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Les voix du cœur, la voie de l’âme…
Sergueï Rachmaninov (1873-1943) semble incarner à lui seul tous
les déracinements de l’artiste "maudit", ses errances, ses
déchirements. Romantique égaré au milieu du vingtième siècle,
souvent critiqué en son époque (autant qu’admiré du reste) pour
son passéisme stylistique, il a poursuivi sa propre voie, ignorant
modes et courants, en produisant une musique profondément sincère
qui a su toucher directement au cœur : "la musique doit venir du
cœur et aller droit au cœur", affirmait-il. Mais, avec le recul du
temps, le public ne s’y est pas trompé, qui a inscrit certaines de
ses pages en excellente place au parnasse des œuvres éternelles :
Prélude pour piano en ut dièse mineur, deuxième Concerto pour
piano, Vocalise…
Sa nature l’avait isolé dans le temps, le cours de l’histoire va
l’écarteler dans l’espace ! La révolution de 1917 le contraint à
quitter à jamais sa chère Russie. Commence alors pour lui, comme
pour son grand prédécesseur Liszt, une vie de pianiste itinérant,
quasiment apatride, qui finira par s’ancrer aux Etats-Unis
(jusqu’à prendre la nationalité américaine) mais dont l’âme,
l’esprit et le cœur resteront profondément attachés à la mère
Russie.
Cette culture russe qui coule dans ses veines, qui innerve
chacune de ses œuvres, est nourrie de la musique de la première
génération des compositeurs nationaux, le groupe des cinq,
Moussorgski, Tchaïkovski surtout, mais aussi de tous les grands
poètes du dix-neuvième siècle, Pouchkine, Apoukhtine, Tolstoï,
Tchekhov, Blok… L’un de ses combats, après la victoire de ses
aînés pour imposer une esthétique nationale, sera de libérer la
musique de son pays d’une étiquette "russe" trop restrictive, et
de tendre à l’universalité. L’art des sons et celui des mots donc,
indissociables à ses yeux, qui se trouvent intimement mêlés dans
le monde de la mélodie pour exprimer ce qu’a de plus intime l’âme
slave et laisser s’exhaler cette indicible douleur qui semble en
être le germe initial. D’ailleurs pour Rachmaninov, la musique est
"une sœur de la poésie et une fille de la tristesse". Ainsi, c’est
grâce au chant, porté par le souffle vital, que s’exprimera la
quintessence de l’émotion : environ soixante-dix mélodies pour
voix et piano, de véritables petits chefs d’œuvre toujours en
quête de cette "pureté musicale", "universellement russe",
laboratoire secret servant de terreau aux grandes œuvres, opéras,
symphonies et concertos. Contre le sens de l’histoire, au moment
où la plupart des compositeurs cherchent à s’en affranchir,
Rachmaninov hisse la mélodie (non plus genre poético-musical mais
ingrédient technique fondamental) au premier rang de ses
préoccupations. "Tous les grands maîtres se sont attachés au culte
de la mélodie en soi, considérée comme l’élément primordial de la
musique. En effet, la mélodie constitue pour moi le germe de la
création musicale puisqu’elle contient et suggère sa propre
réalisation harmonique". Son art atteint alors une vocalité
viscérale qui se réalise aussi bien dans le répertoire chanté que
dans l’univers instrumental. On pourrait même se demander si,
affranchie des contraintes sémantiques de la poésie, ce n’est pas
plutôt la musique instrumentale qui révèle le véritable lyrisme de
Rachmaninov, jaillissement à la fois puissant et énigmatique,
expansif et secret. À mi-chemin entre les deux mondes, la célèbre
Vocalise op. 34 peut nous donner ici une sorte de clé. C’est en
renonçant à utiliser un poème, comme si les mots étaient
impuissants à exprimer les sentiments les plus profonds, qu’elle
referme un recueil de quatorze superbes romances, fougueuses ou
rêveuses, en n’usant pour tout texte que d’une seule voyelle,
transformant ainsi la voix en instrument de musique quelque peu
éthéré.
