|
|
JACQUE-DUPONT
pianiste-concertiste international
compositeur français
Source de métamorphoses, la Musique est comme un office sacré,
voluptueux et grave où les secrètes, les brûlantes vibrations de
l’âme se libèrent en d’émouvantes sonorités.
Elle se trouve ici magnifiée par JACQUE-DUPONT, artiste
d’exception, musicien total, absolu pour son extrême diversité.
Enfant prodige, il joue les sonates de Clementi à cinq ans puis, à
huit, un Concerto pour piano et orchestre de Haendel. Ce surdoué,
dont la mère est également pianiste, collectionne
d’impressionnantes récompenses et, dans sa foulée, il décroche le
1er Grand Prix de Rome de composition musicale à l’unanimité.
Mèche en bataille sur la tempe, le jeune homme assez grand, mince,
fougueux mais patient, appliqué, persévérant, connaît
l’enchantement féerique de la Villa Médicis avec la magie des
couleurs et des harmonies sonores. Un songe éveillé qui le guidera
toute sa vie.
L’oreille attentive et subjuguée, on assiste au déploiement
frénétique d’une carrière tourbillonnante, internationale, semée
d’étoiles, de voyages, de créations, de succès, de fracassants
triomphes. La gloire assurée, reconnue. Du prestige !
Avec ses efforts arrachés et ses élans fabuleux, une si brillante
réussite s’annonce instructive et palpitante au gré d’une
évocation rendue possible par Geneviève Zaigue, radieuse pianiste,
concertiste et pédagogue rayonnante, devenue Madame JACQUE-DUPONT.
Elle a fait de son mari un Troyen d’adoption à l’automne d’une
existence en arcs-en-ciel. Femme de cœur et d’esprit d’une
ravissante sensibilité, elle est l’interprète enthousiaste,
fervente et passionnée d’une œuvre frémissante aux multiples
facettes. La voici qui offre généreusement ses archives :
manuscrits, partitions imprimées, portraits d’interprètes,
photographies de décors... Et de la musique enregistrée, ainsi
vivante, tel un merveilleux défi jusqu’à la fin des temps.
On retrouve JACQUE-DUPONT présent, cultivé, inventif, original. Il
est épris de raison et de fantaisie, de romantisme et de
modernité. Il se berce de poésie, dévore Edgar Poe et pétille
d’humour. Éclectique, fascinant, il rêve de mirages et de
chimères. Travailleur acharné, il demeure à l’écoute de ses
tumultes intérieurs et à l’affût de visions éloquentes. Son
imagination vagabonde, s’exalte et s’enflamme.
Au piano, il brise le silence sur de mystérieuses inspirations
marquées d’attentes fiévreuses, d’illuminations turbulentes, de
blessures, de bonheurs indicibles lorsque des cadences aux accords
crépitants créent des mouvements dont la souple amplitude
émerveille. Légères et tempétueuses, si variées, les œuvres
s’accomplissent dans un embrasement éperdu.
C’est alors qu’intervient Jean-Marie Meignien, organiste et
pédagogue, historien, musicologue dont la modestie laisse des
travaux inédits en sommeil.
Sous le titre “Jacque-Dupont, pianiste et compositeur français”,
il a présenté en novembre et décembre 1999 une captivante
communication qui enrichit les “Mémoires” de la Société Académique
de l’Aube. Minutieux, il a dressé ici une chronologie précise des
événements biographiques et professionnels du musicien, puis la
liste des nombreux récitals et concerts donnés en France et à
l’étranger.
On imagine des effleurements de touche et des enjouements
volubiles, mais encore des inclinations qui portent le virtuose
vers la grandeur sublime de Beethoven, les vertigineux tempo de
Liszt, l’atmosphère impressionniste de Debussy, l’ineffable
sortilège et l’esprit raffiné de Ravel...
Avec dévouement, scrupule, persévérance et une compétence sans
faille, Jean-Marie Meignien a surtout établi l’indispensable
catalogue des œuvres musicales désormais numérotées, classées,
situées, analysées, expliquées avec méthode et clarté. Entreprise
monumentale, sérieuse, exhaustive, rendue quelquefois difficile
par les multiples aspects d’une carrière à révéler.
