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Jacques de la Presle (1888 -
1969)
Admirateur de Fauré, Ravel, Debussy et Poulenc,
Jacques de la Presle, opposé à l’influence de la musique de Wagner
et de Stravinsky, a composé une œuvre musicale élégante et
raffinée, pleine de poésie. Ses nombreuses mélodies attestent de
son âme d’artiste tournée vers le beau. Ce musicien sincère, ce
poète a déclaré un jour : « Je n’ai jamais rien écrit qui ne
fût pour moi un besoin impérieux de le faire. Je crois que tout
artiste écrit pour s’élever au-dessus de lui-même. Je suis
toujours attiré vers une expression simple, plus dépouillée.
C’est ce qui est le plus difficile en art. Debussy disait qu’il
cherchait toujours à atteindre jusqu'à la chair même de
l’émotion. C’est, il me semble, ce que recherche toujours tout
artiste passionné de vérité et de sincérité. » Un beau jour
de la Grande Guerre, alors replié dans un tunnel de Saint-Quentin
(Aisne), sa nature sensible et sa tendresse le poussaient à écrire
pour sa future femme une Suite en sol pour quatuor, alors que les
bombardements faisaient rage autour de lui. Plus tard, à
l’attention de ses deux jeunes enfants il composera un Album
d’images, suite pour piano comportant des sortes de croquis
d’animaux brossés en quelques traits tendres ou humoristiques.
Né le 5 juillet 1888 à Versailles, Jacques Guillaume de Sauville
de la Presle est issu d’une vieille famille champenoise,
aristocrate et humaniste, qui a donné trois légionnaires, dont le
plus ancien Eugène-Louis est né le 4 avril 1787 à Vandières
(Marne). Il joue du piano à l’âge de 6 ans, à 10 ans tient l’orgue
chez les Eudistes de Versailles, où il est scolarisé, et débute
ses études musicales auprès de Paul Fauchet au Conservatoire de
Versailles. Suivant les conseils de Paul Taffanel, le chef
d’orchestre de l’Opéra et ami de la famille, tout en poursuivant
ses études littéraires couronnées par un baccalauréat ès-lettres,
il rejoint ensuite le Conservatoire de musique et de déclamation
de Paris. Là, il a pour maîtres Antoine Taudou (harmonie), Georges
Caussade (contrepoint) et Paul Vidal (composition). À cette même
époque, il est nommé organiste de l’église Notre-Dame de
Versailles, où il succède à son professeur Paul Fauchet parti au
grand-orgue de l’église Saint-Pierre-de-Chaillot, à Paris.
La Grande Guerre interrompt prématurément ses études musicales.
Parti au front dès le début de la guerre comme soldat brancardier
au 119ème Régiment d’Infanterie, il se retrouve à trois reprises à
Verdun. Trois mois avant la signature de l’armistice, le 15 août
1918, il est sérieusement gazé, ce qui lui vaut sept mois
d’hôpital entre la vie et la mort. Durant cette période, de la
Presle n’abandonne pas pour autant la musique. Se souvenant
d’avoir joué autrefois, lors de son service militaire, du trombone
à coulisse avec quelques camarades également passionnés de
musique, parmi lesquels André Caplet, Georges Jouatte, Taillardat,
Maurice Maréchal, René Dorin et plusieurs autres Prix du
Conservatoire, il fonde un orchestre de 35 instrumentistes. Avec
cette formation militaire, il s’évertue à faire oublier quelques
instants aux soldats les affres de cette guerre épouvantable. Il
monte de grandes œuvres, comme la suite pour orchestre Impressions
d’Italie de Gustave Charpentier, qui avait déjà obtenu un succès
considérable chez Lamoureux quelques années auparavant. Sa
brillante conduite durant le conflit lui vaut la Médaille
militaire et deux citations. La deuxième, remise en même temps à
lui et son ami le chansonnier René Dorin (1891-1969) par le
général de Thuy, commandant la 12ème brigade d’infanterie,
comportait le texte suivant : « remarquable brancardier, a
accompli depuis le début de la campagne ses fonctions de
brancardier, dans les secteurs et sur les pistes les plus battus
par le feu de l’ennemi, avec une vigueur et une énergie
exemplaires. A contribué, en outre, dans les cantonnements de
repos, par son entrain et son ascendant sur ses camarades, à
ramener la gaieté et la bonne humeur, après les épreuves les
plus pénibles. » Le texte de cette citation fut une
nouvelle fois lu en public le 7 mars 1921 au Théâtre des Arts de
Rouen lors d’une conférence du Lieutenant-Colonel breveté de La
Gontrie. Elle traitait des musiques militaires à travers les âges,
avec audition des vieux airs militaires français exécutés par la
Musique et les Chœurs de la 5ème Division sous la direction du
Chef de musique Clément. Fut notamment interprété le Cri de guerre
de la 6ème Division d’Infanterie composé par Jacques de la Presle,
sur une poésie de René Dorin, qui avait été donné aux armées la
première fois le 30 juin 1915 par le 119ème Régiment d’Infanterie,
devant Aix-Noulette (Pas-de-Calais).
