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Les Tableaux d’une Exposition
En février 1874, la ville de Saint-Pétersbourg honora l’artiste
Victor A. Hartmann, disparu l’année précédente, en organisant une
exposition commémorative de ses œuvres picturales. Moussorgski
était un de ses proches. Il faisait partie du ‘groupe des cinq’,
un groupe de compositeurs dont la philosophie artistique tournait
autour du folklore russe et du retour aux sources traditionnelles.
Hartmann était architecte. Son pragmatisme a fait de lui un homme
pratique plus qu’un artiste voulant à tout prix graver son
identité dans des réalisations grandioses. Son champ d’action
était axé autour des foires, des marchés, des tentes et différents
abris utilitaires et ses constructions souvent décorées
d’ornements inspirés du folklore russe. Comme de nombreux
architectes, il avait une main pour le dessin et la peinture. Ses
œuvres témoignent d’un certain don. De nombreuses œuvres ont été
perdues. Les Tableaux d’une Exposition, complétés en 1874, furent
publiés cinq ans après la mort de Moussorgski sous le titre en
langue française.
Les indications de tempo et de nuances de la première édition
furent ajoutées par Rimski-Korsakov et se différencient parfois de
l’autographe. Ces pièces extraordinairement éloquentes étaient
prédestinées à être arrangées et adaptées pour d’autres
formations. La première orchestration incomplète fut réalisée par
l’élève de Rimski-Korsakov, Michaïl Touchmalov. L’arrangement de
Maurice Ravel est le plus connu d’une suite d’orchestrations
différentes. Moussorgski a toujours puisé son inspiration musicale
dans les branches artistiques annexes à la musique. Le concept de
‘musique absolue’ lui était totalement étranger. Moussorgski était
un autodidacte de génie, et c’est peut-être pour cette raison que
son dilettantisme lui a permis d’explorer d’autres horizons
novateurs dans lesquels un professionnel ne se serait pas
aventuré.
Promenade
La Promenade sert d’introduction au cycle et illustre la démarche
hésitante et maladroite du spectateur tournant autour des
tableaux. Le musicien se promène de peinture en peinture. Le thème
de la promenade est entendu cinq fois pendant le cycle et se
transforme en reflétant l’état d’âme du spectateur à la vue des
tableaux . Cette peinture appartenait à Moussorgski, qui l’avait
prêtée au musée le temps de l’exposition.
Gnomus
Cette pièce provient d’un tableau décrivant un casse-noisette en
bois (objet très populaire en Russie et également réutilisé chez
Tchaïkovski pour son ballet homonyme). Hartmann l’avait peint en
lui ajoutant un visage très laid en fourrure et en le transformant
en mâchoire difforme. Moussorgski dépeint l’objet comme un nain
rabougri et interrompt sa musique sans cesse.
Le Vieux Château
Hartmann, suite à l’obtention d’un prix de concours
d’architecture, entreprit un voyage en Europe de l’Ouest à la fin
des années 1860. Il documenta ses escales en peignant les
autochtones en costumes traditionnels et en envoyant les dessins
chez lui par voie postale. Dans le cas présent, il s’agit d’un
troubadour qui commence son aubade au clair de lune.
L’arrière-plan de ce dessin perdu aurait représenté une vieille
cathédrale ou un vieux château médiéval.
Les Tuileries
Cette pièce, tout comme Le Marché de Limoges, a été composée avec
certitude par Rimski- Korsakov, la figure de proue du ‘groupe des
cinq’ et le seul du groupe à avoir suivi une formation complète de
musicien professionnel. C’est aussi la raison pour laquelle le
chef d’orchestre Léopold Stokowski avait volontairement omis
d’orchestrer ces deux pièces en adaptant le cycle de Moussorgski
pour orchestre. "En transcrivant le cycle pour deux pianos, j’ai
pu me rendre compte que la manufacture de ces deux pièces n’était
pas la même en tous points de vue et que seul un compositeur
solidement confirmé pouvait les réaliser ainsi. Entre la
Promenade, se terminant sur un accord de dominante de si Majeur
(fa # Majeur) et la pièce suivante Bydlo (sol # mineur), il y a
rupture harmonique". Rimski-Korsakov se dut d’insérer une pièce
adoucissant cette transition harmonique. D’où Les Tuileries en si
Majeur, relatif de la tonalité de la pièce suivante. Hartmann
représente ici un groupe d’enfants jouant dans la rue.
