelle de sa conclusion.
Kodály avait déjŕ écrit une autre suite de danses en forme de
rondo, ses Danses de Marosszék, qui existent en deux versions,
pour piano et pour orchestre symphonique. Kodály en termina
l'orchestration en 1929, mais entre-temps la version pour piano
avait été créée en 1927 par Lajos Kentner ŕ Budapest. Bartók
lui-męme avait joué les Danses de Marosszék ŕ plusieurs reprises.
Cette idée d'utiliser la musique folklorique dans la forme
classique du rondo a occupé Kodály pendant des années. Les Danses
de Marosszék comptent trois épisodes et une coda, pour laquelle
Kodály a utilisé de la musique folklorique collectée par ses soins
en Transylvanie. Et c'est lŕ que réside la principale différence
entre les Danses de Galánta et les Danses de Marosszék : si la
premičre śuvre utilise les danses de type folklorique, la seconde
prend un matériau folklorique existant, et est décrite par Kodály
comme une "image d'un monde féerique", une référence ŕ ces racines
folkloriques et ŕ la premičre partie de la trilogie
transylvanienne de 1922 Le Jardin des Fées, du célčbre počte
hongrois Zsigmond Móricz (1879-1942) – qui lui aussi a travaillé
avec acharnement pour documenter la réalité de la vie des paysans
hongrois.
Les deux autres pičces de l'album sont d'une période précédente et
ont des sources d'inspiration plus vastes que les deux suites de
danses. La Valsette de novembre 1907 a intégré la version
originale de Zongoramuzsika (Musique pour piano) en 1909. Pour ce
qui est de la structure mélodique, la tierce mineure en est
l'intervalle principal, et ses couleurs tendres peuvent suggérer
la musique de Claude Debussy, que Kodály avait découverte ces
années-lŕ. La structure de Zongoramuzsika peut ętre comparée ŕ
celle d'un autre cycle pour piano, les Quatorze Bagatelles de
Bartók, śuvre analogue terminée un an plus tôt, en 1908.
Musique pour ballet faisait initialement partie de Háry János de
Kodály (créé ŕ Budapest en 1926), et trčs tôt les critiques
l'appelčrent la Sárkánytánc (Danse du Dragon). Le personnage et
les aventures légendaires de Háry, ainsi qu'un imaginaire effréné,
forment un symbole de la vie paysanne et de ses traditions, avec
ses couleurs flamboyantes. Ce Singspiel est la premičre tentative
de Kodály d'amener la musique folklorique hongroise jusque sur la
scčne de l'opéra classique. Le rythme ostinato est l'une des rares
occasions oů Kodály aura appliqué des éléments de jazz. La mélodie
de la section piů mosso peut ętre mise en rapport avec certaines
des mélodies grotesques de Bartók.
Les courtes pičces par Weiner et Farkas reflčtent un autre aspect
de la tradition folklorique : elles peuvent ętre vues comme
l'accomplissement indiscutablement novateur de Kodály. Ni Weiner
ni Farkas n'étaient liés si intensément au folklore hongrois que
Kodály, et la différence est également claire et nette dans leur
musique inspirée par le folklore.
Leó Weiner, ayant étudié la composition ŕ l'Académie de
Musique de Budapest, est devenu un ardent disciple du style
brahmsien. Quatre périodes peuvent se dégager dans sa carričre :
l'avant-guerre (1905-1913), une phase néoclassique (1918-1924),
une troisičme période pendant laquelle il se réfčre ŕ la musique
folklorique hongroise (1931-1951), et ses derničres années
(1952-1960). Chaque pičce sélectionnée pour cet enregistrement est
tirée de la troisičme période. Duda-nóta (Chant pour corne- muse)
fait partie d'une série de pičces pour piano de 1937 intitulée
Magyar parasztdalok (Chansons paysannes hongroises, op. 22). Sa
mélodie est un chant hongrois folklorique (Mindenféle szeretőm
volt – J'ai eu bien des amants différents) recueillie par László
Lajtha dans le comté de Borsod en 1929. Dans son rapport ŕ la
musique folklorique hongroise, il est clair que Weiner se
différencie de Kodály. Bien qu'intrigant et exotique, ce
répertoire restait pour Weiner un terrain étranger. Il n'uti- lisa
pas non plus de matériau folklorique dans son travail. Il
s'inspirait d'autres genres de musique populaire, comme ceux joués
par les groupes de Tziganes sédentarisés ; les Három magyar népi
tánc (Trois danses folkloriques hongroises) en sont l'exemple. La
pičce a été initialement écrite pour orchestre sous le titre I.