Une fois la guerre terminée, Jacques de la Presle se remet au
travail, réintègre la classe de composition de Paul Vidal et
décroche en 1920 le Second Prix au Concours de Rome, avec la
cantate Don Juan. L’année suivante c’est le Grand Prix avec
Hermione, suivi du traditionnel séjour de quatre années à la Villa
Médicis, aux frais de l’Académie des Beaux-Arts (1922 à 1925). Il
en gardera sa vie durant un souvenir sans égal, s’étonnant même
que certains compositeurs, et non des moindres, aient pu en
contester les bienfaits : « Il faut vivre à Rome pendant
quatre ans comme je l’ai fait pour en pénétrer tout le caractère
d’éternité. J’ai voulu la comprendre à fond et je puis dire
qu’elle a pris toute ma chair : je dis Rome plus que les autres
villes d’Italie, car, quelle que soit la magnificence de toutes,
dans nulle autre on ne trouve une semblable lumière, une aussi
forte pérennité des siècles illustres écoulés. Le temps de Rome
a été pour moi un temps merveilleux. Je dirai même ceci, [...]
qu’à mon avis le musicien a peut-être plus encore à retirer de
l’Italie que le peintre ou le sculpteur, lesquels me semblent
plus particularisés et profiter moins de l’ambiance. », et
de conclure par : « j’estime donc que le Prix de Rome est un
privilège extraordinaire. »
C’est dans un studio de Rome qu’il avait loué pour y accueillir sa
femme, née Mlle Portalis, et ses deux jeunes fils Thibaut et Jean,
qu’est né son oratorio en 3 tableaux, l’Apocalypse de Saint Jean.
Plus tard il précisera à propos de cette œuvre, primée au Concours
musical de la Ville de Paris en 1928, et donnée en première
audition par Albert Wolff chez Lamoureux, le 16 février 1929 :
« J’ai voulu faire quelque chose de construit, réagir contre
cette tendance moderne à disséminer les idées, à rétrécir les
formes, à appauvrir l’écriture. C’est peut-être encore beaucoup
de prétention de ma part, mais je me tiens en dehors de toute
chapelle. J’essaie de rester moi-même, de faire ce que je crois,
tout en demeurant très large d’idées et sympathique aux diverses
tendances modernes : je réclame seulement le strict droit de ne
pas les suivre quand elles sont contraires à ma nature. »
Charles Pons, commentant cette partition, soulignait en 1938 : «
l’aisance dans la maîtrise, l’élégance du ton, la clarté de la
ligne mélodique, les jeux chatoyants d’accords enluminés par les
prodigieuses trouvailles de l’orchestre, une puissance
d’ennoblissement... »
À son retour de Rome, Jacques de la Presle se livre à
l’enseignement, notamment au Conservatoire de Paris où il professe
l’harmonie de 1937 à 1958. Au nombre de ses élèves qui
bénéficièrent avantageusement de ses leçons citons Maurice Jarre,
Antoine Duhamel, ainsi que le compositeur canadien André Mathieu
et la pianiste Agnelle Bundervoët. C’est pour elle qu’il écrira
ses Thème et Variations et son Concerto en ré, qu’elle crée en
1951 chez Colonne, au théâtre du Châtelet, sous la direction de
Paul Paray. Cette œuvre obtint en 1953 le Prix de la Ville de
Paris. Cet enseignement, qu’il considérait d’ailleurs comme «
supérieurement intéressant », était une source de joie importante.
Il formait ses élèves pour en faire de véritables artistes. Bien
évidemment, dans sa classe on apprenait la musique !, mais on
parlait aussi beaucoup de littérature, de théâtre, de peinture, de
sculpture..., bref de tous les arts qui élèvent l’âme sensible et
délicate d’un artiste. Jacques de la Presle fut également
directeur artistique de Radio-Paris à partir de 1930, puis de la
Radiodiffusion nationale jusqu’en 1943, et inspecteur principal de
l’enseignement musical de 1945 à 1952.
Dans toute l’œuvre de Jacques de la Presle on retrouve la
sincérité de l'auteur, qui certes est moderne, mais n'oublie
jamais l'apport du passé. Il avait d'ailleurs déclaré un jour : «
La culture c'est la connaissance profonde des formes et des
manifestations des sensibilités de ceux qui nous ont précédés. »
Le catalogue de ses compositions donne une idée de son œuvre que
l’on peut aisément qualifier d’importante. Il aurait certainement
désiré écrire encore davantage, mais ses nombreuses occupations
l’en empêchèrent. En dehors des partitions déjà évoquées, citons
sa Sonate pour violon et piano, interprétée notamment par Lucienne
Royer et Pierre Vibert, sa Petite Suite en fa pour basson et
piano, interprétée par Maurice Allard et André Collard, sa Pièce
de concert pour violoncelle et piano, jouée par Reine Flachaut et
Odette Pigault, et plus récemment par Jacques Ripoche et Ichiho
Takishima, son Jardin mouillé pour harpe, au répertoire de
Marielle Nordman et autrefois à celui de la regrettée Lily
Laskine... Mais c’est surtout pour ses nombreuses mélodies,
toujours écrites dans un style soigné et délicat, sur des textes
d’Emile Verhaeren, Albert Samain, Francis Jammes, Henri de
Régnier, Louis Le Cardonnel, Battanchon, ou encore Anna de
Noailles, que Jacques de la Presle est reconnu. Elles étaient
chantées régulièrement après la dernière guerre, notamment par le
baryton Camille Maurane, grand spécialiste de la mélodie
française, accompagné d’Odette Pigault ou de Catherine Brilly, qui
en a enregistré plusieurs au début des années soixante : Chanson,
Prière, La Maison serait pleine de roses, Heures d’après-midi, Le
Vent, Trois Impressions, La Lettre, L’Attente mystique, Heures
claires...
Jacques de la Presle est également l'auteur d'ouvrages
pédagogiques : Soixante Leçons d'harmonie (Basses et Chants
donnés. Réalisations), recueil de leçons données par l’auteur aux
concours du Conservatoire (Leduc, 1945), Dix Leçons de solfège
(Paris, L. de Lacour, 1947). Longtemps domicilié rue de Courcelles
à Paris XVII°, il y est décédé le 6 mai 1969 à Paris.
