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Après un disque consacré aux Six Sonates
pour violon seul d'Eugène Ysaÿe (POL 110 168), Samika Honda,
accompagnée par Emmanuel Christien, réunit trois compositeurs
franco-belges : J.G. Ropartz, E. Chausson et G. Lekeu. Les trois
œuvres de ce disque ont été dédiées à Eugène Ysaÿe.
Pour Ysaÿe
Ropartz • Chausson • Lekeu
Ernest Chausson (1855-1899), Joseph-Guy Ropartz (1864-1955),
Guillaume Lekeu (1870- 1894). Trois compositeurs en quête d’une
identité française, transcendés par la figure d’Eugène
Ysaÿe. Après un disque consacré aux Sonates pour violon seul
composées par l’immense violoniste, Samika Honda accompagnée
par Emmanuel Christien poursuit sa redécouverte du répertoire
français de violon et du rôle majeur qu’y joua Ysaÿe.
La défaite de la France face à la Prusse en 1871 constitue un
choc pour les musiciens français qui décident de créer une
Société Nationale de Musique dédiée à la défense de la
musique française afin de résister à l’emprise allemande.
Vincent d’Indy puis Ernest Chausson en sont les maîtres
d’œuvre, cherchant l’un et l’autre une nouvelle voie pour la
musique de chambre. Le témoignage de Camille Saint-Saëns sur
le premier concert donné par les musiciens est éloquent : "
l’illustre auditoire ne cherchait pas à cacher sa surprise : on
pouvait donc faire un programme intéressant avec des
compositions nouvelles signées de noms français ! " De fait,
l’apport de la SNM au répertoire de chambre est considérable :
elle redonne vie à un genre moribond, grand absent de la scène
française. Elle permet en outre à nombre de musiciens
d’expérimenter un nouveau langage afin de se soustraire à
l’influence germanique et de créer un style français. Tel est
le contexte dans lequel Chausson, devenu secrétaire de la SNM
en 1886, compose son Poème. Créée en 1896 par Eugène Ysaÿe,
cette œuvre pour violon et orchestre trouve une lointaine
inspiration dans une nouvelle de Tourgueniev Le Chant de
l’amour triomphant dont Chausson avait noté le titre sur
la partition. Nul pittoresque pourtant : de la rivalité
amoureuse entre Fabius et Mucius pour Valéria, mariée au
premier mais amoureuse du second, le compositeur ne retient
qu’un climat mystérieux et lyrique : celui d’une mélodie
envoûtante, ramenée d’Inde par l’amant délaissé pour faire
revenir l’aimée. La fin de l’œuvr everra Mucius mourir
assassiné par Fabius et Valéria revenir à la raison et à son
époux. Le passage d’un caractère inquiet au grand thème
lyrique (associé à Valéria ?) puis au calme apaisé du trille
final résume l’étrange nouvelle de Tourgueniev qui permet à
Chausson de s’affranchir de la virtuosité propre au concerto
pour violon. En témoignent ces mots narquois du compositeur : "
dans ce genre d’acrobaties, franchement, j’aime mieux les
gymnastes ! "
Emporté à vingt-quatre ans par la typhoïde, Guillaume Lekeu
laisse derrière lui une œuvre dont la maturité ne laisse de
surprendre. En 1892, ce musicien belge prometteur enthousiasme
Eugène Ysaÿe. L’interprète, alors au faîte de sa gloire, lui
commande une sonate pour violon et piano, créée à Bruxelles
en mars 1893. Œuvre majeure du répertoire, la Sonate de Lekeu
est aussi l’une des plus probables inspirations de la Sonate de
Vinteuil*, cette œuvre mystérieuse dont le rappel musical
nourrit la mémoire et accompagne la vie de Swann dans À la
Recherche du temps perdu : " Par là, la phrase de Vinteuil
avait [...] épousé notre condition mortelle, pris quelque
chose d’humain qui était assez touchant. Son sort était lié
à l’avenir, à la réalité de notre âme dont elle était un
des ornements les plus particuliers, les mieux différenciés. "
Élève de César Franck dont il emploie les procédés de
cyclisme (retour récurrent d’un motif mélodique
progressivement transformé), Lekeu fait aussi siennes les
recherches sur les musiques populaires qu’initie alors Vincent
d’Indy. Le motif générateur exposé au violon dans
l’introduction du premier mouvement réapparaît dans le finale.