Bydlo
Après son voyage en Europe de l’Ouest, Hartmann fit une escale
dans le village polonais Sandomir (où a lieu le troisième acte de
Boris Godounov). Il était fasciné par les traditions et coutumes
du ghetto juif. La musique dépeint un charriot en bois tiré par
des bœufs. C’est l’une des rares pièces de Hartmann conservées de
la période du ghetto de Sandomir.
Ballet des Poussins dans leur Coque
Cette esquisse pour un décor de théâtre est une des rares
aquarelles préservées. La pièce de Moussorgski était destinée à
servir de base pour un ballet intitulé Tribli, qui ne fut jamais
composé.
Samuel Goldenberg et Schmuyle
L’autographe de Moussorgski contient un texte indiquant : ‘Deux
juifs polonais, l’un riche, l’autre pauvre’, qui décrit l’un des
dessins de Hartmann en la possession de Moussorgski (aujourd’hui
perdu). Deux tableaux de Hartmann de la période de Sandomir du
même genre ont cependant été conservés : deux juifs aux apparences
contrastées (riche et noble, pauvre et mendiant). L’essentiel pour
le compositeur était de créer une atmosphère de contraste entre
les deux caractères.
Le Marché de Limoges
Cette pièce est maintenant également considérée comme étant de la
main de Rimski-Korsakov pour la même raison que précédemment.
Cependant, entre Samuel Goldenberg et les Catacombes, l’écart de
tonalité est plus grand. Rimski-Korsakov eut l’idée de répéter la
promenade d’origine pour créer une transition naturelle entre deux
tableaux, puis composer une nouvelle pièce dans un ton voisin avec
une cadence transitoire finale chromatique nous permettant
d’aboutir sur le si (do b) des Catacombes. Hartmann produisit plus
de 150 aquarelles de la ville de Limoges. Il aurait été fasciné
par une marchande de quatre saisons âgée de 112 (!) ans. Le
fourmillement du marché est retranscrit dans la musique.
Catacombae
Hartmann peignit un portrait d’un collègue architecte qui étudiait
les catacombes parisiennes. Ce tableau, associé à la mort
prématurée de Hartmann, marqua Moussorgski particulièrement. Il
composa une pièce contenant des réminiscences du thème de la
promenade. Pour le titre évocateur en langue latine ‘con mortuis
in lingua mortua’, Moussorgski expliqua : « un texte pour les
morts se veut en latin. L’esprit créatif du défunt Hartmann
m’amène vers les squelettes, m’attire vers eux, et ces derniers
s’illuminent doucement de l’intérieur. »
La Cabane sur des Pattes de Poule
Baba-Yaga est une sorcière vivant dans une hutte soutenue par des
pattes de poule, isolée en plein milieu de la forêt. Elle est
censée se nourrir d’os humains en les broyant. La hutte de
Hartmann prit la forme d’une grosse horloge, dont le style
immanquable a été indiqué comme ‘Victorien datant du 14ème siècle’
pour la catalogue de l’exposition commémorative. Moussorgski
dépeint une sorcière qui navigue dans le ciel avec son balai et se
dirige vers la pièce suivante.
La Grande Porte de Kiev
L’origine de ce dessin remonte à un concours de la ville de Kiev
pour une porte majestueuse en l’honneur du 4 avril 1866, le jour
où un nihiliste commit un attentat contre le Tsar, mais il dut
être annulé pour des raisons politiques et la grande porte ne fut
jamais bâtie. Hartmann esquissa un arc entre deux colonnes qui ne
peuvent techniquement supporter le poids des deux tours. L’arche
porte l’inscription en slavon "Béni celui qui vient au nom du
Seigneur " et abrite une chapelle à vitraux colorés. Au-dessus se
trouve un dôme de pierre surplombé de l’écusson de l’archange
Saint-Michel. Le tout est couronné de l’aigle impérial. Deux
arches plus petites soutiennent la porte de chaque côté. A droite
se trouve un clocher sur le toit duquel trône un ancien casque de
soldat slavon. Le toit est entièrement recouvert de tuiles
brillantes et colorées. Moussorgski créa une procession solennelle
en incluant le son des cloches des prêtres. A la fin, il reprend
le thème générateur de la promenade dans la procession et achève
le cycle dans la lumière du motif à connotation slavonne.