Rien d’étonnant alors que les instrumentistes se soient rapidement
emparés de cette page sublime, notamment les violoncellistes ! Car
le violoncelle a un timbre réputé très proche de celui de la voix
humaine, à la sonorité chaude et au vibrato naturel, à la
tessiture comparable à celle d’un mezzo-soprano ou d’un baryton
chantant. La douzaine de mélodies transcrites pour le violoncelle
que propose cet enregistrement, toutes écrites avant son exil,
renforce ce sentiment, non pas que le verbe est inutile, mais que
la musique de Rachmaninov sait le transcender, le sublimer pour
atteindre le cœur même de l’émotion musicale. Plus surprenant
encore, les pièces qui héritent directement du récitatif
moussorgskien, où la rythmique et l’accentuation de la langue
parlée pourraient rendre la mélodie définitivement dépendante d’un
poème, s’accommodent parfaitement de l’interprétation
instrumentale, malgré notes répétées et rythmes saccadés, comme
pour nous dire que la musique n’est pas une langue, mais un
langage supérieur qui permet de communiquer au-delà du sens des
mots, au-delà même de notre existence terrestre ! Peut-être est-ce
grâce à cette permanence sous-jacente du religieux qui bâtit toute
la production de Rachmaninov sur l’inconscient collectif orthodoxe
russe ?
Bien des pages instrumentales de Rachmaninov se présentent ainsi
comme des "romances sans paroles" qui semblent illustrer un poème
imaginaire. Il suffit d’écouter, pour s’en convaincre, le
troisième mouvement de la Sonate pour violoncelle et piano op. 19
! C’est l’un des joyaux de la relativement restreinte production
de chambre de Rachmaninov, à laquelle ne s’ajoutent que deux trios
avec piano, deux quatuors à cordes, quelques pièces de genre pour
violon ou violoncelle et piano. Ecrite en 1901, en même temps que
le débordant Concerto pour piano n° 2, la sonate semble en être un
peu le contrepoids intime, la face d’ombre (de nombreuses
inflexions mélodiques, tournures rythmiques et constructions
harmoniques très proches se retrouvent dans les deux œuvres).
Rachmaninov émerge alors d’une dépression profonde de quatre
années dans laquelle l’avait plongé l’échec de sa première
symphonie et dont il ne sortira vainqueur qu’en ayant recours à un
traitement par l’hypnose. Ces deux œuvres nous offrent
l’expression d’une sorte de retour à la vie créatrice, oscillant
entre les affres douloureuses d’une noirceur paralysante et
l’exaltation triomphante d’une victoire sur soi-même. La sonate
use de la même tonalité (sol mineur) et de la même succession de
quatre mouvements (Largo-allegro moderato, Allegro scherzando,
Andante, Allegro mosso) que la Sonate pour violoncelle et piano de
Chopin.
Le timbre du violoncelle a particulièrement attiré Rachmaninov :
lied (1890), deux pièces op. 2 (1892), sans compter les nombreux
et toujours sublimes solos rencontrés dans sa musique symphonique
ou concertante. Sans doute pour sa puissance expressive, sa
proximité de la voix, comme nous le remarquions plus haut, ou tout
simplement car c’est probablement l’instrument de musique le plus
humain. C’est en tout cas celui qui convient le mieux à
Rachmaninov pour laisser s’épancher ses humeurs, ses douleurs, ses
confidences, comme susurrées au creux d’une oreille que l’on sait
amie.