Personnage courtois, modeste et très cultivé, Jacques de la Presle
qui n’ignorait rien du passé tout en prévoyant l’avenir, «
parcourant avec un égal bonheur les routes de l’ampleur et celle
de la finesse », nous a légué une œuvre où « l’esprit le plus pur
anime toujours la manière d’ailleurs précieusement ciselée. » Elle
représente et représentera longtemps encore cette pure tradition
de la musique française, héritière de la pensée de Franck, qui
appartient à l’histoire de la musique.
Denis Havard de la Montagne
www.musimem.com
Connu principalement pour ses mélodies (plus de 70) et son œuvre
pour piano (Concerto, Thème et Variations et diverses pièces),
Jacques de la Presle nous a néanmoins laissé un nombre non
négligeable de pièces de musique de chambre que nous présentons
ici. Toutes montrent une grande diversité dans leur écriture, le
mouvement harmonique et le traitement des motifs.
Sa Suite en sol pour quatuor à cordes, œuvre d’une grande gaîté,
offre un contraste étonnant avec les circonstances dans lesquelles
elle fut écrite, puisqu’elle date d’octobre 1917 quand de la
Presle combattait sur le front à Grugies près de Saint-Quentin
dans l’Aisne. Mais l’optimisme débordant de cette œuvre surprend
moins quand on sait que le Général de Thuy, commandant la 12ème
Brigade d'Infanterie, lors de la remise de la Médaille militaire
(1916) au brancardier de la Presle déclara notamment : «…
contribue, en outre, dans les cantonnements de repos, par son
entrain et son ascendant sur ses camarades, à ramener la gaîté
et la bonne humeur, après les épreuves les plus pénibles. » Le
28 mai 1984 à France-Culture, lors d'une interview de Jean de La
Presle portant sur l'œuvre de son père, celui-ci précisait que
c'est certainement pour sa toute jeune épouse que Jacques de la
Presle écrivit sous un tunnel, près de Saint-Quentin, et sous les
bombardements, cette Suite en sol, montrant ainsi « cette faculté
qu'a un artiste de pouvoir s'abstraire totalement des contingences
extérieures ».
Le mot clarté est très évocateur du style de la musique de chambre
de de la Presle « N’est-ce point dans ces pays de soleil [Sicile,
Tunis, Sardaigne] qu’il prit goût de la clarté, de cette clarté
que l’on retrouve dans ses mélodies […] dans sa Sonate pour piano
et violon, dans sa Suite pour quatuor à cordes ? » (Aladin, in
T.S.F Programme, L'Illustration de la Radio, 1936). Reprenons les
mots de Jean Chantavoine quand il présenta cette pièce à ses
auditeurs : « Le titre de Suite, en tête de l’œuvre que vous
allez entendre, évoque les traditions de la musique ancienne, où
ce terme désigne un divertissement musical formé de courtes
pièces groupées ensemble mais sans autre lien interne que celui
de leur tonalité. La Suite de M. de la Presle comporte trois de
ces morceaux : le premier est un Menuet vif qui, par cette
rapidité même, n’est pas sans analogie avec une autre danse de
jadis, le Passepied. Le second morceau, intitulé Chanson intime
est une courte romance, de caractère rêveur et populaire tout
ensemble. Le troisième et dernier morceau s’appelle Fêtes : les
"fêtes" dont il nous apporte l’écho joyeux sont les fêtes
dansantes, animées par la gaîté de rythmes pimpants. » Chanson
intime sera reprise par le compositeur lui-même pour violon et
piano et arrangée par S. Chapelier pour violon solo et orchestre.
Le dédicataire de la Suite en sol en est l’ambassadeur de France
Arsène Henry, ami de la famille. Sa première audition eut lieu le
12 décembre 1919 Salle Erard (Paris), exécutée par G. Willaume et
H. Schickel violons, Roelens alto et L. Feuillard violoncelle,
lors d’un concert donné par le harpiste Marcel Grandjany
(1891-1975), dédicataire du Jardin mouillé. Elle a été redonnée à
Saint-Laurent d’Eu en 1928 par F. Monnier et M. Scobart violons,
Duval alto et Paul de Gromard violoncelle. Par la suite, Georges
Tessier, Maurice Crut, Serge Collot et Robert Salles l'ont jouée à
la Radio Diffusion Française.
Le Jardin mouillé pour harpe, dédié à Marcel Grandjany comme
mentionné plus haut est inspiré des vers d’Henri de Régnier :
Il pleut et les yeux clos j’écoute
De toute sa pluie à la fois
Le Jardin mouillé qui s’égoutte
Dans l’ombre que j’ai faite en moi.
On en doit sa création à son dédicataire le 23 février 1912,
également à la Salle Erard. Cette oeuvre fut reprise l’année
suivante le 29 janvier 1913 par Henriette Renié (1875-1956),
compositrice et professeur de Grandjany et plus tard de Suzann
McDonald, elle-même professeur de Kerstin Allvin, l’interprète sur
ce CD, à l’université d’Indiana (U.S.A.). Cette pièce est sans
doute la pièce instrumentale de de la Presle la plus jouée, les
harpistes de tous temps et tous pays l’ayant adoptée en tant que «
classique » dans leur répertoire de musique française de cette
époque. Alfred Kastner, professeur de harpe à la Royal Academy of
Music l’a jouée à Londres en 1913 ainsi que Magdeleine
Veyron-Lacroix en 1921 à la Salle Gaveau et plus tard, en 1928,
Nella Coen à Rome. Plus récemment, Lily Laskine et Marielle
Nordman l'ont maintes fois interprétée.
Ces mêmes vers furent d’ailleurs mis en musique pour voix et piano
antérieurement par Albert Roussel.