Tous les genres se suivent sous des titres imagés, parfois
inattendus. Des notes cristallines, sombres, espiègles, tragiques,
sentimentales, capricieuses, foudroyantes peuvent s’apparenter à
l’atonalité et même s’échapper du jazz. Rythmes complexes,
puissants, chahuteurs en leur étonnante variété. À partir
d’arguments littéraires, une verve créatrice transcende
instruments, voix, messe, films, ballets, oratorio et aussi
l’opéra avec Le Roy fol, spectacle prodigieux en ses
fastes poignants où Charles VI, qui tremble d’angoisse, chante ses
délires à se déchirer les entrailles. JACQUE-DUPONT a le théâtre
pourpre et or dans le sang. Il est le William Shakespeare de la
musique. Compositeur ardent, jamais las, il possède des dons
d’acteur et d’écrivain. Dans ses vastes fresques ruisselle et
frissonne un lyrisme flamboyant qui ne laisse pas d’éblouir. Cet
art suprême inonderait de lumière le seuil du Nirvana.
René VIGO
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1ère période : 1906-1936 (Paris, Rome, Nice)
1906 Le 7 août, à Paris (18ème), naissance de Jacques DUPONT.
1914 À Dijon premier concert avec orchestre.
1915 Entrée au C.N.S.M.. où Jacques DUPONT obtiendra le Premier
Prix dans les classes suivantes : Alfred CORTOT, piano, Marcel
SAMUEL-ROUSSEAU, harmonie, Noël GALLON, contrepoint et fugue, Max
d’OLLONE, musique de chambre, Henri RABAUD, direction d’orchestre,
Maurice EMMANUEL, histoire de la musique, Henri BUSSER,
composition. En 1931 Jacques DUPONT obtient le Premier Grand Prix
de Rome de composition musicale, à l’unanimité du jury (40
membres) pour sa cantate L’ensorceleuse (Institut de France).
1926 Transcrit pour piano La danse devant l’Arche d’Arthur
Honegger, ouvrage
qu’il dédie à son maître Alfred CORTOT.
1928 Grande fugue en fa mineur (piano op. 1)
1930 Prix Diémer (concours triennal de piano).
1931 Prix Pinette (Académie de France) ; Prix Duquesne-Tresse.
1931 Écrit à Paris son premier poème symphonique : Nuit.
1932 À Rome : composition de son premier Concerto pour piano et
orchestre. À Paris a lieu la création de L’ensorceleuse par les
Concerts Lamoureux, dir. Albert Wolf.
1933 - Créations : à Paris du Concert pour violon et orchestre
op. 6 (Denyse Bertrand) et
à Rome de l’Octuor (Prix Fernand Halphen).
1934 - À Rome, composition des Trois pièces (piano) op. 8. Le
compositeur reçoit le Prix
Georges Bizet de composition musicale offert par l’Institut de
France.
1935 - À Nice, achèvement de sa première œuvre de musique légère
et de jazz Soirs à Juan-
les-Pins (piano)
1936 - Jacques DUPONT compose sa première symphonie
(Censi-symphonie).
2ème période : 1937-1951 (Toulon, Paris, Casablanca).
1937 - Jacques DUPONT est nommé Directeur du Conservatoire de
Toulon ; il restera en fonction jusqu’en 1943. Entre temps il est
nommé Chef d’orchestre de l’Association des Concerts classiques au
Casino de Cannes (1940-1942).
1941 - Récitals. Enregistrement des lieder de Schubert et de
Beethoven avec Jean
Giraudeau.
1942 - Composition de son premier ballet : Blandine.
1943 - Création de Navarrianas avec André Navarra, violoncelliste.
1944 - Création à la R.T.F. de Rhapsodie fantasque (piano et jazz
symphonique), Jacques
DUPONT, piano. Récitals. Collaboration avec les J.M.F. (René
Nicoly).
