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Beethoven
Sonate n°29 Hammerklavier Op.106
Pendant l’été 1818, en composant sa gigantesque
sonate opus 106 pour piano, Beethoven était parfaitement conscient
de confronter ses futurs interprètes à une exigence technique et
de signification musicale encore jamais atteinte dans les
vingt-huit sonates précédemment écrites pour le piano. Il pensait
même qu’aucun interprète aussi doué fut-il n’oserait approcher
cette œuvre avant cinquante ans ; et, en fait, au cours des neuf
années qui lui restaient à vivre, il n’a pu ni jouer cette œuvre
en public (ses moyens pianistiques ayant diminué), ni l’entendre
jouée par d’autres interprètes. Une légende raconte que trois
concertistes célèbres en Europe se désistèrent un mois avant leur
présentation, se sentant dans l’impossibilité de surmonter cette
sonate inscrite dans leur programme depuis longtemps. Fort
heureusement, le délai de cinquante années prévu par Beethoven
pour la diffusion de son œuvre fut raccourci grâce aux deux
remarquables interprètes qu’étaient Franz Liszt, admirateur
inconditionnel de Beethoven depuis son enfance hongroise, et Clara
Schumann, virtuose qu’aucune difficulté ne rebutait.
Il était émerveillé par la toute récente invention du "Hammer
Klavier", piano à marteaux dont un exemplaire venait de lui être
offert par la fabrique Broadwood de Londres. Et c’est sans doute
la découverte de cet instrument (qu’il considérait comme le piano
de l’avenir) qui déclencha le projet d’écrire cette sonate de
quarante-sept pages dont le quatrième mouvement n’est autre qu’une
fugue monumentale.
Il semble que les séjours plus ou moins longs à
la campagne, tant appréciés par Beethoven, aient donné naissance à
ses plus riches inspirations. "J’aime mieux les arbres que les
hommes", était sa devise préférée et il définissait ses promenades
comme "une visite à ses amis les arbres". Il détestait les grandes
agglomérations et plus particulièrement Vienne dont il jugeait le
public frelaté, inculte, partial et superficiel. Il affirmait
comme le fera Prokofieff au siècle suivant : "J’écris pour
l’avenir ".
Cette période de l’été 1818, vécue comme une triste retraite dans
le village de Mödling situé à une vingtaine de kilomètres au sud
de Vienne dans la seule compagnie de son neveu Karl, nous laisse
apparaître un Beethoven malade, dramatiquement démuni
financièrement, abandonné de ses mécènes disparus ou partis à
l’étranger. Il hésitait même à sortir de sa petite auberge et
allait jusqu’à écrire à son élève F. Ries qui demeurait à Londres
: "Si vous saviez comme il est dur d’écrire pour gagner son
pain...". Et c’est pourtant dans de telles conditions de misère
absolue que Beethoven écrivit la monstrueuse Sonate Opus 106 et
deux autres chefs d’œuvres : la 9ème Symphonie et la Missa
Solemnis.
Concernant la Sonate Opus 106, il faut noter qu’elle est la seule
sonate (et peut-être la seule œuvre ?) dont chaque mouvement est
précédé d’une indication métronomique de la plume de Beethoven :
les œuvres précédentes, et même suivantes, comportent seulement
des indications de caractère (allegro con brio, andante sostenuto,
etc...) offrant aux interprètes un choix plus large. Sans doute la
volonté de fixer un tempo précis n’est-elle pas étrangère à
l’invention du métronome deux ans plus tôt par J. N. Mälzel ;
malheureusement l’indication 138 à la blanche donnée par Beethoven
rend le premier mouvement illisible sous les doigts des
interprètes les plus chevronnés qui souhaitent la respecter. Le
pianiste Paul Loyonnet, dans son merveilleux ouvrage sur les 32
Sonates de Beethoven, la déclare simplement "injouable" à ce
tempo. D’autre part, la première publication à Londres du vivant
de Beethoven indique le même nombre (138) mais cette fois à la
noire, ce qui n’est pas crédible non plus pour le motif inverse.
Je pense que la réalité se situe entre les deux indications et ce
qui en ressort est le désir de Beethoven d’en faire ressentir la
pulsation à deux temps plutôt qu’à quatre.
L’allegro initial reflète parfaitement
l’ambivalence du caractère beethovenien que tous ses biographes de
l’époque dépeignent comme capable de passer en quelques secondes
d’une terrifiante violence à l’irrésistible tendresse (son visage
se couvrait de larmes à la découverte d’un cadavre de chien
abandonné sur un trottoir) ; en lui cohabitaient et alternaient
révolte permanente et douce résignation. Geste significatif, s’il
en fut : Beethoven mourut en tendant vers le ciel son poing fermé.
