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Beethoven, Sonate Op. 106
Désiré N'Kaoua, piano

POL 209 146

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Ludwig van Beethoven

Sonate n°29 Hammerklavier Op.106
Allegro
Scherzo, assai vivace
Adagio sostenuto. Appassionato e con molto sentimento
Largo - Allegro risoluto 


   
 

Beethoven

Sonate n°29 Hammerklavier Op.106

Pendant l’été 1818, en composant sa gigantesque sonate opus 106 pour piano, Beethoven était parfaitement conscient de confronter ses futurs interprètes à une exigence technique et de signification musicale encore jamais atteinte dans les vingt-huit sonates précédemment écrites pour le piano. Il pensait même qu’aucun interprète aussi doué fut-il n’oserait approcher cette œuvre avant cinquante ans ; et, en fait, au cours des neuf années qui lui restaient à vivre, il n’a pu ni jouer cette œuvre en public (ses moyens pianistiques ayant diminué), ni l’entendre jouée par d’autres interprètes. Une légende raconte que trois concertistes célèbres en Europe se désistèrent un mois avant leur présentation, se sentant dans l’impossibilité de surmonter cette sonate inscrite dans leur programme depuis longtemps. Fort heureusement, le délai de cinquante années prévu par Beethoven pour la diffusion de son œuvre fut raccourci grâce aux deux remarquables interprètes qu’étaient Franz Liszt, admirateur inconditionnel de Beethoven depuis son enfance hongroise, et Clara Schumann, virtuose qu’aucune difficulté ne rebutait.
Il était émerveillé par la toute récente invention du "Hammer Klavier", piano à marteaux dont un exemplaire venait de lui être offert par la fabrique Broadwood de Londres. Et c’est sans doute la découverte de cet instrument (qu’il considérait comme le piano de l’avenir) qui déclencha le projet d’écrire cette sonate de quarante-sept pages dont le quatrième mouvement n’est autre qu’une fugue monumentale.

Il semble que les séjours plus ou moins longs à la campagne, tant appréciés par Beethoven, aient donné naissance à ses plus riches inspirations. "J’aime mieux les arbres que les hommes", était sa devise préférée et il définissait ses promenades comme "une visite à ses amis les arbres". Il détestait les grandes agglomérations et plus particulièrement Vienne dont il jugeait le public frelaté, inculte, partial et superficiel. Il affirmait comme le fera Prokofieff au siècle suivant : "J’écris pour l’avenir ".
Cette période de l’été 1818, vécue comme une triste retraite dans le village de Mödling situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Vienne dans la seule compagnie de son neveu Karl, nous laisse apparaître un Beethoven malade, dramatiquement démuni financièrement, abandonné de ses mécènes disparus ou partis à l’étranger. Il hésitait même à sortir de sa petite auberge et allait jusqu’à écrire à son élève F. Ries qui demeurait à Londres : "Si vous saviez comme il est dur d’écrire pour gagner son pain...". Et c’est pourtant dans de telles conditions de misère absolue que Beethoven écrivit la monstrueuse Sonate Opus 106 et deux autres chefs d’œuvres : la 9ème Symphonie et la Missa Solemnis.
Concernant la Sonate Opus 106, il faut noter qu’elle est la seule sonate (et peut-être la seule œuvre ?) dont chaque mouvement est précédé d’une indication métronomique de la plume de Beethoven : les œuvres précédentes, et même suivantes, comportent seulement des indications de caractère (allegro con brio, andante sostenuto, etc...) offrant aux interprètes un choix plus large. Sans doute la volonté de fixer un tempo précis n’est-elle pas étrangère à l’invention du métronome deux ans plus tôt par J. N. Mälzel ; malheureusement l’indication 138 à la blanche donnée par Beethoven rend le premier mouvement illisible sous les doigts des interprètes les plus chevronnés qui souhaitent la respecter. Le pianiste Paul Loyonnet, dans son merveilleux ouvrage sur les 32 Sonates de Beethoven, la déclare simplement "injouable" à ce tempo. D’autre part, la première publication à Londres du vivant de Beethoven indique le même nombre (138) mais cette fois à la noire, ce qui n’est pas crédible non plus pour le motif inverse. Je pense que la réalité se situe entre les deux indications et ce qui en ressort est le désir de Beethoven d’en faire ressentir la pulsation à deux temps plutôt qu’à quatre.