1945 - Membre du Conseil supérieur de la musique et du Comité de
lecture de la Radio
(jusqu’en 1948). Récitals.
1946 - Sociétaire définitif “Honoris causa” de la SACEM. Récitals.
1947 - Jacques DUPONT réduit sa collaboration avec les J.M.F. au
profit des “Évocations musicales” (récitals-conférences) avec la
collaboration de Bernard Gavoty (environ 200 séances en France et
à l’étranger jusqu’en 1954). Récitals.
1948 - Première tournée de récitals dans les trois pays d’Afrique
du Nord. À Paris composition de sa première suite symphonique
Stéréoscope. Création du Divertissement 48, pour piano et
orchestre, au Théâtre des Champs-Élysées (Jacques DUPONT, piano).
1949 - Récitals : France, Angleterre, Maroc, Algérie, Tunisie,
Égypte et Luxembourg.
1950- Au Théâtre des Champs-Élysées création de San Marin, l’homme
à l’épée de lumière
(oratorio) par l’Orchestre national de la R.T.F., dir. Ernest
Bour. Récitals : France, Belgique et Afrique du nord.
1951- À l’Opéra de Lille création du ballet Le bal du pont du
nord. Récitals : France, Hollande, Portugal, Afrique du Nord,
Brésil, Pérou, Uruguay, Chili et Argentine. Au théâtre Colon de
Buenos-Aires, Jacques DUPONT reçoit la médaille du Général San
Marin,
libérateur de l’Argentine.
3ème période : 1952-1985 (Paris, Troyes).
1952- À Casablanca création de la Messe de St François sous la
direction de JACQUE-DUPONT. Au Théâtre du Casino municipal
d’Enghien création de La clef des songes (ballet), orchestre placé
sous la direction de Richard Blareau, avec JACQUE-DUPONT, piano.
Émissions radiophoniques en qualité de pianiste et compositeur à
Radio-Luxembourg et sur la R.T.F.. La première série d’émissions
(75) a pour sujet : “Les sonates contemporaines pour piano et
violon” avec Yvonne Astruc. Récitals : France, Algérie, Tunisie,
Égypte, Liban et Luxembourg.
1953- JACQUE-DUPONT est nommé Inspecteur principal de la musique
en France (Direction des Arts et des Lettres). Il est classé en
“Catégorie exceptionnelle” pour ses émissions artistiques à la
R.T.F.. À Paris création au C.N.S.M. de Aulos (flûte et piano),
morceau imposé au concours de flûte. Récitals : France, Belgique
et Luxembourg. À cette époque JACQUE-DUPONT estimait avoir donné
environ 1000 concerts et récitals depuis 1936
1954- Édition de 16 disques éducatifs (33 t., 30 cm) chez Decca,
sous sa direction, ayant pour thèmes : “Maîtres et chefs-d’œuvre
de la musique” et “Pour une culture musicale authentique par le
disque”. 110 émissions sur la R.T.F. : “L’enchantement de Paris”
et “Le piano contemporain”. Récitals : France et Monte-Carlo.
1956 -JACQUE-DUPONT est fait chevalier de la Légion d’Honneur.
1958 -50 doigts sur 6 claviers écrit et enregistré par
JACQUE-DUPONT.
1959 -50 émissions sur la R.T.F. sous le titre “Le royaume de la
musique” ; une seconde série
sera diffusée l’année suivante.
1960 -Au Théâtre de Rouen création de l’opéra Le Roy fol (dir.
Albert Beaucamp). JACQUE-DUPONT est Chevalier des Arts et Lettres.
1961 -Création du Scherzo par les Premiers Prix de piano du
C.N.S.M..
1962 -JACQUE-DUPONT est “Chargé de la coordination technique de
l’enseignement
musical en France”, Direction de la Musique, de l’art lyrique et
de la danse (Ministère
de la Culture).
1965 -Création du ballet Amducias au Théâtre des Champs-Élysées.
1966 -Officier de la Légion d’Honneur.
1971 -Inspecteur général de la Musique.
