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" Lecteur, ne t'attends pas, que tu sois
dilettante ou professeur, à trouver dans ces compositions une
intention profonde, mais plutôt un ingénieux badinage de l'art
pour t'exercer au jeu hardi sur le clavecin. Aucune vue
d'intérêt, aucun but d'ambition ne m'a guidé, mais l'obéissance
m'a porté à le publier. Peut-être te seront-elles agréables, et
plus volontiers alors obéirai-je à d'autres ordres de te
complaire par un style plus facile et plus varié. Ne te montre
donc pas plus juge que critique, et tu accroîtras ainsi ton
propre plaisir. Pour préciser la position des mains, je t'avise
que la lettre D indique la main droite, et la lettre M la main
gauche. Vis heureux. "
Domenico Scarlatti
L'inventivité de Domenico Scarlatti m'a toujours fascinée comme
l'expression conjointe d'un génie égal des plus grands et d'une
humilité sans affectation que cette introduction à l'édition de
1738 de trente de ses essercizi per gravicembalo illustre très
bien. Parfois, pendant les quelque trois minutes que durent la
plupart de ses sonates, une demi douzaine de thèmes brillants
sinon charmants apparaissent pour aussitôt être abandonnés. Chacun
d'eux aurait fait la fierté de compositeurs moins inspirés et plus
portés sur le développement mais Scarlatti ne semblait pas
connaître l'angoisse de la feuille blanche ni douter que le
lendemain lui apporterait d'autres trouvailles.
Scarlatti c'est bien sûr le compositeur de 555 "essercizi", études
pensées pour une princesse devenue Reine d'Espagne mais ce sont en
réalité d'intemporelles études de vie. Pour cet enregistrement,
j'ai déchiffré l’intégralité de ces 555 “essercizi”, avec l’idée
saugrenue de ne retenir que ceux qui sortaient un peu des sentiers
battus, et puis au final, confrontée à tant de beauté, mon choix
s’est arrêté sur mes “coups de coeur”.
Certaines sonates sont rêveuses ou poignantes comme un mouvement
lent de sonate de Mozart ou un nocturne de Chopin, quelques unes
joyeuses et chantantes et puis d'autres âpres comme un flamenco
brûlant. A aucun moment l’aspect technique n’est entré en ligne de
compte au moment de ma sélection de ces “essercizi”. Ce n’est que
plus tard, en les travaillant jour après jour, que j’ai mesuré à
quel point Scarlatti avait une profonde science de la technique du
clavier.
J’ai abordé ces sonates avec une liberté totale, en laissant de
côté les questions de style, d’époque ou d’instrument. Parfois
j’ai rajouté quelques ornements, ou travaillé comme un peintre, en
superposant des textures, des couleurs, usant de la pédale tonale,
ou laissant quelquefois trainer la pédale forte pour obtenir des
épaisseurs sonores et des échos moelleux qui contrastaient avec
des épisodes percussifs.
Ce disque a donc été source de découvertes, musicales et
pianistiques. Et comme souvent la découverte est synonyme de joie
et divertissement, je me suis amusée (un peu dans l’esprit de
Couperin) à donner à chaque sonate un qualificatif résumant d’un
mot l’état d’esprit dans lequel je me trouvais en abordant ces
œuvres.
Véronique Bonnecaze
Véronique Bonnecaze a fait ses premières études
musicales au Conservatoire de Bordeaux d'où elle est sortie à 14
ans avec les plus hautes récompenses. Elle a ensuite été admise au
Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où elle a
obtenu un Premier Prix de Piano et de Musique de Chambre et a
poursuivi sa formation pianistique à la Juilliard School of New
York.
