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Rimski-Korsakov
Cet album présente l’intégrale de
la musique pour piano de Rimski-Korsakov (1844- 1908). Pour en
mieux apprécier son contenu, il est cependant nécessaire de
rappeler le contexte historique ayant amené à la genèse d’un tel
catalogue musical.
Saint-Pétersbourg est la capitale de la Russie
Impériale ; la musique n’est généralement enseignée que dans des
cours privés pour les familles nobles avec des professeurs ayant
surtout étudié en Europe de l’Ouest. Il faut savoir qu’à ce
moment-là, aucune école de musique, aucun conservatoire n’existe
dans l’Empire et que, malgré les efforts de rapprochement
est-ouest de Pierre le Grand, d’illustres musiciens comme Glinka
et Dargomizhsky n’ont étudié qu'à l’étranger.
C’est grâce aux
frères Rubinstein, l’aîné Anton (1829-1894) et le cadet Nicolaï
(1835-1881) que la Russie connaît un nouvel élan artistique ; ils
s’établissent à Saint-Pétersbourg en 1862 et affirment leur
autorité musicale internationale par leur vocation
d’artistes-managers aux multiples talents (pianistes,
compositeurs, chefs d’orchestre, mais aussi pédagogues) avec la
création du premier conservatoire de Russie. Anton prend sous sa
coupe le jeune et prometteur Piotr Tchaïkovski (1840-1893), qui, à
peine diplômé du conservatoire de Saint-Pétersbourg, se voit nommé
professeur d'harmonie au conservatoire de Moscou en 1866,
fraîchement fondé par Nicolaï Rubinstein. Les premiers cours sont
donnés dans l’appartement de ce dernier à Moscou et pour marquer
le nom du "conservatoire " d’un caractère plus formel, Tchaïkovski
écrit un traité d’harmonie qui fera référence et sera étudié avec
ferveur par un autre jeune talent : l’officier de marine Nicolaï
Rimski-Korsakov. Son frère, Voyn, très autoritaire et haut-gradé
de l’armée du Tsar, lui avait interdit de perdre son temps
précieux en balivernes musicales et ce n’est qu’à l’âge mûr que
Nicolaï a réussi à s’intéresser à la musique. Il se plonge alors
corps et âme dans les études et se sert, outre le traité de son
confrère, d’ouvrages de contrepoint occidentaux.
Malgré ses
carences en écriture et en instrument, il parvient très vite à
être nommé professeur d’écriture à l'été 1871 - à l’âge de 27 ans
- mais cette aubaine lui pose un immense problème : comment se
faire respecter en tant que professeur si l’on réussit à peine à
réaliser les devoirs que l’on donne à ses élèves ? C’est ainsi
que, jour après jour, Rimski-Korsakov travaillera doublement en
tant que professeur pour les uns et pour lui-même. Une chance lui
est donnée par le mécène Mitrofan Belaïeff, qui créera bientôt une
maison d’édition à Leipzig pour recueillir les droits d’auteur des
compositeurs russes à l’étranger, éditant ainsi les travaux
d’études pour piano de Rimski.
Belaïeff publie cependant bien
d’autres compositeurs "en vogue" et son catalogue grandit de jour
en jour. Rimski-Korsakov devient musicien professionnel à plein
temps et s’installe avec sa famille au cœur de Saint-Pétersbourg.
Parallèlement, son vif intérêt pour la musique populaire rassemble
peu à peu autour de lui un grand nombre d’artistes passionnés par
la musique folklorique, et surtout de Balakirev, mais aussi de
fervents défenseurs de "l’inspiration libre", condamnant
l’influence occidentale, jugée trop aride et académique. Mili
Balakirev (1836-1910) en est l’un des plus grands. C’est ainsi que
commencent à s’opposer deux clans dans la capitale : les "amateurs
éclairés" anti-occidentaux d’une part, autour du chef de gare
excentrique Balakirev, de l’officier Modeste Moussorgski
(1839-1881), de l’ingénieur militaire d’origine française César
Cui (1835-1918), et du chimiste Alexandre Borodine (1833-1887), et
les "académiques" d’autre part, propageant la science de Bach et
de Schumann autour de Rubinstein et Tchaïkovski. Rimski-Korsakov
se retrouve au milieu de cette rivalité tacite ; son caractère
affable et arrangeant ne lui permet pas de prendre position pour
l’un ou l’autre camp, il étudie donc Bach et les autres génies de
l’ouest, tout en travaillant sur la sauvegarde et la culture
populaire.