Une Nuit sur le Mont Chauve
La pièce orchestrale connue sous le nom d’Une Nuit sur le Mont
Chauve a un passé historique assez confus, que nous pouvons mieux
éclaircir par l’intermédiaire de différentes phases : 1. Le 26
septembre 1860, Moussorgski écrivit à Balakirev qu’il avait reçu
la commande d’une œuvre. "Cette œuvre s’appelle ‘Une Nuit sur le
Mont Chauve’ (d’après le drame de Mengden La sorcière). J’ai déjà
quelques idées et suis sûr que le tout se tiendra très bien. "
2. En novembre de l’année 1864, Moussorgski complète une scène de
son opéra Salammbô, une partition qui utilise du matériau tiré
d’autres compositions antérieures, ce qui fait qu’un passage de
l’opéra apparaît au chiffre U de la partition imprimée chez
Eulenburg. 3. Le Chant de guerre des Libyens, également extrait de
Salammbô montre un lien marquant avec la musique du Mont Chauve
telle que nous la connaissons aujourd’hui. Dans une lettre à
Balakirev, le compositeur ajoute : "J’ai commencé les esquisses
des sorcières ...le train de Satan ne me satisfait pas tout à
fait.". Puis plus tard encore : "J’ai hâte de vous parler des
sorcières !" Dans son autobiographie, Rimski-Korsakov parle à deux
reprises du Mont Chauve et raconte qu’il a été commencé "sous
l’influence de la Danse Macabre de Liszt, que Moussorgski entendit
en mars de la même année [1866]. " 4. L’inscription sur la
partition achevée en 1867 note définitivement: "Conçu en 1866.
Commencé pour orchestre le 12 juin 1867, terminé le 23 juin
1867,". Moussorgski décrit cette pièce orchestrale dans ses
lettres à Rimski-Korsakov et à V.V. Nikolski ; «Les sorcières – un
titre vulgaire, disons un diminutif de ma composition ‘Mont
Chauve’ [...] Si ma mémoire ne me fait pas faux bond, les
sorcières réunies sur le mont bavardent, se jouent des tours et
attendent leur chef – Satan. Quand il arrive, elles chantent sa
louange. Quand Satan est suffisamment charmé, il ordonne le Sabbat
au cours duquel il choisit des sorcières. – C’est donc ce que j’ai
fait. J’ai écrit le contenu scénographique sur l’en-tête de la
partition : 1. Assemblée de sorcières avec leurs bavardages ; 2.
Cortège de Satan ; 3. Glorification obscène de Satan, et 4.
Sabbat... " Cependant, Balakirev critiqua sévèrement la pièce, si
bien que Moussorgski abandonna l’idée de la donner en concert.
Elle fut seulement créée par Nikolaï Malko le 3 février 1932 puis
tomba à nouveau dans l’oubli. 5. Au printemps 1872, Moussorgski et
ses amis Rimski-Korsakov, Borodine et Cui, reçurent une commande
globale par la direction des Théâtres Impériaux pour
l’opéra-ballet Mlada : les actes II et III furent partagés par
Moussorgski et Rimski-Korsakov. La fin du troisième acte a lieu
sur le mont Triglay pendant la nuit, lorsque Tchernobog, le dieu
du noir de la mythologie slavone célèbre des rites obscurs, et
Moussorgski put facilement adapter son malheureux Mont Chauve pour
cette scène. Il se plaint amèrement à Vladimir Stassov d’avoir été
obligé d’ajouter au chœur des textes ridicules tels que « Sagana,
chukh ! » (le langage des démons comme dans le Faust de Berlioz).
Mais cette opération commune n’aboutit pas.
6. Dans le scénario de l’opéra La Foire de Sorotchinsk (esquissé
le 19/31 mai 1877), Moussorgski termine le premier acte avec la
note: «N.B. ? – Intermezzo » et une lettre à Golenichev-Kutuzov
clarifie cette note de bas de page : "Cet acte [le deuxième],
comme vous vous rappelez, suit immédiatement l’intermezzo (Sabbat
sur le mont Chauve ; - il sera intitulé "le Songe du jeune paysan
". L’autographe de cet intermezzo symphonique avec chœur et ballet
(dans une partition pour deux pianos et chœur) date du 10/22 mai
1880. Sous cette dernière forme, la pièce se termine par des sons
de cloches annonçant l’aurore et dispersant les créatures
maléfiques. Mais Moussorgski mourut avec le travail de l’opéra
inachevé. 7. Lorsque Rimski-Korsakov arrangea les œuvres de
Moussorgski, il considéra qu’aucune des versions du Mont Chauve
n’était présentable à l’exécution, même s’il préférait la dernière
version de la ‘foire de Sorotchinsk’. Il raconte dans son
autobiographie "J’ai décidé de composer une pièce instrumentale
d’après le matériau préexistant de Moussorgski en préservant tout
ce qu’il y avait de mieux en connectant les différentes sources
avec le moins possible de moyens extérieurs. Je devais créer une
forme classique capable d’incorporer le plus d’idées originales de
Moussorgski. La tâche était difficile et pendant deux ans, je ne
pus pas trouver de solution satisfaisante. [...] Ni la forme, ni
les tonalités, ni l’orchestration, ne correspondaient à mes
attentes ".