Lauréate et finaliste de plusieurs concours internationaux dont
Genève, Mavi Marcoz, Chopin Palma de Majorque, Pescara, Jaen...
elle a joué en récital et avec orchestre en France (Salle Gaveau,
Salle Cortot, Théâtre de l'Athénée, etc.), en Autriche (Mozarteum
de Salzbourg), en Allemagne, en
Suisse (Victoria Hall de Genève), aux États-Unis (Carnegie Hall de
New York) mais aussi en Belgique, en Espagne, en Italie, en
Hongrie, en Suède, en Grèce, au Japon, Liban, etc. Dans son
répertoire de prédilection, on retrouve souvent des cycles
d'oeuvres de Chopin, Schumann ou Liszt, et des compositeurs russes
comme Scriabine et Rachmaninov.
Debussy et Ravel y tiennent également une place importante. Son
disque des 24 études de Chopin a été salué par le célèbre critique
musical au New York Times, Harold C. Schonberg, et à l'occasion de
la célébration du bicentenaire du compositeur en 2010, Véronique
Bonnecaze a réalisé un enregistrement de ses derniers opus.
En 2012, son double-disque consacré à des oeuvres
majeures de Liszt et de Schumann a obtenu la récompense “Maestro”
du magazine Pianiste. Outre ses activités de pianiste concertiste,
Vérnique Bonnecaze est professeur titulaire d’une classe de piano
à l’École Normale de Musique de Paris Alfred Cortot.
Elle donne également des masterclasses en France, Irlande, Japon
(Tokyo, Toyama, PTNA), et à l'Académie internationale de Cagliari.
Elle est aussi invitée dans les jurys de concours internationaux
(Yokohama, Tokyo, Boston, Steinway, Vulaines) et elle a été
vice-présidente du Concours International Francis Poulenc.
Egalement passionnée par la mise en œuvre d’évènements musicaux,
Véronique Bonnecaze a assuré la direction artistique des Concerts
de Midi & Demi de l’Ecole Normale de Musique de Paris (salle
Cortot) entre 2012 et 2015 et a créé notamment le Concours
International de Piano d’Arcachon, les moments musicaux "Harmonies
du Soir" à l'hôtel Plaza Athénée à Paris, le cycle de concerts
“Emotions musicales” au Cercle France-Amériques à Paris,
l’académie/ festival “Musique à Biscarrosse”, ainsi qu’un concours
annuel à Tokyo pour l’attribution de bourses d’étude à des
étudiants japonais.
Il ne m’a fallu que quelques mesures de
l’Opus.10 pour réaliser que ce CD était quelque chose de
vraiment spécial. Une très grande technique. Le son est chaud,
plein et coloré, jamais forcé, jamais heurté. L’interprétation
est aristocratique et poétique, mais suffisamment forte, pour
faire passer des grands moments de musique. En général, on
retrouve ce genre d’interprétation dans la grande tradition
romantique chez les interprètes du passé comme Josef Lhevinne.
Peu de pianistes aujourd’hui, ont cette sorte d’intelligence et
de goût. Mademoiselle Bonnecaze l’a.
Harold C. SCHONBERG † Critique musical au New York Times
... La perfection technique est devenue aujourd'hui une telle
obsession qu'elle nous fait oublier quelques notions pourtant au
coeur de l'interprétation : sonorité, couleurs, timbres... Le
récital de Véronique Bonnecaze est une démonstration de
musicalité. Elle joue un instrument qui possède à la fois
beaucoup de puissance, mais aussi une texture sonore dense et
rugueuse. Peu de pianos ont aujourd'hui de tels atouts avec
lesquels il faut composer. Que de gradations nuancées et
audacieuses dans la respiration, que de préparation afin de
trouver un juste équilibre entre les nécessités du spectaculaire
(des paraphrases quasi orchestrales), et la projection souple
des voix (la marche des Funérailles est une leçon de diction et
de clarté).
L'interprète joue ainsi de l'expressionnisme, voire de la
laideur revendiquée par Schumann (Carnaval), mais aussi de la
générosité (Etudes transcendantes), du rêve (Vallée d'Obermann)
et du cauchemar (Après une lecture du Dante). Comment ne pas
goûter à la rudesse d'un piano que l'on sent difficile à
contenir, aussi exigeant à l'oreille de l'apprenti qu'un grand
Bourgogne au palais d'un néophyte. L'ivresse nous attend dans un
récital aussi personnel qu'abouti.