Une autre pièce majeure présentée sur cet enregistrement est la
Sonate pour violon et piano écrite entre 1913 et 1914 (selon les
annotations de la partie de piano), 1905 selon l’un des
manuscrits. La dédicataire en est Léonie Lapié, née également en
1888 qui reçut son prix de violon du Conservatoire de Paris en
1908.Il s’agit donc d’une œuvre de jeunesse, de la Presle avait 25
ans en 1913, époque productive d’avant-guerre alors qu’il se
prépare aux épreuves du Prix de Rome pour un premier essai en
1914. Elle n’est pas sans nous rappeler le style de Gabriel Fauré
dans ses sonates pour violon.
Le premier mouvement débute par une assez longue introduction Lent
suivie d’un Assez animé écrit en forme de sonate et se termine par
une coda pleine d’entrain.
Le second mouvement est une mélodie répétée à trois reprises
chaque fois plus intense et le troisième mouvement est également
écrit selon la forme sonate avec une fin grandiose. Lucienne Royer
et Pierre Vibert l'ont jouée à plusieurs reprises en leur temps
ainsi que Lucia Artopoulos et Françoise Landowski lors d’un
concert à l’École Normale à Paris en 1942.
Orientale, publiée en 1930, jouée ici à la flûte, est aussi
destinée par le compositeur au violon et au saxophone-alto et a
été transcrite pour basson par Fernand Oubradous.
La Petite Suite en fa pour basson et piano, en trois mouvements,
fut écrite en 1944 pour le concours de basson du Conservatoire de
Paris (classe de Gustave Dhérin) où de la Presle lui-même
enseignait l’harmonie. Elle possède le même raffinement et esprit
que la musique d’Eric Satie. Maurice Allard et André Collard l'ont
jouée et enregistrée pour la radio. La Pièce brève, « dans le
sentiment d’un Negro spiritual », pour les mêmes instruments fut
composée plus tard en 1957 et représente l’une de ses dernières
compositions. On peut en effet facilement imaginer que ses
fonctions de professeur au Conservatoire et d’inspecteur de
l’enseignement musical lui laissaient alors peu de temps pour
s'adonner à la composition.
Le Rêve du jeune faon, titré à l’origine Le Rêve de Bambi, est
dédié au corniste Jean Devémy (1898-1969), soliste de la Garde
Républicaine et des Concerts Lamoureux. Le Scherzetto pour les
mêmes instruments date de 1929.
Une autre pièce majeure au catalogue de musique de chambre de
Jacques de la Presle est sa Pièce de concert pour violoncelle et
piano composée en septembre1932 pour la violoncelliste Françoise
Peynaud (« en toute admiration et reconnaissance ») et dont Reine
Flachaut, accompagnée par Odette Pigault, fut l’admirable
interprète ainsi que Monique Bazelaire et Catherine Brilli au
piano, le 10 mars 1970 à la Salle Gaveau. Le manuscrit nous révèle
le sous-titre de Sonate. Cela laisse-t'il entendre que de la
Presle avait l’intention d’utiliser cette pièce comme premier
mouvement d’une sonate pour piano et violoncelle ? Le violoncelle
y est remarquablement mis en valeur, sa tessiture exploitée, et la
technique déployée sans jamais être au détriment de la mélodie. En
1984 à Annecy, lors d'une nouvelle interprétation par Jacques
Ripoche et Ichiho Takishima, la critique musicale soulignait
encore « ce magnifique crescendo lyrique jouant de toutes les
nuances chantantes de l'instrument au service d'une pensée
contenue dans un équilibre exigeant. »
Nadine Deleury
Le Detroit-Windsor Chamber Ensemble
Les villes de Detroit (US) et Windsor (Canada) ne sont séparées
que par un fleuve, ce qui permet aux musiciens des deux pays un
échange culturel d’une grande richesse.
Le Detroit-Windsor Chamber Ensemble (autrefois connu sous le nom
de Ambassador Chamber Players- du nom du pont qui relie les deux
pays-) a récemment enregistré la musique de chambre de Ignatz
Waghalter (2006 DWG Music). Les musiciens de cet ensemble, au
nombre de 11 pour cet enregistrement, ont fait preuve de
curiosité, de sensibilité et d’enthousiasme dans leur découverte
des œuvres de musique de chambre de Jacques de la Presle dont la
plupart sont enregistrées ici en première mondiale.
Les musiciens réunis pour cet enregistrement sont parmi les plus
distingués du Michigan et de l’Ontario et tous appartiennent à des
orchestres réputés ou (et) à des universités. Lillian Scheirich
est violon solo de l’Orchestre Symphonique de Windsor, enseigne à
l’Université de Windsor et mène une carrière de soliste et de
chambriste, Marcus Schoon est bassoniste dans l’Orchestre
Symphonique de Detroit et enseigne à l’Université de Oakland
(Michigan), Nadine Deleury (violoncelle solo), Velda Kelly
(violoniste), Andrew Wu (violoniste), James Greer (altiste), Susan
Mutter (corniste) et Laura Larson (flûtiste) sont tous attachés à
l’Orchestre du Michigan Opera Theatre. Kerstin Allvin, harpiste,
joue fréquemment dans ces orchestres et a enregistré plusieurs CDs
de musique de chambre (notamment du compositeur James Hartway).
Quant aux pianistes Mary Siciliano et Angelina Pashmakova, elles
font partie de la faculté de musique de l’Université de Oakland
(Michigan) et donnent de nombreux récitals en tant que solistes et
chambristes
Cher Auditeur,
Nous sommes convaincus que vous apprécierez la variété des trésors
musicaux du peu connu, mais néanmoins admirable compositeur
Jacques de la Presle, présentés sur ce CD.