Finalement en 1886, il trouva un compromis correct et dirigea sa
version d’une " Nuit sur le Mont Chauve " lors d' un concert à
Saint-Pétersbourg le 15/27 octobre de la même année : "Je ne
pouvais pas avoir de plus grand succès et dus rejouer la pièce".
Le 29 juin 1889, Rimski- Korsakov introduisit la pièce en Europe
de l’ouest pendant une exposition de musique russe à Paris, et la
rejoua à Bruxelles au début de l’année suivante. Depuis, la Nuit
sur le Mont Chauve est devenue une des pièces les plus populaires
du répertoire de musique russe.
Gerald Abraham/trad. Lühl-Dolgorukiy

The Pictures of an Exhibition
In February 1874, St. Petersburg paid a tribute to the artist
Victor A. Hartmann, who died in 1873, by opening a commemorative
exhibition exclusively of his works. Mussorgsky has been a close
friend of his. Both artists had the same artistic goals: to seek
inspiration from Russian folktales and history. Mussorgsky’s
philosophy was based – not unlike the rest of the ‘Mighty
Handful’, a group of five famous Russian composers. This way of
thinking produced inspiration from Russian literature for the
‘Mighty Handful’. Hartmann was an architect. He was more attracted
to pragmatic designs of halls, fair stands and tents, than the
idea of immortalizing his name through gigantic projects. His
utilitarian constructions were often decorated with ornaments
inspired by Russian folk art. Like many architects, he had a
special gift for painting as an urban sketcher. . His works
testify to the professionalism of a skilful if not greatly
talented artist. A great number of his sketches and paintings,
including some of the originals depicted in the “Pictures of an
Exhibition” are no longer in existence and were destroyed.
The ‘Pictures of an Exhibition’, completed in 1874, were published
five years after Mussorgsky’s death under the title ‘Tableaux
d’une Exposition’. The tempo and expressive indications in the
first edition were provided by Rimsky-Korsakov and occasionally
are quite different from the original manuscript. These
extraordinarily eloquent pieces were predestinated for orchestral
arrangements. The first incomplete orchestration was produced by
the Rimsky-Korsakov’s pupil Michail Tushmalov. Maurice Ravel’s
arrangement of the same is very well-known and often performed.
Mussorgsky had always found inspiration for his works in
non-musical impressions. The concept of ‘absolute music’ was
foreign to him. Mussorgsky was self-taught, a highly gifted
dilettante, of whom one can rightly say that his lack of academic
musical training had allowed him to create bold innovative works.
The "Promenade" serves as the introduction to the
cycle and illustrates the clumsy, almost embarrassingly awkward
spectator’s way of walking through the exhibition. From picture to
picture, the musician wanders along the gallery and stops from
time to time. The theme of the promenade is heard five times in
the course of the cycle. Each time it gets transformed and
reflects some of the admirer’s feelings, standing in front of the
painting. This painting belonged to Mussorgsky, who had lent it to
the gallery for the exhibition.
This piece was inspired by a carved wooden
nutcracker ( such nutcrackers were very popular in Russia at that
time – see for example Tchaikovsky’s ‘Nutcracker Ballet’ ) which
Hartmann had drawn with an ugly, furry face and a rough-hewn
nutcracking jaw. Mussorgsky portrays him as a limping, deformed
midget and interrupts his music all along the piece.
Hartmann won an architectural award, which gave
him the opportunity to travel throughout Western Europe in the
late 1860’s. He documented his activity like any other painter who
had got the chance to enlarge his knowledge of the world, by
sending his drawings home to Russia. He portrayed human figures in
appropriate costumes and activities next to his architectonic
subjects. Here, in this moonlit landscape, a troubadour is about
to begin a serenade on his lute. The background of this lost
picture must certainly represented an old cathedral or a medieval
castle.
This piece, like the latter "Limoges, le marché",
is now claimed to be composed by his friend Rimsky- Korsakov, head
of the ‘Mighty Handful’ and the only one from the group who was a
professional musician. This is the reason why conductor Leopold
Stokowski, who, besides Ravel, also orchestrated the ‘pictures’ in
an impressive way, omitted theses two pieces on purpose for this
very reason. By transcribing it for two pianos, I had enough time
to analyze the composition style of the work and compared it to
the other pieces. Its composition is by far better than the other
‘paintings’. Hartmann represents here a group of playing children.