1975 -Création à Paris du Concert étrange (violon et orchestre),
dir. Pierre Dervaux, Georges
Tessier, violon.
1979 -À Beauvais création de Saxophonie par le Quatuor Deffayet.
1981 -Commandeur de l’Ordre des Arts et Lettres.
1985 -À Troyes, le 21 avril, décès de JACQUE-DUPONT.
Catalogue des oeuvres.
Malgré l’errance du pianiste international et les temps de
guerres défavorables à la vie artistique, JACQUE-DUPONT fit preuve
d’une énergie et d’une capacité de travail hors du commun. Ses
facultés d’adaptation et son application lui ont permis de
traverser avec succès un tourbillon d’activités assez stupéfiant.
Chaque période de vie, il est vrai, se trouve marquée par une
dominante. Jusqu’en 1936, la formation au plus haut niveau
l’occupe avec constance. Vint ensuite la maturité qui conduit
l’artiste au surmenage. Mais ses responsabilités à la Direction de
la musique concentreront plus tard ses activités au territoire
national.Pendant cette carrière agitée règne, omniprésente, la
composition musicale. Les formes traitées varient, mais
partout éclosent des œuvres majeures qu’il nous faut signaler.
Les pages pour piano occupent d’abord le jeune compositeur. La
Grande fugue en fa mineur, les Deux impromptus et les Trois pièces
enrichissent le répertoire pianistique au même titre que la
transcription d’une image biblique d’Honegger. Quelle que soit
l’importance de ces œuvres, l’Octuor et le Concert pour violon et
orchestre méritent une attention particulière, sans négliger
L’ensorceleuse trop vite oubliée par l’ancien pensionnaire de la
Villa Médicis.
De 1937 à 1951 c’est le concerto qui est privilégié au service du
violoncelle (Navarrianas) et du piano (Divertissement 48) : œuvres
où s’accumulent de redoutables difficultés techniques mais là où
souffle aussi une inspiration puissante. JACQUE-DUPONT s’intéresse
au théâtre en abordant le ballet et l’oratorio (San Marin, l’homme
à l’épée de lumière).
La maturité atteinte, le Maître récapitule ses facultés créatrices
en faveur de son instrument de prédilection avec Scherzo. La
musique de chambre s’enrichit d’une Saxophonie. L’œuvre
symphonique s’épanouit avec Le diptyque d’Amduscias et le Concert
étrange pour violon et orchestre. Mais le couronnement de ce
catalogue varié est bien Le Roy fol, monumental opéra crée en
1956. Les ballets se multiplieront sans priver le compositeur de
son humour et de sa fantaisie au moment de ses incursions dans le
monde du jazz !
Ce catalogue est le fruit d’un esprit original, toujours en éveil,
avide de féerie, sans cesse à la recherche de l’émerveillement
résultant des joies de l’esprit, du spectacle et de la musique.
N.B.: À la Médiathèque de l’agglomération troyenne (Aube-France)
est conservé le fonds JACQUE-DUPONT. Sont consultables :
-les manuscrits et les partitions imprimées du compositeur ainsi
que les archives du concertiste (programme, affiches,
correspondance, livrets, photographies, bandes magnétiques,
disques, etc...) ;
-une étude biographique ;
-une présentation du catalogue des œuvres musicales comportant,
pour chacune d’elles : date et lieu de composition et de création,
durée, effectif orchestral, interprètes lors de la création,
commanditaire, dédicataire, éditeur, analyse musicale par le
compositeur, argument, etc..
La version du Roy fol proposée ici, est la version concert,
version qui fut arrêtée par Tony Aubin pour la RTF.
Les interprètes en sont :
Le héraut : Gilbert Guireau
Le Roi fou : Réné Bianco
Isabeau de Bavière : Micheline Granchez
Odette de Champdivers : Nadine Sautereau
Louis d'Orléans : Christian Dorizeau
Choeurs de la RTF dirigé par Jean Giton et l'Orchestre lyrique de
la RTF placés sous la direction de Tony Aubin.