Mais sans doute y a-t-il également à chercher dans le rapport des
deux instruments : le piano, l’instrument du compositeur, qui lui
permit, grâce à sa technique diabolique, d’enflammer le monde
entier, et le violoncelle, la voix intime, celle du cœur, celle
que l’on ne peut jamais vraiment étouffer. Problème d’équilibre
sonore évident entre les deux instruments, auquel ont été
confrontés tous les compositeurs qui ont écrit pour ce duo, de
Beethoven à Brahms, en passant par Mendelssohn et Schumann. Un
rapport conflictuel qui peut d’ailleurs rappeler le Florestan
fougueux et le rêveur Eusébius de Schumann. Dès le premier
mouvement, cette dichotomie émerge, témoignant de la personnalité
complexe de son auteur, peut-être même de ses fractures profondes.
Mais jamais, malgré les assauts tempétueux du piano, le
violoncelle ne se laisse détourner de sa sérénité élégiaque. Le
Scherzo qui suit a quelque chose de brahmsien, dans le fantastique
qu’il déploie, à grandes rafales de piano qui viennent se briser
sur l’élégie centrale. L’Andante se pare des atours d’un lied
passionné sans paroles, à deux voix entre la main droite du piano
et le violoncelle, en se teintant de ces chatoiements harmoniques
chromatiques fugaces qui semblent être l’une des véritables
signatures de Rachmaninov. Prééminence du chant encore dans le
Rondo final, où le violoncelle tente d’endiguer les débordements
fougueux du clavier et de l’entraîner vers un majeur précaire mais
apaisé, presque en forme de choral, dans un recueillement quasi
religieux, extatique, dont on ne sortira, in extremis, que grâce à
un dernier sursaut d’énergie.
Comme s’il fallait à tout prix résister aux enchantements d’une
mort consolatrice pour affronter les tourments nécessaires de la
vie ! D’ailleurs, c’est avec cette page que le jeune compositeur,
âgé de vingt-huit ans seulement, met un point final à sa
production de musique de chambre.
Jean-Michel Ferran (juin 2010)
Marie-Paule Milone
À l’heure où la spécialisation fait rage, la trajectoire de
Marie-Paule Milone est de celles qui font d’elle l’une des
musiciennes les plus accomplies de sa génération. Qu’on en juge
seulement par sa formation qui se déploie depuis la Finlande à
l’Académie Sibelius d’Helsinki auprès d’Arto Noras pour le
violoncelle, jusqu’à l’Université d’Indiana aux États-Unis auprès
de Janos Starker, Marie-Paule Milone bouscule les frontières et,
par son talent à facettes, suscite les rencontres créatrices.
Marie-Paule Milone étudie tout d’abord le piano et le violoncelle
à Toulouse où elle obtient ses premiers prix, piano, violoncelle,
musique de chambre. Elle est également diplômée d’harmonie,
d’histoire de la musique et d’analyse. Elle reçoit plusieurs
distinctions nationales dont le prix du ministère de la culture.
Remarquée à Lucerne par Arto Noras, elle est sélectionnée pour
étudier auprès de lui à l’Académie Sibelius d’Helsinki. Diplômée
de l’Académie elle donne un premier récital à Helsinki salué
unanimement par la critique. Au festival de Kestely (Hongrie),
elle rencontre le pianiste Gyorgy Sebök qui l’invite à
L’université d’Indiana à Bloomington où elle étudie avec Janos
Starker dont elle sera l’assistante.
Elle débute très rapidement un riche parcours en Europe et aux USA
comme soliste (concertos de Schumann, Saint-Saëns, Elgar, Brahms),
elle se dévoue en outre à la musique de chambre, auprès du
pianiste Denis Pascal, avec qui elle forme à la ville comme à la
scène un duo remarquable, mais aussi Svetlin Roussev, Tedi
Papavrami, Gérard Poulet, Eric Lacrouts, Corey Cerovsek, sans
oublier l’altiste Françoise Gneri avec qui elle a formé, entre
autres, le trio à cordes Paul Klee. Marie-Paule Milone a pu être
entendue au festival Octobre en Normandie, à l’Arsenal de Metz, à
l’Opéra de Rennes, au Théâtre Impérial de Compiègne, au Parvis à
Tarbes, au Palais des Arts à Lisbonne, au Théâtre du Châtelet à
Paris, au Musée d’Orsay, au Théâtre des Champs Elysées, à
l’Auditorium des Halles, Salle Gaveau, et aussi dans des émissions
télévisées sur TV 5 et Muzzik. Marie-Paule Milone est la créatrice
du Trio de Régis Campo en 2008 (en compagnie de Corey Cerovsek et
Denis Pascal) à la Salle Gaveau.