Rimsky-Korsakov knew Hartmann’s drawings and so he inserted two
pieces of his own in order to follow the tonality process; indeed,
between the "Promenade" which ends on an f# harmony and the next
picture ‘Bydlo’ (G sharp minor), there is a gap of tonality.
Therefore, Rimsky-Korsakov smoothened this abrupt leap by adding
his new piece ‘Tuilieries’ in B Major.
On his way back from Western Europe to Russia,
Hartmann spent a whole month in the Polish city Sandomir (when the
third act of Mussorgsky’s opera Boris Godunov takes place). He was
fascinated by the people and the everyday scenes in the city’s
Jewish ghetto. The music depicts an ox-cart with enormous wooden
wheels (‘bydlo’ in Polish signifies ‘livestock’). It is one of the
few Sandomir ghetto sketches still in existence.
This sketch for a theatre costume is one of the
few preserved original pictures which inspired Mussorgsky to
create a musical setting. The sketch was destined for a ballet
entitled "Tribli"which was never composed.
In Mussorgsky’s autograph, the title of this
piece reads ‘Two Polish Jews, one rich, the other poor’ and
illustrates one of Hartmann’s Sandomir drawings, which once were
in Mussorgsky’s possession (it too no longer remains). Two
paintings in the same style by Hartmann from the Sandomir period
have been preserved : one depicts a wealthy Jew with noble
features, the other a shabby looking Jew. Mussorgsky’s
characterization tends towards the caricature : the pompous,
inflated behavior of the one, and the whining begging of the other
with his sniveling, hypocritical drivel.
Also this piece is now considered to have been
composed by friend Rimsky-Korsakov. As seen above with ‘Tuileries’
he needed to compose a piece in a tonality between the b flat of
‘Samuel Goldenberg’ and the B natural of ‘Catacombae’. As opposed
as the two tonalities can be, he had the brilliant idea to insert
once more a ‘Promenade’ by copying it from the original
introduction. ‘Le marché’ (in E flat Major) has a chromatic
cadenza at the end which leads very naturally to the first note of
‘Catacombae’ (B natural, alias C b in E flat Major) which drops
this furious cadenza in a logical and explainable way. Hartmann
produced more than 150 watercolors in the French city of Limoges.
Here too he was fascinated by such colorful figures as the
supposedly 112-year-old (!) woman. The buzz and fuss of this scene
live on in the music.
In Paris Hartmann had painted the portrait of an
architect colleague who studied catacombs. This picture, in
association with Hartmann’s early death, affected Mussorgsky in a
particularly vehement manner and inspired him to compose a gloomy
reminiscence of the promenade theme: it is heard beneath
predominantly chromatically descending octave tremolo and bears
the Latin title "con mortuis in lingua mortua". Mussorgsky gives
the following explanation in a Russian footnote: “A Latin text!
‘With the dead in a dead language’. It may stand in Latin! The
departed Hartmann’s creative spirit leads me to the skulls, draws
me to them, and the skulls glow softly from within”.
Baba-Yaga is a witch who lives in a house
supported by chicken legs set in the middle of the woods. She is
supposed to eat human bones, which she crushes with a pestle.
Hartmann’s hut had the form of a tower-clock, whose unmistakably
Victorian style was labeled as fourteenth- century Russian in the
catalogue of the commemorative exhibition. Mussorgsky’s music
depicts the witch riding with her broom in the sky and goes on
into the following and last piece of the cycle.
The origin of the drawing goes back to a
competition initiated by the city of Kiev for a majestic gate in
honor of the Fourth of April 1866, the day on which a nihilist had
flung a bomb at the Tsar, but canceled for political reasons and
the gate was never built. Hartmann sketched an arch resting on two
columns which cannot support the weight of the massive capitals.
Had it been built, the gate would have collapsed . The arch bears
the Old-Slavic inscription ‘Blessed is He who comes in the name of
the Lord’, and conceals a chapel behind colored glass. Above this
is a sort of dome of filigree stone work, on which is affixed a
shield bearing the archangel St. Michael. The entire work is
crowned with the imperial eagle. Two smaller arches flank the main
gate to either side. To the right is a bell-tower with an
Old-Slavic warrior’s helmet as roof. The entire roofing is
decorated with diamonds and colored tiles. Mussorgsky created a
solemn procession complete with ringing bells and singing priests.