Texte de présentation de Denise Beautrin dit par Jacqueline Clerc.
L'oeuvre théâtral de Jacque-Dupont
C'est à partir de 1938 que JACQUE-DUPONT se consacre à
l'Opéra-comique, au ballet puis à l'opéra. Après destruction de
certaines pages et le fait que d'autres sont écartées de l'édition
par l'auteur, sept oeuvres majeures subsistent, soit le dixième de
son catalogue.
L'opéra-comique, très apprécié au XIXème siècle, se fit plus rare
au siècle suivant (Terrasse, Rabaud). Par deux fois Jacque-Dupont
tente de renouveler le genre mais sans satisfaction puisqu'il
détruira les manuscrits quelques décennies plus tard.
Quant au ballet, depuis l'éclat incomparable de ceux de Diaghilev
et des Compagnies suivantes jusqu'à l'apport exceptionnel des
compositeurs français (Pierné, Roussel), son pouvoir de séduction
n'a jamais cessé. Il n'y a donc rien d'étonnant que Jacque-Dupont
se soit emparé d'un moyen d'expression aussi apprécié et que
servent autour de lui Schmitt, Sauguet, et son ami Auric avant
Ibert, Françaix et Dutilleux. Plusieurs fois auteur de l'argument,
en collaboration avec Hubert Devillez que nous retrouverons dans
Le Roy fol, Jacque-Dupont, compositeur, use ici tantôt de la
symphonie ou de la tragédie lyrique, tantôt de la chanson-ballet
ou du ballet-jazz, toujours de manière inattendue, en ce domaine
comme en d'autres. Des quatre ballets créés de 1947 à 1951 émerge
La clef des songes présentée à Enghien dans une chorégraphie de
Jean-Jacques Etcheverry. La réunion des Théâtres nationaux
l'inscrira à son répertoire dès 1952.
Appartenant à la dernière période de sa production Amduscias ne
doit pas manquer d'être remarqué depuis que Cyril Atanasoff
accepta de créer l'un des principaux rôles. Ces ballets (cf
Polymnie POL 753 117) sont d'une importance essentielle dans
l'oeuvre théâtral de Jacque-Dupont couronné par son opéra présenté
en 1960. Le Roy fol, point d'aboutissement du talent dramaturgique
du compositeur, est, à n'en point douter, un élément d'excellence
de son apport à la musique française.
Jean-Marie Meignien
LE ROY FOL
Fresque lyrique, dramatique et chorégraphique, le Roy fol de
Jacque-Dupont a vu le jour à Paris en 1956 à la suite d'une
commande de l’État. Dans cette oeuvre, le compositeur y déploie
tout son langage musical, dont les racines sont fortement ancrées
dans la musique française des années 1930 et 1940, tout en
conciliant des genres très différents (boogie-woogies ou danses de
la Renaissance). Un soin particulier est accordé aux percussions,
annonçant ainsi une musique fondée sur des impulsions et sur des
effets de masses sonores retranscrivant l’état psychologique du
roi. De belles et amples mélodies se dégagent néanmoins des
moments de lucidité du protagoniste principal. La nomenclature
instrumentale présage, en elle-même, une oeuvre monumentale,
puisque pour sa création au Cirque de Rouen le 22 janvier 1960, il
a fallu dépêcher trois cent cinquante
exécutants.
La réalisation du livret est confiée à Cécil Saint-Laurent pour la
construction générale de l’intrigue et à Hubert Devillez pour les
dialogues. L’action entière se déroule le 20 mai 1420, jour de la
signature du Traité de Troyes par Charles VI. L’intrigue du
livret, articulé en deux parties, reprend les principales lignes
de ce contexte historique. Le premier acte présente le roi en
proie à ses délires, mais également à la reine Isabeau de Bavière
soucieuse de le rendre présentable à son amante, Odette de
Champdivers. Dans l’acte II la Cour se livre à une grande fête,
pour divertir le roi, déguisé en bête sauvage. Louis d’Orléans, à
la recherche du roi, approche une torche trop près d’un vêtement
et enflamme l’assistance - le roi lui-même est gravement brûlé -
provoquant Le Bal des Ardents. Les limites entre la démence et la
lucidité sont explorées au cours d’un dialogue entre le roi et son
amante (acte III), tandis que les antagonismes entre Louis
d’Orléans et Jean sans Peur sont présentés dans la scène suivante.