Marie-Paule fait ses débuts de mezzo à l’opéra dans l’Orfeo de
Rossi, sous la baguette de Stanley Ritchie et Th. Binkley, puis
dans les grands oratorios religieux et profanes de Berlioz, Brahms
et Verdi (Requiem). Elle se perfectionne auprès du grand
professeur Vera Rosza à Londres, elle est engagée dans de nombreux
festivals, à Paris (Salle Gaveau, Opéra Comique), au Herbst
Theater de San Francisco, ou à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille.
Son répertoire de récital comprend les grands cycles de Robert
Schumann, Joseph Marx, S. Prokofiev, Richard Strauss, M.
Moussorgski, Anton Rubinstein, R. Wagner, S. Rachmaninov ainsi que
le répertoire français qu’elle illustre à l’occasion d’une tournée
aux USA organisée pour le centenaire d’Ernest Chausson au cours de
laquelle elle interprète en tant que soliste du Classical de San
Francisco, le Poème de l’Amour et de la Mer.
Elle chante également Das Lied von der Erde, avec des chefs comme
Bertrand de Billy ou François-Xavier Roth et l’orchestre Les
Siècles. Elle est également la dédiacataire du Livre de l’amour,
USCHK- NAMEH de Guillaume Connesson ainsi que du cycle Shitao de
Lucien Guérinel dont elle assure la première avec l’Orchestre
National de France sous la direction de Fabien Gabel. Son disque
consacré au Requiem de Maurice Duruflé enregistré chez BMG avec la
Maîtrise de Notre-Dame de Paris a été distingué d’un CHOC du Monde
de la Musique. La première édition de son album consacré aux
lieder et pièces instrumentales de Joseph Marx, avec le pianiste
Denis Pascal, a été unanimement saluée par la presse (FY-
Solstice).
Denis Pascal
Disciple de Pierre Sancan et Georges Sebök. Lauréat des concours
internationaux de Lisbonne, du Concert Artist Guild de New York et
de celui de Zürich, il se perfectionne à l’Université d’Indiana à
Bloomington durant trois ans. Ce seront ensuite des collaborations
et des tournées régulières avec le grand violoncelliste Janos
Starker.
Denis Pascal se produit en France et dans le monde entier comme
soliste et comme musicien de chambre. Il a fait de nombreuses
apparitions aux États-Unis – Lincoln Center et Merkin Hall de New
York, Kennedy Center de Washington – comme en Europe (concerts à
Palerme, Rome, Venise, Lisbonne ou Helsinki). En France, à Paris,
le public du Théâtre des Champs-Élysées, du Théâtre du Châtelet,
du Théâtre de la Ville, de la Salle Gaveau et de l’Opéra Garnier a
pu l’applaudir, ainsi que celui de nombreux festivals
internationaux, L'Emperi, Les Folles Journées de Nantes.
Parmi les projets discographiques qui ont connu la reconnaissance
de la critique : l'Intégrale des Rhapsodies de Liszt, Choc du
Monde de la Musique en 2000, un disque monographique consacré à
Jean Wiener pour Sisyphe qui a obtenu en mars 2008 un Diapason
d’Or.
Pédagogue unanimement apprécié, Denis Pascal a contribué à
l’élaboration de plusieurs ouvrages didactiques en collaboration
avec la Cité de la Musique de Paris. Il est également à l’origine
de plusieurs saisons musicales, dont Les Tons Voisins – Rencontres
internationales de musique de chambre d’Albi… qui rencontre un vif
succès. Louée unanimement par la presse, cette saison qui investit
les lieux les plus inattendus de cette magnifique ville connaît
cette année sa quatrième édition.