Pour ceux qui sont doués d’un esprit enclin à la technologie, ou
pour ceux qui sont simplement curieux, voici quelques détails et
points techniques sur l'ingénierie du son ainsi que des rehauts
techniques. Ces enregistrements ont été faits à l'Award Audio
studio A, sur une période de deux ans. Notre but était de créer un
CD qui soit agréable à la fois musicalement et au niveau de la
sonorité. Pour produire le son le plus parfait, nous avons utilisé
un minimum d’effets d’électroniques entre l’artiste et le disque.
Nous croyons que la vraie passion de la musique transparaît mieux
avec le minimum de traitement digital du début à la fin.
Chaque lien dans l’enregistrement a été soigneusement choisi après
de nombreux tests d’écoute pour la fidélité du son et son habilité
à transmettre le timbre exact, la couleur et la gamme dynamique
que produit chaque élément musical. Les microphones utilisés pour
cet enregistrement étaient des Rode Classic (microphones à tube),
B.L.U.E. Dragonfly, Neumann U89, AKG C 414, DPA 4003 130 volt et
l’Oktava ML-52 (microphones à rubans). Les signaux passaient
directement des microphones à précision préamplificateurs jusqu’à
l’enregistreur sur mesure numérique. Pour l’original numérique, le
mixage et la régie, nous avons utilisé les formats digitaux de
plus haute résolution possible à une vitesse de 24-bit 96 KHz ou
24-bit 192 KHz.
Pour produire une ambiance agréable et réaliste de la qualité de
son déjà présente dans le studio A, nous avons ajouté une quantité
nominale d’ambiance acoustique digitale très personnalisée. Aucune
autre compression ou effets digitaux n’ont été utilisés. Le mixe
final fut alors préparé pour compatibilité avec le format du CD,
utilisant un procédé spécial pour obtenir la meilleure qualité de
son sur la version finale du CD. Le résultat est un enregistrement
audiophile de haute fidélité qui est d’un réalisme étonnant sur CD
de format standard.
Nous remercions tous ceux qui ont si généreusement donné de leur
temps et de leur talent pour jouer et enregistrer les œuvres de
Jacques de la Presle, et nous vous souhaitons une très bonne
écoute de la musique et du son produits sur ce CD.
Joseph LaQuiere, preneur de son (traduction Karen Landers)

Jacques de la Presle (1888 - 1969)
Jacques de la Presle, who admired Fauré, Ravel, Debussy and
Poulenc but was opposed to the influence of Wagner and
Stravinsky’s music, composed a musical œuvre that was elegant,
refined and full of poetry. His numerous melodies attest to his
artist’s soul oriented toward the aesthetic. This sincere
musician, this poet, declared one day, “I never wrote anything
that wasn’t a pressing need for me to do so. I believe that any
artist writes to surpass himself. I’m always attracted to simple,
uncluttered expression. That’s what’s most difficult in art.
Debussy used to say that he aimed to reach into the very flesh of
emotion itself. It seems to me that that is what any artist who
holds a passion for truth and sincerity always looks for.” One day
during World War I (WWI), while de la Presle lay hunched in a
tunnel at Saint-Quentin (Aisne) with bombs blazing above head, his
sensitive and tender nature spurred him to write a Suite en sol
for quartet for his future bride.
Born Jacques Guillaume de Sauville de la Presle on July 5, 1888,
at Versailles, to an old aristocratic and humanist champenoise
family, known for three legionaires—one of whom, the eldest, is
Eugene-Louis, born on April 4, 1787, in Vandières (Marne). Jacques
de la Presle plays piano at the age of 6, and at 10, tends to the
organ at the Eudistes de Versailles. He is schooled there and
begins his musical studies with Paul Fauchet of the Conservatoire
de Versailles. He then attends the Paris Conservatoire de musique
and déclamation at the behest of Paul Taffanel, Opéra conductor
and family friend, while pursuing his literary studies, which are
crowned by a baccalauréat ès-lettres. There, his master professors
are Antoine Taudou (harmony), Georges Caussade (counterpoint) and
Paul Vidal (composition). During this same time period, he is
named organist at the church of Notre-Dame de Versailles, where he
succeeds his professor Paul Fauchet, who takes the position at the
great organ of the St-Pierre-de-Chaillot church in Paris.
WWI momentarily interrupts his music studies. He leaves
immediately for the front as a hospital porter soldier of the
119th infantry regiment and finds himself in Verdun for three
deployments. Three months before the signing of the armistice, on
August 15, 1918, he is seriously gassed, sending him in the
hospital for seven months where he hangs between life and death.
He remembers that he played trombone in the past during his
military service with a few comrades, among whom were André
Caplet, Georges Jouatte, Taillardat, Maurice Maréchal, René Dorin
and several other conservatory prize winners, and he founds an
orchestra with 35 instrumentalists.
With this military training, he distinguishes himself by helping
soldiers momentarily forget about this horrible war’s atrocities.
He puts on huge works such as the suite for orchestra, Impressions
d’Italie by Gustave Charpentier, which had already been
considerably successful with Lamoureux several years prior. His
magnificent conduct during the conflict earns him the military
Médaille (medal) and two commendations. The second one, given by
the commander of the 12th infantry brigade, Général de Thuy, both
to him and his songwriter friend René Dorin (1891-1969), included
the following accolades, “He was a remarkable hospital porter,
[he] fulfills since the beginning of the campaign his functions as
hospital porter, in the sectors and the strips most beaten by the
enemy’s fire, with exemplary vigor and energy. [He] contributes,
moreover, in the rest quarters, by his good disposition and
inspiration he provides his comrades with merriment and
cheerfulness after the most trying challenges.”