Ses œuvres ne portent pas toutes un numéro d’opus, et ses quelques
œuvres pour piano seul, relativement "jeunes", ne dépassent pas la
date de 1901. N’étant pas pianiste, ses pièces sont courtes,
gauches et horriblement crispantes pour la main (hormis son
Concerto pour piano opus 30) et il n’est dès lors pas étonnant
que, malgré des qualités ingénieuses indéniables, son répertoire
pianistique n’ait connu que peu d’admirateurs. Les pièces pour
piano sont davantage à considérer comme des ébauches, des études
de style que comme des œuvres de répertoire (sauf les variations
sur les quatre notes B-A-C-H op.10). Cependant, la richesse des
formes musicales contenues dans son catalogue pianistique offre à
l’auditeur un voyage culturel hors du commun : étude, fugue,
impromptu, mazurka, nocturne, novelette, prélude, romance,
scherzo, tarentelle, variation, valse ... tous les styles sont
développés dans une succession impressionnante de petites pièces ;
mais ce n’est pas tout ! Altruiste de caractère, le professeur
Rimski-Korsakov fait travailler son cercle musical à des œuvres
collectives, soit en faisant appel à ses amis du "Groupe des
Cinq", qui sont bien plus que cinq en réalité, soit en faisant
intervenir ses élèves sur des "variations sur un thème populaire"
tiré de la collection d’Abramitscheff. Ces œuvres, composées par
des artistes de talents similaires, créent des œuvres revêtues
d’un caractère étonnamment homogène et ajoutent un plus au
répertoire instrumental de l’instigateur Rimski-Korsakov.
Les numéros d’opus ne correspondent pas toujours à la date de
composition, car une œuvre malgré tout jugée digne d’être révisée
plus tard avec plus de maturité, pouvait attendre plusieurs années
avant d’être complétée et Belaïeff nota à ce moment-là les
différences comprises entre la première édition et la dite
"première rédaction". Le présent album a pour cela classé les
œuvres selon les numéros d’opus et non selon les dates de
composition. Les dates n’interviennent que dans le cas où l’opus
manque dans le catalogue raisonné de l’auteur.
6 Variations B-A-C-H
op.10 (1878)
Notre voyage musical débute avec l’œuvre la plus complexe de
son auteur : six morceaux caractéristiques construits sur un
leitmotiv obstiné, formé des quatre lettres du géant de la
musique, symbolisant quatre notes du système de lecture musicale
anglo-saxon : si bémol, la, do, si naturel. Pour ces variations,
l’auteur a eu l’ingéniosité de justement utiliser le thème
obstiné à la basse et non de manière mélodique, créant une trame
sous-jacente pratiquement imperceptible aux oreilles de
l’auditeur. Le thème n’intervient jamais comme formule
principale, mais sert de boucle harmonique aux pièces
individuelles. La fugue est l’une des plus abouties que
Rimski-Korsakov ait écrite et marque l’apogée de sa maîtrise
contrapuntique : une pièce de bravoure foncièrement aboutie, un
tour de force pour tout compositeur que d’insérer B-A-C-H dans
une structure préétablie et d’en créer une suite de pièces
autonomes, à l’apparence simple et naturelle !
Quatre pièces op.11 Impromptu, Novelette,
Scherzino, Etude (1876-77)
Les deux opus qui suivent ce monument sont des pièces de salon
très courtes, contrastées dans leur ambiance.
Trois pièces op.15 Valse, Romance, Fugue
(1875-76)
Quoiqu’encore relativement "juvénile" dans son écriture, la fugue
finale à trois voix présente une caractéristique stylistique
intéressante : c’est une fugue au caractère romantique,
contrairement au principe même fugué où le sujet est normalement
la voix principale et doit être mis en évidence lors de
l’interprétation ; dans le cas présent, le sujet devient voix
secondaire sur le plan musical et les formules d’accompagnement se
transforment en motifs qui se retiennent davantage.