En janvier 2010, Denis Pascal est nommé professeur au
Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon.
Heart and soul
Sergueï Rachmaninov (1873-1943) exemplifies the trials and
tribulations of the uprooted artist. He was a very late romantic,
often criticised - but equally admired - for his out-of-date
style, but he carried on regardless of fashion, producing deeply
sincere music which as he said "should come from the heart and go
straight to the heart". Despite this out-of-datedness, presentday
audiences still flock to hear the C# minor Piano Prelude, the
second Piano Concerto, the Vocalise and so on.
Out of phase in time, but also geographically. With the upheavals
of 1917, he was obliged to leave forever his beloved Russia. Just
like his illustrious predecessor Liszt, he was always on the move
as a performing pianist, and he remained stateless until finally
settling in the USA and taking American citizenship ; in soul,
spirit and heart, however, he stayed unswervingly faithful to
Mother Russia.
Russian culture - music and literature - ran in Rachmaninov's
veins ; via the music of the first generation of national
composers, the Group of Five, Mussorgsky and above all,
Tchaikovsky ; and the writings of the great 19th century authors,
Pushkin, Apukhtin, Tolstoy, Chekhov, Blok, among others. His
elders had managed to impose a national Russian style, which he
then strove to extend towards something more universal. In his
melodies, the marriage of music and words express the Russian soul
in all its profound, painful intimacy. He regarded music as "the
sister of poetry and the daughter of sadness", and it is through
singing - the breath of life - that he concentrated emotion, in
70-odd melodies for voice and piano. These miniature masterpieces
of musical purety in Rachmaninov's Russian-universal style, are
the starting-point for his large-scale works, the operas,
symphonies and concertos. At a time when other composers were
getting away from it, he placed melody-writing right at the centre
of his technical preoccupations. "For all great composers, melody
is a fundamentalelement of music, and for me, it is the very seed
of creation, as it suggests and generates harmony".
Vocal writing is the centre of not only of Rachmaninov's sung
melodies, but also of his instrumental music. His lyrical vein is
arguably even more apparent in his instrumental music with all its
powerful secrets, than in his music with words, where sense is
more specific.
The Vocalise op. 34, lying half-way between these two worlds,
provides a clue. By doing without a poem, he manages to express
the profoundest of sentiments that a text would be unable to
convey. The only "text" of this vocalise, the last piece in an
album of fourteen romances, is a single vowel, so that the voice
is treated as an instrument. It is therefore hardly surprising
that instrumentalists, and especially cellists, have taken this
piece into their repertoires. The cello is reputed for its singing
tone, and it has the same range as a mezzo-soprano or barytone.
This recording presents a dozen melodies transcribed for cello,
that Rachmaninov wrote before going into exile, and it is clear
that his music is sufficiently rich to be able to do without the
texts. What is surprising, is that pieces lend themselves
naturally to transcription, even though they are closely related
to Mussorgsky-style recitatif, with its spoken langauge rhythm.
Many of Rachmaninov's pieces are songs without words. Take, for
instance, the third movement of the Sonata for cello and piano op.
19; this is one of his few pieces of chamber music (alongside two
piano trios, two string quartets, plus a few salon pieces for
violin, or cello, and piano). This sonata was written in 1901, at
the same time as the larger-than-life second Piano Concerto to
which it is an intimate, sombre counterpart. The two pieces are
very similar in melody, rhythm and harmony. At the time, the
composer was just coming out - thanks to hypnosis - of the
depression brought on by the failure of his first symphony four
years previously, and both the sonata and the concerto show his
return to creative activity, alternating between feelings of
suffering and victory. The sonata follows Chopin (Sonata for cello
and piano op. 65) in key - G minor - and movement layout -
Largo-allegro moderato, Allegro scherzando, Andante, Allegro
mosso. Rachmaninov was particularly drawn to the cello's timbre,
cf. the Lied (1890), 2 pieces op. 2 (1892), plus those sublime
solos we find so often in his symphonies and concertos. An
expressive cello melody always makes us think of the human voice,
and the composer was very much in his element with this instrument
for expressing his pain and his secrets, as though he were
whispering in a loved one's ear.