The text of this commendation was read again in public on March 7,
1921, at the Théâtre des Arts de Rouen during a conference by
Lieutenant-Colonel breveté de La Gontrie. The subject of the
conference was military music through the ages, with the
opportunity to listen to old French military tunes played by the
Musique et les Chœurs de la 5ème Division under music director
Clement. The piece written by de la Presle, Cri de guerre de la
6ème Division d’Infanterie, was also heard with poetry by René
Dorin, which had been presented to the armies for the first time
on June 30, 1915, by the 119th infantry regiment, near
Aix-Noulette (Pas-de-Calais).
Once the war ends, Jacques de la Presle gets back to work,
reassembles Paul Vidal’s composition class and wins the second
prize at the Concours de Rome in 1920 with the Don Juan cantata.
The following year, he receives the grand prize with Hermione,
which he then follows up with his regular visits, paid for by the
Académie des Beaux-Arts, to the Villa Médicis ; the visits last
four years (1922 to 1925). He’ll retain a lifelong unparalleled
souvenir, surprised even that certain well-known composers noticed
its beneficial effects, “One must live in Rome for four years as I
did to absorb the city’s eternal character. I wanted to comprehend
it in depth, and I can say that it took all my flesh: I say to
Rome more than to other cities of Italy, because, whatever the
magnificence of all others, in none other does one find anything
like its light and such a perennial presence of illustrious
centuries gone by. My time in Rome was a marvelous time for me.
I’d even say this … in my opinion, perhaps the musician has even
more to extract from Italy than a painter or a sculptor, [whose
art] seem[s] to me to benefit less from the atmosphere and be more
particularized.” To conclude, said de la Presle, “I believe then
that the Prix de Rome is an extraordinary privilege.”
It’s in a studio which he rents in Rome to greet his wife (born
Miss Portalis) and their two young sons, Thibaut and Jean, that
his oratorio in three tableaux is born—the Apocalypse de Saint
Jean. Later, he’ll specifically say about this work, which was
awarded a prize at the Concours musical de la Ville de Paris in
1928 and premiered by Albert Wolff with Lamoureux on February 16,
1929, “I wanted to make something well-built, reacting to this
modern tendency to disseminate ideas, shrink forms and impoverish
the writing. It may still perhaps be much pretension on my part,
but I don’t subscribe to any single school. I try to stay true to
myself myself, to do what I believe in while being open-minded and
sympathetic to modern trends: I only claim the strict right not to
follow them when they go against my nature.” Charles Pons,
commenting on the piece of music, noted in 1938, “The ease in the
mastery, the elegance of tone, the clarity of the melodic line,
the sparkling plays of chords made all the richer by the
orchestra’s prodigious finds, [—it’s] an ennobling power.”
Upon his return to Rome, Jacques de la Presle indulges in
teaching, notably at the Conservatoire de Paris, where he teaches
harmony from 1937 to 1958. Maurice Jarre, Antoine Duhamel, as well
as Canadian composer André Mathieu and pianist Agnelle Bundervoët,
are among a number of students we must cite, who take advantage of
his lessons. He writes the Thème et Variations and the Concerto en
ré for Agnelle Bundervoët, which she performs in 1951 at the
Théâtre du Châtelet in Colonne, under the direction of Paul Paray.
In all of de la Presle’s œuvre, one finds the author’s sincerity,
which is certainly modern, but never forgets, the past’s
contributions. He had even declared one day, “Culture is the deep
knowledge of forms and the manifestations of sensitivities by
those who’ve preceded us.” The catalog of his compositions gives
an idea of his work that one may comfortably qualify as important.
He most probably would have wanted to compose more, but his
numerous occupations prevented him from doing so. Besides the
works previously mentioned, let us cite his Sonate for violon and
piano, notably interpreted by Lucienne Royer and Pierre Vibert,
his Petite Suite en fa for bassoon and piano, interpreted by
Maurice Allard and André Collard, his Pièce de concert for cello
and piano, performed by Reine Flachaut and Odette Pigault, and
more recently by Jacques Ripoche and Ichiho Takishima, his Jardin
mouillé for harp, in Marielle Nordman’s repertory and, in the
past, by the dearly missed Lily Laskine’s...
But it’s mostly for his numerous melodies, always written in a
delicate and polished style to texts by Emile Verhaeren, Albert
Samain, Francis Jammes, Henri de Régnier, Louis Le Cardonnel,
Battanchon, and also Anna de Noailles, that Jacques de la Presle
is recognized. The melodies were sung regularly after World War
II, notably by the baritone Camille Maurane, grand specialist of
French melodies, accompanied by Odette Pigault or Catherine
Brilly, who recorded several of them at the beginning of the 1960s
: Chanson, Prière, La Maison serait pleine de roses, Heures
d’après-midi, Le Vent, Trois Impressions, La Lettre, L’Attente
mystique, Heures claires...
Jacques de la Presle is also the author of pedagogical works :
Soixante Leçons d'harmonie (Basses et Chants donnés.
Réalisations), a collection of lessons given by the author at the
Conservatoire’s competition (Leduc, 1945), Dix Leçons de solfège
(Paris, L. de Lacour, 1947). Jacques de la Prelse passed away on
May 6, 1969, in Paris, a longtime resident of Rue de Courcelles in
Paris’s XVIIth arrondissement.
He was a modest, courteous and highly cultivated person, who
ignored nothing of the past all while planning for the future,
“traveling with equal pleasure roads of fullness of finesse,” and
he left us with works where “the purest spirit always animates
moreover the manner precisely chiselled.” It represents, and will
do for a long time to come, this pure tradition of French music,
inheritor of Franck’s pensée that belongs to the history of music.
Denis Havard de la Montagne
Translation Karen Landers
Jacques de la Presle, who is known primarily for
his melodies (more than 70) and his piano œuvre (Concerto, Thèmes
et Variations, and various pieces), also leaves us with a
significant number of chamber music pieces that we present here.