L’allegro initial reflète parfaitement l’ambivalence du caractère beethovenien que tous ses biographes de l’époque dépeignent comme capable de passer en quelques secondes d’une terrifiante violence à l’irrésistible tendresse (son visage se couvrait de larmes à la découverte d’un cadavre de chien abandonné sur un trottoir) ; en lui cohabitaient et alternaient révolte permanente et douce résignation. Geste significatif, s’il en fut : Beethoven mourut en tendant vers le ciel son poing fermé.
Le second mouvement est un scherzo rapide, vivant et sarcastique mais qui cède en son milieu la parole à une rêverie toute schubertienne.
L’adagio, sans doute l’un des plus inspirés que Beethoven ait jamais écrit, est un moment sublime de grande sérénité. Il n’est pas sans évoquer, dans sa variation en triples croches cet autre chef d’œuvre qu’est la partie lente du Concerto en sol de Ravel.
Enfin, une courte page d’introduction lente composée de fragments très courts qui se superposent sans s’enchaîner, comme une idée qui se cherche, nous conduit victorieusement au thème (mesure 17) d’une magistrale fugue de 384 mesures qui tend le plus grand nombre
de pièges à ses exécutants. Peut-être s’agit-il du dernier défi que s’est imposé Beethoven ?
En effet, les mélomanes viennois aux idées souvent très arrêtées n’attribuaient l’appellation de "compositeur" qu’à ceux qu’ils savaient capables d’écrire correctement une fugue. Et Beethoven qui souhaitait donner de lui une apparence d’indifférence aux méchantes appréciations était en réalité très vulnérable. Nous noterons qu’aucune fugue n’apparaît à l’intérieur d’une sonate avant la 28ème opus 101 et que, exception faite de quelques pages de musique de chambre, cette expérience ne se retrouvera que dans la sonate n°31 Opus 110.

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Jean-Claude Soldano
Compositeur, arrangeur et éditeur Sacem, peintre (membre de l'association Bassompierre des Peintres du Spectacle), Jean-Claude Soldano est actuellement professeur titulaire de Piano-Jazz, de Synthétiseur et de M.A.O (Musique Assistée par Ordinateur) au Conservatoire d'Ozoir-la-Ferrière.
Après des études musicales au Conservatoire de Fontenay-sous-Bois (Classe d'écriture de Solange Chiapparin du CNSM), à l'Ecole Normale de Musique de Paris (Classe de piano de Dusan Tadic ancien élève d'Alfred Cortot) et à l'Université de Paris-Sorbonne (licence de musicologie), Jean-Claude Soldano se perfectionne auprès du pianiste Harry Gatibelza (harmonie du jazz, improvisation) et de la Bill Evans Piano Academy (Directeur : Bernard Maury).
Il accompagne au piano, pendant de nombreuses années, le groupe vocal de gospel "Accord Singers" (Festival de Jazz d'Argelès, Festival du Marais à Paris, Festival des Caraïbes...).
En 2006, il crée la maison d’édition qui porte son nom.
 Ses pièces sont régulièrement choisies dans des concours nationaux et internationaux (Confédération Musicale de France, Grand Concours International de Piano Svetlana Eganian, Concours des Clés d’Or, Concours Steinway-Le Parnasse, Concours Musical de France, Fédération Française de l’Enseignement Musical...).
Jean-Claude Soldano a remporté le Prix International d’Excellence en Composition Musicale 2011 (National Academy of Music / State of Colorado / U.S.A) avec ses pièces pour piano Sicilienne et Derrière la colline.
 Cette dernière pièce lui a permis, en 2012, d’obtenir un Prix d’Honneur auprès de la Fondation Ibla (New-York) sous le haut patronage de l’Unesco.

 