Le second mouvement est un scherzo rapide, vivant et sarcastique
mais qui cède en son milieu la parole à une rêverie toute
schubertienne.
L’adagio, sans doute l’un des plus inspirés que Beethoven ait
jamais écrit, est un moment sublime de grande sérénité. Il n’est
pas sans évoquer, dans sa variation en triples croches cet autre
chef d’œuvre qu’est la partie lente du Concerto en sol de
Ravel.
Enfin, une courte page d’introduction lente composée de
fragments très courts qui se superposent sans s’enchaîner, comme
une idée qui se cherche, nous conduit victorieusement au thème
(mesure 17) d’une magistrale fugue de 384 mesures qui tend le plus
grand nombre
de pièges à ses exécutants. Peut-être s’agit-il du dernier défi
que s’est imposé Beethoven ?
En effet, les mélomanes viennois aux
idées souvent très arrêtées n’attribuaient l’appellation de
"compositeur" qu’à ceux qu’ils savaient capables d’écrire
correctement une fugue. Et Beethoven qui souhaitait donner de lui
une apparence d’indifférence aux méchantes appréciations était en
réalité très vulnérable. Nous noterons qu’aucune fugue n’apparaît
à l’intérieur d’une sonate avant la 28ème opus 101 et que,
exception faite de quelques pages de musique de chambre, cette
expérience ne se retrouvera que dans la sonate n°31 Opus 110.
Jean-Claude Soldano
Compositeur, arrangeur et éditeur Sacem, peintre (membre de
l'association Bassompierre des Peintres du Spectacle),
Jean-Claude Soldano est actuellement professeur titulaire de
Piano-Jazz, de Synthétiseur et de M.A.O (Musique Assistée par
Ordinateur) au Conservatoire d'Ozoir-la-Ferrière.
Après des études musicales au Conservatoire de
Fontenay-sous-Bois (Classe d'écriture de Solange Chiapparin du
CNSM), à l'Ecole Normale de Musique de Paris (Classe de piano de
Dusan Tadic ancien élève d'Alfred Cortot) et à l'Université de
Paris-Sorbonne (licence de musicologie), Jean-Claude Soldano se
perfectionne auprès du pianiste Harry Gatibelza (harmonie du
jazz, improvisation) et de la Bill Evans Piano Academy
(Directeur : Bernard Maury).
Il accompagne au piano, pendant de nombreuses années, le groupe
vocal de gospel "Accord Singers" (Festival de Jazz d'Argelès,
Festival du Marais à Paris, Festival des Caraïbes...).
En 2006,
il crée la maison d’édition qui porte son nom.
Ses pièces sont
régulièrement choisies dans des concours nationaux et
internationaux (Confédération Musicale de France, Grand Concours
International de Piano Svetlana Eganian, Concours des Clés d’Or,
Concours Steinway-Le Parnasse, Concours Musical de France,
Fédération Française de l’Enseignement Musical...).
Jean-Claude Soldano a remporté le Prix International
d’Excellence en Composition Musicale 2011 (National Academy of
Music / State of Colorado / U.S.A) avec ses pièces pour piano
Sicilienne et Derrière la colline.
Cette dernière pièce lui a
permis, en 2012, d’obtenir un Prix d’Honneur auprès de la
Fondation Ibla (New-York) sous le haut patronage de l’Unesco.
Beethoven
Sonate n°29 Hammerklavier Op.106
During the summer of 1818,
as he was composing his gigantic Hammerklavier Sonata Op 106,
Ludwig van Beethoven was fully aware that he would be
challenging pianists with a far more demanding piece than the 28
previous sonatas that he had written for piano.
He even believed
that no performer, no matter how gifted, would dare to even come
close to playing the sonata for another 50 years. In fact,
during the nine remaining years of his life, he, himself, was
never able to play the Opus 106 in public (by that time he had
lost most of his ability to play). And he never heard it played
by other performers.
Legend has it that three famous European pianists cancelled
their shows a month before the concert dates for they felt
incapable of mastering the sonata, even though it had been in
their program for a long time.
Thankfully, the 50-year delay
predicted by Beethoven was shortened by two remarkable
performers: the Hungarian-born Franz Liszt, who was a huge fan
of Ludwig, and Clara Schumann, who was such a virtuoso that
nothing would scare her off.
At the time, Beethoven was amazed by the recently invented
hammer keyboard—he had just been offered one by the London-based
piano maker Broadwood. The discovery of this instrument (which
he considered to be the piano of the future) probably sparked
the writing of this 47-page sonata. Its fourth movement is no
less than a colossal fugue.