À consommer sans modération.
Stéphane FRIEDERICH Rédacteur en chef du magazine PIANISTE
Véronique Bonnecaze impressionne par la
franchise de son jeu. Aucune afféterie, aucun maniérisme ne
vient s'interposer entre la musique et l'auditeur : elle ne
cherche pas à attirer l'attention sur des idées intéressantes
qu’elle aurait et mettrait en avant. Non, autant que faire se
peut étant donné leur difficulté, Véronique Bonnecaze prend les
Études au pied de la lettre et elle fait de la musique!
Dans son jeu sévère et qui rappelle celui de Wilhelm Backhaus,
elle déploie une énergie alliée à une hauteur de vue
impressionnantes, s'oubliant pour faire entendre la musique et
rien qu'elle.
Alain LOMPECH Critique musical, LE MONDE, DIAPASON
"Whether you be
dilettante or professor, in these Compositions do not expect
any profound Learning, but rather an ingenious Jesting with
Art, to accommodate you to the Mastery of the Harpsichord.
Neither Considerations of Interest nor Visions of Ambition,
but only Obedience moved me to publish them. Perhaps they will
be agreeable to you, then all the more gladly will I obey
other commands to please you in an easier and more varied
Style. Show yourself then more human than critical, and
thereby increase your own Delight. To indicate to you the
Position of the Hands, be advised that by D is indicated the
Right and by M the Left: Fare well."
Domenico Scarlatti
The inventiveness of Domenico Scarlatti has always fascinated me
as the joint manifestation of genius of the highest caliber and
of true humility, which this introduction to the 1738 edition of
thirty of his essercizi per gravicembalo illustrates very well.
Sometimes, during the some three minutes that most of his
sonatas last, half a dozen brilliant or at least charming themes
appear only to be abandoned soon afterwards. Each one of them
would have been the pride of composers less inspired and better
at development, but Scarlatti seemed neither to know the angst
of the white sheet nor to doubt that the following day would
bring him fresh inspiration.
Of course, Scarlatti is the composer of 555 "essercizi",
practice works meant for a princess who became Queen of Spain,
but in truth they are timeless studies of life. For this
recording, I have read all 555 "essercizi", with the ludicrous
idea to keep only those that somehow stood out, but of course,
faced with so much beauty I settled on a few I just fell in love
with.
Some sonatas are dreamy or deeply moving like the slow movement
of a Mozart sonata or a Chopin Nocturne, some are happy and
singing, and others harsh like a white-hot flamenco. Never did
technical aspects matter in my choice of "essercizis". It is
only later, while practising them that I truly measured the
extent of Scarlatti's science of keyboard technique.
I have taken up these sonatas with total liberty,
leaving aside questions of style or instrument. Sometimes I have
added some ornamentation or I have worked much like a painter,
superimposing textures and colours by using the soft pedal, or by
sometimes letting the sustaining pedal drag a bit, in order to
give some thickness and mellowness to the sound so as to emphasize
the contrast with more percussive episodes.
This recording has been an opportunity for musical and pianistic
discoveries. And since discovery is often accompanied with joy and
fun, I took pleasure (somewhat in the spirit of Couperin), in
giving to each sonata a title summarizing the state of mind I was
in while practising it.
Véronique Bonnecaze
Véronique Bonnecaze graduated from the Bordeaux
Conservatoire aged 14 with the highest grades. She was then
admitted to the Paris Conservatoire where she obtained a First
Prize in piano and chamber music. She completed her training at
the Julliard School of New York.
She won prizes or was a finalist in many international piano
competitions among which Geneva, Mavi Marcoz, Chopin Palma de
Majorca, Pescara, Jaen...