Mais à son aspect évanescent, s’est substitué un caractère
brillant. Le mouvement central, lui, est voulu " très
simplement et dans le caractère d’un chant populaire ". De
fait, Lekeu cite un chant wallon, sa région d’origine dont il
explore les irrégularités rythmiques et la dimension modale.
Car l’anti-germanisme virulent affiché par Vincent d’Indy avait
eu pour conséquence un intérêt nouveau pour les traditions
régionales : en 1884, un rapport du Ministère recommande ainsi
d’enseigner aux écoliers les " vieux airs populaires des
provinces françaises ". Les musiciens lancèrent alors un vaste
travail de collectage. Maurice Emmanuel part en Bourgogne,
Déodat de Séverac (Le Chant de la terre) dans le Roussillon,
Joseph Canteloube (Chants d’Auvergne) en Auvergne et Joseph-Guy
Ropartz dans le Bourbonnais. L’intérêt de cet ancien élève
de Franck pour les traditions populaires n’était pas nouveau.
Musicien breton, marqué par les chants de son enfance,
Joseph-Guy Ropartz se fit l’ardent défenseur des musiques
traditionnelles françaises, qu’il associe à l’héritage
franckiste. Sa Sonate en ré mineur, achevée en 1907 témoigne
de ces deux influences : l’architecture classique en trois
mouvements laisse transparaître une quête d’unité, un
cyclisme dont Franck était alors le maître. Le thème lyrique
et dépouillé qui ouvre le premier mouvement parcourt
l’ensemble de l’œuvre avant de ressurgir transformé dans
l’ultime mouvement. À cette dimension formelle s’adjoint
l’esprit breton : lyrisme dépouillé du motif récurrent
(probablement issu d’un chant traditionnel), harmonies
diatoniques, rythme de bourrée dans le dernier mouvement, tout
ici rappelle la Bretagne natale du compositeur. Le choral
majestueux qui clôt l’œuvre n’est pas sans évoquer celui d’une
autre cathédrale parisienne dont Debussy dépeindrait deux ans
plus tard les contours dans La Cathédrale engloutie. À
l’esprit des auditeurs contemporains, l’image d’Ys, cette
mystérieuse cathédrale bretonne engloutie, s’imposa aussitôt.
Ne serait-ce pas dû pour une part à l’austère beauté qui se
dégage de la Sonate de Ropartz ?
Charlotte Ginot-Slacik
* À propos de la Sonate de
Vinteuil se reporter à la ref. POL 210
579 : Sonate dite de Vinteuil de Claude Pascal composée
à la Villa Médicis en 1945 et créée quelques années plus
tard par Raymond Gallois-Montbrun.
Samika Honda -
violoniste
Artiste cosmopolite, Samika Honda est née à Kochi, au Japon, a
grandi en Angleterre et, depuis 2000, vit à Paris. Elle étudie
avec Gérard Poulet et Olivier Charlier au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris (CNSMDP) où elle
obtient brillamment les Premiers Prix de Violon, Quatuor à
cordes, Musique de Chambre, ainsi qu'un Master 2 de Violon.
Lauréate de concours nationaux et internationaux en violon et
en musique de chambre, elle a créé le Quatuor Isé et
l'Ensemble Monsolo (ex-Quintette Monsolo).
Samika Honda se produit dans de nombreux festivals tels que le
Festival de Prades, le Festival de Pâques de Deauville, les
Amis de Mozart, les Musicales des Baous, etc. Elle joue
également en soliste avec the English Chamber Orchestra,
l'Orchestre Symphonique de Yamagata, l'Orchestre Philharmonique
de Niderschleisische, dans des salles prestigieuses, comme la
Grande Salle du Musikverein à Vienne.
Son enregistrement des Six Sonates pour violon seul d'Eugène
Ysaÿe en 2010 chez Polymnie a été nommé disque du mois dans
le numéro de Janvier 2011 de The Strad Magazine. Depuis 2008,
Samika Honda joue un magnifique violon de Pietro Giacomo Rogeri
de 1721.
Emmanuel Christien -
pianiste
Né en 1982, Emmanuel Christien est admis au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de
Jacques Rouvier et y obtient brillamment ses Prix de piano, de
musique de chambre et d’accompagnement vocal, avant d'entrer en
cycle de perfectionnement. Emmanuel Christien a été primé
dans plusieurs concours internationaux.