At the end, he takes the promenade theme into the procession which
glows in the light of Old-Slavic motives.
Night on a Bald Mountain
The orchestral piece generally known as ‘Night on the Bald
Mountain’ has a long and slightly confused background, which can
be most easily explained by the following stages: 1. On September
26th, 1860 Mussorgsky wrote to Balakirev that he had been
commissioned to write a work : “This work is a whole act on the
Bare Mountain (from Mengden’s drama "The Witch"). I’ve already got
some materials and the thing may turn out very well”.
2. In the score printed by publisher Eulenburg, which commences
with the letter U, a passage is quoted from a scene from
Mussorgsky’s opera "Salammbô", which draws on materials from
earlier compositions (November 1864). 3. The "War Song of the
Libyans", from the same opera, written in April 1866, shows a
marked affinity with the ‘Bare Mountain’ music as we know it. In a
letter to Balakirev, after speaking of this ‘war song’, the
composer goes on: “I’ve begun to sketch out the witches – got
stuck – Satan’s procession doesn’t satisfy me yet”. Again in
August: “I long to talk to you about the witches’. In his
autobiography, Rimsky-Korsakov tells us twice that the ‘Bare
Mountain’music was “begun under the influence of Liszt’s "Danse
macabre", which Mussorgsky had heard in the March of that year”.
4. The inscription on the completed score of 1867 says definitely
“planned in 1866. Began to write for orchestra June 12th, 1867,
finished the June 23rd, 1867”. Mussorgsky described this
orchestral piece in letters to Rimsky-Korsakov and V.V. Nikolsky;
“ The Witches – a common title, so to speak a nickname for my
composition Bare Mountain [...] So far as my memory doesn’t
deceive me, the witches used to gather on this mountain, gossip,
play tricks and await their chief – Satan. On his arrival they
sing his praise. When Satan works up sufficient passion, he gives
the command to commence celebrating the Sabbath in which he
chooses for himself several witches who have caught his fancy. –
So this is what I’ve done. At the head of my score I’ve put its
content: 1. Assembly of the witches, their talk and gossip; 2.
Satan’s procession; 3. Obscene glorification of Satan, and 4.
Sabbath. ....”
However, Balakirev criticized the piece crushingly: Mussorgsky
made no attempt to have it performed; it remained unplayed until
long after his death. It was premiered in London under Nikolay
Malko on February 3rd 1932, and then neglected. 5. In the spring
of 1872 Mussorgsky, with his friends Rimsky-Korsakov, Borodin and
Cui, received a commission to compose for the Imperial Theatres an
opera-ballet entitled "Mlada": Acts II and III were shared by
Mussorgsky and Rimsky-Korsakov. The latter part of Act III takes
place on Mount Triglav at night, when Chernobog, the black god of
Slavonic mythology, appears to celebrate their obscene rites, and
Mussorgsky easily adapted his unlucky ‘Bare Mounain’ music to his
scene, though he complained bitterly (letter to Vladimir Stassov,
March 31./April 12. 1872) about having to set such nonsense as
‘Sagana, chukh!’ (i.e. the daemon language like that of Berlioz’
"Faust") for the choral parts that had now to be added. But this
collective Mlada came to nothing.
6. In the scenario of the opera ‘Sorochintsky Fair’ (drawn up on
May 19/31, 1877) Mussorgsky ends Act I with the note: “N.B. - ?
Intermezzo” and a letter to Golenishchev- Kutuzov (August 15./27.)
clarifies this: “This Act (2nd), as you remember, follows
immediately after the Intermezzo (Sabbath on the Bare Mountain; -
it will be called ‘the Young Peasant’s Dream’.” The manuscript of
this ‘symphonic intermezzo with chorus and ballet’ (in a score for
two pianos and chorus) is dated May 10./22. 1880. In this form the
piece ends with the sound of the village-church bell announcing
dawn and the dispersal of the creatures of evil. But Mussorgsky
died with ‘Sorochintsky Fair’ unfinished. 7. When Rimsky-Korsakov
took upon himself the labors of musical executor to Mussorgsky, he
considered none of the existing forms of the ‘Bare Mountain’ music
suitable for publication and performance, though he preferred the
‘Sorochintsky Fair’ version. He tells us in his autobiography: “I
decided to compose from Mussorgsky’s materials an instrumental
piece, preserving in it all that was best and genuine and adding
as little of mine as possible. I had to create a form in which to
embody Mussorgsky’s ideas as best as possible. The problem was
difficult and for two years I could find no satisfactory solution
[...] I could hit on neither the form, the key-scheme, nor the
scoring.” At last in 1886 he was satisfied and conducted his
version of ‘Night on the Bald Mountain’ at one Concert at St.