There is also the question of the relation between the two
instruments. Rachmaninov possessed an extraordinary technique on
the piano, while the cello represents an inner voice which must
never be submerged. All composers writing for cello and piano
(e.g. Beethoven, Brahms, Mendelssohn and Schumann) had to face the
same problem of balance, or conflict. The composer's complex
personality shows itself straight away in the first movement,
where the tumultuous goings-on of the piano never get the better
of the cello's elegiac serenity. There is something of Brahms in
the scherzo, with bursts from the piano which dissolve into the
central elegy (trio section). The slow movement is a passionate
song without words, a dialogue between the cello and the piano's
right hand, coloured by fleeting chromatic harmonies so typical of
Rachmaninov. In the finale, singing is once again predominant. The
cello tries to lead the energetic enthusiasm of the piano towards
an almost religious, ecstatic, chorale-like calm, before the final
fling of energy. The composer seems to turn his back on death, in
order to take on the challenges of life. This sonata is the last
of Rachmaninov's chamber music production. He was merely 28 years
old.
Jean-Michel Ferran
Marie-Paule Milone
As a singer, Marie-Paule Milone made her début in Luigi Rossi's
opera L'Orfeo directed by Stanley Ritchie and Th. Binkley,
performing later in Berlioz and Brahms oratorios and Verdi's
Requiem. Her singing teacher was the great Vera Rosza in London,
and she has sung in many festivals, at the Salle Gaveau, the Opéra
Comique, the Herbst Theater in San Francisco, and in the
Amphithéâtre of the Opéra Bastille. Her repertoire takes in the
song-cycles of Schumann, Joseph Marx, Prokofiev, Richard Strauss,
Moussorgski, Anton Rubinstein, Wagner, Rachmaninov. In the French
repertoire, she took part as soloist in a concert tour to mark
Ernest Chausson's centenary, performing the Poème de l’Amour et de
la Mer with the Classical Philharmonia Orchestra of San Francisco.
She has also sung Das Lied von der Erde, with Bertrand de Billy
and François-Xavier Roth and the Orchestra Les Siècles. Certain
pieces have been specially written for her : Guillaume Connesson's
Livre de l’amour, USCHK-NAMEH and Lucien Guérinel's "Shitao" of
which she gave the first performance with Fabien Gabel and the
Orchestre National de France. Her recording of Maurice Duruflé's
Requiem on the label BMG with the Maîtrise de Notre-Dame de Paris
was awarded a "CHOC" by the Monde de la Musique. Also, her album
dedicated to Lieder and instrumental pieces by Joseph Marx, with
Denis Pascal at the piano, received much praise in the press. (FY-
Solstice)
We live in a period of high specialisation, which makes
Marie-Paule Milone one of the most accomplished musicians of her
generation, as she has no less than three specialities, cello,
piano and voice.
Her first contact with musical study was in Toulouse, France, when
she started the piano, followed by the cello, and her time there
culminated with first prizes not only for her two instruments, but
also chamber music (twice!), harmony, analysis and music history.
Still in France, she was awarded the Culture Ministry prize.In
Luzern, Switzerland, Arto Noras invited her to study the cello
with him, which she did for four years at the Sibelius Academy in
Helsinki, Finland. Whe she got her diploma, she gave a recital
which was highly acclaimed by music critics.
On a course in Keszthely, Hungary, she met the pianist György
Sebök who invited her to Bloomington, Indiana, where she became a
student, and later, for three years, assistant of János Starker.