Six fugues op.17 (1875)
Ce volet est le premier cycle de Rimski-Korsakov dans lequel il
propose les fruits de ses études s’appuyant sur des manuels
occidentaux.
Allegretto en Do majeur (1895)
Autre pièce de même style, mais encore plus rudimentaire et
truffée d’incohérences, un prélude en sol majeur (1896, non inclus
dans cet album) montre clairement que les pièces pour piano de
Rimski- Korsakov n'ont majoritairement pour lui qu'un intérêt
didactique et expérimental et que sa réelle vocation réside dans
l’orchestre et l’opéra.
Deux pièces op.38 (1894-97)
Ces deux pièces, dont les titres manquaient à sa collection
d’œuvres aux formes originales (Prélude-Impromptu et Mazurka),
sont les dernières dignes de ce nom, l’Andantino (Larmes) qui suit
(1901) n’étant qu’une petite réminiscence de Schéhérazade op.34
(1888).
Concerto pour piano op.30 (1882-83)
Rimski-Korsakov commença à travailler sur un concerto pour piano,
la seule œuvre du genre conçue pour cette formation, et bien sûr,
le piano n’étant pas son instrument de prédilection, il fut
souvent confronté à de nombreuses difficultés techniques pour
élaborer des formules élégantes et compréhensibles pour
l’exécutant. La première eut lieu à Saint-Pétersbourg le 27
février 1884 sous la direction de Balakirev avec le pianiste N.
Lavrov comme soliste et connut un vif succès auprès du public.
Malgré son charme et la qualité de son écriture, peu
d’enregistrements de cette œuvre en un mouvement existent
aujourd’hui.
Quant à la phase d’enregistrement pour deux
pianos à un seul pianiste, elle présente une grande originalité :
enregistrer les deux parties tout seul selon la technique du
"re-recording" (sur- enregistrement). Cette technique consiste à
enregistrer des sons rajoutés à d'autres sons déjà enregistrés
afin de les mélanger au moment du mixage. Le principe fut déjà
pratiqué par Sidney Bechet le 18 avril 1941 chez son ami John Reid
(RCA) avec The Sheik of Araby et Blues of Bechet. Bechet superpose
alors six instruments (contrebasse, batterie, piano, clarinette,
saxophone soprano et ténor). Pour accomplir cela, Lühl a suivi les
étapes suivantes :
a) choisir les tempi exacts et définitifs ; les tempi accélérés et
ralentis sont également savamment mesurés pour pouvoir être
superposés en parfaite synchronisation par la suite
b) enregistrer la partie 1 soliste "dans le vide". C’est donc au
pianiste d'imaginer l'autre partie pour raccorder les plans
sonores et créer le relief des deux interprètes et faire le
montage de cette partie
c) enregistrer la partie 2 (réduction d’orchestre) selon le même
procédé
d) superposer et ajuster les deux parties pendant la phase de
mixage et les synchroniser.
Variations sur un thème de "Micha"
24 Variations sur un thème obligé
transition Rimski-Liszt et 15 morceaux sur un thème
obligé (1878, deuxième édition augmentée en 1893)
Le fils de Rimski-Korsakov, surnommé Micha, à peine âgé de de cinq
ans, pianote un beau jour sur le clavier de son papa et en sort
miraculeusement un thème que son père arrangera plus tard sous
forme de petites variations pour trois mains.
La genèse de ce défi collectif remonte à 1876 (et même bien avant)
avec Borodine et l’échec de sa deuxième symphonie, créée et
dirigée par Napravnik le 26 février 1877, qui aurait interprété le
scherzo, dont les premières mesures ont d'ailleurs été composées
par Balakirev. Quelques semaines plus tard, Borodine alla voir
Liszt à Weimar, qui ne manqua pourtant pas d’éloges sur sa
symphonie. Ce dernier joua le scherzo si compromettant avec son
élève Zarebski, et fut séduit par l’originalité du jeune russe.