She gave frequent solo recitals and concerts with orchestra in
France (Salle Gaveau, Salle Cortot, Théâtre de l’Athénee, etc...),
in Austria (Salzburg Mozarteum), Germany, Switzerland (Geneva
Victoria Hall), United States (Weill Hall, New York) and also in
Belgium, Spain, Italy, Hungary, Sweden, Greece, Japan, Lebanon,
etc...
In her core repertory, she has particular fondness for masterworks
of Chopin, Schumann, Liszt, Scriabin, Rachmaninov, Debussy and
Ravel. Her recording of Chopin's 24 Études was reviewed
enthusiastically by music critics, in particular by the late
Harold C. Schonberg of the New York Times. In 2010, for the
bicentenary of Chopin's birth, Véronique Bonnecaze recorded some
of Chopin's late works.
In 2012, her double CD of works by Liszt and Schumann obtained the
"Maestro" distinction of the Magazine "Pianiste". In addition to
her concert pianist schedule,Véronique Bonnecaze also teaches a
piano class at the École Normale de Musique de Paris Alfred Cortot
and gives masterclasses in France, Ireland, Japan (Tokyo, Toyama,
PTNA) and Sardinia (Cagliari Summer Academy). She is also invited
to sit on the jurys of international piano competitions,
(Yokohama, Tokyo, Boston, Steinway, Vulaines) and was a member of
the organizing committee of the International Francis Poulenc
piano competition.
Véronique Bonnecaze also has a passion for organizing musical
events. She was artistic director of the "Half Past Noon" concerts
of the Ecole Normale de Musique de Paris (salle Cortot) between
2012 et 2015, and has created, among others, the Arcachon
International Piano Competition, the "Harmonies du Soir" series of
concerts at the Hotel Plaza Athénée in Paris, the "Musical
Emotions" concerts series at the "Cercle France-Amériques" in
Paris, the Academy and Festival "Music in Biscarrosse", as well as
an annual competition in Tokyo that grants scholarships to
Japanese piano students who wish to study at the École Normale de
Musique Cortot.
Normally it takes me only a few measures to assess a pianist’s
value in this répertoire. But it took only a few measures of
op.10/1 to realize that this CD was something spécial.The
technique is of a high international standard. The sound is warm
and full of color, never pushed, never banged out. The
interpretations are aristocratic and poetic, yet strong enough to
encompass the big moments of the music.
In général, these performances look back to the true romantic
tradition as represented by such pianists of the past as Joseph
Lhevinne. Very few pianists of our time have this kind of elegance
and taste Ms.Bonnecaze has.
Harold C. SCHONBERG † NEW YORK TIMES, critic music
... Véronique Bonnecaze's recital is a
demonstration of musicality. She displays an impressive gamut of
nuances and boldness in the breathing of the music as well a
extreme thoughtfulness allowing her to find an equilibrium between
the requirements of the spectacular (Liszt paraphrases with almost
orchestral qualities) and the supple delivery of voices (the March
from Funérailles is a demonstration of legibility and clarity).
How not to savour the ruggedness of a piano which feels so
difficult to tame, as demanding on the ear of the non-initiated as
a great Burgundy is on the palate of a neophyte. Ecstasy awaits us
in a recital overflowing both with personality and a high degree
of sophistication. To be enjoyed without moderation ...
Stéphane FRIEDERICH Editor in Chief of the magazine PIANISTE
Ms.Bonnecaze's artistry is impressive. She allows no mannerism or
sentimality to interfere between the music and the listener and
she makes no attempt to attract attention on any interesting or
novel ideas she may happen to entertain. Instead, as much as
possible given their difficulty, she plays the Études exactly as
they are written and the result is sheer music! The austerity of
her style is not unlike Wilhelm Backhaus' as she unleashes an
impressive amount of energy sourced in a deep knowledge of the big
picture to bring forward the music and nothing else.
Alain LOMPECH musical critic, LE MONDE, DIAPASON
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