Il s'est produit en soliste dans de nombreux festivals en France
et à l’étranger : Festival de Saint-Denis, Folle journée de
Nantes, La Roque d’Anthéron, Radio-France Montpellier, Inde,
Japon, Maroc, Italie... Il a joué en concerto avec l’Orchestre
des Lauréats du Conservatoire, l’Orchestre de Caen, l’Orchestre
de chambre de Moldavie, l’Orchestre national Montpellier
Languedoc-Roussillon.
Musicien de chambre passionné, il a travaillé avec de nombreux
artistes tels que David Fray, Clémentine Margaine, Samika
Honda, Aurélienne Brauner, l'ensemble Monsolo et participe
régulièrement à des projets associant théâtre, littérature
et musique.
Following her release of a
disc of the six Sonatas for solo violin by Eugène Ysaÿe (POL
110 168), Samika Honda, accompanied by Emmanuel Christien,
brings together three works all dedicated to the great Belgian
violinist, by J.G. Ropartz, E. Chausson et G. Lekeu.
Pour Ysaÿe
Ropartz • Chausson • Lekeu
Ernest Chausson (1855-1899), Joseph-Guy Ropartz (1864-1955) and
Guillaume Lekeu (1870- 1894) – three composers in search of a
French identity – were all inspired by the figure of Eugene
Ysaÿe. Following on from her release of a disc devoted to this
legendary violinist, Samika Honda, accompanied by Emmanuel
Christien, continues her exploration of French violin repertoire
and the major role played by Ysaÿe in this.
France’s shock defeat at the hands of Prussia in 1871 prompted
French musicians, led first by Vincent D’Indy and subsequently by
Chausson, to establish a National Music Society (SNM) to protect
French music from the threat of German dominance and forge a new
way forward for French chamber music. Camille Saint-Saens
commented eloquently on their first concert : “the illustrious
audience did not try to hide its surprise : so, one could make an
interesting programme with new compositions penned by French names
!” The contribution of the SNM to chamber repertoire proved to be
considerable : it breathed new life into a moribund French music
scene. Furthermore it allowed a number of French musicians to
experiment with a new language in order to eschew germanic
influence and develop a consciously French style. This was the
context in which Chausson, who became secretary of the SNM in
1886, composed his Poeme. Premiered in 1896 by Ysaÿe, this work
for violin and orchestra was loosely inspired by Turgenev’s short
story The Song of Triumphant Love, whose title Chausson had
inscribed on the score. Despite its romantic title, the story
concerns the fierce rivalry between Fabius and Mucius for the
affections of Valeria. She marries Fabius, and the rejected Mucius
travels to the East. On his return he appears to seduce Valeria by
using some kind of witchcraft. The end of the work sees Mucius
stabbed by Fabius, and the much troubled Valeria returning to
reason and her husband. From this narrative, Chausson refers only
to the mysterious and emotive aspect – that of an exotic violin
melody, brought from Ceylon by the forsaken Mucius to try to win
his loved one. A troubled passage using the main lyrical theme
(associated with Valeria ?) is followed by the calm of the final
descending trills, mirroring Turgenev’s strange story. In this way
Chausson breaks away from the virtuosity expected in a violin
concerto – as these mocking words of the composer testify : “For
this kind of acrobatics, frankly I prefer gymnasts !”
Taken by typhoid at just 24 years old, Guillaume Lekeu left behind
a body of work whose maturity never fails to surprise. In 1892
this promising young musician attracted the attention of Ysaÿe, a
fellow Belgian. The famous virtuoso asked Lekeu for a sonata for
violin and piano, which received its premiere in Brussels in March
1893. A major work of the repertoire, the Lekeu Sonata is also one
of the most likely inspirations of the Sonate de Vinteuil, the
mysterious work whose motif stays in the memory of the character
Swann in Proust’s In Search of Lost Time. Swann associates strong
memories and emotions with the melody composed by Vinteuil.
A pupil of Cesar Franck, Lekeu adopted his teacher’s use of cyclic
forms, or recurrent melodic motifs which are gradually
transformed. Lekeu also undertook research into popular music, a
trend already started by Vincent d’Indy. Both influences are seen
in the Sonata. The initial theme played by the violin in the
introduction to the first movement of the sonata reappears in the
final movement, but its evanescent nature is replaced by one of a
more brilliant character. By contrast he wished the central
movement to be “very simple and in the style of a popular song”.