Un interlude symphonique vient précéder une scène d’amour entre
Louis d’Orléans et la reine Isabeau de Bavière. L’assassinat de
l’amant de la reine par les hommes de Jean sans Peur achève la
première partie. L’annonce de cette mort provoque la joie du
peuple (acte IV), mais peu de réactions de la part du roi, qui sur
la demande de la reine, effectue une promenade en bateau. La
capitale, aux mains des Bourguignons et des corporations, cède peu
à peu au chaos. La bataille d’Azincourt, de triste mémoire, hante
l’acte V Enfin, Isabeau de Bavière tente de livrer la France aux
Anglais par la signature du Traité de Troyes (acte VI), laissant
un roi désemparé, tandis que le choeur évoque de façon
prémonitoire Jeanne d’Arc.
Bénédicte Percheron
The mad King
Lyrical, dramatic and choreographic, Jacque-Dupont’s operetta Le
Roy fol (‘The mad King’) was composed in 1956 upon orders of the
state. The composer employs a wealth of musical language strongly
inspired by French music of the 1930s and 1940s, thereby bringing
together distinctly different genres such as the boogie-woogie and
the Renaissance dance.
Percussion instruments take pride of place, heralding a music
founded on impulses and sets of sounds and rewriting the
psychological state of the king. Yet, from these rich and
beautiful melodies emanate moments of sanity from the king. The
range of instruments in itself heralds a monumental piece with its
staging at the Cirque de Rouen on 22 January 1960 requiring 350
performers under the baton of Albert Beaucamp, composer and
director of the local conservatoire.
The main role of the mad king was entrusted to two performers,
Jean Chevrin, drama teacher at the Rouen conservatoire in the role
of the sane king (the lucid king), while the role of the mad king
was played by the baritone René Lanier of the Opéra.
The libretto was produced by Cécil Saint-Laurent for the general
construction of the plot, while the dialogues were written by
Hubert Devillez. The event took place over one day, 20 May 1420,
the day on which Charles VI signed the Treaty of Troyes.
The plot is structured in two parts, and sketches a broad outline
of the historical context, albeit from the point of view of the
king, who became mad following a fall from his horse in 1392. The
first act presents the king in fits of madness and the Queen
Isabeau of Bavaria too, who is eager to make her husband appear
presentable to his mistress, Odette de Champdivers.
In the act II, the Court organises a grand party to entertain the
king, who dresses up as a wild beast. While searching for the
king, the queen’s lover, Louis d’Orléans, approaches a torch too
close to a piece of cloth setting the entire crowd on fire,
injuring the king severely. This event became known as the Bal des
Ardents (‘The Ball of the Burning Men’).
A dialogue between the king and his mistress in act III explores
the boundaries between insanity and sanity, while the subsequent
scene presents the antagonisms between Louis d’Orléans and John
the Fearless. The first part concludes with the murder of Louis
d’Orléans by the men of John the Fearless. The announcement of
this death provokes joy among the people in act IV. Act V is
haunted by the Battle of Agincourt, a painful memory for the
French. The signature of the Treaty of Troyes in Act VI leads to
France’s eventual surrender to the English and leaves the king
distraught.
The chorus calls Joan of Arc in a premonitory fashion.
Bénédicte Percheron
Translation : Géraldine Ring
Un jour viendra où la riche Ecole française couvrant la première
moitié du XX° siècle sera honorée comme il se doit. Plus encore
que ne le permettent aujourd’hui le disque et les ondes, les
programmes des concerts présenteront l’exceptionnel florilège que
constituent la musique de chambre, les œuvres symphoniques et
lyriques qui placent la France au niveau suprême de l’histoire
musicale du siècle qui vient de s’achever. Ainsi sera illustré
l’esprit français fait de fantaisie, de couleur, de vitalité,
celui-là même qui anima tous les moyens d’expression de l’époque
où vécurent M. Emmanuel et JACQUE-DUPONT, ainsi que Dutilleux et
Messiaen.