Divertimento (op. 20) au début des années 30, les cinq mouvements
d'origine étant réduits ŕ trois dans une version pour piano. La
Rókatánc (Danse du renard) est une danse rapide des cérémonies de
mariage tziganes traditionnelles, dansées uniquement par les
hommes. Le second mouvement est Marosszéki keringős (Ronde de
Marosszék), qui représente la mélodie hongroise selon les modčles
de phrases classiques que l'on retrouve dans les śuvres de Mozart
et Haydn. Le dernier mouvement est Csűrdöngölő (Danse de la
grange), une danse transylvanienne exécutée par un ou parfois deux
danseurs hommes, avec des pliés, des sauts et du piétinement.
Ferenc Farkas n'a pas été influencé que par la musique
folklorique hongroise et la tradition Bartók/ Kodály. En 1929-1930
il passe du temps ŕ Rome, étudiant la composition avec Ottorino
Respighi. Les danses hongroises du début du 17e sičcle sont de
courtes danses tirées de tablatures manuscrites, que Farkas tisse
de formes ternaires. Les harmoniques et la polyphonie rappellent
la période baroque. Régi nóta – régi tánc (Chanson ancienne –
danse ancienne), publié en 1967, consiste en mouvements intitulés
Nem nyughatom (Je n'arrive pas ŕ me reposer) et Kis verbunk
(Petite danse verbunkos). Elles sont principalement ŕ vocation
éducative.
Viktória Ozsvárt
Institut de Musicologie RCH (Budapest)
I wanted to tell you the story of these men and women, in the
Magyar country, in a time when life was led to the rhythm of song
and dance. Today, these men and women are no more, but the moments
we thought were lost for ever still live on in a few restored
recordings, meticulously catalogued at the Budapest Institute of
Musicology, like history winking at us from afar.
During the Dohnanyi’s day (an international musical event
organized on the West bank of the Danube), filled with emotion, I
came upon films and documents, pictures testifying to the fierce
energy spent by Bartók and Kodály, committed body and soul to save
the oral traditions of a region, with the help of men and women
who so generously bequeathed a priceless musicological treasure.
We feel close to these couples, to these groups of dancers
performing just a few steps, bursting with laughter and joie de
vivre.
This unique music, rooted in history and rooted in the
earth, required a unique piano. I came upon it in Bourgogne,
hidden in greenery and far away from the unrest of the city, on an
August afternoon. An exceptional design, monumental bass notes, an
array of orchestral colours, its keys giving in softly, parallel
strings, incredible craftsmanship and a signature: Stephen
Paulello. Crafted entirely, this jewel of a piano is the work of
art of a passionate man who adjusted and combined, researched
acoustics, wood essences, steel commands and sound innovations.
Claire and Stephen, totally committed to their art, tell us
passionately about the creation of this beautiful piano, the Opus
102, as they share their latest research in instrument
craftsmanship. But the most precious jewels need their
made-to-measure box - and sure enough, Claire and Stephen
themselves conceived and built an auditorium fit for their Opus
102.
With this recording, I mean to share the story of men and women,
who humbly and generously opened up their hearts, history and
culture.
Thank you to Stephen, Claire and Gérard, who contributed
to this wonderful adventure.
I never meant to do anything else than good bread, which is
the symbol of all healthy food, and I think the first objective
of music is to deliver this healthy food to those who need it.
Kodály
This recording focuses on Hungarian or “Magyar” dance, which cover
a wide scale of musical styles. While the music played by
urbanized Gypsy musicians in the 18th–19th centuries had been
taken to be the original Hungarian dance music, and as such
adapted for Western classical compositions, such as Franz Liszt’s
Rhapsodies, the genuine folklore nature of the material conveyed
by peasants came into the limelight in the early decades of the
20th century and began to change the way classical composers
interpreted the “Magyar” category.
Various examples of Magyar dances have been selected, from the
śuvre of Zoltán Kodály (1882- 1967), Leó Weiner (1885-1960) and
Ferenc Farkas (1905-2000) – three Hungarian composers whose work
spreads over various musical styles.
Let us first define Hungarian
dance, or at least what it meant to Kodály, Weiner and Farkas.
Kodály, along with Béla Bartók (1881-1945), had been seminal in
organizing the movement to collect Hungarian folk music in the
first decade of the 20th century. As Kodály recalled his memoirs
in 1955 : The vision of an educated Hungary, reborn from the
people, rose before us. We [Bartók and Kodály] decided to devote
our lives to its realization. This movement assigned a path not
only for Hungarian musicology, but for Hungarian composition, too.
Bartók and Kodály, as the prominent musicologist and the former
Kodály student Bence Szabolcsi put it, regarded Hungarian folk
music as classical art. So it is unsurprising that the outcome of
the collection movement went beyond influencing the discourses in
Hungarian musicology, to refresh the composing style of their
contemporaries. Bartók and Kodály as “masters” spawned a tradition
that grew to be an assumption for subsequent generations.