All works display a wide diversity in their writing, harmonic
movement and motif treatment.
His Suite in G for string quatuor, a highly spirited work, offers
a stunning contrast from the circumstances in which it was
written. It dates to October 1917, when de la Presle was fighting
on the Grugies front near Saint Quentin in the Aisne. But the
overflowing optimism of this new work is less surprising when one
considers what the Général de Thuy, commander of the 12th infantry
brigade, declared when he pinned the military Medal (in 1916) on
de la Presle, who, as a soldier, was a hospital porter. Said the
Général, “[He] contributes, moreover, in the rest quarters, by his
good disposition and inspiration he provides his comrades with
merriment and cheerfulness after the most trying challenges.”
On May 28, 1984, de la Presle’s son, Jean de la Presle, gave an
interview at France-Culture radio to discuss his father’s work. He
explained that the Suite in G must certainly have been written
under a tunnel and under bombardments near Saint-Quentin, thus
illustrating “This amazing faculty of an artist to completely
withdraw from external circumstances.” The piece, he said, must
also have been intended for his father’s very young bride.
The word “clarity” is very evocative of de la Presle’s chamber
music style. As a music critic named Aladin (a pseudonym) wrote at
the time, “Isn’t it in these sunny countries [Sicily, Tunisia,
Sardinia] where he got the taste for clarity, this clarity one
finds in his melodies … in the Sonata for piano and violin, in the
Suite for string quartet ?”(“TSF Programme, L’Illustration de la
Radio,” 1936.) And let us remember the words of Jean Chantavoine
when he presented the pieces to his radio listeners, “The title of
Suite, at the head of the work you’re about to hear, evokes the
traditions of ancient music, where this term connotes a musical
diversion formed by short pieces grouped together, but with no
other internal link except that of tonality. Mr. de la Presle’s
Suite contains three of these pieces : the first is a lively
Menuet, which, by its very rapidity is analogous to a dance of
yesteryear, the Passepied. The second piece, called Chanson intime
is a short romance, characterized by both its dreamy and popular
appeal. The third is a piece called Fêtes, which brings us the
joyous echo of dance parties, moved by the happiness of attractive
rhythms.” Chanson intime will later be reprised by the composer
himself for violin and piano, and arranged by S. Chapelier for
solo violin and orchestra. The Suite in G was dedicated to the
ambassador of France, Arsène Henry, a friend of the family.
Suite in G was first heard on December 12, 1919, at the Salle
Erard (Paris), performed by G. Willaume and H. Schickel on
violins, Roelens on viola and L. Feuillard on cello, during a
concert given by the harpist Marcel Grandjany (1891-1975), himself
the one to whom Jardin mouillé was dedicated. The Suite was also
performed in 1928, in Saint-Laurent d’Eu by violinists F. Monnier
and M. Scobart, violist Duval and cellist Paul de Gromart.
Subsequently, Georges Tessier, Maurice Crut, Serge Collot and
Robert Salles played that piece at the Radio Diffusion Française.
The Jardin mouillé for harp, dedicated to Marcel Grandjany (as
mentioned above) is inspired by Henri de Régnier’s verses :
It’s raining and eyes closed I listen
Of all its rain
The wet garden dripping
in the shadow I’ve made within me
These same stanzas were also previously set to music for voice and
piano by Albert Roussel, and dedicatee Grandjany performed it on
February 23, 1912, also at the Salle Erard. This piece was
reprised again the following year on January 29, 1913, by
Henriette Renié (1875-1956), who was a composer and Grandjany’s
professor. Renié also taught Suzann McDonald later who, in turn,
taught Kerstin Allvin, who performs on this CD, at the University
of Indiana (USA). This piece is probably de la Presle’s
most-performed instrumental one, with harpists from all around the
world and through the ages adopting Jardin Mouillé as a “classic”
in their repertoire of French music from this period. Alfred
Kastner, professor of harp at the Royal Academy of Music played it
in London in 1913; so did Magdeleine Veyron-Lacroix in 1921 at
Salle Gaveau and later, in 1928, Nella Coen, in Rome. Lily Laskine
and Marielle Nordman have also often performed it.
The Sonate pour violon et piano, written between 1913 and 1914
(according to the annotations on the piano’s part), or 1905 if one
goes by the manuscripts, is another major piece presented on this
recording. The dedicatee is Léonie Lapié, born in 1888, who
received her prize in violin at the Conservatoire de Paris (Paris
conservatory) in 1908. This is, then, a work from de la Presle’s
youth (he was 25 in 1913), a productive prewar period while he was
preparing his exams for his first attempt at the Prix de Rome
prize in 1914. The Sonate pour violon et piano hearkens back to
Gabriel Fauré’s own style in his sonatas for violin.
The first movement begins with a fairly long introduction “Lent”
(slow), followed by an “Assez animé” written in the sonata form,
which ends with a coda full of pep. The second movement is a
melody repeated three times, each one more intensely than the
previous. The third movement also follows the sonata form with a
grandiose finale. Lucienne Royer and Pierre Vibert performed it
several times during their career as did Lucia Artopoulos and
Françoise Landowski at the École Normale in Paris in 1942.
Orientale, published in 1930, played here on the flute, is also
written by the composer for violin and for alto-saxophone, and it
was transcribed for bassoon by Fermand Oubradous.
The Petite Suite en fa in three movements for bassoon and piano
was written in 1944 for the bassoon competition at the
Conservatoire de Paris (Gustave Dhérin’s class), where de la
Presle himself taught harmony. This Suite displays the same
refinement and spirit as Eric Satie’s music. Maurice Allard and
Andre Collard played and recorded the Petite Suite en fa, for the
same instruments, to be broadcast on the radio. La Pièce brève,
written later in 1957 for bassoon and piano “dans le sentiment
d’un Negro Spiritual,” represents one of his last compositions.