Rimski-Korsakov écrit dans son journal : "A la fin du printemps de
cette année [1878], Borodine, Cui et moi étions occupés ensemble
d’un travail original. Liadov se joignit aussi à nous. Voici de
quoi il s’agissait : quelques années auparavant, Borodine, pour
plaisanter, avait écrit une très jolie et très originale polka.
J’eus le premier l’idée de composer avec Borodine une série de
variations et de morceaux sur le même thème. Borodine fut d’abord
assez opposé à mon idée, préférant publier seulement sa polka,
mais bientôt il se joignit à nous. Nous commençâmes à écrire
d’abord une série de variations, et ensuite des morceaux séparés.
Je me souviens entre autres de l’étonnement de Cui quand je lui
apportai la fugue que j’avais écrite sur B-A-C-H (si bémol, la,
do, si) avec l’accompagnement du motif en question. Sans lui dire
de quoi il s’agissait, je lui jouai la fugue sur B- A-C-H sans le
motif. Cui fut naturellement assez froid. Je le priai alors de
jouer le motif et en même temps je jouai la fugue. Son étonnement
fut sans bornes. Au moment de la séparation pour l’été, nous
avions accumulé un grand nombre de morceaux sur ce motif. J’en
avais même trop et quelques- uns ne furent pas inclus dans notre
recueil par la suite. Quelques pièces de ce recueil appelé
Paraphrases, et surnommé par Stassov du nom de Tati-Tati, furent
écrites pendant l’été de 1878 et quelques autres pendant la saison
suivante... Balakirev se montra très ennemi des Paraphrases,
s’irritant de nous voir nous occupés à de pareilles sottises, les
publier et en faire étalage."
Pour la deuxième édition du cycle (1893 chez Belaïeff), Borodine
demanda à Liszt d’écrire une petite transition entre la variation
et le premier des 16 morceaux (la polka). Le manuscrit fut ensuite
inséré à la place indiquée par Liszt dans la partition en
fac-simile à titre posthume, car Liszt mourut en 1886.
Rimski-Korsakov relate ce souvenir émouvant dans son journal : "En
1880, nous fîmes éditer les Paraphrases par Ritter (Maison
Bitner). Les Paraphrases enthousiasmèrent à tel point Liszt qu’il
leur ajouta un petit passage de son cru sur le même motif, et nous
écrivit une lettre flatteuse à leur sujet."
Les 24 variations de cette partition d’une
originalité folle, écrite pour 4 mains et dédiées aux petits
pianistes capables d'exécuter le thème avec un doigt de chaque
main, sont réparties irrégulièrement entre Rimski-Korsakov,
Borodine, Cui et Liadov, grand amateur de petites formes toute sa
vie (son œuvre pour piano, environ 400 pages, comporte environ 90%
de pièces ne dépassant pas 8 à 10 minutes). Chaque variation de
ces paraphrases est extrêmement courte en raison de la pauvreté du
thème obligé et leur succession immédiate crée un changement de
climat rapide, contrastant avec l’obstination obsessionnelle du
motif obligé joué en boucle tout du long.
Les 15 autres morceaux qui suivent les 24 variations sont de
véritables petits bijoux d’ingéniosité, tout en restant fidèles à
leur principe en calant leur inspiration sur ce thème incessant
comme un disque rayé. Les œuvres se succèdent avec naturel et
évidence, et jamais cette ritournelle vulgaire ne prendra le pas
sur la richesse de l’accompagnement, devenant parfois même voix
principale !
Borodine : Mazurka en Do Majeur (extraite de
la Petite Suite-1884)
Victime de son succès, Borodine composa en 1884, une petite suite
pour piano seul, l’un des rares opus écrits pour le piano, dans
laquelle il réutilisa la Mazurka (pièce n°14 op. posth. dans les
Paraphrases) en adaptant plus librement le motif obligé de sa
polka aux circonstances de sa nouvelle suite.