In fact Lekeu cites a Walloon song (his native region), exploring
irregular rhythms and modes. The virulent anti-Germanism flaunted
by Vincent d’Indy sparked a new interest in regional traditions :
in 1884 a ministerial report recommended that school pupils be
taught “old popular airs of French provinces”. The musicians then
threw themselves into the great task of collecting them. Maurice
Emmanuel left for Bourgogne, Deodat de Severac (Le Chant de la
Terre) for Roussillon, Joseph Canteloube (Chants d’Auvergne) for
Auvergne and Joseph Guy Ropartz for Bourbonnais. The interest of
this last composer, also a former pupil of Franck, for popular
traditions was not new. A Breton musician influenced by the songs
of his childhood, Ropartz made himself an ardent defender of
French traditional music, which he associated with his
‘Franckiste’ heritage. His Sonata in D minor, completed in 1907,
bears witness to these two influences : classical architecture in
three movements showing a quest for unity, and a cyclical form of
which Franck was then the master. The lyrical, bare theme which
opens the first movement runs through the whole work before
reappearing transformed in the final movement. To the formal
structure is added Breton spirit : lyricism stripped of the
recurring motif (probably arising from a traditional song),
diatonic harmonies, a bourrée rhythm in the final movement – all
here evokes the native Brittany of the composer. The majestic
chorale which closes the work evokes images not unlike Debussy’s
La Cathédrale Engloutie, written two years later with Paris’s
Notre Dame in mind. The austere beauty revealed in the Ropartz
Sonata must surely have conjured images in the minds of
contemporary listeners of Ys, the legendary mysterious sunken
cathedral of Brittany.
Charlotte Ginot-Slacik translation : Megan Tress
Samika Honda - violionist
The truly cosmopolitan Samika Honda was born in Kochi, Japan, grew
up in England, and since 2000 has lived in Paris. She studied with
Gérard Poulet and Olivier Charlier at the Paris Conservatory
(CNSM) where she gained diplomas in Violin, String Quartet,
Chamber Music, as well as the Master 2 degree in Violin. Prize
winner at national and international competitions in violin and
chamber music, she founded the Ise Quartet and the Ensemble
Monsolo (ex-Quintet Monsolo). Samika Honda has performed in many
festivals such as the Casals Festival in Prades, the Easter
festival of Deauville, les Amis de Mozart, and the Musicales of
Baous (France). She has played as soloist with the English Chamber
Orchestra, the Symphony Orchestra of Yamagata, the Lower Silsesia
Philharmonic Orchestra, and in prestigious halls including the
Grand Hall of the Musikverein in Vienna.Her 2010 recording of
Ysaye's Six Sonatas for solo violin under the Polymnie label was
nominated as the disc of the month in the January 2011 The Strad
Magazine. Since 2008, Samika Honda has played on a magnificent
violin by Pietro Giacomo Rogeri (1721).
Emmanuel Christien - pianist
Born in 1982, Emmanuel Christien entered the class of Jacques
Rouvier at the Paris Conservatoire (CNSMDP) where he gained
diplomas in piano, chamber music, and vocal accompaniment, before
entering the post-graduate course. Emmanuel Christien has won
prizes in several international competitions and has performed as
soloist in many festivals in France and abroad, including the
Festival of Saint-Denis, Folle journée in Nantes, La Roque
d’Anthéron, Radio-France Montpellier, India, Japan, Morocco and
Italy. He has played concertos with the Orchestre des Lauréats du
Conservatoire, Orchestra of Caen, Moldavia Chamber Orchestra, and
the National Orchestra of Montpellier Languedoc-Roussillon. A
passionate chamber musician, he has worked with numerous artists
such as David Fray, Clémentine Margaine, Samika Honda,
Aurélienne Brauner, l'Ensemble Monsolo, and participates
regularly in projects linking drama, literature, and music.