It seems that Beethoven’s time in the countryside, which he was
so fond of, gave rise to his most inspiring music. “I prefer
trees to men” was his favorite saying, and he would call his
walks his “visits to his friends, the trees”. He hated big
cities and most particularly Vienna. He deemed Viennese
audiences fake, uncultured, biased and superficial. He would
say, as Prokofieff did a century later: “I write for the
future”.
During the summer of 1818, he sadly retreated to the village of
Modling, 20 or so kilometers south of Vienna. His only companion
was his nephew Karl. He was ill, in dire straits financially and
abandoned by his patrons who had vanished or gone abroad. The
composer even hesitated to leave his small hostel and once wrote
to his student, Ferdinand Ries, in London “If only you knew how
hard it is to earn one’s bread”. Yet, despite such misery,
Beethoven composed his monumental Sonata Opus 106 and two other
masterpieces: the 9th Symphony and the Missa Solemnis.
The Sonata Opus 106 remains the only sonata (and perhaps the
only piece composed by Beethoven) which contains, before each
movement, metronomic notes from Beethoven himself: previous and
following pieces only include instructions such as allegro con
brio, andante sostenuto, etc... thus offering performers wider
choices.
There is no doubt that the will to impose a specific tempo has
to do with the invention of the metronome two years earlier by
J.N. Mäzel. Unfortunately, the instruction “half-note 138 BPM”
given by Beethoven makes the first movement seemingly impossible
even for the most experienced performers.
In his wonderful book about the 32 Beethoven sonatas, the
pianist Paul Loyonnet, simply declares it “unplayable” at this
tempo. On the other hand, the first edition, published in London
during Beethoven’s lifetime, indicates “quarter-note 138 BPM”,
which is no more credible for the opposite reason. I think the
truth probably lies in between the two instructions. It reflects
Beethoven’s desire to have a beat of two rather than four.
The initial allegro shows the fluctuation in Beethoven’s moods,
which biographers described as ranging from terrifyingly violent
to irresistibly tender within seconds (he could burst into tears
when coming across the dead body of a stray dog on the
sidewalk). He alternated between angry revolt and quiet
resignation. His last gesture gives us insight into his turmoil:
Beethoven died clenching his fist towards the sky.
The second movement is a Scherzo. It is fast, vivid and
sarcastic but midway it transforms into a Schubert-like reverie.
The adagio, probably the most inspired that Beethoven ever
wrote, is a sublime moment of great serenity. In its variation
in eighth note triplets, it recalls another masterpiece: the
slow movement of the Concerto in G by Ravel.
Then, there is this short and slow introduction page, made of
very short fragments which seem to be superimposed without
order. Like a wandering idea, it leads us to the theme, (at
measure 17), a magistral fugue made of 384 measures that any
performer would consider incredibly tricky.
Perhaps it is the last
challenge that Beethoven imposed upon himself. Viennese music
lovers, who had a very narrow definition of composers, only
considered those who could correctly compose a fugue worthy of
that name. Beethoven who wanted to appear indifferent to harsh
critics was, in fact, vulnerable. No fugue appears in his
sonatas before the sonata number 28 opus 101 and, other than a
few pages of chamber music, can only be found again in the
Sonata number 31 Opus 110.
Désiré N’Kaoua
Translated by
Laurance N'Kaoua
Dés son plus
jeune âge, Désiré N’Kaoua, pianiste français né à Constantine il
y a 86 ans, manifeste des dons exceptionnels qui lui permettront
d’être à 18 ans, 1er Prix du CNSM de Paris, de se perfectionner
avec Marguerite Long et Lazare Lévy.
A 27 ans, il obtient le
titre envié de 1er Grand Prix du Concours International de
Genève. Dès lors, il effectue de nombreuses tournées en Europe,
en Asie, aux USA et le succès que remportent ses concerts fait
de lui le soliste invité des plus grands orchestres : Berlin,
Varsovie, Prague, Budapest, Bucarest, de Radio-France, de la
R.A.I..
Parallèlement à sa carrière de soliste international, Désiré
N’Kaoua, dont la valeur pédagogique a dépassé le cadre de nos
frontières, fut professeur au Conservatoire Supérieur de Genève,
de Versailles tout comme à l’Ecole Normale de Musique de Paris
et à la Schola Cantorum. Il a aussi donné de nombreuses
master-classes tant en France qu’à l’étranger.
Fondateur en 1986 du Concours International de Sonates de
Vierzon, il participe aussi à la création de l’Académie
Internationale de Musique des Pays de la Loire ainsi que du
Festival Estival de Guerande, .