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Beethoven

Sonate n°29 Hammerklavier Op.106

During the summer of 1818, as he was composing his gigantic Hammerklavier Sonata Op 106, Ludwig van Beethoven was fully aware that he would be challenging pianists with a far more demanding piece than the 28 previous sonatas that he had written for piano.
He even believed that no performer, no matter how gifted, would dare to even come close to playing the sonata for another 50 years. In fact, during the nine remaining years of his life, he, himself, was never able to play the Opus 106 in public (by that time he had lost most of his ability to play). And he never heard it played by other performers.
Legend has it that three famous European pianists cancelled their shows a month before the concert dates for they felt incapable of mastering the sonata, even though it had been in their program for a long time.
Thankfully, the 50-year delay predicted by Beethoven was shortened by two remarkable performers: the Hungarian-born Franz Liszt, who was a huge fan of Ludwig, and Clara Schumann, who was such a virtuoso that nothing would scare her off.
At the time, Beethoven was amazed by the recently invented hammer keyboard—he had just been offered one by the London-based piano maker Broadwood. The discovery of this instrument (which he considered to be the piano of the future) probably sparked the writing of this 47-page sonata. Its fourth movement is no less than a colossal fugue.
It seems that Beethoven’s time in the countryside, which he was so fond of, gave rise to his most inspiring music. “I prefer trees to men” was his favorite saying, and he would call his walks his “visits to his friends, the trees”. He hated big cities and most particularly Vienna. He deemed Viennese audiences fake, uncultured, biased and superficial. He would say, as Prokofieff did a century later: “I write for the future”.
During the summer of 1818, he sadly retreated to the village of Modling, 20 or so kilometers south of Vienna. His only companion was his nephew Karl. He was ill, in dire straits financially and abandoned by his patrons who had vanished or gone abroad. The composer even hesitated to leave his small hostel and once wrote to his student, Ferdinand Ries, in London “If only you knew how hard it is to earn one’s bread”. Yet, despite such misery, Beethoven composed his monumental Sonata Opus 106 and two other masterpieces: the 9th Symphony and the Missa Solemnis.
The Sonata Opus 106 remains the only sonata (and perhaps the only piece composed by Beethoven) which contains, before each movement, metronomic notes from Beethoven himself: previous and following pieces only include instructions such as allegro con brio, andante sostenuto, etc... thus offering performers wider choices.
There is no doubt that the will to impose a specific tempo has to do with the invention of the metronome two years earlier by J.N. Mäzel. Unfortunately, the instruction “half-note 138 BPM” given by Beethoven makes the first movement seemingly impossible even for the most experienced performers.
In his wonderful book about the 32 Beethoven sonatas, the pianist Paul Loyonnet, simply declares it “unplayable” at this tempo. On the other hand, the first edition, published in London during Beethoven’s lifetime, indicates “quarter-note 138 BPM”, which is no more credible for the opposite reason. I think the truth probably lies in between the two instructions. It reflects Beethoven’s desire to have a beat of two rather than four.
The initial allegro shows the fluctuation in Beethoven’s moods, which biographers described as ranging from terrifyingly violent to irresistibly tender within seconds (he could burst into tears when coming across the dead body of a stray dog on the sidewalk). He alternated between angry revolt and quiet resignation. His last gesture gives us insight into his turmoil: Beethoven died clenching his fist towards the sky.
The second movement is a Scherzo. It is fast, vivid and sarcastic but midway it transforms into a Schubert-like reverie. The adagio, probably the most inspired that Beethoven ever wrote, is a sublime moment of great serenity. In its variation in eighth note triplets, it recalls another masterpiece: the slow movement of the Concerto in G by Ravel.
Then, there is this short and slow introduction page, made of very short fragments which seem to be superimposed without order. Like a wandering idea, it leads us to the theme, (at measure 17), a magistral fugue made of 384 measures that any performer would consider incredibly tricky.

Perhaps it is the last challenge that Beethoven imposed upon himself. Viennese music lovers, who had a very narrow definition of composers, only considered those who could correctly compose a fugue worthy of that name. Beethoven who wanted to appear indifferent to harsh critics was, in fact, vulnerable. No fugue appears in his sonatas before the sonata number 28 opus 101 and, other than a few pages of chamber music, can only be found again in the Sonata number 31 Opus 110.

Désiré N’Kaoua

Translated by Laurance N'Kaoua



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Dés son plus jeune âge, Désiré N’Kaoua, pianiste français né à Constantine il y a 86 ans, manifeste des dons exceptionnels qui lui permettront d’être à 18 ans, 1er Prix du CNSM de Paris, de se perfectionner avec Marguerite Long et Lazare Lévy.
A 27 ans, il obtient le titre envié de 1er Grand Prix du Concours International de Genève. Dès lors, il effectue de nombreuses tournées en Europe, en Asie, aux USA et le succès que remportent ses concerts fait de lui le soliste invité des plus grands orchestres : Berlin, Varsovie, Prague, Budapest, Bucarest, de Radio-France, de la R.A.I..
Parallèlement à sa carrière de soliste international, Désiré N’Kaoua, dont la valeur pédagogique a dépassé le cadre de nos frontières, fut professeur au Conservatoire Supérieur de Genève, de Versailles tout comme à l’Ecole Normale de Musique de Paris et à la Schola Cantorum. Il a aussi donné de nombreuses master-classes tant en France qu’à l’étranger.
Fondateur en 1986 du Concours International de Sonates de Vierzon, il participe aussi à la création de l’Académie Internationale de Musique des Pays de la Loire ainsi que du Festival Estival de Guerande, .
En 1988, Marcel Landowski, le décore des insignes de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite au titre d’Ambassadeur de la Musique Franca̧ ise à l'étranger.
Il donne un concert au Vatican en 1988 pour commémorer la mort de F. Chopin. Sa passion de la musique trouve aussi sa réalisation dans de nombreux enregistrements (Mozart, Schubert, Chopin, Debussy, les Intégrales de Chabrier, Ravel, Alain, Roussel, etc...).
En 1997, Désiré N'Kaoua a été promu, sur proposition du Premier Ministre, Officier dans l’Ordre National du Mérite toujours au titre d’Ambassadeur de la Musique Franca̧ ise à l'étranger. Il a donner plus de 2000 concerts.