Petersburg on October 15th/27th: “It could not have had a greater
success and was encored. On June 29, 1889, Rimsky-Korsakov
introduced the piece to Western Europe at one of the Paris
Exhibition concerts of Russian music, and played it again in
Brussels early the following year. since then it has remained one
of the most popular Russian works in the orchestral repertoire.
Gerald Abraham

Après avoir terminé ses études de piano à la
Schola Cantorum, Enguerrand Lühl entre à 15 ans au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris où il obtient un Premier
Prix de piano à l’unanimité. Parallèlement il suit des cours
d’analyse musicale, de jazz, de musique de chambre, de direction
d’orchestre, d’harmonie et de contrepoint. Dès 1998, il devient
lauréat de plusieurs concours, (dont notamment Rome, Pontoise) et
du Tournoi International de musique.
En tant que chef d’orchestre, il se produit essentiellement pour
la direction de ses propres œuvres. Le catalogue de compositeur de
Lühl est considérable : un opéra, sept symphonies, un requiem,
trois concertos pour piano, diverses pièces pour soliste et
orchestre, de la musique de chambre, des pièces pour piano seul,
et des transcriptions... Depuis sa collaboration avec les éditions
phonographiques POLYMNIE pour l’enregistrement intégral de ses
propres œuvres (50 CDs), il entreprend également l’intégrale
Rachmaninov, notamment avec des œuvres de jeunesse inédites, des
premières éditions et des transcriptions d’œuvres orchestrales
pour deux pianos.
Ce disque inédit présente des transcriptions originales de Lühl
pour deux pianos, qu’il a réalisées spécialement pour cet
enregistrement : Pour "Les Tableaux", je me suis inspiré de huit
orchestrations différentes (Ravel, Stokowski, Ashkenazy, Funtek,
Gortchakov et d’autres) en cherchant à restituer la dimension
symphonique qui se dégage de la partition pour piano seul ;
dimension que j’ai bien sûr conservée en transcrivant les deux
versions de la "Nuit sur le Mont Chauve." La version originale de
Moussorgski n’est pratiquement jamais jouée, et cette première
permettra à l’auditeur de comparer les deux ‘originaux’ pour la
première fois. Quant à "Une Larme", cette petite pièce délicate
écrite à l’origine pour piano seul, j’en ai amplifié les voix en
rajoutant quelques effets contrapuntiques et pianistiques.
Mahery Andrianaivoravelona s'est produit pour la
première fois comme pianiste avec orchestre à l'âge de 13 ans en
interprétant le 9ème Concerto K271 Jeune Homme de Mozart. En 1991,
il entre au CNSM de Paris dans la classe de piano de Michel Béroff
et suit parallèlement des cours de musique de chambre. Il y
obtient quatre ans plus tard le DFS, ainsi que diverses
récompenses en histoire du jazz, en acoustique, en déchiffrage et
en analyse. Suite à cela, il remporte divers Premiers Prix de
Concours Nationaux et Internationaux tels que ceux du Royaume de
la Musique, du Concours Claude Kahn ou encore du Concours de
Saint-Nom La Bretèche et est depuis invité à se produire en
récital en France, en Allemagne, en Italie, en Tunisie à La
Réunion, et dernièrement à Madagascar, à l'occasion de divers
événements tels que festivals, congrès médicaux ou pour des œuvres
caritatives ( éditions 2002 et 2003 du Téléthon avec le COUPS :
Chœur et Orchestre de l'Université Paris-Sorbonne et à l'église
St-Merry). Il mène régulièrement une action pédagogique active à
Madagascar au travers d'ateliers, de Master Classes, de concerts
et de jury de concours.
De nationalité franco-finlandaise, le chef d’orchestre Philippe
Barbey-Lallia a débuté sa carrière comme pianiste concertiste.