En 1988, Marcel Landowski, le décore des insignes de Chevalier
dans l’Ordre National du Mérite au titre d’Ambassadeur de la
Musique Franca̧ ise à l'étranger.
Il donne un concert au Vatican
en 1988 pour commémorer la mort de F. Chopin. Sa passion de la
musique trouve aussi sa réalisation dans de nombreux
enregistrements (Mozart, Schubert, Chopin, Debussy, les
Intégrales de Chabrier, Ravel, Alain, Roussel, etc...).
En 1997, Désiré N'Kaoua a été promu, sur proposition du Premier
Ministre, Officier dans l’Ordre National du Mérite toujours au
titre d’Ambassadeur de la Musique Franca̧ ise à l'étranger. Il a
donner plus de 2000 concerts.
From the time
of his earliest childhood, Désiré N'Kaoua, a French pianist born
in Constantine, Algeria, was gifted with outstanding musical
talents. His musical gifts allowed the virtuoso to win the First
Prize of the Paris National Superior Music Conservatoire at age
18. At this age, N'Kaoua became a soloist with the Berlin
Philharmonic Orchestra. At age 27, the piano virtuoso was
awarded the much-praised and rarely-awarded First Grand Prize of
the Geneva International Competition. N'Kaoua also won the Gold
Medal at the Vercelli International Competition and the First
Prize at the Competition Alfredo Casella of Sienna. He later
came the "Honor" Soloist of Italy's Sienna Academy.
Désiré N'Kaoua toured both Werstern and
Eastern Europe. The outstanding successes of his piano
performances made him a soloist with the most prestigious
orchestras : the Philharmonic Orchestras of Berlin, Warsaw,
Prague, Budapest, Athens and Roman Switzerland accompanied him.
N'Kaoua was also a soloist with the Chamber Orchestra of Berlin,
The Radio-France Philharmonic Orchestra, the Lausanne Chamber
Orchestra and many others.
In 1988, the French musician received
France's National award of Chevalier in Ordre du Mérite, from
the hands of French composer and music official Marcel
Landowski. The award officially nominated N'Kaoua the ambassador
of French music abroad. In 1989, he gave his thousandth recital.
In addition of his career as a soloist,
N'Kaoua, whose reputation as a piano professor has long gone
beyond France's borders, also gives master classes in France and
abroad.
The artist has
also expressed his passion for music via many compact disks
(N'Kaoua has recorded works by Chopin, Schubert, Mozart,
Chabrier, Jehan Alain, Roussel etc. )
Désiré N’Kaoua
is a French pianist; he borned in Algeria 86 years ago.
From the time of his earliest childhood, Désiré N’Kaoua proved
to have exceptional musical gifts. At age 18, the French pianist
received the First Prize of the National Superior Music
Conservatory of Paris, where he attended classes with such
masters as Lazare Lévy and Lucette Descaves.
At 18, N’Kaoua
first performed as a soloist with the Berlin Philharmonic
Orchestra, and throughout his career he has appeared with the
most prestigious musical ensembles, including the Philharmonic
Orchestras of Berlin, Warsaw, Prague, Budapest, Athens and Roman
Switzerland, the Radio-France Philharmonic Orchestra, the
National Philharmonic Orchestra of Bucharest and the Lausanne
Chamber Orchestra, to name only a few.
At 27, the virtuoso was
awarded the much praised yet rarely discerned First Grand Prize
of Geneva’s famous international competition. Other prizes
include the Gold Medal at the Vercelli international competition
in Sienna and the First Prize at the Alfredo Casella competition
(Italia).
The artist has also made numerous recordings in France
and abroad, including works by Chopin, Schubert, Mozart,
Chabrier, Jehan Alain, Fauré, Debussy and Ravel. .
In addition
to a fulfilling career as a soloist, N’Kaoua is a respected
pedagogue, with a reputation depassing France’s borders. He has
taught at the Superior Music Conservatory of Geneva and at the
National Conservatory of Versailles, France. Désiré N’Kaoua is
currently teaching at both the Ecole Normale de Musique de Paris
and the Schola Cantorum, two of France’s most prestigious piano
schools.
In France, he has created the International Music
Academy of the Pays de la Loire, a summer music school. He is
also at the origin of several competitions: he founded the
Sonata Competition of Vierzon in 1986, Guerande’s Festival
Estival in 1989 and the International Competition of French
Music in 1991.
The Prime Minister of France recently promoted
Désiré N’Kaoua to the rank of Officer in Ordre National du
Mérite, renewing his mandate as “Ambassador of French Music”.
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