In the USA, and then in Europe she appeared as soloist in the
concerti of Schumann, Saint-Saëns, Elgar, Brahms, as well as
giving many remarkable chamber concerts with her partner Denis
Pascal, and also Svetlin Roussev, Tedi Papavrami, Gérard Poulet,
Eric Lacrouts, Corey Cerovsek, and Françoise Gneri, one of her
partners in the string trio Paule Klee. She has played in the
Octobre en Normandie festival, at the Arsenal in Metz, the Opera
in Rennes, the Théâtre Impérial in Compiègne, the Parvis in
Tarbes, at the Arts Palace in Lisbon, Portugal, the Théâtre du
Châtelet in Paris, at the Musée d’Orsay, at the Théâtre des Champs
Elysées, the Auditorium des Halles, the Salle Gaveau, and also in
television programmes on TV 5 et Muzzik. Marie-Paule Milone took
part in the first performance of the Trio by Régis Campo in 2008
(together with Corey Cerovsek and Denis Pascal) at the Salle
Gaveau.
Denis Pascal
Denis Pascal was born in Albi, where he started to learn the
piano at the age of eleven. He soon became one of the last
significant disciples of Pierre Sancan at the Conservatoire
National Supérieur de Musique et de Danse (the French Academy of
Music), where he won first prizes with unanimous jury in piano and
chamber music as well as in music theory courses (1984), before
attending the classes of Jacques Rouvier, Leon Fleisher and György
Sandor in the third cycle advanced classes at the French Academy
of music, a very demanding school.
He won several international prizes, such as the competitions of
Lisbon and Zurich, and the Concert Artist Guild Competition in New
York and the Cziffra, Lavoisier and Menuhin Foundations, and
finished his studies with György Sebök in Bloomington, Indiana,
where he received the Artist Diploma.
Denis Pascal has given many solo and chamber music performances in
Europe, USA and Asia celebrated by the public and reviewers
throughout the world.
In France, he played as a soloist at the Théâtre des
Champs-Elysées, the Salle Gaveau, and the Théâtre du Châtelet. He
also played with the National Orchestras of Lyon, Toulouse and
Bordeaux, as well as the Besançon Orchestra and Orchestra of
Auvergne and the historic ensemble Les Siècles conducted by
François-Xavier Roth with whom he recorded the emblematic two
Chopin Concertos on a Pleyel piano.
He also played with the New Japan Philharmonic and with the San
Francisco Chamber Philharmonic and Pacific Chamber Orchestra in
the USA. He also gave concerts in New York at the Merkin and Alice
Tully Concert Halls, and at the Kennedy Center in Washington.
Denis Pascal is much sought after by partners such as Janos
Starker, Tedi Papavrami, Corey Cerovsek, Philippe Graffin, and the
Diotima String Quartett - to name just a few - or the late flutist
Alain Marion with whom he recorded the complete Beethoven sonatas.
He has been awarded several times for his recordings of Liszt’s 19
Hungarian Rhapsodies, receiving the Choc du Monde de la Musique,
Classica Award and the Prize of the Franz Liszt Association.
He is also very interested in rare music and had great success
with the world première of Joseph Marx’s piano music. In march
2008, his recording dedicated to Jean Wiener’s music was awarded
by a Diapason d’Or.
Numbers of composers have written for him, such as Régis Campo,
Jean-Philippe Bec and Guillaume Connesson. Denis Pascal’s
individual style when playing the great repertoire (Brahms,
Tchaikovsky, Chopin, Ravel piano concertos…) and his defending of
composers who are rarely played in concert halls such as Cyril
Scott, Joseph Marx, York Bowen, Ernest Chausson and Florent
Schmidt place him among the finest French pianists of his
generation.
Denis Pascal has been lately appointed piano teacher at the
Conservatoire National Supérieur de Musique both in Paris and
Lyon.
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