Après plusieurs Prix de la ville de Paris à l’unanimité en piano
et musique de chambre, il entre au CNSM de Paris où il obtient ses
diplômes de pianiste concertiste et de musicien chambriste à
l’unanimité. Il y a reçu l’enseignement de B. Rigutto, D. Hovora,
C-M. Le Guay, P-L. Aimard... Lauréat de concours internationaux,
il s’est produit à la Cité Internationale, la Salle Cortot, la
Maison de la Radio, au Palais des Congrès, en la Cathédrale
Notre-Dame de Paris, au Festival du Vexin, Montpellier,
Toulouse... mais également en Finlande, Grande-Bretagne,
Allemagne, Belgique, Irlande, Italie. Depuis le premier concert
qu’il a dirigé à l’âge de 12 ans, Philippe Barbey-Lallia se
destine à la carrière de chef d’orchestre. Il a abordé l’écriture,
l’analyse, l’orchestration et la direction d’orchestre au
Conservatoire du Centre de Paris. Il a participé aux masterclasses
de M. Lebel, O. Dejours, J. Fürst... Sélectionné par la
prestigieuse Académie Chigiana de direction d’orchestre à Sienne,
il a travaillé auprès du maestro Gianluigi Gelmetti qui l’a nommé
lauréat de la promotion 2004. Depuis, il a été invité à diriger
notamment l’Orchestre des Lauréats du CNSMDP, l’Orchestre de
Sofia, l’Orchestre Symphonique de Mulhouse etc. ... Il est chef
titulaire de l’ensemble orchestral Ellipses, ainsi que de
l’Orchestre Cinématographique de Paris.

Enguerrand Lühl started his music studies as a
pianist at the Schola Cantorum, and then completed his training by
entering the Conservatoire National Supérieur de Musique in Paris
aged 15. Three years later he obtained first Prize for piano. Hee
studied also music analysis, chamber music, orchestral conducting,
harmony and contrapoint. Since 1998 he has won several
international competitions and plays at prestigious venues
throughout Europe. The press is unanimous in considering him as an
international concert pianist.He now gets specialised in the music
by Rachmaninoff, planning a huge series of recordings with
miscellaneous pieces. As a conductor, essentially plans
performances and recordings of his own works. Lühl’s composer
catalogue is impressive: an opera, seven symphonies, three piano
concertos, chamber music, various pieces for soloist and
orchestra, pieces for piano, orchestrations and arrangements, film
music... His classical recordings are available at the music label
POLYMNIE, for which he already recorded several works in which he
acts as a composer, a pianist and of course a composer. He is
planning to record his entire work (about 50 CDs).
This unusual CD program presents original two
piano transcriptions Lühl made especially for the recording :
“Regarding the ‘Pictures’, I listened to eight different
orchestrations, among which the inevitable Ravel, but Stokowski,
Ashkenazy, Funtek, and others as well. I wanted to keep the
symphonic aspect of the original work written for piano solo. I
also obviously kept this idea in mind when I arranged the two
versions of the Night on a Bare Mountain. The original version by
Moussorgsky is almost never performed, and this CD will allow the
listener to compare the two ‘originals’ easily for the first time,
as they are recorded on one and the same album. As for ‘A Tear
Drop’, this little delicate piece, originally written for piano
solo, I amplified the voices by superimposing several melodic
lines and pianistic effects. This piece serves as an interlude
between very energetic and powerful master pieces.”
Mahery Andrianaivoravelona first performed as a pianist with
orchestra at the age of thirteen when he played Mozart’s 9th
concerto K271. In 1991 he began his studies at the Paris
Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSMDP)
with M. Béroff and at the same time followed courses in chamber
music. Four years later he received his diploma from the CNSMDP as
well as many awards in history of jazz, acoustics and musical
theory. After that he won various first prizes nationally and
internationally such as the Royaume de la musique, the Claude Kahn
competition and the international Saint-nom-la-Bretèche
competition. He has also played in France, Germany and Italy,
Tunisia, La Réunion and lately in Madagascar for festivals and
special events. He organises special music workshops for master
classes, concerts and juries in Madagascar.
French-Finnish conductor Philippe Barbey-Lallia started his career
as a concert pianist. After several regional prizes in chamber
music he completes his training with B. Rigutto, D. Hovora, P-L.
Aimard and others at the Conservatoire National de Musique de
Paris and obtains first prizes in piano and chamber music. He is
prize winner of international competitions and performed in
various prestigious concert halls in Paris such as the National
Radio house, the Palais des Congrès, the Notre-Dame cathedral, the
Salle Cortot, in other major French festivals and also abroad in
Europe.
He already wanted to become a conductor since his very first
concert he gave at age 12. He studied orchestration, music
analysis and orchestra conducting and took part in many
masterclasses. He was nominated at the Chigiana Music Academy of
Siena, where Maestro Gianluigi Gelmetti rewarded him in 2004.He
performs as a guest conductor for a.o. the Bulgarian State
Orchestra of Sofia and the Mulhouse Symphony orchestra. He founded
two orchestras, among which one is specialized in film music
recordings.

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