Even so, the presence of folkloric inspiration in classical
compositions is far from evident or easily defined. The use of
melodic quotations or thematic materials may convey complex
meaning or layered associations – unfolding all these is
indispensable in seeking the historical context of each piece. The
radical political upheavals of the mid-20th century – the
consequences of the Treaty of Trianon, the rise of Nazism in the
1930s and of socialist realist ideology in the 1950s – brought
marked changes in the meaning attached to Hungarian folk music and
to the classical works that used its material. For the way in
which a composer borrows folk motifs reveals more than technical
skill and becomes understandable as an artistic statement. Many
other Hungarian composers followed Kodály in seeking out folklore
material in the field, among them László Lajtha (1892–1963) and
Pál Járdányi (1920– 1966) Leó Weiner himself, however, never
worked as a folk music collector, being introduced to the
tradition by Lajtha, while Ferenc Farkas took part in collecting
only for a short time in 1934, although it sufficed to reveal to
him this new, unfamiliar musical world.
Zoltán Kodály was still a toddler when his father – a
railway official – and his family relocated to Galánta, a small
countryside village in northern Hungary (now Slovakia). They
remained there from 1885 and 1892, during which period Kodály
became acquainted with folk melody for the first time. These early
memories are reflected in his famous Dances of Galánta, composed
in 1933. In 1925 he gave a lecture entitled “Old Hungarian
Dances”, focusing on the so-called verbunkos style of music
popular in Galánta and played by many of the local bands. Some of
these pieces had been published earlier in Vienna, and Kodály used
the publication when working on the Dances of Galánta. Still, the
work was commissioned for the representative 80th anniversary of
the Budapest Philharmonic Society, and it happened to be the first
distinct orchestral work in the śuvre of the 50-year-old com-
poser. Structurally, the Dances of Galánta is a symphonic poem in
rondo form, notable also for the unusual length of its closure.
Kodály had earlier written another dance suite in rondo form, his
Dances of Marosszék, which exists in two versions, one for piano
and one for symphony orchestra. Kodály finished orchestrating it
in 1929, but by then the piano version had been premiered in 1927
by Lajos Kentner in Budapest. Indeed Bartók also played the Dances
of Marosszék several times from 1930 onward. This idea of using
folk music in the classical form of the rondo had occupied Kodály
for many years.
The Dances of Marosszék contains three episodes and a coda, for
which Kodály used folk music he had collected himself in
Transylvania. And therein lies the main difference between the
Dances of Galánta and the Dances of Marosszék. While the former
uses folk-style dances, the latter takes real folklore material,
and is described by Kodály as a “picture of fairyland”, referring
to these folklore roots and to the first part of a Transylvanian
trilogy, the 1922 Fairy Garden by the famed Hungarian poet
Zsigmond Móricz (1879–1942) – another who strove to document the
reality of Hungarian pea- sant life..
The other two Kodály pieces on the CD are drawn from an earlier
era and show broader sources of inspiration than the two dance
suites. The Valsette of November 1907 became drawn in 1909 into
the original version of Zongoramuzsika (Music for Piano). In
melodic structure, the minor third is its prime interval, and its
tender colours may suggest the music of Claude Debussy, with which
Kodály became acquainted in those years. The structure of
Zongoramuzsika can be compared to another piano cycle, Bartók’s
Fourteen Bagatelles, which had been finished a year earlier, in
1908.
Ballet Music was originally part of Kodály’s Háry János (premiered
in Budapest in 1926), and even early critics were referring to it
as the Sárkánytánc (Dragon Dance). Háry’s legendary character and
fabled adventures with intemperate fantasy act as a symbol of the
whole peasant life and tradition, with its flamboyant colours.
This Singspiel is Kodály’s first attempt to bring Hungarian folk
music onto the classical opera stage, and a strong influence of
West European music and eclecticism may explain that the Dragon
Dance was omitted from the final version of Háry. The ostinato
rhythm marks one of the rare occasions when Kodály applied
elements of jazz music. The melody of the section piů mosso can be
related to some of Bartók’s grotesque melodies.
The small pieces by Weiner and Farkas reflect another aspect of
the folklore tradition: they can be seen as Kodály’s
unquestionably pioneering achievement. Neither Weiner nor Farkas
was tied so deeply to Hungarian folklore as Kodály was, and the
telling difference is seen and heard in their folk-inspired music
as well.