Ce n’est ni le moment ni le lieu de se livrer à une étude du
langage musical de JACQUE-DUPONT. Contentons-nous de rappeler que
sa conviction profonde l’amenait à “vouloir user de tous les
systèmes, de l’harmonie classique et du contrepoint traditionnel,
aussi bien que de l’atonalité ou du dodécaphonisme, si l’intérêt
l’exige”. (cf P. Pittion : La musique et son histoire éd. Paris
1961, p. 461). C’est la marque d’une liberté souveraine que
maîtrisent la science et l’authentique talent créateur. C’est
ainsi que JACQUE-DUPONT explore tous les genres et qu’à la manière
de Ravel il exploite ses compositions en tous sens, qu’il
généralise les réductions d’orchestre au piano avec un sens
pratique fort judicieux, et qu’il rénove une terminologie et un
agencement des formes pour stimuler le plaisir de l’auditeur
invité à pénétrer dans son jardin secret.
Même si l’allure du jeune compositeur trahit son amour du
romantisme où planent Chopin, Schumann et Liszt, très tôt,
JACQUE-DUPONT se tourne vers l’avenir. Mais l’empreinte de la
littérature et son influence sur la création musicale demeureront,
à l’exemple d’un Berlioz ou d’un Prokofiev. Car l’imagination de
JACQUE-DUPONT est constamment traversée de personnages en lutte
dans un monde complexe et étrange. Aussi trouve-t-il son bonheur
dans le spectacle subtil du ballet, puis celui - plus intégral -
de l’opéra. Ici se situe l’aboutissement d’un long cheminement
jalonné de rigueur et de désinvolture autant que de réalisme et de
chimères.
Le message de JACQUE-DUPONT est là, prêt à revivre avec ses
contrastes et à briller de tous ses feux.
Jean-Marie MEIGNIEN
25 juillet 2000
l’intelligence musicale du virtuose.
SAXOPHONIES
Répondant à une commande du Ministère de la Culture, Jacque-Dupont
saisit cette opportunité pour révéler les meilleurs effets sonores
qu'offre le quatuor de saxophones. Son opus 74 est dédié "Au
prestigieux Quatuor Daniel Deffayet" qui crée les trois
mouvements, Flashes, Spleen et Sprint, à Beauvais, le 17 Novembre
1979. Daniel Deffayet, Henri-René Pollin, Jacques Terry et Jean
Ledieu en sont alors les interprètes.
Par l'enregistrement que voici, nous avons voulu faire connaître
la dernière manière du Maître, postérieure de vingt ans et plus à
l'écriture du Roy fol. Jean Ledieu, Fabrice Moretti, Denis Bardot
et Yann Lemarié se virent confier l'interprétation de cet
enregistrement par Geneviève Jacque-Dupont qui en assura la
direction artistique.
Saxophonies
After being commissioned by the Ministere de la Culture,
Jacque-Dupont took this opportunity to reveal the best effects to
the "prestigious quatuor Daniel Deffayet", who premiered the 3
movements Flashes, Spleen and Sprint in Beauvais the 17th of
November 1979.
Daniel Deffayet, Henri-René Pollin, Jacques Terry et Jean Ledieu
were the performers.
By this recording, we wish to present the last period of
Jacque-Dupont, twenty years and more before he wrote The Roy fol.
Jean Ledieu, Fabrice Moretti, Denis Bardot et Yann Lemarié have
been asked to performed this piece by Geneviève Jacque-Dupont
herself, and she was the artistic director.
Accueil | Catalogue | Interprètes
| Instruments | Compositeurs
| CDpac | Stages
| Contact | Liens
• www.polymnie.net
Site officiel du Label Polymnie • © CDpac • Tous droits
réservés •
|
|
|