本田早美花は『イザイ6つの無伴奏ヴァイオリンソナタ』のCDに続き、今回
『イザイに捧げられた曲集』として、フランコ・ベルギー派の3人の作曲家(ロ
パーツ、ショーソン、ルクー)の作品をピアニストにクリスチャン・エマニュエル
を迎え録音している。
Pour Ysaÿe
Ropartz • Chausson • Lekeu
エルネスト・ショーソン(1855-1899)、ジョゼフ=ギィ・ロパルツ(1864-1955)、ギヨーム
・ルクー(1870-1894)。フランスのアイデンティティを探し続けたこれら3人の作曲家たち
は、ウジェーヌ・イザイという人物像によって比類ない存在となった。偉大なヴァイオリニス
ト、イザイの無伴奏ヴァイオリン・ソナタ全集のCDに続き、本田早美花は今回の録音でエマ
ニュエル・クリスチャンと共に、フランスのヴァイオリン曲のレパートリーにおいてイザイが果
たした重要な役割について、さらなる探求を続けている。
1871年、プロイセンとの戦いに敗れショックを受けたフランスの音楽家たちは、フランスの
音楽を擁護しドイツによる支配に抵抗するために、フランス国民音楽協会を創設する。ヴァ
ンサン・ダンディに次いでエルネスト・ショーソンが中心となって、共に室内楽の新しい道を
探り続けた。カミーユ・サン=サーンスが最初の演奏会について述べた次の言葉が多くを物
語っている。「高名なる聴衆たちは驚きを隠そうとしなかった。つまり、フランスの名で署名
された目新しい曲で、興味深いプログラムがつくれたということだ!」実際、フランス国民音
楽協会の室内楽の発展への貢献は大きい。フランス音楽界で忘れ去られていた室内楽とい
う消滅寸前のジャンルに新しい息吹を吹き込んだのだから。そしてまた協会の存在により、
多くの音楽家たちがドイツ語文化圏の影響から逃れるために新しい表現形態を試み、フラ
ンスのスタイルを確立することが可能になった。そのような状況のなかで、1886年に協会
の書記長となっていたショーソンは「詩曲」を作曲する。1896年にイザイによって初演が
行われたこのヴァイオリンと管弦楽のための作品は、ツルゲーネフの小説『勝ち誇れる恋の
歌』に着想を得たもので、ショーソンはその題名を楽譜に書きとめている。しかしながら絵画
的なところはまったくない。ともにヴァレリアに恋する恋敵ファビオとムツィオの敵対関係か ら、作曲家は神秘的かつ叙情的な雰囲気
―愛する人を取り戻すため、ムツィオがインドか ら持ち帰った魅惑的な調べ―
のみを留めている。物語の最後、ムツィオはファビオに刺し
殺され、ヴァレリアは理性を取り戻して夫のもとに戻る。不安げな様子から叙情的なテーマ(
ヴァレリアを連想させるものだろうか?)へ、そして最後のトリルの穏やかな静寂への移行が
ツルゲーネフの不思議な物語を要約しているが、ショーソンはこれにより、ヴァイオリン協奏
曲に特有の超絶技巧から自由になることができた。ショーソンの次のような嘲笑的な言葉
がそれを物語っている。「こんな曲芸のようなジャンルでは、はっきり言って体操選手のほう が好みだ!」
腸チフスによって24歳で夭折したギヨーム・ルクーが残した作品は、その成熟さによって驚
きを与え続けるものである。1892年、将来を嘱望されたこのベルギーの作曲家はイザイに
感銘を与える。当時栄光の絶頂に達していたヴァイオリニストは、彼にヴァイオリン・ソナタ
の作曲を依頼し、翌1893年3月にブリュッセルで初演が行われている。ルクーの最も有名
な作品であるヴァイオリン・ソナタはまた、おそらく「ヴァントゥイユのソナタ」にインスピレー
ションを与えたと考えられるもののうちのひとつであるだろう。プルーストの『失われた時を
求めて』において、この神秘的な作品の音楽的想起がスワンの記憶を育み、スワンの人生に
寄り添うのである「。そんなわけで、ヴァントゥイユの楽節は、[中略] われわれ人間の死すべ
き条件にむすびついていたのであり、われわれの心を十分に動かすだけの人間的な何物か
をとらえていたのであった。小楽節の運命は、われわれの魂の将来、われわれの魂の現実に
むすびつき、小楽節はこの魂のもっとも特殊な、もっとも特異な装飾の一つなのであった。」
(井上究一郎訳)
ルクーはセザール・フランクに師事し、循環形式(旋律モチーフが次第に変容を伴って循環
的に再現されること)を用いているが、当時ヴァンサン・ダンディが手ほどきをした民衆音楽
の探求も自分のものにしている。第1楽章の序奏でヴァイオリンが奏でる主旋律は最終楽章