Leó Weiner, having studied composition at the Music Academy of
Budapest and graduated in 1906 as a student of Johannes Koessler,
became an ardent follower of the Brahmsian style. Four periods can
be seen in Weiner’s career: a pre-war period (1905-1913), a
neo-Classical phrase (1918-1924), a third period in which he
refers most to Hungarian folk music (1931-1951), and his final
years (1952-1960). Each piece selected for this recording belongs
to the third period. Duda-nóta (Bagpipe Tune) is part of a 1937
series of piano pieces entitled Magyar parasztdalok (Hungarian
Peasant Songs, op. 22). Its melody is a Hungarian folk tune
(Mindenféle szeretőm volt – Many kinds of lovers I’ve had)
collected by László Lajtha in Borsod County in 1929.
In connection between Weiner and Hungarian folk music, it is clear
that he did not build on the folklore material in the organic way
Kodály had. To Weiner it remained an albeit appealing, exotic
territory, but an alien one. Nor did Weiner strive to use original
folklore material in his work. He drew also on other kinds of
popular music, such as were played by urbanized Gypsy bands.
The Három magyar népi tánc (Three Hungarian Folk Dances) rested on
this latter musical style. It was originally written for orchestra
under the title I. Divertimento (op. 20) in the early 1930s, the
original five movements being reduced to three in a piano version.
The Rókatánc (Fox dance) is a quick dance related to traditional
Gypsy wedding ceremonies, which are danced only by men. The second
move- ment is Marosszéki keringős (Ronde of Marosszék), which
represents Hungarian melody according to the classical phrase
models familiar from the works of Mozart and Haydn. The last
movement is Csűrdöngölő (Barn stomp), a Transylvanian dance
performed by one or sometimes two male dancers, with squats,
springs and floor-stomping.
Farkas was influenced not only by Hungarian folk music and the
Bartók/Kodály tradition. In 1929/1930 he spent some time in Rome,
studying composition under Ottorino Respighi. During those months,
Farkas became inspired by the culture of the past and had chances
to study archaic forms and dances, as well as Italian
neo-Classicism. The Early Hungarian Dances of the 17th century are
short dances taken from old tablature manuscripts, interlaced by
Farkas with ternary forms. The harmonics and polyphony recall the
early Baroque period. Régi nóta – régi tánc (Old song – old
dance), publi- shed in 1967, consists of movements entitled Nem
nyughatom (I can’t rest) and Kis verbunk (Little verbunkos dance).
These were composed mainly for educational purposes.
Viktória Ozsvárt
Institut de Musicologie RCH (Budapest)
Translation Clara Brajtman
Née en France d’une mčre polonaise et d’un pčre écrivain,
Emmanuelle Moriat a été bercée tout au long de son enfance par les
contes et légendes des pays de l’Est. Dčs l’âge de 4 ans, elle
s’initie ŕ la musique. Titulaire du diplôme de Formation
Supérieure de piano ŕ l’unanimité au Conservatoire Royal de
Bruxelles dans la classe de J.-C. Vanden Eynden, Emmanuelle Moriat
obtient, le diplôme d’accompagnement /direction de chant au
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans celle de
S.Zapolsky puis le Certificat d’Aptitude. Elle bénéficie des
conseils d’A. Queffélec, P. Badura-Skoda, J.-C. Pennetier, A. Ebi,
C. Ivaldi...
Souvent récompensée lors de concours nationaux et internationaux,
elle se produit réguličrement en France et ŕ l’étranger et
participe ŕ de nombreux jurys (concours de Maisons-Laffitte, CNSM
de Paris, Ecole Normale...).
Aprčs le succčs de son album Escale
en Pays Magyar, Emmanuelle Moriat propose un nouvel enregistrement
intitulé Danses magyares, qui fait suite ŕ son émouvant séjour
musical ŕ Budapest, lors du Dohnanyi’s Day oů elle a été conviée
pour un concert-lecture.
Born in France to a Polish mother and a writer, Emmanuelle Moriat
grew up surrounded all through her childhood by the tales and
legends of Eastern Europe. As early as 4 years old, she begins her
musical instruction.
A graduate of Conservatoire Royal de
Bruxelles with a unanimous Diplôme de Formation Supérieure in the
class of J.-C. Vanden Eynden, Emmanuelle Moriat is awarded the
diploma for accompaniment/singing direction at Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris that same year in the class
of S. Zapolsky, soon followed by the Certificat d’Aptitude.
She receives advice from A. Queffélec, P. Badura-Skoda, J.-C.
Pennetier, A. Ebi, C. Ivaldi...
She regularly wins awards at
national and international competitions, performs in France and
abroad in various festivals, and joins numerous juries
(Maisons-Laffitte, Paris CNSM, Ecole Normale...).After the success
of her previous album, Escale en Pays Magyar, today she offers a
new recording titled Danses magyares, following her inspiring
musical stay in Budapest, during the Dohnanyi’s Day where she was
invited to perform.
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