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From the time of his earliest childhood, Désiré N'Kaoua, a French pianist born in Constantine, Algeria, was gifted with outstanding musical talents. His musical gifts allowed the virtuoso to win the First Prize of the Paris National Superior Music Conservatoire at age 18. At this age, N'Kaoua became a soloist with the Berlin Philharmonic Orchestra. At age 27, the piano virtuoso was awarded the much-praised and rarely-awarded First Grand Prize of the Geneva International Competition. N'Kaoua also won the Gold Medal at the Vercelli International Competition and the First Prize at the Competition Alfredo Casella of Sienna. He later came the "Honor" Soloist of Italy's Sienna Academy.
Désiré N'Kaoua toured both Werstern and Eastern Europe. The outstanding successes of his piano performances made him a soloist with the most prestigious orchestras : the Philharmonic Orchestras of Berlin, Warsaw, Prague, Budapest, Athens and Roman Switzerland accompanied him. N'Kaoua was also a soloist with the Chamber Orchestra of Berlin, The Radio-France Philharmonic Orchestra, the Lausanne Chamber Orchestra and many others.
In 1988, the French musician received France's National award of Chevalier in Ordre du Mérite, from the hands of French composer and music official Marcel Landowski. The award officially nominated N'Kaoua the ambassador of French music abroad. In 1989, he gave his thousandth recital.
In addition of his career as a soloist, N'Kaoua, whose reputation as a piano professor has long gone beyond France's borders, also gives master classes in France and abroad.
The artist has also expressed his passion for music via many compact disks (N'Kaoua has recorded works by Chopin, Schubert, Mozart, Chabrier, Jehan Alain, Roussel etc. )



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Désiré N’Kaoua is a French pianist; he borned in Algeria 86 years ago.

From the time of his earliest childhood, Désiré N’Kaoua proved to have exceptional musical gifts. At age 18, the French pianist received the First Prize of the National Superior Music Conservatory of Paris, where he attended classes with such masters as Lazare Lévy and Lucette Descaves.
At 18, N’Kaoua first performed as a soloist with the Berlin Philharmonic Orchestra, and throughout his career he has appeared with the most prestigious musical ensembles, including the Philharmonic Orchestras of Berlin, Warsaw, Prague, Budapest, Athens and Roman Switzerland, the Radio-France Philharmonic Orchestra, the National Philharmonic Orchestra of Bucharest and the Lausanne Chamber Orchestra, to name only a few.
At 27, the virtuoso was awarded the much praised yet rarely discerned First Grand Prize of Geneva’s famous international competition. Other prizes include the Gold Medal at the Vercelli international competition in Sienna and the First Prize at the Alfredo Casella competition (Italia).
The artist has also made numerous recordings in France and abroad, including works by Chopin, Schubert, Mozart, Chabrier, Jehan Alain, Fauré, Debussy and Ravel. .
In addition to a fulfilling career as a soloist, N’Kaoua is a respected pedagogue, with a reputation depassing France’s borders. He has taught at the Superior Music Conservatory of Geneva and at the National Conservatory of Versailles, France. Désiré N’Kaoua is currently teaching at both the Ecole Normale de Musique de Paris and the Schola Cantorum, two of France’s most prestigious piano schools.
In France, he has created the International Music Academy of the Pays de la Loire, a summer music school. He is also at the origin of several competitions: he founded the Sonata Competition of Vierzon in 1986, Guerande’s Festival Estival in 1989 and the International Competition of French Music in 1991.
The Prime Minister of France recently promoted Désiré N’Kaoua to the rank of Officer in Ordre National du Mérite, renewing his mandate as “Ambassador of French Music”.


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