Moussorgsky : Intermezzo (1862 ; deuxième
version : juillet 1867)
Rimski-Korsakov relate la composition de cette pièce, étrangement
reliée aux Paraphrases, dans son journal8: "Nous proposâmes à
Moussorgski de prendre part à notre œuvre commune : il composa
même une sorte de galop ou quelque chose de ce genre et nous le
joua. Mais il s’écarta du plan primitif et changea le motif. Ce
n’était plus ça. Nous le lui fîmes observer. Il nous dit alors
qu’il n’avait pas l’intention de se fatiguer la cervelle. C’est
pourquoi sa collaboration à notre travail n’eut pas
lieu."
L’écartement progressif des intervalles du thème initial
fait ici indubitablement référence au motif obligé de Tati-Tati,
et à entendre le résultat final très massif et exclusif, il est
facile de comprendre pourquoi ses collègues n’ont pas voulu
inclure cette pièce dans leur projet collectif. Moussorgski
orchestra la deuxième version de son Intermezzo (incluse dans cet
album) en 1867 et l’appela Intermezzo sinfonico in modo classico.
L’œuvre fut dédiée à... Borodine, grâce auquel il put manier ce
thème d’origine et en faire sa dernière œuvre symphonique.
Variations sur un thème d’Abramitscheff (œuvre collective-1899,
éditée en 1900)
Devenu professeur connu dans toute la Russie et apprécié pour sa
patience et sa qualité de pédagogue, Rimski-Korsakov aura, dans sa
carrière de pédagogue, plus de 200 élèves musiciens professionnels
qui jouiront plus tard d’une certaine notoriété sur le plan
national ou international, parmi lesquels Alexandre Glazounov
(1865-1936), Anatoli Liadov (1855-1914) mais aussi Serge Prokofiev
(1891- 1953), l’italien Ottorino Respighi (1879-1936) et surtout
Igor Stravinski (1882-1971), auquel il servira de "père
d’adoption" de 1902 jusqu’à sa mort.
Cette œuvre, tirée d’un
recueil de thèmes populaires d’un de ses contemporains, servit de
canevas d’étude pour ses élèves : Alexandre Winkler (1865-1935,
mort à Besançon), Félix Blumenfeld (1863-1931), Nicolaï Sokolov
(1859-1922), le grand talent de Lettonie Joseph Wihtol (Jazeps
Vitols, (1863-1948), Anatoli Liadov, et Alexandre Glazounov cités
plus haut, durent écrire une variation sur ce thème de forme
binaire fortement bancale à l’origine sans grand intérêt musical
(hormis peut-être une harmonisation typiquement slave).
Rimski-Korsakov mit, en tant que professeur, la main à la pâte en
composant la première variation pour lancer le projet et ses
élèves suivirent ; Liadov écrivit deux variations à la suite dans
son style concis déjà typique aux ornementations bariolées et fort
élégantes, rappelant certains traits du Moscovite Alexandre
Scriabine (1872-1915), qui ne fit qu’un bref passage à
Saint-Pétersbourg dans sa jeunesse. Et c’est ainsi que naquit la
deuxième génération de compositeurs de musique russe dans
l’histoire de l’Empire !
Lühl : Variations sur un thème d’Abramitscheff
LWV 285
repris par Rimski-Korsakov pour son œuvre collective
Fasciné par le projet d’enregistrement de l’intégrale des œuvres
d’un homme d’une telle force artistique, Lühl décida de composer
lui-même une série de variations sur le même thème populaire russe
dans son propre style, sorte d’épilogue à cet album et hommage
musical à cette époque culturelle émouvante et passionnante,
chantier culturel incessant d’une seule ville qui a plus tard
donné naissance à la grande musique russe que nous connaissons
aujourd’hui.
This album presents Nicolai Rimsky-Korsakov’s
complete piano music. In order to better appreciate its contents
and understand the reasons of such a particular catalogue, it’s
necessary to provide the listener with a more historical approach
of the Great Russian composer’s background story and personal
entourage.