One can indeed easily imagine that his professional obligations at
the Conservatory and his job as inspector of musical instruction
left him little time to devote to composition.
Le Rêve du jeune faon, working title of “Le Rêve de Bambi,” is
dedicated to French horn player Jean Devémy (1898-1969), soloist
of the Republican Guard and of the Concerts Lamoureux’s orchestra.
The Scherzetto for same instruments dates to 1929.
Another major piece in Jacques de la Presle’s chamber music
catalog is the Pièce de concert he composed for cello and piano in
1932, and specifically for cellist Francoise Peynaud (“in all
admiration and gratitude”), which Reine Flachaut, accompanied by
Odette Pigault, played beautifully, as did Monique Bazelaire and
Catherine Brilli on the piano on March 1970 at Salle Gaveau. The
manuscript shows the subtitle of the piece to be “Sonate.” Does
this mean that de la Presle intended to use Pièce de concert as a
first movement of a sonata for piano and cello ? The cello in the
piece is remarkably emphasized for its range, and the technique
deployed is never to the detriment of the melody. In 1984 at
Annecy, during a new interpretation by Jacques Ripoche and Ichiko
Takishima, musical critics highlighted again “the magnificent
lyrical crescendo playing off the lilting nuances of the
instrument in service to a thought [itself] contained within a
demanding equilibrium.”
Nadine Deleury
Translation Karen Landers
The Detroit-Windsor Chamber Ensemble
The cities of Detroit (U.S.) and Windsor (Canada) are separated
merely by a river, which allows the musicians from both countries
a cultural exchange of great richness.
The Detroit-Windsor Chamber Ensemble (formerly known as the
Ambassador Chamber Players, so named for the bridge that links
both countries) recently recorded chamber music by Ignatz
Waghalter (2006 DWG Music). The 11 musicians of this ensemble
showed curiosity, sensitivity and enthusiasm in their discovery of
chamber music works by Jacques de la Presle, most of which are
recorded here on this CD as a world premiere.
The musicians assembled for this CD are among the most
distinguished in Michigan (U.S.) and Ontario (Canada), and all
belong to prestigious orchestras and university faculties. Lillian
Scheirich is the concertmaster for the Windsor Symphony Orchestra,
teaches at the University of Windsor and has a career as a soloist
and chamber musician; Marcus Schoon plays bassoon and
contrabassoon for the Detroit Symphony Orchestra and is a faculty
member at both Wayne State University (Detroit) and Oakland
University (Michigan). Nadine Deleury (principal cellist), Velda
Kelly (violinist), Andrew Wu (violinist), James Greer (violist),
Susan Mutter (hornist) and Laura Larson (flutist, also principal
flutist of the Flint Symphony in Michigan and faculty member at
Wayne State University) are all members of the Michigan Opera
Theatre Orchestra. Kerstin Allvin, harpist, frequently plays with
these orchestras and has recorded several chamber music CDs
(notably of works by composer James Hartway). As for the pianists,
Mary Siciliano and Angelina Pashmakova, they are part of the music
faculty of Oakland University (Michigan) and give numerous
recitals as soloists and chamber musicians.
Dear Listener,
We trust you will enjoy the musical treasures and variety
presented on this CD from the little-known, yet admirable,
composer Jacques de la Presle.
For the technically minded and otherwise curious, here are some
audio engineering details and technical highlights. These
recordings were made over a two-year period at Award Audio’s
studio A. We aimed to make a CD that is both musically and
sonically pleasing. In order to produce the most desirable sound,
we used a minimum of electronics between the performer and the
resulting record. We believe that the true passion of the music
comes through most effectively with the least amount of digital
processing from beginning to end.
Each link in the recording chain was carefully chosen through
extensive listening tests for its audio fidelity and ability to
relay the true timbre, color and dynamic range that each musical
element produces. The microphones used on this recording were the
Rode Classic (tube microphones), B.L.U.E. Dragonfly, Neumann U89,
AKG C 414, DPA 4003 130 volt microphones and Oktava ML-52 ribbon
microphones. The signals were passed directly from the precision
microphone preamps to a custom digital recorder. For the digital
master and the subsequent mixing and editing, we used the highest
resolution digital formats possible at a data rate of either
24-bit 96 KHz or 24-bit 192 KHz.
To produce a pleasant and realistic ambiance from the existing
sound quality of studio A, we added a nominal amount of very
customized digitally created acoustic ambiance. No other
compression or digital effects were used. The final mix was then
prepared for compatibility with the CD format using a special
process to obtain the best sound quality on the final CD. The
result is a high-fidelity audiophile recording with stunning
realism on standard CD format.
We are grateful to everyone involved who has generously supplied
her or his time and talent to perform and record de la Presle’s
works, and we hope you enjoy the music and sound produced on this
CD.
Joseph LaQuiere, sound engineer and co producer
Notes et remerciements :
Les photographies de Jacques de la Presle proviennent de la
"collection famille de la Presle-Evesque".
Photos des interprètes : Joseph LaQuiere.
Piano : August Förster
Accord du piano : Greg Boyd
Remerciements à tous les musiciens et au preneur de son pour leur
investissement et pour leur enthousiasme pour ce CD, à la famille
de la Presle pour sa générosité et son aide à la recherche des
manuscrits, à Florine Mark, Marilynn et E. Steven Robinson pour
leur soutien à la réalisation de ce projet, à Karen Landers pour
ses traductions, ainsi qu'à Musica et Memoria.

en écoute : de la Presle, Sonate
pour violon et piano

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