にも現れる。しかし徐々に消えていくような様子に代わって、華々しい性格が現れる。第2楽
章は「とても簡素に、民謡のように」とされている。実際にルクーは故郷であるワロン地方の
民謡を引用し、リズムの不規則性や旋法の領域での新しい可能性を探求している。
ダンディが公然と表明した辛辣なアンチ・ゲルマニズムは、結果として地方の伝統的様式へ
の新たな興味を掘り起こすことになった。1884年、内閣の報告書は小学生に「フランス諸
地方の民謡」を教えることを推奨している。そして当時の音楽家たちは膨大な収集作業に乗
り出した。モーリス・エマニュエルはブルゴーニュに、デオダ・ドゥ・セヴラック(「大地の歌」)
はルシヨン地方に、ジョゼフ・カントルーブ(「オーヴェルニュの歌」)はオーヴェルニュ地方
に、そして、ジョゼフ=ギィ・ロパルツはブルボネ地方へと旅立った。フランクの門下生であっ
たロパルツが民衆の伝統に抱いた興味はこれが初めてではなかった。ブルターニュ出身で、
幼少期に耳にした歌に強い影響を受けた作曲家ロパルツは、フランスの伝統音楽の熱心な
擁護者として、それらをフランクの遺産に結びつけている。1907年に完成したヴァイオリン
・ソナタ ニ短調はふたつの影響を示している。3つの楽章から成り立っているが楽章間は切
れ目がなく、当時フランクが指導者であったことをしめす循環形式をとっている。第1楽章始
めの叙情的で簡素な主題は作品全体を貫いており、最後の楽章に再び変容した姿でる。この形式上の広がりに、ブルターニュ地方の精神性が加わる。循環して現れる
主題の簡 素な叙情性(おそらく伝統的な歌から生まれたものだろう)、全音階の調べ、最終楽章のブ ーレ
[訳者註:オーヴェルニュ地方発祥の2拍子の舞曲] のリズム、ここではすべてが作曲家
の故郷であるブルターニュを呼び起こしている。曲を締めくくる荘厳な和音の響きは、パリの
大聖堂、2年後にドビュッシーが「沈める寺」でその輪郭を描写することになる大聖堂のこと
を喚起せずにはいられないが、同時代の聴衆の心にすぐさま浮かんだのは、イス(Ys)、この
謎に満ちたブルターニュの沈める寺の映像であった。ロパルツのソナタから立ち現れる荘厳
な美しさにもそういったことの一因があるのではないだろうか。
Charlotte Ginot-Slacik (訳 平松尚子)現れ
本田早美花 (ヴァイオリン)
本田早美花は高知市に生まれ、英国マンチェスター、東京、ロンドンで育ち2000年よりパリ在住の国際
派ヴァイオリニスト。パリ国立高等音楽院(CNSMP)にてジェラール・プーレ氏とオリヴィエ・シャルリエ
氏に師事し、ヴァイオリン科、弦楽四重奏、室内楽を学び、同大学院修士課程を審査員満場一致にて首
席卒業。ヴァイオリンと室内楽で国内及び国際コンクールで最高位受賞。イセ・カルテットとアンサンブル・モンソロ(元クインテット・モンソロ)創設。数々の音楽
祭(カザルス音楽祭、ドヴィール・イースター音楽
祭、宮崎音楽祭ほか)に出演。ザ・イングリッシュ・チェンバーオーケストラ、山形交響楽団、ザ・ローワーシ
ルセシア・フィルハーモニックオーケストラなどと共演し、2012年ウィーン楽友協会でソリストデビュー
。ポリムニーラベルの2010年リリースした『イザイ6つの無伴奏ソナタ』はストラド・マガジン2011年1月
号で推奨盤に選ばれた。2008年より名器ピエトロ・ジャコモ・ロッジェーリ(1721年)を愛用している。
エマニュエル・クリスチャン (ピアノ)
1982年生まれ。パリ国立高等音楽院にてジャック・ルヴィエ氏に師事。ピアノ科、室内楽科、歌曲伴奏
科、同大学院修士課程を首席卒業。数多くの国際コンクール受賞し、ナント・ラフォルジョルネ、セント・デ
ニス音楽祭、ラロックアンテロンほか、フランス国内、インド、日 本、モロッコ、イタリアなど国外の音楽祭
にソリスト出演し、パリコンセルヴァトワール管、カーン管弦楽団、モルダヴィア室内オーケストラ、国
立モンペリエ・ラングドック・ルシロン管弦楽団らと共演。室内楽にも熱心に取り組み、デビット・フライ、ク
レメンティ・マルゲーン、本田早美花、オーレリーン・ブラウナー、アンサンブルモンソロなど多くの音楽家
と共演した。文学、演劇など総合芸術に出演し、活躍を期待される若手実力派ピアニスト。
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