By then, Saint-Petersburg was capital of the Russian Empire;
before that time, music had generally only been taught to noble or
wealthy families via private lessons given by Russian artists who
had studied or performed in the West and/or studied the arts of
national liturgical and biblical chants. The Empire had no music
school, no conservatory so to speak, where anyone could learn the
arts of music and, despite Peter the Great’s efforts to enlarge
his cultural sphere of interests beyond the borders by erecting
this magnificent capital in the Estonian gulf, famous artists such
as Glinka and even Dargomizhsky took private lessons with foreign
tutors or went abroad to complete their musical training.
Then, in the mid-1850s, the Rubinstein brothers, Anton and
Nicolay, two international multi-talents (composers, pianists,
conductors, etc...) and gifted businessmen, began promoting
Occidental music in Russia to a very high degree of
professionalism; thus, in 1862, the first National Music Academy
was founded, in the capital itself, which became the cradle of
Russian music as we know it today. Anton offers Peter Tchaikovsky
(1840-1893), a young most promising composer, a place to stay in
his house and become one of conservatory’s very first pupils ; and
four years later, Tchaikovsky was hired to teach harmony – one of
the first teachers! Obviously, the first classes were somewhat
chaotic and disorganized and sometimes, the Rubinstein brothers
had to welcome their pupils at home! But the will to learn was
beyond logistical issues and the brothers knew they were creating
something colossal that would not remain unnoticed in Russia.
Tchaikovsky published a treaty in harmony which made marked this
era of great cultural renewal; furthermore, the book added
significant prestige and publicity to the newly born institution,
to a point that one day, Navy officer Nicolay Rimsky- Korsakov,
another young and promising Russian talent, only four years
younger than Tchaikovsky, began studying the treaty with immense
interest. Until now, this passionate man barely knew what a
double-bass looked like or how it sounded; nor did he know how a
piano worked! His brother Voyn, also an important figure in the
Tsarist military, forbid Nicolay to study music as a little boy
and so, he had to wait until he was old enough to counter the
somewhat fearsome foster-father figure and take the deep musical
plunge. He wanted to study this “rubbish” his brother was keen to
despise and scorn so vividly and one of his first works of
reference was...Tchaikovsky’s harmony treaty. Tchaikovsky himself
didn’t stay long with Anton Rubinstein and soon, he followed his
younger brother Nicolay to help found and teach at the brand-new
Moscow Conservatory (1866). Meanwhile, Rimsky-Korsakov studied
music frantically, but unfortunately, without the slightest
professional support! The great majority of his works of
reference, essays and music scores came from the West and he had
to study them more than thoroughly if he wanted to fulfill his
destiny and switch from a military officer to a musician!
In spite of his technical lacks, failing to study an instrument
and barely playing the piano, he somehow managed, thanks to his
passion and inherent headstrongness, to be hired as a teacher in
harmony and orchestration at Anton Rubinstein’s music academy in
Saint-Petersburg...in 1871, at age 27! But there was a problem:
how could he become a respectful teaching figure if he barely knew
the rules of composition? How was he able to correct his future
pupils’ homework if he himself was barely able to understand the
basics? Subsequently, he began doing overtime and did his own
homework, just like his students and he became his most demanding
intransigent student, indeed!
Then, something happened in Saint-Petersburg’s cultural growing
heart: rich tycoon Mitrofan Belaiev son opened up a music
publishing company in Leipzig to promote local Russian artists and
soon, Rimsky-Korsakov’s early works were taken over by this new
editor for generous sums. The only hiccup was that Russia didn’t
have any royalties and as soon as a work was purchased by an
editor, the composer lost his copyright as the owner of his own
creation.
Belaiev continued to publish other renowned composer’s works and
soon, good publicity allowed offer and supply to spread across the
entire country. He insisted on providing a piano-duet reduction of
chamber music and orchestral works for promotional reasons, and
this task was often attributed to younger musicians, who in turn,
managed to learn a great deal from the scores they adapted for a
broader clientele.
Rimsky-Korsakov became an insatiable full-time professional and
moved with his family to Petersburg. His everyday working sessions
was divided into different topics: personal studies, composition,
orchestration, music preparation...
In parallel to his tight and
strict schedule, his increasing interest in folk music allowed him
to gather a great number of passionate collectors and gifted
amateur musicians who couldn’t cope with the academic values of
Rubinstein’s ideals. These amateurs loved music, but they feared
such academism would pose a threat to natural creativity. Mili
Balakirev (1836-1910) was one of the hardiest opponents to formal
musical training and categorically refused to give in to learning
more about occidental musical science around Bach, Schumann and
others. He never wanted to share his knowledge (nobody really
knows how he managed to learn so much without achieving any
academic training) and he barely gave Rimsky-Korsakov a few
private piano lessons. This is how very slowly, two clans began to
rise: “enlightened amateurs” around Balakirev, military officer
Modest Mussorgsky (1839-1881), military engineer César Cui
(1835-1918), chemist Alexander Borodin (1833-1887), who all
believed in anti-occidental intuitive composition on the one hand,
and “academics” around Rubinstein and Tchaikovsky on the other
hand, who defended counterpoint and more thorough scientific
studies – and in the middle...Rimsky-Korsakov, who only believed
in musical progress, no matter the political and aesthetical
borders set by his entourage. His diplomatic skills helped him
remain as neutral as possible and gather as many powerful allies
of both fronts for his cause, but his interest in both folklore
and elaborate music remained nonetheless.
Not all his works carry an opus number and most of his piano solo
composition catalogue has been written before 1900. He was no
professional pianist and therefore, his works, written at a mature
age or not, are not written for the hand of a piano player,
despite their unmistakable freshness and individual spirit,
excepting his piano concerto op.30. They’re to be considered like
drafts, preliminary sketches for something bigger yet to be
composed for a larger nomenclature; in this case, maybe the
Variations on B-A-C-H op. 10 are one of the rare exceptions on
this matter. However, the variety of musical forms of his
catalogue is unique compared to its dense piano production: fugue,
impromptu, mazurka, nocturne novelette, prelude, romance, scherzo,
tarantella, variations, waltz...he uses pretty much every form to
learn from it – but that’s not all!
Rimsky-Korsakov’s altruistic nature enabled him to hire both his
close friends among the “Mighty Five” and others as well as some
of his pupils to create collaborative works, a blend of different
styles and aesthetic views united around one and the same goal:
music in its purest and most elaborate form! Although composed by
different artists, their sense of unity and cohesion is impressive
and sometimes, they almost seem as if they had been written by one
and the same composer. Rimsky-Korsakov’s opus numbers don’t
systematically match the date of their composition, because
sometimes, a work was put aside and heavily revised years later;
this is why some of Belaiev’s scores sometimes include drafts from
the first version as additional information. This double album’s
program has hence been classified according to opus numbers,
except obviously the works which don’t carry an opus number; in
this case the date becomes paramount in order to determine when
exactly the pieces has been composed.
Lühl-Dolgorukiy
travaille en collaboration avec les éditions phonographiques
Polymnie pour l’intégrale de l’enregistrement de ses œuvres.
Sont déjà disponibles ses quatre premiers Quatuors à cordes (POL
480 243 et POL 480 364), le
Requiem Vauban (POL 790 344), sa
cinquième Symphonie sous sa direction (POL
990 361) et de nombreux CD Rachmaninoff, dont le deuxième
Concerto pour piano op. 18 et la Rhapsodie sur un thème de
Paganini dans une réduction pour deux pianos de l’auteur (POL
150 865). Notons aussi un travail considérable
avec l'édition des oeuvres de John Williams Star Wars (POL
151 686), Harry Potter (POL
105 109), Jurassic Park (POL 108
115)... d’autres albums sont en préparation.
Lühl's recordings are available at the music label
Polymnie, for which he already recorded several works of his
own, conducting an orchestra for his Fifth Symphony (POL
990 361), or playing the piano, and more recently a CD of
piano pieces by S. Rachmaninoff and the Rhapsody on a theme by
Paganini as well as the Second piano concerto op. 18 (POL
150 865), also several CD by John Williams, Star Wars (POL
151 686), Harry Potter (POL
105 109), Jurassic Park (POL 108
115)... Lühl is planning to record his entire work (about
50 CDs).
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